Pas de gêne à avoir

[Photo Mikey Williams, Top Rank]

Un vieil adage veut qu’en boxe, un seul coup de poing peut faire toute la différence dans un combat. On en a eu la preuve samedi soir.

La défaite fera mal à Mikaël Zewski (34-2, 21 K.-O.) pendant un moment, c’est évident. D’autant qu’elle est venue par knock-out, une amère première en carrière pour lui. Et qu’elle le prive de son titre NABO des mi-moyens, en plus de l’empêcher de mettre la main sur la ceinture WBC Continentale des Amériques.

Mais même s’il n’a pas obtenu le résultat espéré, le Trifluvien n’a pas à avoir honte de ce qu’il a accompli dans la bulle du MGM Grand de Las Vegas. L’homme qui se dressait devant lui, le Lituanien Egidijus Kavaliauskas (22-1-1, 18 K.-O.), était tout sauf un pied de céleri. C’est quand même lui qui, l’an passé, est devenu le premier à envoyer Terence Crawford au tapis.

Confronté à une telle menace, et après quelques performances pas toujours convaincantes à ses dernières sorties, Zewski avait des allures de proie facile de l’avis de nombreux observateurs. Or, il s’est plutôt défendu avec panache.

Même qu’il a dominé les quatre ou cinq premiers rounds de l’affrontement. Rien de flamboyant, mais du travail honnête, efficace. On voyait que Zewski était déterminé à prouver qu’il était à sa place dans un duel aux airs de prélude à un combat de championnat mondial.

Uppercut fatal

C’est à ce moment que Kavaliauskas a véritablement ouvert les valves, sachant sans doute qu’il devait augmenter la cadence afin de reprendre le contrôle du combat. Zewski a résisté avec le même brio qu’il affichait jusque-là, mais n’a pu demeurer debout lorsque Kavaliauskas l’a atteint d’un uppercut sournois en toute fin d’assaut.

Rien à voir avec ce que les Wisigoths appelaient jadis un « lucky punch ». Tout simplement un coup de poing placé au bon endroit, au bon moment.

Et c’est ce coup de poing qui aura renversé la vapeur avant de mener Zewski à sa perte. Incapable de reprendre totalement ses esprits durant la pause, le Québécois est allé redire bonsoir au plancher dès les premières secondes de la huitième reprise. L’arbitre Kenny Bayless a aussitôt décrété la fin des hostilités.

Il faut dire que Kavaliauskas, flairant l’odeur de la bête blessée, n’a laissé aucune marge de manœuvre à son rival, se ruant vers lui et le pilonnant sans merci jusqu’à ce que le travail soit terminé.

Partie remise

Une défaite par K.-O. a toujours un petit quelque chose d’embarrassant pour la fiche d’un boxeur. Mais dans le cas de Zewski, les dommages devraient se limiter aux douleurs physiques ressenties dans l’arène.

Car comme on dit sur la planète boxe – tiens, une autre maxime pugilistique –, la manière de perdre pèse souvent bien plus lourd dans la balance que la défaite elle-même. Et comme on le mentionnait plus haut, Zewski n’était aucunement déclassé dans ce combat avant ce funeste uppercut de Kavaliauskas. À preuve, deux des trois juges l’avaient en avance sur leur carte lors de l’arrêt du duel.

Zewski est peut-être reparti déçu de Las Vegas, mais il a tout de même démontré qu’il pouvait rivaliser avec l’élite de la division des mi-moyens. Un combat contre Crawford devra attendre, mais à court ou moyen terme, il obtiendra d’autres occasions de se faire valoir. Et à 31 ans, il a encore de bonnes années devant lui.

On disait que Zewski se retrouverait à la proverbiale croisée des chemins en cas de défaite. Soudainement, le redouté carrefour semble plus loin qu’on ne le croyait.

Pression? Quelle pression?

[Photo Mickey Williams, Top Rank]

On se demande ce qui est le plus étonnant : que Kim Clavel ait dominé aussi outrageusement Natalie Gonzalez mardi soir, à Las Vegas, ou que Camille Estephan et Yvon Michel aient pu être réunis pour une entrevue télévisée?

À bien y penser, il n’y a rien eu de vraiment surprenant dans la performance de Clavel (12-0, 2 K.-O.) au MGM Grand. Comprendre ici que la boxeuse a été fidèle à ses habitudes, déployant une boxe explosive, toute en vitesse, qui a complètement muselé sa rivale.

Si elle s’est tout de même bien défendue dans les circonstances, l’Américaine Gonzalez (6-1, 1 K.-O.), avec ses attaques souvent lourdaudes et vaseuses, n’a jamais rien pu faire pour inquiéter Clavel une seule seconde. Les trois cartes de 80-72 remises par les juges au terme des huit rounds de l’affrontement le démontrent hors de tout doute.

« Gonzalez était très combative. Elle avait beaucoup d’énergie. J’essayais d’augmenter le tempo [du combat] quand elle essayait de le diminuer. Elle avait les mains lourdes, mais elles n’avaient pas de [dynamisme] », a décrit Clavel en entrevue sur les ondes de RDS après sa victoire.

Son titre NABF des mi-mouches n’était peut-être pas à l’enjeu pour ce combat, reste que la Québécoise avait toutes les raisons du monde de sentir une insoutenable pression sur ses épaules en s’amenant sur le ring.

D’abord, en disputant un premier combat en sol américain, elle devait livrer une performance convaincante pour prouver qu’elle mérite sa place dans ce marché. Voilà qui est maintenant chose faite, et nul doute qu’elle recevra un appel de Top Rank pour se battre à nouveau au sud de la frontière sous peu.

Clavel savait aussi qu’à titre de lauréate du prix Pat-Tillman pour son implication humanitaire durant la crise de la COVID-19, récompense qui lui a attiré une forte notoriété à travers l’Amérique, elle susciterait une certaine curiosité auprès de ceux qui ne la connaissaient pas auparavant. Le moment aurait été bien mal choisi pour celle qui a repris du service comme infirmière durant la pandémie pour décevoir tous ces nouveaux amateurs potentiels, n’est-ce pas?

« Beaucoup d’éléments auraient pu l’influencer, mais Kim les a tous tournés en facteurs positifs. C’était son carburant », a souligné l’entraîneuse de Clavel, Danielle Bouchard.

Il faut dire que Clavel avait aussi une source de motivation bien personnelle en vue du duel.

« Je sens que tout le travail que j’ai fait [durant la pandémie] a été récompensé d’une certaine façon. Je pensais à mes patients, à ceux que j’ai perdu. Je me battais pour eux [mardi] soir », a-t-elle confié.

Clavel a pu s’exécuter sous les yeux d’un vaste public nord-américain, mais il va sans dire que ses partisans québécois étaient les plus attentifs de tous. Avouons-le, ça faisait du bien de voir enfin une de nos boxeuses en action. Ne reste plus qu’à espérer qu’on pourra la revoir chez nous dans un avenir rapproché.

À ce sujet…

Réunion improbable… et importante

Comme on le mentionnait plus haut, RDS a réussi un exploit qui était encore impensable en début d’année à peine en réunissant Yvon Michel et Camille Estephan pour une entrevue – Estephan communiquant via appel vidéo, pandémie oblige.

Pensez-y un petit instant : ces deux promoteurs rivaux, pour ne pas dire ennemis jurés, qui acceptent d’apparaître (presque) côte à côte à la télévision. Jusque-là, une telle scène était à peu près aussi probable qu’une victoire du Canadien en finale de la coupe Stanley d’ici cinq ans.

Plus sérieusement, il faisait bon de voir les deux hommes ensemble pour se porter à la défense de leur sport. On l’a écrit ici, si l’industrie de la boxe veut arriver à convaincre la Santé publique de faire marche arrière et enfin permettre la tenue de combats au Québec, un front commun solide et durable est nécessaire. Et Michel et Estephan, en leur qualité de plus importants organisateurs de galas de la province, en sont les piliers.

Ainsi, tous deux ont à nouveau déploré la décision de la Santé publique, qui fait de moins en moins de sens à mesure que le temps passe et que les combats ont lieu ailleurs dans le monde. Mais surtout, ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement ne semble même pas vouloir discuter davantage de la question.

« Il faudrait un dialogue, qu’on se rencontre. On ne peut pas juste écarter une industrie et les gens qui en font partie sans tenter de remettre les choses en place. »

-Yvon Michel

« Si on reste longtemps sans que rien ne se produise, des gens vont prendre leur retraite, a -t-il fait valoir. Il y aura un exode des boxeurs. Il faudra recommencer à zéro. »

Estephan a quant à lui indiqué qu’il allait soumettre un second protocole sanitaire aux autorités, qui prévoira notamment des tests quotidiens pour les boxeurs et leur entourage durant une période de 14 jours consécutifs. Si la Santé publique devait à nouveau rejeter sa proposition, ce serait « un non-sens complet », dit-il. Mais pas question d’abandonner le combat malgré tout.

« Ce n’est pas vrai qu’on va laisser tomber les athlètes et nos fans. »

-Camille Estephan

En plus des deux promoteurs, d’autres acteurs du milieu fourbissent leurs armes face à la Santé publique. Un groupe Facebook, créé par la boxeuse Marie-Pier Houle et réunissant divers gens liés de près ou de loin aux sports de combat, comptait tout près de 1500 membres au moment d’écrire ces lignes. On y brasse entre autres différentes idées pour attirer l’attention du gouvernement et de la population sur la situation actuelle de la boxe ici.

La résistance s’organise et s’active. Et c’est elle qui déterminera si la boxe pourra survivre ou non au Québec.

De l’importance d’un front commun

[Photo archives Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ça fait un bail, n’est-ce pas? Aussi bien dire une éternité.

Une éternité que nous n’avons pas eu l’occasion de discuter de votre sport favori sur cette humble tribune. Évidemment, Ringside s’est retrouvé dans le même bateau sanitaire que tout le monde. Difficile de jaser boxe quand tous les galas sont annulés et que la planète sports ne tourne presque plus. Et avec les aléas de la vie personnelle et familiale en cette ère de confinement? Alors là…

Et malheureusement, à voir comment évoluent les choses à l’heure actuelle, ça pourrait être encore très long avant qu’on se remette à parler de combats de boxe au Québec.

La nouvelle, vous la connaissez. Elle nous a d’abord été relayée par Eye of the Tiger Management (EOTTM) et son président, Camille Estephan. La Direction de la santé publique du Québec a l’intention de maintenir l’interdiction des sports de combat professionnels jusqu’à ce qu’un vaccin contre la COVID-19 soit découvert.

Rappelons ici les grandes lignes du fil des événements. EOTTM avait prévu un gala tenu à huis clos le 18 juillet, avant de le repousser au 25. Dès la fin mai, l’organisation avait soumis un protocole sanitaire détaillé au ministère de la Santé, à la Santé publique et à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). Toutes les parties semblaient satisfaites par le document.

Mais pendant les semaines qui ont suivi, aucun signe de vie de la part de Québec. Juste une très longue attente… qui a pris fin lundi avec un retentissant coup de masse. Dans un courriel signé par le directeur national de santé publique lui-même, le Dr Horacio Arruda, EOTTM a appris qu’il n’y aurait pas de boxe sans vaccin.

Et il est pour quand, ce vaccin? Dans un an? Deux? Plus encore? Personne ne le sait, bien sûr.

L’industrie menacée

«Dictatorial», «très injuste», «discriminatoire»: Camille Estephan ne mâchait pas ses mots pour commenter la décision de la Santé publique lorsque joint par Ringside. Selon lui, «il y a anguille sous roche» dans ce refus d’autoriser les combats professionnels, offert «sans explications», précise-t-il.

«[La boxe] est le seul secteur où le déconfinement est tributaire d’un vaccin, a-t-il fait valoir. Il semble y avoir un préjugé de leur part. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas logiques là-dedans.

«On déconfine le football, le soccer, le hockey… Il y a 40 gars qui se rentrent dedans au football. Ça ne représente certainement pas moins de risques que deux gars dans un ring.»

-Camille Estephan

À ses yeux, le maintien de l’interdiction pourrait carrément «tuer l’industrie» pugilistique de la province. Et pas seulement en raison des pertes de revenu encourues.

«Ça va couper l’herbe sous le pied de tout jeune boxeur qui rêve de devenir le prochain David Lemieux, Jean Pascal ou même Georges St-Pierre. […] Ça va tuer le sport. Les jeunes boxeurs vont vouloir faire autre chose», estime-t-il.

Bien que le coup soit difficile à encaisser, Estephan refuse de baisser les bras. Ses nombreuses sorties dans les médias et sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours témoignent clairement de ce désir de convaincre la Santé publique de revenir sur sa décision.

«On va continuer à pousser. On n’abandonne pas. Je n’abandonne jamais», prévient-il.

«Ignorance» et «désintéressement»

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Yvon Michel / Photo tirée de Twitter

En fin de journée mercredi, ce fut au tour du Groupe Yvon Michel de réagir. Une réaction un peu tardive, disons-le, alors que le promoteur se distinguait jusque là par son mutisme total sur la question. Mais bon, au moins, elle a fini par venir.

Sans surprise, donc, GYM n’en revient pas non plus des intentions de la Santé publique. À l’instar d’EOTTM, l’entreprise évoque la notion d’injustice pour qualifier le verdict gouvernemental.

«Nous avons malheureusement la pénible impression que la position actuelle du ministère relève de l’ignorance et du total désintéressement de l’industrie prolifique de la boxe professionnelle d’ici ainsi que de ses artisans, ses athlètes, ses gérants, ses entraîneurs et ses promoteurs», a ajouté GYM dans un communiqué

Depuis, d’autres voix se sont élevées à leur tour pour protester contre la décision. Marc Ramsay, Marie-Ève Dicaire et Mikaël Zewski, pour ne nommer que ceux-là, ont tour à tour souligné à quel point une interdiction prolongée de la boxe serait catastrophique pour leur sport.

Une alliance nécessaire

Bien franchement, il est assez difficile de suivre le raisonnement de la Santé publique ici. Et pas seulement parce qu’elle n’a pas précisé pourquoi elle voulait à tout prix attendre l’avènement d’un vaccin avant de donner sa bénédiction à la boxe.

Aux États-Unis, Top Rank présente depuis quelques semaines des cartes de boxe organisées dans un cadre sanitaire des plus stricts. Kim Clavel sera d’ailleurs de celle du 21 juillet, à Las Vegas. Jusqu’ici, quelques combats ont dû être annulés parce qu’un membre de l’entourage d’un des boxeurs impliqués avait été déclaré positif pour la COVID-19, mais sans plus.

Aux dernières nouvelles, nos voisins du Sud ne sont pourtant pas guéris de la pandémie – bien au contraire. Est-ce qu’on essaie de nous faire croire que nous ne serions pas en mesure d’organiser de tels galas avec la même rigueur sanitaire? Allons, ça ne tient pas la route. Surtout quand on tient compte de la vaste expertise de la RACJ, reconnue mondialement, pour veiller au bon déroulement des combats.

Il doit y avoir une autre raison qui explique la décision du Dr Arruda et de son équipe. Une raison plus subtile, plus profonde.

Un préjugé défavorable envers la boxe? Une méconnaissance de ce sport? Quelque chose d’autre? Allez savoir…

Camille Estephan confiait à Ringside qu’il souhaite mettre sur pied un comité formé de divers intervenants du milieu pour démontrer aux autorités sanitaires que la boxe, une fois déconfinée, ne serait pas plus dangereuse que d’autres secteurs d’activités, tels que les cinémas ou les restaurants.

Non seulement un tel comité serait important dans les circonstances, il est tout simplement essentiel.

Le Québec compte deux grands promoteurs de boxe: Estephan et Michel. Ils ne seront jamais les plus grands amis du monde, on le sait tous. Mais cette fois, ils n’ont pas le choix de travailler main dans la main. Ce n’est pas simplement pour la survie de leurs entreprises respectives qu’ils doivent se battre: c’est pour sauver leur industrie toute entière.

Tous les boxeurs, entraîneurs et autres gens de boxe, peu importe leur fonction ou allégeance, doivent se faire entendre eux aussi. Jeunes ou moins jeunes, actifs ou retraités, tout le monde doit y mettre du sien. La moindre fissure dans l’unité du groupe pourrait lui être fatale.

Et vous croyez que seules les personnalités directement impliquées dans le sport profiteraient d’un changement d’avis de Québec? Que faites-vous du Casino de Montréal et des amphithéâtres qui engrangent de précieux revenus lors de chaque gala? Des restaurants, bars et autres commerces avoisinants qui profitent de la clientèle que la boxe leur amène, en ville ou en région?

Bien sûr que dans l’immédiat, les galas auraient lieu à huis clos. Bien sûr que les événements devant public, même réduit, ne sont pas pour tout de suite. On s’entend là-dessus. N’empêche, les retombées économiques générées par une soirée de boxe vont bien au-delà de l’arène. Les autorités semblent l’avoir oublié, ou du moins, ne s’en rendent pas compte.

La boxe nous a toujours permis d’assister à des guerres de toutes sortes: guerre dans le ring, guerre de mots, guerre contractuelle… choisissez celle que vous voulez. Cette fois, c’est une nouvelle guerre qui se pointe à l’horizon. Mais celle-ci concerne tout le monde pugilistique. Une guerre pour garder son gagne-pain, rien de moins.

Vous êtes habitués de vous battre l’un contre l’autre? Le temps est venu de vous battre côte à côte.

Les bons (et moins bons) coups de 2019

[Photo fournie par Top Rank]

Établir notre désormais traditionnel palmarès de fin d’année de la boxe québécoise n’a pas été une mince tâche, cette fois. Quantité d’athlètes ont fait leur marque au cours des 12 derniers mois, chacun à leur manière. Mais bon, puisqu’il faut bien trancher, voici les bons (et moins bons) coups de 2019 selon Ringside.

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – Artur Beterbiev

Après la victoire d’Artur Beterbiev contre Radivoje Kalajdzic, le 4 mai en Californie, Ringside regrettait que cette autre solide performance du champion IBF des mi-lourds passe à nouveau sous le radar, le public québécois ne semblant pas intéressé du tout au parcours du Russe. Quelques mois plus tard, le 18 octobre, Beterbiev a ravi le titre WBC des mains d’Oleksandr Gvozdyk, devenant ainsi le tout premier champion unifié issu du Québec. Beterbiev est ainsi devenu un incontournable de la boxe, tant pour les Québécois que pour le reste du monde. Plus jamais ce monstre du pugilat ne sera indûment balayé sous le tapis. Il était temps. Voilà pourquoi Artur Beterbiev est sacré boxeur de l’année 2019.

LA MENTION HONORABLE – Jean Pascal

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En plus de devenir champion WBA des mi-lourds, Jean Pascal a défendu son titre avec succès en 2019. / Photo tirée de la page Facebook de Jean Pascal

C’est un choix déchirant qu’a imposé à Ringside Jean Pascal avec sa victoire contre Badou Jack, il y a quelques jours. Il se voulait déjà un candidat plus qu’intéressant au titre de boxeur de l’année après avoir obtenu sa ceinture WBA des mi-lourds contre Marcus Browne, le 3 août. Son gain in extremis contre Jack est venu bien près de lui permettre de se hisser au sommet. Au final, la première historique réussie par Beterbiev aura fait pencher la balance en sa faveur. Mais malgré tout, c’est une exceptionnelle année 2019 qu’a connu Pascal, de sorte que vous le verrez cité à quelques reprises plus bas. On s’en voudrait, cela dit, de ne pas adresser ici un clin d’œil à Marie-Ève Dicaire, qui a quand même défendu trois fois sa ceinture IBF des super-mi-moyens cette année.

LA SURPRISE – Jean Pascal

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Jean Pascal (à gauche) a vaincu Marcus Browne le 3 août. / Photo tirée de la page Facebook de Jean Pascal

Bien sûr que la « vraie » surprise de 2019 dans le monde de la boxe, c’est cette victoire d’Andy Ruiz fils contre Anthony Joshua, le 1er juin. Mais puisqu’on traite ici de la boxe québécoise, pas le choix d’y aller avec Jean Pascal, que tout le monde croyait fini ou presque avant qu’il ne vienne à bout de Marcus Browne. Le polarisant Lavallois aura toujours sa part de détracteurs quoi qu’il fasse, mais plusieurs ont sans doute changé leur fusil d’épaule après ce triomphe.

LA DÉCEPTION – Eleider Alvarez

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Eleider Alvarez (à gauche) a perdu son combat revanche contre Sergey Kovalev. / Photo fournie par Top Rank

De boxeur de l’année en 2018, voilà qu’Eleider Alvarez dégringole tout à l’opposé du palmarès. Ce n’est pas tant le fait que le Colombien a perdu le titre de champion WBO des mi-lourds dès sa première défense, le 2 février, lors de la revanche contre Sergey Kovalev. La déception relève beaucoup plus de la façon dont il s’est incliné : avec une performance en demi-teinte, sans âme ni rage de vaincre apparente. Bref, tout à l’opposé de la façon dont il avait vaincu Kovalev lors du premier duel. Dommage, quand on se souvient de tous les efforts accomplis pour décrocher cette ceinture. Inactif depuis ce revers, Alvarez sera de retour dans le ring le 18 janvier pour affronter Michael Seals.

LE HÉROS OBSCUR – Erik Bazinyan

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Erik Bazinyan après sa victoire contre Alan Campa. / Photo fournie par Golden Boy Promotions

Son entente avec Golden Boy Promotions fait en sorte qu’on le verra un peu moins souvent se battre au Québec, à l’instar de ses collègues Steven Butler et Yves Ulysse fils. Mais ça ne veut pas dire qu’Erik Bazinyan n’a rien fait qui vaille au cours de la dernière année, bien au contraire. Il a d’abord facilement vaincu Alan Campa par décision unanime le 2 mai, avant de passer le knock-out au vétéran Saul Roman le 12 décembre. Et, mine de rien, il cimente sa place un peu partout dans les classements mondiaux. On serait bien dus pour le revoir chez nous.

LE COMBAT DE L’ANNÉE – Jean Pascal c. Badou Jack

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Jean Pascal (à gauche) a vaincu Badou Jack par décision partagée le 28 décembre. / Photo tirée du compte Twitter de Showtime

La dernière année nous a offert plusieurs bons candidats pour l’obtention de cette récompense. Le choc Beterbiev-Gvozdyk était certainement méritant. Même le combat du 7 décembre entre David Lemieux et Max Bursak, hautement divertissant à défaut d’être élégant, aurait aussi pu être considéré. Mais difficile de laisser de côté ce superbe duel que viennent de nous offrir Jean Pascal et Badou Jack, un festival de feux d’artifice au cours duquel l’émotion et l’excitation ont été à leur comble. Notons au passage que Jack avait été du combat de l’année 2018 selon Ringside, à l’issue de son match nul contre Adonis Stevenson.

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – Andranik Grigoryan c. Jorge Garcia Jimenez

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Andranik Grigoryan (à gauche) a passé un knock-out aussi spectaculaire qu’inattendu à Jorge Garcia Jimenez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

C’est déjà étonnant lorsqu’Andranik Grigoryan ajoute un K.-O. à sa fiche, imaginez quand il s’en paie un aussi spectaculaire que celui qu’il a servi au pauvre Jorge Garcia Jimenez, le soir du 15 juin à Shawinigan. Une main droite vive et puissante, sortie de nulle part pour atterrir sur le menton de Jimenez, tombé à la renverse comme si une folle bourrasque venait de déferler sur le ring. Il fallait voir Grigoryan ému aux larmes après cette victoire, qui lui procurait la ceinture NABA des poids plumes. La séquence est disponible sur le site de TVA Sports.

LE PLUS BEAU RETOUR – Jean Pascal

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Jean Pascal en préparation pour son combat contre Badou Jack. / Photo tirée du compte Twitter de Showtime

Entre nous, y avait-il vraiment un autre choix possible pour cette mention? Allez, on ne s’étendra pas davantage sur les raisons qui expliquent pourquoi Pascal mérite le titre du plus beau retour de l’année. C’est assez évident, disons.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Lexson Mathieu

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Lexson Mathieu a été parfait à ses huit premiers combats en carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il y a de ces expressions anglaises qui sont difficilement traduisibles en français. Comme lorsqu’il est question du swag que peut dégager un individu, par exemple. Existe-t-il un terme francophone approprié pour décrire la chose? Si c’est le cas, on l’ignore. Mais ce qu’on sait, c’est que Lexson Mathieu en a tellement, de swag, que ça lui sort par les oreilles. Sans oublier, bien sûr, le talent, la puissance et l’attitude. Avec huit victoires en autant de sorties en 2019 – ses huit premiers combats en carrière –, on a eu amplement le temps de le surveiller, direz-vous. Or, quelque chose nous dit que le jeune homme de 20 ans n’a pas fini de nous épater.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2020

-Que Steven Butler se serve de la douloureuse leçon que lui a servi Ryota Murata la veille de Noël pour améliorer sa boxe encore davantage. Il l’a fait une fois après Brandon Cook, il peut très bien répéter l’expérience à la suite de cette défaite en combat de championnat, au cours de laquelle il n’a quand même pas si mal paru.

-Un peu dans la même veine, que Simon Kean conserve les aptitudes qu’il a démontrées en l’emportant contre Siarhei Liakhovich, le 7 décembre, notamment sur le plan de sa défense. Il y a encore du chemin à faire, on s’entend, mais c’est certainement un début.

-Qu’Oscar Rivas puisse mettre derrière lui son revers contre Dillian Whyte – et toute la controverse qui a suivi – pour revenir en force l’an prochain. Il mérite une deuxième chance de se faire valoir sur la scène internationale.

-Que Michel Villeneuve et tous les autres Australopithèques du même acabit qui croient que les femmes n’ont pas leur place dans la boxe se taisent à jamais. Marie-Ève Dicaire, Kim Clavel et toutes les autres boxeuses prouvent lors de chacun de leurs combats qu’elles ont autant de mérite que n’importe lequel de leurs confrères masculins. Non mais, vraiment, à quel point y a-t-il des imbéciles en ce bas monde?

-Que le Groupe Yvon Michel se déniche malgré tout un ou une autre athlète pour faire office de tête d’affiche de l’organisation aux côtés de Dicaire. Que ce soit Rivas, Eleider Alvarez ou quelqu’un autre… Ça prend quelqu’un, et vite. Ce sera bon pour GYM, et pour la boxe en général.

-Que la difficile sortie de David Lemieux contre Max Bursak, une première en plus d’un an, soit effectivement attribuable à la rouille et non un présage de ce qu’il l’attend chez les 168 lb.

-Que le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury en février accepte les 20 millions d’Eye of the Tiger Management pour venir affronter Arslanbek Makhmudov au Centre Bell. Quoi, on peut rêver, non?

-Et, bien sûr, une bonne année 2020 à vous tous!

Démonstration de ténacité

[Photo tirée du compte Twitter de Showtime]

Comme cadeau de fin d’année, on pouvait difficilement demander mieux. Samedi soir, au State Farm Arena d’Atlanta, Jean Pascal et Badou Jack nous ont offert un spectacle enlevant du début à la fin, couronné en prime par une victoire du Québécois. Un gain à l’arraché, aux allures presque hollywoodiennes.

Au terme des 12 rounds de l’affrontement, deux juges ont donné Pascal (35-6-1, 20 K.-O.) gagnant avec un pointage de 114-112, tout comme Ringside, d’ailleurs. Le troisième officiel avait le même score sur sa carte, mais en faveur de Jack (22-3-3, 13 K.-O.).

Pascal a donc réussi, non sans peine, à conserver sa ceinture WBA des mi-lourds, déjà acquise contre toute attente face à Marcus Browne plus tôt cette année. Mais le champion est venu bien près de se faire jouer un vilain tour pour cette première défense de son titre.

Si Pascal a complètement dominé la première moitié du duel, faisant au passage visiter le plancher à Jack lors du quatrième assaut, le vent a subitement tourné à partir de la sixième reprise. Le Suédois, plutôt discret jusque-là, s’est réveillé d’un coup sec et a profité de la fatigue qui gagnait son rival pour imposer le rythme à son tour.

Ainsi, le confortable coussin que Pascal avait pu se construire sur les cartes des juges s’est peu à peu aminci, faisant douter même les plus ardents partisans du Lavallois de ses possibilités de victoire. Et quand ce fut au tour d’un Pascal à bout de souffle de se retrouver au tapis au 12e round, un parfum de catastrophe a commencé à se faire sentir. D’aucuns se sont mis à croire que c’en était fait du champion défendant. Et pourtant, le voilà encore au sommet.

Jack aurait-il mérité de gagner? Sans doute, oui. Mais a-t-il été victime d’un vol pour autant? Pas une seconde.

Cette victoire, Pascal l’a obtenue de deux manières. D’abord, en neutralisant Jack avec un jab efficace et des attaques soutenues. Puis, lorsque les choses se sont mises à tourner au vinaigre pour lui, il s’est livré à une brillante démonstration de ténacité et de volonté qui a assurément plu aux juges – et encore plus au public.

Il s’est démené avec toute l’énergie du désespoir qui lui restait pour survivre jusqu’à la fin du combat, hypothéquant dangereusement sa mâchoire. Rares sont les boxeurs qui auraient pu encaisser le même volume de coups et atteindre la limite malgré tout. On aura beau reprocher ce qu’on voudra à Pascal, on ne pourra jamais l’accuser d’être un lâche.

Le gain est d’autant plus satisfaisant dans la mesure où il vient auréoler encore davantage une année qui aura été synonyme de résurrection pour lui. Comme on l’évoquait ici en guise d’avant-match, l’avenir de Pascal paraissait bien incertain après sa deuxième défaite contre Sergey Kovalev, en janvier 2016. Et outre quelques petites étincelles éparses, il y a souvent eu lieu de se demander à quoi tout cela allait bien rimer en bout de ligne au cours des dernières années. Maintenant, on le sait.

Parlant d’avenir, il faudra voir ce qu’il réserve désormais à Pascal. Le nom d’Artur Beterbiev, tenant des titres IBF et WBC de la catégorie, a été évoqué pour un duel d’unification qui attirerait à coup sûr l’attention. Mais soyons honnêtes, on voit mal comment Pascal – ou même tout autre mi-lourd à l’heure actuelle – pourrait s’emparer des ceintures de Beterbiev. Le Russe est un char d’assaut humain, rien de moins.

Et si on décidait, comme d’autres l’ont suggéré un peu partout sur les réseaux sociaux, d’organiser un combat mettant Beterbiev en vedette, alors que Pascal ferait les frais de la demi-finale? Un combat revanche contre Jack, disons? Après tout, avec un résultat aussi partagé que celui de samedi, il serait presque criminel de ne pas présenter un deuxième épisode.

Amusons-nous un peu, et supposons qu’il s’agisse du scénario retenu. Faisons-nous encore plus plaisir et imaginons que le gala soit présenté au Centre Bell, par exemple. Vous imaginez toute la frénésie qu’il y aurait ici autour de l’événement?

Pascal confiait d’ailleurs récemment à Ringside qu’il aimerait bien revenir se battre au Québec, lui qui a disputé ses trois derniers combats aux États-Unis. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec cette excitante victoire contre Badou Jack, l’occasion serait plus que belle de rentrer à la maison.

Les fruits de l’entêtement

[Photo tirée du compte Twitter de Showtime]

Avant de sauter à pieds joints dans l’année 2020, offrons-nous un petit voyage dans le temps, si vous le voulez bien. Commençons le tout en nous replongeant en 2016.

En janvier de cette année-là, Jean Pascal se fait massacrer par Sergey Kovalev au Centre Bell. Et le mot n’est pas trop fort. Pleurant à chaudes larmes au sortir du ring, il admet avoir « trouvé chaussure à son pied ». La scène était frappante. Jamais ce boxeur si fier et sûr de lui n’avait paru si fragilisé auparavant.

Pascal disparaît ensuite de la carte pendant plusieurs mois. Le temps de se refaire une santé physique, mais surtout mentale. Il faudra attendre jusqu’en décembre pour le revoir dans l’arène, à Trois-Rivières. Flanqué de son nouvel entraîneur Stéphan Larouche, il triomphe facilement d’un adversaire de troisième ordre. L’identité et la qualité du rival importait peu, toutefois. On voulait surtout voir si la blessure Kovalev s’était cicatrisée. S’il pouvait encore boxer. Mission accomplie à cet égard, donc.

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Eleider Alvarez (à droite) et Jean Pascal lors de leur combat de juin 2017, au Centre Bell. / Photo archives Bob Lévesque, fournie par le Groupe Yvon Michel

Arrive 2017. En juin, Pascal est de retour au Centre Bell, sur les lieux du drame, pour y affronter Eleider Alvarez. Après 10 bons rounds, Alvarez est donné gagnant par décision majoritaire. Plusieurs se demandent alors si Pascal ne devrait pas raccrocher ses gants. C’est justement ce que le principal intéressé annonce avoir l’intention de faire au terme d’une ultime sortie, en décembre, contre un espoir bien coté, Ahmed Elbiali. Pascal crée en quelque sorte la surprise en stoppant Elbiali au sixième assaut.

Alors qu’on le croit retraité pour de bon, Pascal renoue avec la compétition en juillet 2018 pour offrir ses vrais adieux à ses partisans québécois en se frottant à l’ex-combattant d’arts martiaux mixtes Steve Bossé. Un duel sans grande valeur pugilistique, conçu essentiellement pour vendre des billets. Et encore là, cet objectif sera raté. Pascal, logiquement, se défait de Bossé en huit rounds.

La retraite, c’est donc vrai, maintenant? Que non! À l’étonnement général, Pascal annonce un autre combat, et pas le moindre : un affrontement en novembre contre Dmitry Bivol, champion WBA des mi-lourds. Pascal réussit à faire la distance, mais n’est pas en mesure de répondre à la grande vitesse de Bivol. Ce dernier conserve sans problème son titre par décision unanime.

Cette défaite allait-elle finalement convaincre Pascal d’arrêter? Au contraire : en août dernier, il affronte Marcus Browne pour le titre intérimaire de la WBA. Le duel est serré, mais au huitième round, une coupure accidentelle force Browne à déclarer forfait. Pascal met donc la main sur la ceinture, et devient « vrai » champion WBA lorsque la fédération se dépêtre enfin des méandres administratifs qu’elle a elle-même créés.

Incroyable mais vrai : huit ans après avoir été dépouillé de son titre WBC, Jean Pascal est de nouveau champion du monde.

Suivre sa voie

Pascal est le premier à l’admettre, ces dernières années ont pris des allures de véritables « montagnes russes ». Mais pendant que les voix qui l’imploraient de cesser de prolonger indûment sa carrière et de se retirer une fois pour toutes résonnaient de plus en plus fort, le Lavallois a poursuivi son chemin. Envers et contre tous.

« C’est dans l’adversité qu’on forme les champions. […] Ça n’a pas toujours été facile, mais je ne me suis pas laissé ébranler. J’ai gardé le cap vers un championnat du monde, et j’ai réussi mon pari », a-t-il confié à Ringside lors d’une récente entrevue.

Les critiques ont toujours été abondantes à l’endroit de Pascal. Nombreux sont ceux qui ont été refroidis par ses déclarations à l’emporte-pièce et son côté frondeur, orgueilleux. Et plusieurs se sont demandé pourquoi diable persistait-il à vouloir se battre, alors que tout laissait croire qu’il n’était plus dans le coup.

Or, aujourd’hui, force est d’admettre qu’il a eu raison de persévérer. Être têtu n’est pas toujours une qualité. Mais dans le cas de Pascal, c’est précisément son entêtement qui est à l’origine de sa renaissance.

« Il ne faut pas écouter les gens, affirme le boxeur. Il faut les laisser avoir leur opinion.  Les gens ne sont pas dans mon cerveau. Ils ne connaissent pas mes capacités physiques et mentales.

« Mon but était noble et réalisable, ajoute-t-il. J’ai mis les efforts et la discipline nécessaires afin de le réaliser. »

Favori? Ça dépend…

Question de clore cette année en beauté, Pascal tentera de défendre son titre pour la première fois d’ici quelques heures en affrontant Badou Jack à Atlanta. Un combat fort intéressant sur papier, et qui risque d’être âprement disputé.

De plus, pour la première fois depuis des lunes, Pascal montera dans le ring en tant que favori pour l’emporter aux yeux de plusieurs. Le fait d’avoir la ceinture autour de la taille donne toujours un coup de pouce en ce sens, bien sûr. Cependant, le principal intéressé n’est pas du tout d’accord avec cette évaluation.

« On peut prétendre que je suis le favori, mais dans ma tête, je ne le suis pas. »

-Jean Pascal

Pascal rappelle qu’il affronte un boxeur de l’écurie de Floyd Mayweather, que le gala est organisé par Mayweather et qu’il est diffusé sur les ondes d’un réseau lié de près au légendaire champion. Et quand on connaît toute l’influence que le bon monsieur Money peut avoir, il y a lieu de se tenir prêt à toute éventualité… et d’y aller d’une performance convaincante dans l’arène.

« Je ne veux laisser aucun doute dans la tête des gens et des juges », prévient-il. Ce qui ne signifie pas pour autant de pécher par impatience et d’abandonner sa stratégie.

« Je ne vais pas chercher le knock-out, car c’est lorsqu’on le cherche qu’on ne l’obtient pas. Je vais boxer avec toute l’étendue de mon talent. Je vais livrer des rounds serrés à Badou Jack. »

Comme n’importe quel boxeur, Pascal se dit entièrement concentré sur ce prochain combat. Il refuse pour le moment d’envisager quelque scénario que ce soit qui suivrait cette sortie, peu importe le résultat. Une chose est toutefois claire dans son esprit : « La défaite n’est pas une option ».

Est-ce à dire qu’il opterait pour une retraite définitive advenant la perte de sa ceinture? Encore là, Pascal ne veut pas y penser. On peut certainement le comprendre. Reste qu’il faudra bien se poser (encore) cette damnée question si ça se produit.

Mais quelle que soit l’issue de cet affrontement, il faudra reconnaître que Pascal en a fait mentir plus d’un ces dernières années. Et saluer sa ténacité dans ce qui a souvent paru être un torrent d’adversité. Oui, il lui restait bel et bien du carburant dans le réservoir.

Catastrophe évitée

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ne vous en faites pas si vous avez entendu un bruit tonitruant émanant des environs du Centre Bell dans la nuit de samedi à dimanche. C’est tout à fait normal.

Ce que vous avez entendu, en fait, c’est un gigantesque soupir de soulagement que David Lemieux, son équipe et les 5542 spectateurs réunis dans les gradins ont poussé en entendant le verdict des juges chargés de noter son combat contre l’Ukrainien Max Bursak.

Deux d’entre eux ont donné le Québécois vainqueur à 94-93, tandis que le troisième a vu Bursak (35-6-2, 16 K.-O.) gagnant, à 94-93 lui aussi. Lemieux (41-4, 34 K.-O.) est donc reparti de l’amphithéâtre avec une victoire par décision partagée en poche pour sa première sortie chez les 168 lb.

Mais bon Dieu que ça aurait pu aller dans l’autre sens…

Lemieux a visité deux fois le tapis dans cet affrontement, dont une fois au round initial. D’accord, il a plus tard rendu la pareille à Bursak. Et il a effectivement gagné quelques assauts. Mais était-ce à ce point suffisant pour faire pencher la balance en sa faveur? Il faut croire que oui. Pour ce que ça vaut, Ringside voyait Bursak l’emporter à 95-92.

«Je ne suis aucunement satisfait de ma performance. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. On a de petites choses à travailler.»

-David Lemieux

La première moitié du combat fut l’affaire de Bursak. Déjà, dans les premières secondes, on sentait que Lemieux en aurait plein les bras contre l’étonnant Européen. Et lorsqu’il s’est retrouvé au plancher alors que Bursak le pilonnait sans merci, tout le plan de match établi a foutu le camp. Lemieux n’avait alors d’autre choix que de livrer un combat de rattrapage pour la suite des choses. Encore plus lorsque Lemieux est retourné au sol durant le cinquième assaut.

«C’était le pire cauchemar pour un entraîneur», a d’ailleurs reconnu l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

«Ça envoie complètement le combat dans une autre direction, a-t-il ajouté. Il est revenu dans le coin [après la première chute], et on lui a dit: ‘écoute David, pas de panique, ce n’est pas la première fois’. Il fallait se réorganiser, mais ç’a été très compliqué et très long. Il l’a fait à certains moments, et à d’autres, il perdait son équilibre. Il ne préparait pas bien les attaques.»

Le bluff de Ramsay

Lemieux a eu meilleure mine à partir du sixième round, à tel point que ce fut au tour de Bursak de se retrouver par terre. Ce dernier a quand même trouvé le moyen de continuer à donner du fil à retordre au favori local, mais ce ne fut pas suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur en bout de ligne.

Ramsay a d’ailleurs admis qu’il avait dû user de ruse auprès de Lemieux pour s’assurer que son poulain demeure motivé malgré sa situation précaire.

«Je savais que le combat était excessivement serré. À partir du huitième round, je l’ai beaucoup bluffé. Je lui ai dit: ‘David, on a besoin d’un knock-out’. Je mettais beaucoup de pression sur ses épaules. Pas tellement parce qu’on avait besoin d’un knock-out, mais j’avais besoin des rounds», a-t-il raconté

Tout le monde dans le clan Lemieux s’entendait pour dire que la longue période d’inactivité depuis le dernier combat du boxeur – il ne s’était pas battu depuis septembre 2018, blessures et problèmes de poids obligent – expliquait en très grande partie l’allure inquiétante qu’il a eue dans l’arène.

«L’inactivité depuis septembre 2018 m’a frappé un peu, a reconnu le principal intéressé. Mais à mesure que les rounds avançaient, je me sentais de mieux en mieux. Les coups de poing devenaient de plus en plus secs, et j’atteignais la cible plus souvent.»

«Dans les cinq premiers rounds, la rouille était là. C’était clair qu’il n’avait pas son timing. Il était à plat, c’était très clair.»

-Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management

Ce qui est aussi très clair, c’est que Lemieux devra attendre avant de se lancer dans un combat de championnat du monde au sein de sa nouvelle catégorie de poids. Au moins un autre combat pour évaluer correctement la manière dont il se débrouille chez les super-moyens sera nécessaire avant de passer à une quelconque étape supérieure.

Un retour à 160 lb, qui relevait carrément de l’utopie il y a quelques jours à peine, a même été évoqué après le combat. Il faudra s’asseoir et déterminer ce qui est l’idéal pour Lemieux pour la suite, a-t-on dit.

Quand même étonnant que cette porte soit encore ouverte, quand on connaît tous les problèmes récents que Lemieux a connus pour faire le poids à ses dernières sorties chez les 160 lb.

Makhmudov, fidèle à lui-même

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Arslanbek Makhmudov (à gauche) a tôt fait de liquider Samuel Peter. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On ne peut pas dire qu’Arslanbek Makhmudov (10-0, 10 K.-O.) a abusé de l’hospitalité du Centre Bell. Le toujours terrifiant Russe n’a mis que 2:23 pour triompher de l’Américain Samuel Peter (38-9, 31 K.-O.), ex-champion WBC des lourds, et ainsi défendre son titre NABF de la catégorie pour une première fois.

Tous ceux qui se sont frottés à Makhmudov pourraient vous le dire, ce n’est jamais une bonne idée d’effaroucher celui qu’on surnomme le Lion. Après quelques attaques somme toute banales de Peter, Makhmudov a décidé que le temps était venu d’ouvrir la machine et d’en finir avec le visiteur.

Activant donc les missiles qu’il a à la place des bras, Makhmudov a envoyé Peter au tapis avec un percutant crochet droit. Ce dernier s’est relevé, mais il a aussitôt eu droit à une nouvelle salve d’attaques de son adversaire. Une autre violente droite a renvoyé un Peter complètement sonné dans son coin. Se tenant tant bien que mal sur ses pieds, le boxeur de Las Vegas a signalé à l’arbitre Steve St-Germain qu’il en avait assez. L’officiel a donc écourté ses souffrances.

En quittant l’arène, entouré de ses entraîneurs et de partisans venus le féliciter, Makhmudov s’est fait apostropher par un certain Don Haynesworth, un autre poids lourd américain venu le défier au combat. Un bref coup d’oeil sur son pedigree nous permet de conclure assez rapidement qu’il n’a rien du tout pour menacer Makhmudov.

«C’est un gars de remplacement. On peut peut-être s’en servir pour autre chose, mais avec Makhmudov, on regarde vers l’avant», a résumé Ramsay, qui entraîne aussi le Russe.

Et en avant, il semble que ce soit un bond colossal qui attend Makhmudov. Camille Estephan a annoncé qu’il déposerait une offre de 20 millions de dollars pour amener le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury à Montréal pour affronter son protégé. Ce n’était pas une blague ou le résultat d’une langue fourchue: le promoteur a réitéré son projet à plusieurs reprises devant les médias. On verra à quel point son plan est réalisable, mais on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

D’ici là, s’il y a quelque chose de positif à retenir de ce bref duel, c’est qu’on aura pu entendre comment sonne la sirène annonçant la venue de Makhmudov vers le ring dans un amphithéâtre de la trempe du Centre Bell. Du bonbon, chers amis. Du vrai gros bonbon…

Un Kean renouvelé l’emporte

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Simon Kean (à droite) a pu profiter de l’inaction de Siarhei Liakhovich. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Simon Kean avait Siarhei Liakhovich dans sa ligne de mire dès 2018. En principe, les deux hommes devaient croiser le fer une fois que Kean aurait disposé de Dillon Carman. Sauf que le Trifluvien a plutôt encaissé une amère défaite face à Carman en octobre, et a dû mettre le projet sur la glace par la suite.

C’était donc partie remise pour les deux hommes samedi soir, et c’est Kean (18-1, 17 K.-O.) qui en est ressorti gagnant, signant une victoire par arrêt de l’arbitre à 2:04 du dixième et ultime assaut. Il est du même coup devenu champion WBC International Silver des poids lourds.

On a souvent critiqué le Québécois pour sa mobilité douteuse et sa défense généreuse, mais force est d’admettre qu’il a bien mieux paru que d’habitude samedi. Il a notamment fait un bel usage de sa longue portée afin de tenir Liakhovich (27-8, 17 K.-O.) à distance et ainsi dicter le tempo de l’affrontement. Sa défense, justement, s’est aussi bien resserrée de manière générale. On est encore loin de la perfection, cela va de soi. Mais c’est certainement encourageant en ce qui le concerne.

Il faut dire, en toute honnêteté, que le boxeur du Bélarus n’a rien fait qui vaille pour aider sa cause. Très peu actif dans l’ensemble, hormis quelques rares étincelles, il a laissé Kean le malmener pendant la majeure partie du combat.

On veut bien croire que Liakhovich a 43 ans et qu’il en était à un premier combat en plus de deux ans (et un deuxième en cinq ans…), mais on s’attendait à une meilleure opposition de la part d’un pugiliste qui s’est mesuré à de grosses pointures comme Wilder, Andy Ruiz fils, Bryant Jennings et Nikolai Valuev

Les autres résultats

Non, Sadriddin Akhmedov (11-0, 10 K.-O.) et l’Argentin Jose Antonio Villalobos (12-6-2, 7 K.-O.) ne s’aimaient pas, samedi soir. Insultes, coups à la limite de la légalité, allures de guerre de fond de ruelle… Il y en a eu pour tous les goûts. Du moins, jusqu’à ce qu’Akhmedov assène une terrifiante droite en plein visage de Villalobos, à 1:27 du septième round. Le Sud-américain s’est aussitôt effondré comme un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a immédiatement mis fin au combat. Villalobos, lui, a mis plusieurs minutes avant de reprendre ses esprits.

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Kim Clavel (à gauche) a mis la main sur un premier titre mineur. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Kim Clavel (11-0, 2 K.-O.) n’a pas raté sa chance de mettre la main sur un premier titre mineur en carrière. En disposant de la Mexicaine Esmeralda Gaona Sagahon (7-4) par décision unanime (100-90 partout), la pugiliste de Joliette est devenue championne NABF des mi-mouches. L’affrontement fut âprement disputé, plus serré que ce les cartes de pointage démontrent, mais dans l’ensemble, Clavel aura porté les meilleurs coups.

À son premier combat depuis son dur revers face à Uriel Perez, le 28 septembre, Mathieu Germain (18-1-1, 8 K.-O.) s’est montré plus agressif dans le ring, lui qui nous avait habitué à un style axé sur l’évasion et l’agilité. Ce fut suffisant pour lui permettre de vaincre le Mexicain Gilberto Meza (11-9-1, 7 K.-O.) par décision unanime (79-73, 80-72, 80-72), et ainsi rebondir avec brio de sa défaite.

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Lexson Mathieu s’est à nouveau illustré samedi soir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Comme Clavel, Lexson Mathieu (8-0, 7 K.-O.) a remporté un premier titre mineur en carrière, à savoir la ceinture NABF junior des super-moyens, en réglant le cas du Mexicain Rolando Paredes (16-9-2, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:11 du huitième et dernier round. Un rude duel au cours duquel les deux hommes se sont tapochés à qui mieux mieux. Au dernier assaut, l’orgueuil de Québec, testé comme jamais auparavant, a fini par envoyer Paredes au tapis à deux reprises grâce à de violents crochets.

Avery Martin-Duval (4-0, 3 K.-O.) a facilement vaincu le Mexicain Raul Corona (2-3) par arrêt de l’arbitre à 1:24 du deuxième round. Le jeune Montréalais a envoyé son adversaire une première fois au tapis dans cet engagement avec un solide crochet droit, avant de réitérer l’expérience quelques secondes plus tard avec une série de coups. C’en était alors fait de Corona.

Martine Vallières-Bisson (1-0) et la Tchèque Tereza Dvorakova (0-3) ont offert une excellente bagarre pour lancer la soirée. La Québécoise en est ressortie gagnante par décision majoritaire (39-37, 39-37, 38-38), couronnant ainsi de belle façon ses débuts professionnels après 18 ans en boxe amateur.

Une promenade dans le parc

[Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel]

QUÉBEC – Non, le combat entre Marie-Ève Dicaire et Ogleidis Suarez ne passera pas à l’histoire. La Québécoise a néanmoins réussi une troisième défense de son titre IBF des super-mi-moyens samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, au vif plaisir des quelques amateurs demeurés sur place jusqu’à la fin…

Jamais inquiétée, la pugiliste de Saint-Eustache n’a fait qu’une bouchée de la Vénézuélienne, filant tout droit vers une victoire par décision unanime (100-90, 100-90, 99-91).

«Je pense sincèrement que j’ai montré de nouvelles habiletés, des choses que je ne faisais pas dans le passé. Je pense par contre qu’on a de petites choses à travailler. Je n’ai pas été en mesure d’appliquer la stratégie à la lettre», a décrit Dicaire après le combat.

Il faut dire que Suarez (28-4-1, 13 K.-O.) n’a rien fait pour aider sa cause… en ne faisant rien, justement. Passive au point de se demander si elle avait entendu la cloche, elle a carrément laissé Dicaire (17-0) faire ce qu’elle voulait avec elle dans le ring.

«J’ai été vraiment déçue [de Suarez] et j’avouerai que ça m’a peut-être un peu déstabilisée. Je la touchais tellement facilement. C’est peut-être pour ça que je me dis que j’aurais pu en faire plus.»

-Marie-Ève Dicaire

«Marie-Ève était extrêmement rapide. [Suarez] a vu qu’elle ne pouvait pas boxer contre Marie-Ève. Elle devait essayer de la coincer, de la laisser entrer à l’intérieur pour placer ses coups. Mais Marie-Ève était tout simplement trop rapide pour elle», a pour sa part analysé l’entraîneur de Dicaire, Stéphane Harnois.

Forte de cette autre victoire, Dicaire vise désormais un combat d’unification contre l’Américaine Raquel Miller, devenue championne intérimaire de la WBA pendant le gala grâce à une victoire par décision unanime aux dépens de la Mexicaine Alma Ibarra. Le duel aurait lieu en mars, si tout va comme prévu.

Bien des choses peuvent changer d’ici là, mais à la lumière de ce qu’on a vu de Miller samedi, on peine à imaginer de quelle façon elle pourrait constituer une menace pour Dicaire. Terne, sans grande vigueur, son duel contre Ibarra a été à peu près aussi excitant que de regarder une mouche mourir dans un luminaire.

«Je n’ai vraiment pas été impressionné, a d’ailleurs admis Harnois. Je m’attendais vraiment à quelqu’un de beaucoup plus rapide. C’est une fille qui est à la portée de Marie-Ève.»

Le public répond… absent

Vendredi, lors de la pesée, on disait avoir vendu 1500 billets pour le gala. Selon le promoteur Yvon Michel, ce sont finalement 2369 spectateurs qui étaient réunis dans les gradins du Centre Vidéotron, configuré pour en accueillir 3400.

Près de 1000 billets supplémentaires auraient ainsi été écoulés en moins de 24 heures? Difficile d’évaluer le tout à l’oeil nu, bien sûr, mais le chiffre final peut sembler un brin costaud.

Michel a avoué que le gala n’avait pas été rentable pour son organisation. Il s’est néanmoins dit satisfait de la soirée dans l’ensemble.

«On a atteint nos objectifs. On voulait donner une plateforme importante à nos boxeurs. On voulait qu’ils avancent dans les classements.»

-Yvon Michel

N’empêche, il y avait quelque chose d’à la fois désolant et inquiétant à la vue de toutes ces rangées de sièges dégarnies. D’autant que le nombre total et officiel de spectateurs, en lui-même, fait plutôt piètre figure pour un combat de championnat du monde. Pour vous donner une idée, le Cabaret du Casino de Montréal, lorsqu’il est rempli à pleine capacité pour un gala de boxe, peut accueillir 600 personnes.

Pis encore, bon nombre d’amateurs ont carrément quitté les lieux en plein combat final, laissant encore davantage de trous béants derrière eux un peu partout dans l’amphithéâtre. Pourquoi un tel désintérêt? Est-ce parce que les gens n’ont que faire de la boxe féminine? À cause de l’heure un peu tardive (environ 23h30) à laquelle le combat s’est mis en branle? Ou est-ce l’allure plutôt couci-couça du duel qui a refroidi la foule?

«Ce n’est pas Marie-Ève ou la boxe féminine. C’est dur de vendre la boxe, point. Si on enlève les deux ou trois meilleurs boxeurs au Québec, combien, hommes ou femmes, peuvent attirer 2000 ou 3000 personnes? Il n’y en a pas beaucoup. C’est donc déjà un exploit, ce qui a été fait là», a fait valoir Michel.

Quoi qu’il en soit, avec ce qu’on a constaté, une chose apparaît plus claire que jamais: le Groupe Yvon Michel doit impérativement se trouver une nouvelle tête d’affiche, et vite. À l’évidence, Marie-Ève Dicaire ne pourra à elle seule maintenir l’organisation à flot, en dépit de sa ceinture et de son charisme débordant. Le public québécois en veut davantage.

Reste à voir qui pourra occuper ce poste. Adonis Stevenson n’est évidemment plus dans le portrait. Artur Beterbiev non plus. Eleider Alvarez et Oscar Rivas ont été quelque peu relégués au second plan à la suite de leurs défaites respectives. Pas facile…

Zewski s’illustre

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Mikaël Zewski (à gauche) et Alejandro Davila se sont livrés un rude combat. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel

En demi-finale du gala, Mikaël Zewski (34-1, 23 K.-O.) a défendu avec succès ses titres NABO et IBF nord-américain des mi-moyens en stoppant le Mexicain Alejandro Davila (19-1-2, 7 K.-O.) au dixième round, dans ce qui fut le meilleur combat de la soirée.

Le Trifluvien s’est fort bien tiré d’affaire devant un adversaire hargneux et coriace. Les deux belligérants se sont échangé les politesses avec vigueur et à un rythme endiablé tout au long de l’affrontement, jusqu’à ce que Zewski prenne le dessus en envoyant Davila au tapis au neuvième round, gracieuseté d’un joli crochet gauche.

Zewski a remis ça au round suivant, encore là à l’aide d’un crochet gauche. Davila s’est relevé, mais n’avait plus les jambes tout à fait solides. Pas assez, en tout cas, pour que l’arbitre Martin Forest lui permette de continuer. C’était la fin des émissions.

«J’ai été en contrôle durant tout le combat. […] J’ai parfois tendance à m’essouffler dans des combats comme celui-là. Et là, malgré la bataille, je respirais et je prenais le temps de regarder où je frappais», a relaté le gagnant.

Classé au huitième rang de la WBO, Zewski devrait pouvoir se hisser quelque part dans le top-5 avec cette victoire. Questionné sur ce qu’il voudrait trouver sur sa route pour la suite, il n’a pas hésité une seconde à nommer Terence Crawford, actuel tenant du titre au sein de la fédération.

«Je vais [l’affronter] gratuitement s’il le faut, a-t-il lancé. Ce que je veux, c’est accomplir quelque chose, et ça passe par un championnat du monde.»

Chose certaine, on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

Vive déception pour Bouchard

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Sébastien Bouchard (à droite) a dû déclarer forfait en raison d’une blessure. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel

Les partisans de la Vieille Capitale avaient hâte d’assister au duel entre Sébastien Bouchard, originaire de Baie-Saint-Paul, et le Montréalais Ayaz Hussain. Mais le moment tant attendu s’est soldé par une amère déception pour tout le monde.

Bouchard (18-2, 8 K.-O.) s’est sectionné un tendon au biceps gauche en lançant un coup sur Hussein (14-1, 11 K.-O.) au quatrième round. Il a aussitôt retraité vers son coin avant de déclarer forfait. Résultat: Hussein, qui en était à un premier combat en près de deux ans et demi, a été sacré vainqueur.

«Ça me fait mal au coeur. […] Le plan de match se déroulait comme prévu. Quand j’ai frappé, je l’ai senti tout de suite. Ça a snappé et ça a brûlé», a regretté Bouchard.

Il avait d’ailleurs subi la même blessure il y a deux ans, au bras droit, cette fois. Il s’en était remis après une chirurgie et une convalescence de six mois. Bouchard s’attend donc à une réhabilitation similaire avant de reprendre du service.

«Ça faisait six mois que je m’entraînais pour [ce combat]. On a tout fait. J’étais un peu stressé avant le combat, et on me disait: arrête, tout a été fait, on ne peut rien changer. Et là, c’est le corps qui a lâché…», a laissé tomber Bouchard.

Les autres résultats

Wilfried Seyi (8-0, 4 K.-O.) a mis un peu de temps à se mettre en marche, mais il a finalement triomphé de l’Ontarien Devin Tomko (7-1, 3 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:56 du huitième et dernier round. Seyi est d’abord venu tout près de passer son rival par-dessus les câbles, avant que celui-ci tente de revenir dans l’affrontement. Mais l’arbitre Steve St-Germain a sagement décrété la fin des hostilités, alors que Tomko titubait dans l’arène. Seyi, pour sa part, obtient un premier titre mineur en carrière, soit la ceinture WBC Jeunesse des mi-lourds.

Marie-Pier Houle (2-0-1, 1 K.-O.) et la Tchèque Linda Dostalkova (2-0-1) se sont bien battues, mais elles ont dû se contenter d’un verdict nul majoritaire après les quatre rounds de leur affrontement. Deux juges ont remis des cartes de 38-38, tandis que le troisième a vu Houle gagnante à 39-37.

Rarement a-t-on vu un boxeur garder le sourire en recevant autant de claques sur la gueule que Yan Pellerin (9-1, 3 K.-O.). Le pugiliste de Granby a eu une autre raison d’être de bonne humeur après son combat, puisqu’il a vaincu le Mexicain Maximiliano Corso (6-5-1, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:59 du sixième round. Corso est allé au tapis lors de cet ultime assaut, et en voyant de quoi il avait l’air une fois debout, l’arbitre Martin Forest a choisi d’arrêter le combat.

Une délégation de spectateurs venus de Thetford Mines était sur place afin d’encourager le boxeur local Dave Leblond (4-7, 1 K.-O.). Malheureusement pour eux, leur favori s’est incliné devant le Brossardois Chann Thonson (6-0, 4 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:17 du quatrième round. Thonson a envoyé Leblond au plancher avec une solide droite. Leblond s’est relevé, mais comme il n’était plus vraiment en mesure de se défendre, l’arbitre a préféré mettre un terme au duel.

En ouverture de gala, le Français Simon Pierre Adde (7-1, 3 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Jair Sena (8-5-2, 6 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Un combat qui a tout intérêt à être oublié rapidement, et qui le sera assurément.

Le meilleur, point

[Photo Mikey Williams, fournie par Top Rank]

Mais qui donc arrêtera Artur Beterbiev?

La question est sérieuse. Connu depuis longtemps comme une terrifiante force de la nature dans un ring de boxe, le Québécois d’origine tchétchène a une fois de plus démontré à quel point il maîtrise son art vendredi soir, au Liacouras Center de Philadelphie, en stoppant l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk (17-1, 14 K.-O.) à 2 :49 du 10e round

Ce faisant, Beterbiev (15-0, 15 K.-O.), qui était déjà champion IBF des mi-lourds, s’empare du titre WBC qui appartenait à Gvozdyk et inscrit son nom dans les annales du pugilat québécois en devenant le tout premier champion unifié de l’histoire de la province.

Le combat en tant que tel, fascinant au possible, se résume pourtant assez simplement. D’un round à l’autre, Beterbiev a usé Gvozdyk à la corde en appliquant une pression constante, bonifiée par sa force de frappe qui n’a plus besoin de présentations.

Gvozdyk, qui s’est néanmoins défendu de façon admirable dans les circonstances, a fini par flancher au dixième engagement, forcé trois fois de poser un genou au sol. L’arbitre Gary Rosato, qui ne devrait être félicité que par sa mère pour sa performance dans ce duel, a signalé la fin des hostilités à la troisième chute.

Fait à noter, deux des juges avaient Gvozdyk gagnant sur leur carte de pointage (87-84 et 86-85) au moment de l’arrêt du combat. Le troisième favorisait Beterbiev à 87-83, tout comme Ringside, qui le plaçait en avance à 87-84.

Message clair

La victoire et les ceintures, tout cela est bien beau. Mais ce que Beterbiev a accompli avec ce gain dépasse largement les frontières de la fiche parfaite et des titres mondiaux.

D’abord, il a encore mieux prouvé que d’habitude qu’il était doté d’un talent pugilistique exceptionnel, presque surnaturel. Ce n’est pas qu’on en doutait, au contraire, mais ce fut encore plus évident contre Gvozdyk.

Peu importe l’identité de l’adversaire qui ose se dresser devant lui, Beterbiev ne se contente pas de le vaincre : il le domine. Tel un python, il s’empresse d’étouffer sa proie et ne lui laisse à peu près aucune chance de répliquer. Même si celle-ci est du calibre de Gvozdyk, qui est loin d’être un pied de céleri – il a mis fin au règne d’Adonis Stevenson, rappelons-le.

Mais plus important encore, Beterbiev a lancé un message à toute la planète boxe, et plus particulièrement à sa division des mi-lourds.

En pourfendant Gvozdyk comme il l’a fait pour devenir champion unifié, il s’est assuré de faire connaître son nom une fois pour toutes auprès du public. Et il a prévenu ses éventuels rivaux qu’il constituait désormais un obstacle incontournable dans cette catégorie fort contingentée, eux qui l’ont si souvent évité par le passé, conscients du risque énorme qu’on court en le croisant dans l’arène.

Justement, que réserve l’avenir pour Beterbiev? Pour le moment, il semble que sa prochaine cible soit le Chinois Meng Fanlong, qui est son aspirant obligatoire du côté de l’IBF. Les deux hommes devraient croiser le fer quelque part au début de 2020. Si Beterbiev relève ce défi, d’autres combats d’unification l’attendront, c’est certain.

Avec son remarquable triomphe de vendredi, on pourrait affirmer sans grand risque de se tromper que Beterbiev est actuellement le meilleur boxeur chez les 175 lb. Nul doute que certains trouveront des arguments pour débattre de ce postulat, citant notamment le nom de Saul « Canelo » Alvarez. Il y a toutefois moins de sceptiques au sujet du Tchétchène qu’il y en avait avant vendredi.

Peu importe votre opinion sur cette question, peut-on à tout le moins convenir que Beterbiev est, au moment où on se parle, le meilleur boxeur issu du Québec, toutes catégories confondues?

Oh, bien sûr qu’il y en a plusieurs autres qui sont très bons et talentueux, aucun doute là-dessus. Mais y en a-t-il un seul ces jours-ci qui soit aussi dominant que Beterbiev dans un ring? Y en a-t-il un seul qui constitue un mélange aussi quasi-parfait de puissance, de technique, d’intelligence et de discipline? Non, ne cherchez pas, il n’y en a pas d’autres. Et il a Marc Ramsay dans son coin, en plus? Alors, là…

Oui, c’est tout ça, Artur Beterbiev. Tout ça, et sûrement plus encore. Le meilleur boxeur mi-lourd. Le meilleur boxeur québécois. Le meilleur, point.

Lemieux fera son retour à Montréal

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

La rumeur flottait dans l’air depuis un moment, mais c’est désormais confirmé : un peu moins de 15 mois après son dernier combat, David Lemieux effectuera son grand retour dans le ring en tant que tête d’affiche du gala fort bien garni qu’Eye of the Tiger Management présentera le 7 décembre au Centre Bell. Un premier dans l’enceinte montréalaise depuis le deuxième affrontement entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, le 3 juin 2017.

Pour l’occasion, Lemieux (40-4, 34 K.-O.) se frottera à l’Ukrainien Max Bursak (34-5-2, 15 K.-O.), 35 ans. Le combat sera disputé à 168 lb, un baptême pour le Québécois dans cette catégorie et, mine de rien, une première sortie en plus de trois ans à Montréal. Sa plus récente présence dans la métropole remonte au 22 octobre 2016, alors qu’il avait vaincu Cristian Fabian Rios.

« [Bursak], je ne le connais pas beaucoup, mais je sais qu’il est solide et que j’aurai tout un cas entre les mains », a lancé Lemieux. L’entente avec Bursak n’a été officialisée que quelques heures avant la conférence de presse annonçant l’événement, mardi.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lemieux était dû pour se battre. Depuis qu’il a mis moins d’un round pour régler le cas de Gary O’Sullivan, en septembre 2018, il y a eu ce combat contre Tureano Johnson annulé en raison d’un malaise de Lemieux, incapable de se présenter à la pesée. Quelques mois plus tard, c’était une blessure à la main qui l’empêchait d’affronter John Ryder, dans ce qui aurait été son premier duel à 168 lb.

En principe, Lemieux devait reprendre du service en sous-carte du combat entre Saul « Canelo » Alvarez et Sergey Kovalev, le 2 novembre à Las Vegas. Or, les plans des organisateurs de ce choc très attendu ont changé, et le clan Lemieux a jugé qu’il valait mieux pour le boxeur que son retour dans l’arène ait lieu à la maison.

L’occasion d’avoir des réponses

En Bursak, Lemieux trouvera sur sa route un rival qui n’a jamais été arrêté avant la limite. Il s’est notamment incliné par décision unanime devant le champion WBO des super-moyens, Gilberto Ramirez, en avril 2017.

« Aucun boxeur n’a été capable de lui faire mal, a fait valoir le directeur général d’Eye of the Tiger, Antonin Décarie. Personnellement, je trouvais qu’il représentait un niveau [de difficulté] un peu élevé, mais si on avait trouvé un adversaire qui n’était pas de niveau, David n’aurait pas eu la même motivation, la même hargne. Il veut vraiment faire mal à Bursak. »

Avec la puissance caractéristique de ses poings, nul doute que Lemieux pourra à tout le moins lui sonner les cloches à quelques reprises. Le cœur de l’intrigue se situe plutôt dans l’allure qu’il aura dans le ring.

Lemieux a beau s’être entraîné sans relâche au cours des 15 derniers mois – les images diffusées sur les réseaux sociaux laissent d’ailleurs l’impression d’une condition physique optimale –, il faudra voir comment ce dur travail se traduira entre les câbles le soir du gala, au terme d’une si longue absence.

À quel point la rouille se sera-t-elle incrustée? Et pourra-t-il s’en débarrasser rapidement?

Mais surtout, comment se comportera Lemieux dans une nouvelle catégorie de poids qui demeurera la sienne pour l’avenir? Parce qu’au risque de se répéter, avec tous les problèmes vécus à ses dernières pesées, un retour de Lemieux chez les poids moyens est carrément impensable.

« C’est une étape importante. On voulait un adversaire qui allait nous permettre de bien évaluer les possibilités pour David à 168 lb. Bursak est excessivement résistant et n’a jamais été mis K.-O.. On a fait ce choix [d’adversaire] dans le but d’avoir des rounds », a décrit l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

En tout cas, le principal intéressé, lui, semble pleinement confiant en vue de ce nouveau départ.

« À 168 lb, vous verrez un David Lemieux plus fort qu’à 160 lb! », a-t-il fièrement promis.

Injection d’expérience pour Makhmudov

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Arslanbek Makhmudov sera confronté au plus grand test de sa jeune carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À l’origine, le gala du 7 décembre devait mettre en vedette Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.). Si c’est désormais Lemieux qui fera les frais de l’attraction principale, le géant russe ne sera pas en congé pour autant puisqu’il défendra son titre NABF des lourds face à Samuel Peter (38-8, 21 K.-O.)

Ce dernier n’est peut-être plus une prime jeunesse à 39 ans, et ses meilleurs jours font certainement partie de son passé. N’empêche, il serait bien mal avisé de prendre le vétéran nigérian à la légère. Au cours de sa longue carrière, Peter, ex-champion WBC, a affronté plusieurs gros noms de la division des poids lourds : les frères Wladimir et Vitali Klitschko, Kubrat Pulev, James Toney, Hughie Fury…

« Ce ne sera pas un combat dans lequel on pourra simplement se présenter. Il faudra être disciplinés et bien préparés. Le danger est réel », a prévenu Marc Ramsay, qui entraîne aussi Makhmudov.

Ceux qui réclament depuis longtemps de voir Makhmudov en découdre avec un adversaire de calibre supérieur verront donc leur souhait exaucé. D’autant que Peter, comme Makhmudov, est réputé pour sa force de frappe. Il sera intéressant de voir comment le Lion réagira si Peter parvient à l’atteindre, ce qui ne lui est pas arrivé très souvent jusqu’ici.

« [Arslanbek] a seulement neuf combats professionnels [à sa fiche], mais il est rendu à une étape où on peut sauter quelques marches. Il a l’expérience et le potentiel pour faire ça », a expliqué Ramsay.

Kean croisera finalement Liakhovich

KeanConfPresse-VE
Simon Kean se mesurera à celui qu’il aurait dû affronter il y a un an. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À peu près à pareille date l’an dernier, l’affaire était dans le sac. Simon Kean allait affronter le Russe Siarhei Liakhovich. Celui-ci était même assis au parterre du Centre Vidéotron de Québec pour épier Kean, qui affrontait Dillon Carman ce soir-là.

Mais avant que le projet devienne réalité, Kean (17-1, 16 K.-O.) devait vaincre Carman. Et on sait ce qui s’est produit.

L’attente a donc été un peu plus longue que prévu, mais le Trifluvien aura finalement sa chance contre Liakhovich (27-7, 17 K.-O.) le 7 décembre.

« C’est un combat très stimulant pour moi. C’est un bon défi à relever », a affirmé Kean, qui a eu sa revanche sur Carman en juin à Shawinigan.

Liakhovich, 43 ans, en est un autre qui a eu maille à partir avec quelques noms parmi les plus en vue chez les poids lourds. De Deontay Wilder à Andy Ruiz fils, en passant par Bryant Jennings, Nikolai Valuev et Shannon Briggs. Notons cependant qu’il n’aura pas boxé depuis près de deux ans lorsqu’il s’amènera dans le ring du Centre Bell.

Malgré cela, comme Kean le dit lui-même, le défi sera de taille pour lui. Voyons voir s’il pourra le relever.

Les autres combats

GermainConfPresse-VE
Mathieu Germain aura l’occasion de venger sa défaite contre Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Steven Butler devait lui aussi faire partie du gala. Il a cependant cédé sa place à Mathieu Germain, qui a encaissé une première défaite en carrière face à Uriel Perez il y a quelques jours.

Selon diverses sources, Butler se battrait en championnat du monde le 31 décembre au Japon contre le dangereux Ryota Murata, tenant du titre WBA. Sans confirmer cette information, le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a indiqué qu’une annonce au sujet de Butler viendrait sous peu.

L’adversaire de Germain n’est pas encore connu, mais pour le boxeur qui vient de fêter ses 30 ans, ce sera surtout l’occasion de prouver que son revers n’était qu’un accident de parcours.

« Je dois vivre avec cette défaite. Elle est derrière moi et maintenant, je dois m’asseoir avec mon équipe pour comprendre pourquoi j’ai perdu et ce qu’il faut faire pour s’améliorer », a-t-il dit, tout en laissant entendre qu’il souhaiterait un combat revanche contre Perez.

Kim Clavel sera également de la partie, et aura possiblement la chance de mettre la main sur un premier titre mineur. Sadriddin Akhmedov et Lexson Mathieu se battront aussi, et ce, peu importe l’issue de leurs combats respectifs le 25 octobre, à Québec. Avery Martin Duval, Raphaël Courchesne et Adam Braidwood compléteront la carte. L’identité des adversaires de tout ce beau monde sera dévoilée plus tard.

Bien que le gala ait lieu au Centre Bell, Eye of the Tiger prévoit accueillir un maximum de 6000 spectateurs dans les gradins. Une décision en partie économique, selon Camille Estephan. « On veut minimiser les coûts et dépenser pour [la qualité des] combats », a-t-il expliqué.

Chose certaine, à première vue, ce gala sera l’un des plus relevés des dernières années au Québec. Il n’y a que trois duels confirmés, certes, mais chacun comporte un enjeu qui lui donne une saveur particulière : le retour de Lemieux dans une nouvelle catégorie, l’essor de Makhmudov qui se poursuit et une (autre) deuxième chance pour Kean.

Et entre nous, ça fera du bien à tout le monde de revoir de la boxe au Centre Bell. Il était temps.