Une promenade dans le parc

[Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel]

QUÉBEC – Non, le combat entre Marie-Ève Dicaire et Ogleidis Suarez ne passera pas à l’histoire. La Québécoise a néanmoins réussi une troisième défense de son titre IBF des super-mi-moyens samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, au vif plaisir des quelques amateurs demeurés sur place jusqu’à la fin…

Jamais inquiétée, la pugiliste de Saint-Eustache n’a fait qu’une bouchée de la Vénézuélienne, filant tout droit vers une victoire par décision unanime (100-90, 100-90, 99-91).

«Je pense sincèrement que j’ai montré de nouvelles habiletés, des choses que je ne faisais pas dans le passé. Je pense par contre qu’on a de petites choses à travailler. Je n’ai pas été en mesure d’appliquer la stratégie à la lettre», a décrit Dicaire après le combat.

Il faut dire que Suarez (28-4-1, 13 K.-O.) n’a rien fait pour aider sa cause… en ne faisant rien, justement. Passive au point de se demander si elle avait entendu la cloche, elle a carrément laissé Dicaire (17-0) faire ce qu’elle voulait avec elle dans le ring.

«J’ai été vraiment déçue [de Suarez] et j’avouerai que ça m’a peut-être un peu déstabilisée. Je la touchais tellement facilement. C’est peut-être pour ça que je me dis que j’aurais pu en faire plus.»

-Marie-Ève Dicaire

«Marie-Ève était extrêmement rapide. [Suarez] a vu qu’elle ne pouvait pas boxer contre Marie-Ève. Elle devait essayer de la coincer, de la laisser entrer à l’intérieur pour placer ses coups. Mais Marie-Ève était tout simplement trop rapide pour elle», a pour sa part analysé l’entraîneur de Dicaire, Stéphane Harnois.

Forte de cette autre victoire, Dicaire vise désormais un combat d’unification contre l’Américaine Raquel Miller, devenue championne intérimaire de la WBA pendant le gala grâce à une victoire par décision unanime aux dépens de la Mexicaine Alma Ibarra. Le duel aurait lieu en mars, si tout va comme prévu.

Bien des choses peuvent changer d’ici là, mais à la lumière de ce qu’on a vu de Miller samedi, on peine à imaginer de quelle façon elle pourrait constituer une menace pour Dicaire. Terne, sans grande vigueur, son duel contre Ibarra a été à peu près aussi excitant que de regarder une mouche mourir dans un luminaire.

«Je n’ai vraiment pas été impressionné, a d’ailleurs admis Harnois. Je m’attendais vraiment à quelqu’un de beaucoup plus rapide. C’est une fille qui est à la portée de Marie-Ève.»

Le public répond… absent

Vendredi, lors de la pesée, on disait avoir vendu 1500 billets pour le gala. Selon le promoteur Yvon Michel, ce sont finalement 2369 spectateurs qui étaient réunis dans les gradins du Centre Vidéotron, configuré pour en accueillir 3400.

Près de 1000 billets supplémentaires auraient ainsi été écoulés en moins de 24 heures? Difficile d’évaluer le tout à l’oeil nu, bien sûr, mais le chiffre final peut sembler un brin costaud.

Michel a avoué que le gala n’avait pas été rentable pour son organisation. Il s’est néanmoins dit satisfait de la soirée dans l’ensemble.

«On a atteint nos objectifs. On voulait donner une plateforme importante à nos boxeurs. On voulait qu’ils avancent dans les classements.»

-Yvon Michel

N’empêche, il y avait quelque chose d’à la fois désolant et inquiétant à la vue de toutes ces rangées de sièges dégarnies. D’autant que le nombre total et officiel de spectateurs, en lui-même, fait plutôt piètre figure pour un combat de championnat du monde. Pour vous donner une idée, le Cabaret du Casino de Montréal, lorsqu’il est rempli à pleine capacité pour un gala de boxe, peut accueillir 600 personnes.

Pis encore, bon nombre d’amateurs ont carrément quitté les lieux en plein combat final, laissant encore davantage de trous béants derrière eux un peu partout dans l’amphithéâtre. Pourquoi un tel désintérêt? Est-ce parce que les gens n’ont que faire de la boxe féminine? À cause de l’heure un peu tardive (environ 23h30) à laquelle le combat s’est mis en branle? Ou est-ce l’allure plutôt couci-couça du duel qui a refroidi la foule?

«Ce n’est pas Marie-Ève ou la boxe féminine. C’est dur de vendre la boxe, point. Si on enlève les deux ou trois meilleurs boxeurs au Québec, combien, hommes ou femmes, peuvent attirer 2000 ou 3000 personnes? Il n’y en a pas beaucoup. C’est donc déjà un exploit, ce qui a été fait là», a fait valoir Michel.

Quoi qu’il en soit, avec ce qu’on a constaté, une chose apparaît plus claire que jamais: le Groupe Yvon Michel doit impérativement se trouver une nouvelle tête d’affiche, et vite. À l’évidence, Marie-Ève Dicaire ne pourra à elle seule maintenir l’organisation à flot, en dépit de sa ceinture et de son charisme débordant. Le public québécois en veut davantage.

Reste à voir qui pourra occuper ce poste. Adonis Stevenson n’est évidemment plus dans le portrait. Artur Beterbiev non plus. Eleider Alvarez et Oscar Rivas ont été quelque peu relégués au second plan à la suite de leurs défaites respectives. Pas facile…

Zewski s’illustre

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Mikaël Zewski (à gauche) et Alejandro Davila se sont livrés un rude combat. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel

En demi-finale du gala, Mikaël Zewski (34-1, 23 K.-O.) a défendu avec succès ses titres NABO et IBF nord-américain des mi-moyens en stoppant le Mexicain Alejandro Davila (19-1-2, 7 K.-O.) au dixième round, dans ce qui fut le meilleur combat de la soirée.

Le Trifluvien s’est fort bien tiré d’affaire devant un adversaire hargneux et coriace. Les deux belligérants se sont échangé les politesses avec vigueur et à un rythme endiablé tout au long de l’affrontement, jusqu’à ce que Zewski prenne le dessus en envoyant Davila au tapis au neuvième round, gracieuseté d’un joli crochet gauche.

Zewski a remis ça au round suivant, encore là à l’aide d’un crochet gauche. Davila s’est relevé, mais n’avait plus les jambes tout à fait solides. Pas assez, en tout cas, pour que l’arbitre Martin Forest lui permette de continuer. C’était la fin des émissions.

«J’ai été en contrôle durant tout le combat. […] J’ai parfois tendance à m’essouffler dans des combats comme celui-là. Et là, malgré la bataille, je respirais et je prenais le temps de regarder où je frappais», a relaté le gagnant.

Classé au huitième rang de la WBO, Zewski devrait pouvoir se hisser quelque part dans le top-5 avec cette victoire. Questionné sur ce qu’il voudrait trouver sur sa route pour la suite, il n’a pas hésité une seconde à nommer Terence Crawford, actuel tenant du titre au sein de la fédération.

«Je vais [l’affronter] gratuitement s’il le faut, a-t-il lancé. Ce que je veux, c’est accomplir quelque chose, et ça passe par un championnat du monde.»

Chose certaine, on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

Vive déception pour Bouchard

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Sébastien Bouchard (à droite) a dû déclarer forfait en raison d’une blessure. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel

Les partisans de la Vieille Capitale avaient hâte d’assister au duel entre Sébastien Bouchard, originaire de Baie-Saint-Paul, et le Montréalais Ayaz Hussain. Mais le moment tant attendu s’est soldé par une amère déception pour tout le monde.

Bouchard (18-2, 8 K.-O.) s’est sectionné un tendon au biceps gauche en lançant un coup sur Hussein (14-1, 11 K.-O.) au quatrième round. Il a aussitôt retraité vers son coin avant de déclarer forfait. Résultat: Hussein, qui en était à un premier combat en près de deux ans et demi, a été sacré vainqueur.

«Ça me fait mal au coeur. […] Le plan de match se déroulait comme prévu. Quand j’ai frappé, je l’ai senti tout de suite. Ça a snappé et ça a brûlé», a regretté Bouchard.

Il avait d’ailleurs subi la même blessure il y a deux ans, au bras droit, cette fois. Il s’en était remis après une chirurgie et une convalescence de six mois. Bouchard s’attend donc à une réhabilitation similaire avant de reprendre du service.

«Ça faisait six mois que je m’entraînais pour [ce combat]. On a tout fait. J’étais un peu stressé avant le combat, et on me disait: arrête, tout a été fait, on ne peut rien changer. Et là, c’est le corps qui a lâché…», a laissé tomber Bouchard.

Les autres résultats

Wilfried Seyi (8-0, 4 K.-O.) a mis un peu de temps à se mettre en marche, mais il a finalement triomphé de l’Ontarien Devin Tomko (7-1, 3 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:56 du huitième et dernier round. Seyi est d’abord venu tout près de passer son rival par-dessus les câbles, avant que celui-ci tente de revenir dans l’affrontement. Mais l’arbitre Steve St-Germain a sagement décrété la fin des hostilités, alors que Tomko titubait dans l’arène. Seyi, pour sa part, obtient un premier titre mineur en carrière, soit la ceinture WBC Jeunesse des mi-lourds.

Marie-Pier Houle (2-0-1, 1 K.-O.) et la Tchèque Linda Dostalkova (2-0-1) se sont bien battues, mais elles ont dû se contenter d’un verdict nul majoritaire après les quatre rounds de leur affrontement. Deux juges ont remis des cartes de 38-38, tandis que le troisième a vu Houle gagnante à 39-37.

Rarement a-t-on vu un boxeur garder le sourire en recevant autant de claques sur la gueule que Yan Pellerin (9-1, 3 K.-O.). Le pugiliste de Granby a eu une autre raison d’être de bonne humeur après son combat, puisqu’il a vaincu le Mexicain Maximiliano Corso (6-5-1, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:59 du sixième round. Corso est allé au tapis lors de cet ultime assaut, et en voyant de quoi il avait l’air une fois debout, l’arbitre Martin Forest a choisi d’arrêter le combat.

Une délégation de spectateurs venus de Thetford Mines était sur place afin d’encourager le boxeur local Dave Leblond (4-7, 1 K.-O.). Malheureusement pour eux, leur favori s’est incliné devant le Brossardois Chann Thonson (6-0, 4 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:17 du quatrième round. Thonson a envoyé Leblond au plancher avec une solide droite. Leblond s’est relevé, mais comme il n’était plus vraiment en mesure de se défendre, l’arbitre a préféré mettre un terme au duel.

En ouverture de gala, le Français Simon Pierre Adde (7-1, 3 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Jair Sena (8-5-2, 6 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Un combat qui a tout intérêt à être oublié rapidement, et qui le sera assurément.

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Le roi déchu

[Photo Bob Lévesque]

QUÉBEC – C’est quand même incroyable, quand on y pense. Samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, Adonis Stevenson, affrontait son aspirant obligatoire pour la première fois depuis… Tony Bellew, en 2013 ! Un événement à ce point rare qu’on a choisi de surnommer le gala «Obligatoire». C’est dire…

Et l’aspirant en question pour cette fois-ci, l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk, n’avait pas volé sa place. Invaincu en 15 sorties professionnelles, le médaillé de bronze aux Jeux de Londres en 2012 s’amenait même dans le ring en tant que favori, selon différents preneurs aux livres. Et avec le légendaire entraîneur Teddy Atlas dans son coin, par-dessus le marché.

Gvozdyk (16-0, 13 K.-O.) allait-il réussir là où neuf autres boxeurs avaient échoué avant lui ? Réponse : oui, et de brillante façon. Au terme d’un duel âprement disputé, l’Européen est venu à bout de Stevenson (29-2-1, 24 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :49 du onzième round pour devenir le nouveau champion WBC des mi-lourds.

Au moment de l’arrêt, deux juges avaient Stevenson en avance sur leur carte, 96-94 et 98-92 (on a de la difficulté à la comprendre, celle-là, monsieur Jack Woodburn…). Le troisième avait un combat nul à 95-95, tout comme Ringside.

Après le combat, Stevenson a quitté le Centre Vidéotron sur une civière en direction de l’hôpital pour y passer différents tests. S’il semblait aller après le combat, le promoteur Yvon Michel a confié que le boxeur était ensuite devenu confus dans le vestiaire. On soupçonnait une sérieuse commotion cérébrale, et l’inquiétude régnait dans le camp Stevenson. Rien de bien rassurant pour le boxeur de 41 ans, en effet.

Si les premiers rounds sont allés à l’avantage du champion en titre, qui coupait admirablement bien le centre du ring en tentant de placer sa redoutable main gauche sur la cible, les assauts subséquents se sont avérés beaucoup plus serrés. Mais c’est au septième que Gvozdyk a véritablement ouvert la machine, plaçant Stevenson dans un véritable pétrin pour la première fois de l’affrontement.

Déjà qu’on sentait le champion ralentir, ce septième round aura ultimement signifié le début de la fin de Stevenson. Il a bien bataillé comme il l’a pu, rebondissant chaque fois qu’on le croyait fini pour de bon. Mais à un moment donné, la magie n’opérait plus. Le poids des années commençait-il à se faire sentir sur ses épaules ?

«Il était fatigué au 11e round. Mais la performance qu’il a livrée me dit qu’il est encore au niveau de l’élite. Gvozdyk est aussi bon que [Dmitry] Bivol, sinon plus.»

-Yvon Michel

Toujours est-il que Gvozdyk, qui n’en demandait pas tant, ne s’est pas fait prier pour en profiter, usant peu à peu son adversaire jusqu’à ce onzième round fatidique. À ce moment, il a solidement atteint Stevenson au visage d’une main droite. Ébranlé, Stevenson s’est mis à reculer jusque dans un coin. Il s’est ainsi retrouvé pris au piège.

Gvozdyk s’est aussitôt mis à le pilonner, heurtant à nouveau Stevenson de plein fouet au visage avec de puissantes droites. La dernière fut la bonne : Stevenson s’est effondré au tapis, et l’arbitre Michael Griffin a jugé que celui-ci en avait eu assez. Le règne du roi Adonis venait de prendre fin.

«Adonis gagnait pendant 10 rounds sur les cartes des juges. Ce fut un match d’escrime dans lequel Gvozdyk tentait de minimiser les erreurs», a analysé Michel.

La défaite et la perte de la ceinture fait évidemment mal à Stevenson. Mais on peut se demander s’il sera en mesure de poursuivre sa carrière, surtout si la gravité de ses blessures se confirme. À 41 ans, et maintenant père de cinq enfants, Stevenson serait fou de prolonger indûment son parcours en mettant ainsi sa santé en danger. Attendons de voir, mais pour l’instant, ça ne sent pas bon du tout.

Dicaire championne !

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Marie-Ève Dicaire était tout sourire en recevant sa nouvelle ceinture. / Photo Bob Lévesque

Il y avait un autre combat de championnat mondial samedi, chez les femmes, celui-là. Marie-Ève Dicaire, qui en était à une première expérience en pareilles circonstances, tentait de ravir le titre IBF des super-mi-moyens à l’Uruguayenne Chris Namus.

La pugiliste de Saint-Eustache attendait depuis longtemps l’occasion de se battre en championnat mondial, et elle n’avait certainement pas l’intention de rater sa chance. Disputant l’un de ses meilleurs combats jusqu’à présent, Dicaire (14-0) a accompli sa mission : elle a défait Namus (24-5, 8 K.-O.) par décision unanime (97-93, 97-93, 96-64) – et, du même coup, a en quelque sorte sauvé la soirée du Groupe Yvon Michel.

Ringside avait pour sa part un match nul à 95-95 sur sa carte. Comme quoi même les meilleurs ( !) peuvent se tromper.

«On l’a fait !, s’est exclamé la nouvelle championne à sa sortie du ring. Il y a quatre ans, on m’a dit que je n’allais plus boxer de ma vie. Mais il y a une équipe qui a cru en moi. […] Qui aurait cru qu’un jour, on aurait une championne de boxe féminine au Québec ?»

«Elle a livré la meilleure performance de sa carrière contre la meilleure adversaire qu’elle ait rencontré.»

-Yvon Michel

Il faut dire que les deux belligérantes se sont livré une bagarre endiablée – certainement l’un des très bons combats de boxe de l’année au Québec. L’action, tantôt à l’avantage de la Québécoise, tantôt à celui de la Sud-Américaine, a tenu le public sur le bout de son siège du début à la fin.

Namus avait peut-être l’avantage de l’expérience, mais au final, elle n’a pu neutraliser le talent de Dicaire pour esquiver ses attaques. Sans parler de la gauche de la Québécoise, d’une redoutable efficacité en contre-attaque.

«On savait que Namus mettrait de la pression et qu’elle était pesante dans ses coups, mais elle n’a pas l’intelligence que Marie-Ève peut avoir dans un ring», a décrit l’entraîneur de la gagnante, Stéphane Harnois.

Le duel ne fut pas de tout repos pour Dicaire qui, de son propre aveu, a dû puiser au plus profond de ses ressources pour résister à la pugnacité de sa rivale.

«Je n’avais plus de jambes au septième ou au huitième round. Mais la foule criait tellement fort. Je me disais que je ne pouvais pas laisser tomber ces gens-là.»

-Marie-Ève Dicaire

Et comment ! Au dixième et dernier round, Dicaire a livré ce qu’on pourrait décrire comme étant le meilleur round de sa carrière, passant bien près de coucher Namus – et, qui sait, récolter un premier knock-out à sa fiche. Namus a cependant résisté, de peine et de misère, jusqu’à la limite.

«Entre le neuvième et le dixième, on m’a motivée. On m’a dit : ‘tu vas être championne.’ J’ai seulement essayé de survivre, et ça a donné ce que ça a donné», a indiqué Dicaire.

On soulignera à juste titre le caractère historique de cette victoire de Dicaire, qui devient la première Québécoise championne du monde. Mais cette ceinture, c’est aussi la preuve de la vitesse à laquelle sa carrière a progressé depuis ses débuts professionnels en 2015. Un tel essor n’est pas le fruit du hasard : il témoigne d’abord et avant tout d’une attitude et d’une éthique de travail irréprochables

«Elle a fait tout ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle a été disciplinée dans le ring et dans tous les aspects de sa carrière», a fait valoir Michel.

Les autres résultats

Sébastien Bouchard (18-1, 8 K.-O.) a réglé le cas du Brésilien Vitor Jones Freitas (15-3, 9 K.-O.) en lui passant le knock-out à 1 :53 du troisième round grâce à un vif coup au corps.

Mikaël Zewski (32-1, 22 K.-O.) n’a eu aucun mal à disposer du Mexicain Aaron Herrera (35-9-1 24 K.-O.), l’emportant par décision unanime (100-90 partout). Il conserve ainsi sa ceinture WBC International des mi-moyens. Il s’agit d’une cinquième victoire consécutive pour Zewski depuis son retour au Québec, en juin 2017.

À son premier combat depuis le mois de mai, alors qu’il s’était blessé au bras à Toronto, Oscar Rivas (25-0, 17 K.-O.) a à peu près tout fait avec son adversaire, le Brésilien Fabio Maldonado (26-1, 25 K.-O.), sauf lui passer le knock-out. Il l’a bien envoyé au tapis au cinquième round, mais le Colombien a finalement dû se contenter d’une victoire par décision unanime (100-89, 99-90, 99-90). Rivas a cependant ralenti considérablement le tempo à partir du septième assaut, laissant même présager une autre blessure. Son combat du 18 janvier face à Bryant Jennings serait-il menacé ?

Prenez deux taupins qui sortent de leur débit de boisson favori complètement saouls à 3h du matin, offrez leur un peu d’argent pour qu’ils se tapent dessus, et vous devriez assister à un duel semblable à celui que nous ont offert l’Américain Aaron Pryor fils (21-11-2, 13 K.-O.) et le Brésilien Gilberto Pereira (14-9, 10 K.-O.). Duel qui est allé à l’avantage de Pryor par décision unanime (59-55 partout). Si Pryor, qu’on ne confondra jamais avec son illustre paternel, n’était pas le partenaire d’entraînement de Stevenson depuis longtemps, il n’aurait jamais été ajouté à la carte. Une vraie farce, ni plus ni moins.

Shakeel Phinn (19-2-1, 13 K.-O.) et Dario Bredicean (17-0-1, 5 K.-O.) s’affrontaient pour l’obtention du titre vacant IBF des super-moyens. Or, les deux pugilistes se sont livrés un combat nul majoritaire. Deux juges ont remis des cartes de 95-95, tandis que le troisième a vu Phinn gagnant à 98-92. Si Bredicean semblait avoir le dessus lors des premiers rounds, Phinn a repris le dessus à mesure que le duel avançait.

En lever de rideau, le poids lourd torontois d’origine ukrainienne Oleksandr Teslenko (15-0, 12 K.-O.) a forcé le Brésilien Edson Cesar Antonio (40-8-1, 31 K.-O.) à l’abandon à 2 :55 du troisième round. L’entraîneur du Sud-Américain a sagement lancé la serviette en voyant son boxeur aller au plancher pour une deuxième fois dans ce combat. Notons que Teslenko est un protégé de l’entraîneur Marc Ramsay.

Le Grizzly dégriffé

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

QUÉBEC – Le top-10 du classement mondial devra attendre pour Simon Kean. Samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, le boxeur de Trois-Rivières a frappé un mur. Un mur nommé Dillon Carman.

Et le choc fut brutal, c’est le moins qu’on puisse dire. Kean (15-1, 14 K.-O.) et Carman (14-3, 13 K.-O.) ont offert au public une véritable bagarre de ruelle. Au bout d’un affrontement aussi brutal que spectaculaire, il ne pouvait y avoir qu’un survivant. Et malheureusement pour les partisans réunis dans les gradins, c’est Carman qui a triomphé, passant le knock-out à Kean à 1 :28 du quatrième round.

Complètement sonné, se demandant visiblement ce qui venait de se passer, le Grizzly n’a pu que balbutier quelques mots dans l’arène après le combat, le temps de se dire ouvert à un combat revanche. Kean, qui a ainsi subi sa première défaite professionnelle, n’a pas rencontré les médias par la suite.

«C’est décevant. Peut-être que Simon n’a pas pris ce combat aussi au sérieux que celui contre Adam Braidwood. Il ne bougeait pas. Il était peut-être aussi trop lourd», a résumé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, la mine déconfite.

Carman, pour sa part, rayonnait malgré son visage parsemé d’ecchymoses. Sa victoire lui permet de mettre la main sur les ceintures WBC Francophone et NABA des poids lourds.

«Je savais que je l’avais dès le premier round. Je devais seulement attendre [le bon moment].»

-Dillon Carman

Il n’est pas le seul à avoir eu cette impression. L’entraîneur de Kean, Jimmy Boisvert, a constaté très tôt dans l’affrontement que son poulain ne connaîtrait pas une bonne soirée au bureau.

«Je l’ai trouvé à plat dès le départ, même dans le vestiaire. Ses jambes n’étaient pas assez mobiles. Il n’était pas aussi aguerri qu’avant. Il n’était pas comme ça pendant le camp d’entraînement», a-t-il relaté.

Kean a en effet passé la majeure partie du combat en déséquilibre, maîtrisant difficilement les attaques de Carman. À tel point qu’il s’est retrouvé au tapis au second round. Carman a visité le plancher à son tour au round suivant, mais le mal était fait pour Kean.

Au quatrième, il est tombé les quatre fers en l’airs après avoir reçu une combinaison de coups à la tête. Kean n’a jamais pu reprendre le collier, et l’arbitre Steve St-Germain a ainsi signalé la fin de l’affrontement.

«Je pense que ses principales faiblesses sont son menton et sa défense, a analysé Carman. Je l’ai frappé fort et je l’ai sonné avec mes jabs. J’ai vu dans ses yeux qu’il ne pourrait pas encaisser mes jabs.»

Comment expliquer cette déconvenue de Kean, qui surfait jusque là sur une séquence de sept victoires consécutives avant la limite ? Camille Estephan a évoqué, de manière plutôt sibylline, un problème se situant dans l’entourage du boxeur.

«Il est devenu une vedette. Et des fois, les gens veulent bien faire. Parfois un peu trop.»

-Camille Estephan 

«Je suis persuadé qu’il va remonter la pente. C’est à lui de faire ce qu’il faut. Peut-être qu’il est trop ouvert avec son monde», a-t-il expliqué sans élaborer davantage.

Jimmy Boisvert, pour sa part, ajoute que son protégé devra aussi apporter des changements à la façon dont il se prépare avant un combat, notamment en s’accordant davantage de temps de repos. Boisvert est cependant catégorique : Kean a malgré tout eu un bon camp d’entraînement en prévision du duel contre Carman.

À la lumière de ces explications, il apparaît évident que Kean devra procéder à un profond et sérieux examen de conscience avant de remonter dans le ring. Autrement, ses rêves de combats d’envergure mondiale pourraient s’évanouir plus vite qu’il ne le croit.

Butler trop fort pour Balmir

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Steven Butler (à gauche) a facilement vaincu Jordan Balmir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Après sa victoire contre Vito Vendetta en juillet à Laval, Jordan Balmir avait pris le micro pour défier Steven Butler et l’inviter à se battre. Quelques secondes plus tard – littéralement –, Butler acceptait l’offre. Et dès le lendemain, le combat était officialisé.

La tension était donc à son comble lorsque les deux pugilistes se sont amenés dans le ring, en demi-finale de la soirée. Tout le monde attendait de voir de quelle façon l’animosité entre les deux jeunes hommes, fort bien alimentée dans les jours précédant le gala, allait connaître son apothéose.

Réponse : Butler (25-1-1, 22 K.-O.) a vite fait ravaler ses paroles à Balmir (10-1, 6 K.-O.), signant une victoire sans appel par arrêt de l’arbitre à 1 :59 du troisième round. Il met ainsi la main sur le titre WBC Francophone des poids moyens.

«J’ai dit que j’allais le retourner à l’école. C’est un gars qui commence, mais il a beaucoup de cœur. Il a du talent. Mais il a sauté des étapes.»

-Steven Butler

Étant donné le caractère émotif de l’affrontement, le défi pour Butler était d’abord de conserver son calme afin de ne pas dévier de son plan de match et ainsi pécher par arrogance, comme il avait coutume de le faire par le passé. Or, le cogneur est demeuré en parfait contrôle du début à la fin.

«Mon équipe m’a demandé de me concentrer, de prendre ça business. [Samedi], c’était la fête de mon fils. Je ne voulais pas faire d’erreur, sinon, je m’en serais voulu», a-t-il expliqué.

Dès le départ, Butler s’est rué sur Balmir et n’a pas tardé à imposer le tempo de ce duel. Balmir a bien essayé de décocher quelques attaques, mais rien de suffisant pour inquiéter son adversaire.

Au troisième round, les coups de Butler ont fait tournoyer Balmir sur lui-même, tant et si bien que ce dernier n’a eu d’autre choix que de mettre un gant au tapis, bon pour un compte de huit.

Mais Butler, tel un requin flairant du sang frais, a vu là une occasion rêvée d’en finir. Et c’est précisément ce qu’il a fait, pulvérisant Balmir sans aucune pitié jusqu’à ce que l’arbitre Michael Griffin décide que le supplice du boxeur de Drummondville avait assez duré.

Les autres résultats

Clovis Drolet (7-0, 4 K.-O.) a vaincu le Bulgare Evgeni Borisov (3-2-1, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :35 du quatrième round. Le boxeur de Beauport a envoyé son rival au tapis une première fois lors du troisième engagement, avant de remettre ça deux fois plutôt qu’une au round suivant. Borisov s’est bien relevé de son ultime chute, mais l’officiel Albert Padulo fils a jugé qu’il avait assez souffert pour la soirée.

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Batyr Jukembayev (à droite). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Batyr Jukembayev (14-0, 12 K.-O.) s’est remis d’une visite au tapis dès le premier round pour finalement vaincre le Mexicain Patricio Moreno (20-3, 14 K.-O.) par knock-out à 2 :47 du septième round. Après sa chute, le Kazakh a rendu la politesse à son rival au deuxième assaut, avant de l’achever au septième grâce à un sournois coup au foie. Pour Jukembayev, il s’agissait d’un premier combat sans son entraîneur Stéphan Larouche, récemment libéré par Eye of the Tiger dans des circonstances à la fois houleuses et mystérieuses.

Vincent Thibault (7-0, 2 K.-O.) a de nouveau fait la soirée des nombreux et bruyants membres de Team Tibo venus l’encourager en l’emportant sur le Mexicain Sergio de Leon (8-4, 1 K.-O.) par décision unanime (59-55, 58-54, 60-53). Un combat divertissant où on s’est échangé généreusement les tapes sur le museau. La fierté de Charlesbourg a notamment envoyé son adversaire au plancher lors du second round.

Andranik Grigoryan (8-0, 1 K.-O.) a pris la mesure de l’Argentin Kevin Leonel Acevedo (15-2-2, 5 K.-O.) en l’emportant par décision unanime (80-72, 80-72, 79-73). Méthodique, le Montréalais d’origine arménienne a constamment mis de la pression sur Acevedo, qui n’a jamais pu déployer quoi que ce soit de menaçant.

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Artem Oganesyan (à gauche). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Artem Oganesyan (7-0, 6 K.-O.), récemment recruté par Eye of the Tiger, n’a fait qu’une bouchée de l’Argentin Sergio Samuel Castellano (11-8, 7 K.-O.) en lui passant le knock-out après seulement 98 secondes d’action. Le Russe maintenant établi à Montréal, ancien champion du monde junior, a asséné un violent crochet gauche au visage de son adversaire, qui s’est aussitôt effondré comme une tonne de briques. De quoi impressionner son nouveau promoteur.

Une autre recrue d’Eye of the Tiger, Keamy Cloutier (1-0), a réussi son entrée dans les rangs professionnels en disposant aisément du Mexicain Miguel Angel Covarrubias (3-7-3, 2 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). On évitera de s’emballer trop rapidement après un seul combat, mais le jeune Cloutier, un Trifluvien de 23 ans, a quand même démontré un potentiel intéressant. À suivre.

Sébastien Roy (5-0, 1 K.-O.) est demeuré parfait en l’emportant face au Mexicain Mario Bedolla Orozco (2-2-1, 1 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). Un résultat un peu étonnant dans la mesure où Orozco aurait sans doute mérité au moins un round, en particulier le deuxième, alors qu’il s’est montré bien plus actif que son adversaire.

En lever de rideau, Yannick Parent (1-0, 1 K.-O.) et le Mexicain Rodolfo Lopez (6-6, 4 K.-O.) se sont livré un combat aussi bref que rocambolesque, alternant les chutes à qui mieux mieux. Au total, le pugiliste de Québec est allé deux fois au tapis, contre trois visites pour son rival. L’arbitre Alain Villeneuve a mis fin aux hostilités à la troisième chute de Lopez, permettant ainsi à Parent de signer un premier gain professionnel à 2 :33 du premier round de ce duel échevelé.

Lemieux, envers et contre tout

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

QUÉBEC – La veille de la pesée officielle en vue de son combat contre Karim Achour, David Lemieux a passé une nuit blanche en essayant de perdre ses dernières livres en trop afin de respecter le poids limite. Le jour J, il avait l’air d’un zombie en montant sur le pèse-personne. Et malgré tout cela, il était encore trop lourd.

Tout jouait donc contre lui lorsqu’il s’est amené dans le ring du Centre Vidéotron de Québec, samedi soir, pour y affronter Achour. Or, le cogneur montréalais a fait fi de cette adversité pour signer une victoire convaincante par décision unanime (119-108, 120-107, 119-107). Ringside avait Lemieux gagnant à 118-109 sur son humble carte.

Lemieux devra cependant se passer des ceintures WBC International et Francophonie des moyens que détenait Achour étant donné qu’il n’a pas fait le poids. Ces titres deviennent donc vacants.

«Il y a certaines choses que j’aurais aimé mieux faire, mais tout allait bien. J’étais le meneur de A à Z. Je ne pense pas qu’il ait gagné plusieurs rounds», a résumé le vainqueur après le combat.

«Je suis très déçu, surtout que j’avais la possibilité de gagner. J’ai surtout senti qu’il y avait des rounds au cours desquels j’aurais pu faire la différence», a pour sa part regretté Achour.

Bien des gens s’attendaient à une victoire expéditive de Lemieux. Ce qu’ils ignoraient sans doute, c’était l’incroyable capacité d’Achour à encaisser les puissantes attaques de son adversaire, dont la force de frappe n’a plus besoin de présentation.

«C’est un gars qui est très solide. Je l’ai atteint solidement plusieurs fois. Je voyais qu’il n’aimait pas ça, mais il revenait. Il m’a surpris un peu.»

-David Lemieux

Après avoir passé le premier tiers du combat à résister aux attaques de Lemieux, Achour s’est décidé à ouvrir la machine à partir du cinquième round. Et ses coups, sans être particulièrement violents, ont néanmoins donné quelques maux de tête à Lemieux à l’occasion.

Lemieux s’est cependant repris à partir du neuvième engagement, redevenant l’agresseur et plaçant Achour en difficulté. Il a continué de marteler son rival jusqu’à ce qu’un crochet gauche envoie ce dernier au tapis au début du dernier round, scellant ainsi sa victoire pour de bon.

«J’étais en recul lorsqu’il m’a touché, et ça m’a déséquilibré», a décrit Achour.

À noter que Lemieux s’est blessé à la main gauche en fin de combat. Rien de sérieux, a cependant assuré le camp du boxeur.

Il faudra maintenant voir si Lemieux continuera de se battre chez les poids moyens, ou s’il fera le saut chez les 168 lb, comme le souhaitait son promoteur Camille Estephan. Lemieux et son entraîneur Marc Ramsay ont indiqué qu’ils prendraient le soin de bien analyser la question.

On y reviendra plus en détails au cours des prochains jours.

Victoire sans équivoque pour Clayton

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Custio Clayton (à droite) a vancu Stephen Danyo en demi-finale. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale, Custio Clayton (15-0, 10 K.-O.) a signé un gain sans appel aux dépens du Britannique d’origine néerlandaise Stephen Danyo (14-1-3, 6 K.-O.), l’emportant par décision unanime (120-108 partout).

En plus d’avoir défendu avec succès sa ceinture WBO International des mi-moyens, Clayton s’empare aussi du titre équivalent de l’IBF. Il devrait ainsi pouvoir s’inscrire au classement de cette dernière fédération, en plus d’améliorer sa position (il était 7e avant son combat) à celui de la WBO.

Pourtant, Danyo paraissait plutôt bien en début de duel. Or, il s’est complètement éteint lorsque Clayton l’a atteint solidement une première fois dans le combat, au cours du deuxième engagement. Dès lors, le Néo-Écossais a pu faire ce qu’il voulait avec son adversaire.

Vers la fin de l’affrontement, voyant qu’il n’avait plus le choix, Danyo a tenté le coup de circuit. Mais Clayton, fin renard, a évité le piège et a poursuivi son bon travail pour confirmer sa victoire.

À défaut d’être le plus flamboyant dans le ring, Clayton s’avère un expert technicien. Et la recette l’a bien servi jusqu’ici.

Jukembayev survit à une guerre

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Batyr Jukembayev (à gauche) a trouvé le moyen d’éviter le pire pour remporter son combat. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, le combat entre Batyr Jukembayev (13-0, 11 K.-O.) et l’Argentin Jonathan Jose Eniz (20-10-1, 7 K.-O.) a eu des allures de montagnes russes. Mais quel spectacle ce fut !

Le Kazakhe a survécu à un mauvais début de combat et à une chute au cinquième round pour revenir de l’arrière et finalement triompher d’Eniz par arrêt de l’arbitre à 2 :34 du septième round. Il met ainsi la main sur le titre WBC Continental des Amériques de la catégorie des super-légers.

Aidé par une main gauche diablement efficace, Jukembayev a trouvé un second souffle on ne sait trop comment, avant d’envoyer Eniz au tapis une première fois lors du septième engagement. Énergisé par la chute de son rival, Jukembayev s’est rué sur lui comme un taureau, enfilant les violents crochets au visage d’Eniz.

Ce dernier a fini par tomber une deuxième fois, mais s’est relevé malgré tout. Qu’à cela ne tienne, Jukembayev a poursuivi son travail de démolition jusqu’à ce que l’arbitre Alain Villeneuve intervienne, voyant que l’Argentin n’était plus en mesure de se défendre.

Oui, le jeune protégé de Stéphan Larouche a eu chaud durant ce combat. Mais la façon dont il s’est remis, physiquement et mentalement, pour s’emparer de la victoire nous a fourni une nouvelle preuve de toute l’étendue de son talent et de son potentiel.

Les autres résultats

Erik Bazinyan (19-0, 14 K.-O.) a aisément triomphé de l’Argentin Alejandro Gustavo Falliga (30-13-5, 16 K.-O.) par knock-out technique à 1 :38 du troisième round. Bazinyan a envoyé son adversaire au tapis à trois reprises au cours de l’ultime engagement. En conséquence, l’arbitre Martin Forest a mis fin au combat.

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Vincent Thibault (à droite) a fait plaisir à ses nombreux partisans venus l’encourager. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Vincent Thibault (5-0, 2 K.-O.) s’est repris de belle façon après un départ difficile pour prendre la mesure du vétéran argentin Carlos Jerez (45-22-4, 18 K.-O.) par décision unanime (59-55, 59-55, 59-53). Un gain qui a évidemment réjoui les très nombreux membres de son fan club Team Tibo venus encourager le pugiliste de Charlesbourg, affiches et t-shirts à la clé.

Andranik Grigoryan (6-0, 1 K.-O.) a infligé une première défaite au Mexicain Jesus Amperan (12-1, 11 K.-O.) en l’emportant par décision unanime (59-55 partout). Malgré les pointages, ce ne fut pas le combat le plus facile pour Grigoryan, qui a dû composer avec un rival aussi agressif que tenace. Les deux hommes se sont échangés de furieuses rafales de coups dans les dernières secondes de l’affrontement, suscitant une chaleureuse ovation de la foule.

Pour la première fois de sa jeune carrière professionnelle, Nurzat Sabirov (6-0, 5 K.-O.) s’est battu au-delà du quatrième round. Ce qui ne l’a pas empêché de vaincre le Mexicain Rolando Paredes (13-7-2, 10 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout) au terme d’un duel de six assauts. Paredes peut se vanter d’avoir brillamment encaissé les violentes frappes de Sabirov, incessantes au cours de ce duel.

Le monstrueux poids lourd Arslanbek Makhmudov (3-0, 3 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée du Mexicain Elder Hernandez (5-2, 3 K.-O.) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1 :07 du premier round. Hernandez est allé quatre fois au tapis au cours de ces 77 secondes d’action. Même s’il paraissait avoir été poussé lors des deux premières chutes, l’arbitre Martin Forest a amorcé un compte de huit. La troisième fut bel et bien une glissade, tandis qu’un solide uppercut a sonné la fin des émissions pour le Mexicain. Pas la soirée la plus épuisante pour Makhmudov…

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Saddridin Akhmedov (à gauche) célèbre sa victoire face à Ariel Alejandro Zampedri. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Saddridin Akhmedov (2-0, 2 K.-O.) n’a mis que 84 secondes pour passer un violent knock-out à l’Argentin Ariel Alejandro Zampedri (9-4, 7 K.-O.). Le Kazakh maintenant établi à Montréal, l’un des plus beaux espoirs d’Eye of the Tiger Management, a asséné un vif crochet gauche au foie de Zampedri, qui a aussitôt mis un genou au sol. C’était terminé pour lui.

Raphaël Courchesne (3-0, 2 K.-O.) l’a emporté face à l’Argentin Ivan Banach (4-3, 2 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :39 du deuxième round. Un arrêt qui pouvait sembler quelque peu hâtif, même si Courchesne dominait aisément son rival. Quelques observateurs aux abords du ring, ainsi que Banach lui-même, se demandaient si l’arbitre Alain Villeneuve n’avait pas été un peu vite sur la gâchette pour décréter la fin de l’affrontement.

Chez les femmes, Ariane Goyette (0-1) a trébuché à ses débuts professionnels devant la Manitobaine Christina Barry (1-4) par décision partagée. Deux juges ont donné Barry gagnante à 39-36, tandis que le troisième a estimé que Goyette l’avait emporté 39-37. La Longueuilloise a visité le tapis dès le premier round – quoique sa chute pouvait ressembler à une glissade accidentelle – et c’est ce qui aura fini par causer sa perte.

En lever de rideau, Sébastien Roy (4-0, 1 K.-O.) a pris la mesure de Patrick Lafleur (1-3-1, 1 K.-O.), un Sherbrookois maintenant établi à Edmonton, par décision unanime (39-37, 39-37, 40-36). Roy, de Thetford Mines, a eu le dessus sur son adversaire tout au long du combat, même si celui-ci a connu quelques beaux moments en fin de duel.

Objectif: survivre

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Disons les choses franchement : David Lemieux faisait peur à voir, vendredi, lors de la pesée officielle en vue de son combat de ce soir face à Karim Achour, au Centre Vidéotron de Québec.

On savait que sa perte de poids serait difficile. Elle l’est depuis longtemps dans son cas. Mais jamais n’avait-elle été aussi rude. Ou du moins, jamais n’avait-elle eu de conséquences aussi visibles sur le corps du boxeur.

Visage émacié, regard hagard… On aurait juré que c’était un homme malade qui s’est présenté sur le pèse-personne.

Comble de malheur, malgré tous ses efforts, Lemieux (38-4, 33 K.-O.) a quand même dépassé la limite de 2 lb, enregistrant un poids de 162 lb. Il devra donc remettre 20% de sa bourse à Achour (26-4-3, 4 K.-O.), et ne pourra s’emparer des ceintures WBC International et Francophone des poids moyens détenus par le Français. En cas de victoire de Lemieux, les titres deviendront vacants.

Oublions les pertes financières et les ceintures désormais inaccessibles en raison de cette pesée ratée – la deuxième de Lemieux après le fiasco James de la Rosa, en mars 2016. Ce qui inquiète, maintenant, c’est de savoir dans quel état le pugiliste se présentera dans le ring pour y affronter Achour qui, pour sa part, a fait osciller le pèse-personne à 159 lb.

Lemieux a passé une nuit blanche à souffrir, la veille de la pesée, afin de respecter le poids limite. En vain. On veut bien croire qu’il aura tout fait pour reprendre des forces en vue du combat par la suite, mais il est impossible qu’un tel supplice ne laisse aucune trace rendu au duel.

Lemieux était déjà condamné à gagner le combat de ce soir de façon convaincante, voire spectaculaire. Pour faire oublier sa contre-performance face à Billy Joe Saunders, en décembre dernier. Pour prouver que ce revers n’était qu’un incident de parcours. Et pour reprendre sa route vers les plus hautes sphères de son sport.

Mais maintenant, une nouvelle contrainte s’ajoute à cette liste : survivre.

Achour, sans être la plus terrifiante des menaces, est loin d’être piqué des vers pour autant. Le combat s’annonçait au départ comme un beau défi pour Lemieux. Désormais, le défi semble bien plus ardu à relever.

Le promoteur de Lemieux, Camille Estephan, a d’ailleurs indiqué après la pesée qu’il s’agirait du dernier combat de Lemieux chez les 160 lb. Ne serait-ce que pour épargner la santé du pugiliste, c’est une sage décision, il va sans dire.

Reste à voir de quoi aura l’air le chant du cygne de Lemieux chez les moyens. Espérons pour lui qu’il ne se terminera pas sur une fausse note.