Un vieil adage veut qu’en boxe, un seul coup de poing peut faire toute la différence dans un combat. On en a eu la preuve samedi soir.
La défaite fera mal à Mikaël Zewski (34-2, 21 K.-O.) pendant un moment, c’est évident. D’autant qu’elle est venue par knock-out, une amère première en carrière pour lui. Et qu’elle le prive de son titre NABO des mi-moyens, en plus de l’empêcher de mettre la main sur la ceinture WBC Continentale des Amériques.
Mais même s’il n’a pas obtenu le résultat espéré, le Trifluvien n’a pas à avoir honte de ce qu’il a accompli dans la bulle du MGM Grand de Las Vegas. L’homme qui se dressait devant lui, le Lituanien Egidijus Kavaliauskas (22-1-1, 18 K.-O.), était tout sauf un pied de céleri. C’est quand même lui qui, l’an passé, est devenu le premier à envoyer Terence Crawford au tapis.
Confronté à une telle menace, et après quelques performances pas toujours convaincantes à ses dernières sorties, Zewski avait des allures de proie facile de l’avis de nombreux observateurs. Or, il s’est plutôt défendu avec panache.
Même qu’il a dominé les quatre ou cinq premiers rounds de l’affrontement. Rien de flamboyant, mais du travail honnête, efficace. On voyait que Zewski était déterminé à prouver qu’il était à sa place dans un duel aux airs de prélude à un combat de championnat mondial.
Uppercut fatal
C’est à ce moment que Kavaliauskas a véritablement ouvert les valves, sachant sans doute qu’il devait augmenter la cadence afin de reprendre le contrôle du combat. Zewski a résisté avec le même brio qu’il affichait jusque-là, mais n’a pu demeurer debout lorsque Kavaliauskas l’a atteint d’un uppercut sournois en toute fin d’assaut.
Rien à voir avec ce que les Wisigoths appelaient jadis un « lucky punch ». Tout simplement un coup de poing placé au bon endroit, au bon moment.
Et c’est ce coup de poing qui aura renversé la vapeur avant de mener Zewski à sa perte. Incapable de reprendre totalement ses esprits durant la pause, le Québécois est allé redire bonsoir au plancher dès les premières secondes de la huitième reprise. L’arbitre Kenny Bayless a aussitôt décrété la fin des hostilités.
Il faut dire que Kavaliauskas, flairant l’odeur de la bête blessée, n’a laissé aucune marge de manœuvre à son rival, se ruant vers lui et le pilonnant sans merci jusqu’à ce que le travail soit terminé.
Partie remise
Une défaite par K.-O. a toujours un petit quelque chose d’embarrassant pour la fiche d’un boxeur. Mais dans le cas de Zewski, les dommages devraient se limiter aux douleurs physiques ressenties dans l’arène.
Car comme on dit sur la planète boxe – tiens, une autre maxime pugilistique –, la manière de perdre pèse souvent bien plus lourd dans la balance que la défaite elle-même. Et comme on le mentionnait plus haut, Zewski n’était aucunement déclassé dans ce combat avant ce funeste uppercut de Kavaliauskas. À preuve, deux des trois juges l’avaient en avance sur leur carte lors de l’arrêt du duel.
Zewski est peut-être reparti déçu de Las Vegas, mais il a tout de même démontré qu’il pouvait rivaliser avec l’élite de la division des mi-moyens. Un combat contre Crawford devra attendre, mais à court ou moyen terme, il obtiendra d’autres occasions de se faire valoir. Et à 31 ans, il a encore de bonnes années devant lui.
On disait que Zewski se retrouverait à la proverbiale croisée des chemins en cas de défaite. Soudainement, le redouté carrefour semble plus loin qu’on ne le croyait.
[Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel]
QUÉBEC – Non, le combat entre Marie-Ève Dicaire et Ogleidis Suarez ne passera pas à l’histoire. La Québécoise a néanmoins réussi une troisième défense de son titre IBF des super-mi-moyens samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, au vif plaisir des quelques amateurs demeurés sur place jusqu’à la fin…
Jamais inquiétée, la pugiliste de Saint-Eustache n’a fait qu’une bouchée de la Vénézuélienne, filant tout droit vers une victoire par décision unanime (100-90, 100-90, 99-91).
«Je pense sincèrement que j’ai montré de nouvelles habiletés, des choses que je ne faisais pas dans le passé. Je pense par contre qu’on a de petites choses à travailler. Je n’ai pas été en mesure d’appliquer la stratégie à la lettre», a décrit Dicaire après le combat.
Il faut dire que Suarez (28-4-1, 13 K.-O.) n’a rien fait pour aider sa cause… en ne faisant rien, justement. Passive au point de se demander si elle avait entendu la cloche, elle a carrément laissé Dicaire (17-0) faire ce qu’elle voulait avec elle dans le ring.
«J’ai été vraiment déçue [de Suarez] et j’avouerai que ça m’a peut-être un peu déstabilisée. Je la touchais tellement facilement. C’est peut-être pour ça que je me dis que j’aurais pu en faire plus.»
-Marie-Ève Dicaire
«Marie-Ève était extrêmement rapide. [Suarez] a vu qu’elle ne pouvait pas boxer contre Marie-Ève. Elle devait essayer de la coincer, de la laisser entrer à l’intérieur pour placer ses coups. Mais Marie-Ève était tout simplement trop rapide pour elle», a pour sa part analysé l’entraîneur de Dicaire, Stéphane Harnois.
Forte de cette autre victoire, Dicaire vise désormais un combat d’unification contre l’Américaine Raquel Miller, devenue championne intérimaire de la WBA pendant le gala grâce à une victoire par décision unanime aux dépens de la Mexicaine Alma Ibarra. Le duel aurait lieu en mars, si tout va comme prévu.
Bien des choses peuvent changer d’ici là, mais à la lumière de ce qu’on a vu de Miller samedi, on peine à imaginer de quelle façon elle pourrait constituer une menace pour Dicaire. Terne, sans grande vigueur, son duel contre Ibarra a été à peu près aussi excitant que de regarder une mouche mourir dans un luminaire.
«Je n’ai vraiment pas été impressionné, a d’ailleurs admis Harnois. Je m’attendais vraiment à quelqu’un de beaucoup plus rapide. C’est une fille qui est à la portée de Marie-Ève.»
Le public répond… absent
Vendredi, lors de la pesée, on disait avoir vendu 1500 billets pour le gala. Selon le promoteur Yvon Michel, ce sont finalement 2369 spectateurs qui étaient réunis dans les gradins du Centre Vidéotron, configuré pour en accueillir 3400.
Près de 1000 billets supplémentaires auraient ainsi été écoulés en moins de 24 heures? Difficile d’évaluer le tout à l’oeil nu, bien sûr, mais le chiffre final peut sembler un brin costaud.
Michel a avoué que le gala n’avait pas été rentable pour son organisation. Il s’est néanmoins dit satisfait de la soirée dans l’ensemble.
«On a atteint nos objectifs. On voulait donner une plateforme importante à nos boxeurs. On voulait qu’ils avancent dans les classements.»
-Yvon Michel
N’empêche, il y avait quelque chose d’à la fois désolant et inquiétant à la vue de toutes ces rangées de sièges dégarnies. D’autant que le nombre total et officiel de spectateurs, en lui-même, fait plutôt piètre figure pour un combat de championnat du monde. Pour vous donner une idée, le Cabaret du Casino de Montréal, lorsqu’il est rempli à pleine capacité pour un gala de boxe, peut accueillir 600 personnes.
Pis encore, bon nombre d’amateurs ont carrément quitté les lieux en plein combat final, laissant encore davantage de trous béants derrière eux un peu partout dans l’amphithéâtre. Pourquoi un tel désintérêt? Est-ce parce que les gens n’ont que faire de la boxe féminine? À cause de l’heure un peu tardive (environ 23h30) à laquelle le combat s’est mis en branle? Ou est-ce l’allure plutôt couci-couça du duel qui a refroidi la foule?
«Ce n’est pas Marie-Ève ou la boxe féminine. C’est dur de vendre la boxe, point. Si on enlève les deux ou trois meilleurs boxeurs au Québec, combien, hommes ou femmes, peuvent attirer 2000 ou 3000 personnes? Il n’y en a pas beaucoup. C’est donc déjà un exploit, ce qui a été fait là», a fait valoir Michel.
Quoi qu’il en soit, avec ce qu’on a constaté, une chose apparaît plus claire que jamais: le Groupe Yvon Michel doit impérativement se trouver une nouvelle tête d’affiche, et vite. À l’évidence, Marie-Ève Dicaire ne pourra à elle seule maintenir l’organisation à flot, en dépit de sa ceinture et de son charisme débordant. Le public québécois en veut davantage.
Reste à voir qui pourra occuper ce poste. Adonis Stevenson n’est évidemment plus dans le portrait. Artur Beterbiev non plus. Eleider Alvarez et Oscar Rivas ont été quelque peu relégués au second plan à la suite de leurs défaites respectives. Pas facile…
Zewski s’illustre
Mikaël Zewski (à gauche) et Alejandro Davila se sont livrés un rude combat. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel
En demi-finale du gala, Mikaël Zewski (34-1, 23 K.-O.) a défendu avec succès ses titres NABO et IBF nord-américain des mi-moyens en stoppant le Mexicain Alejandro Davila (19-1-2, 7 K.-O.) au dixième round, dans ce qui fut le meilleur combat de la soirée.
Le Trifluvien s’est fort bien tiré d’affaire devant un adversaire hargneux et coriace. Les deux belligérants se sont échangé les politesses avec vigueur et à un rythme endiablé tout au long de l’affrontement, jusqu’à ce que Zewski prenne le dessus en envoyant Davila au tapis au neuvième round, gracieuseté d’un joli crochet gauche.
Zewski a remis ça au round suivant, encore là à l’aide d’un crochet gauche. Davila s’est relevé, mais n’avait plus les jambes tout à fait solides. Pas assez, en tout cas, pour que l’arbitre Martin Forest lui permette de continuer. C’était la fin des émissions.
«J’ai été en contrôle durant tout le combat. […] J’ai parfois tendance à m’essouffler dans des combats comme celui-là. Et là, malgré la bataille, je respirais et je prenais le temps de regarder où je frappais», a relaté le gagnant.
Classé au huitième rang de la WBO, Zewski devrait pouvoir se hisser quelque part dans le top-5 avec cette victoire. Questionné sur ce qu’il voudrait trouver sur sa route pour la suite, il n’a pas hésité une seconde à nommer Terence Crawford, actuel tenant du titre au sein de la fédération.
«Je vais [l’affronter] gratuitement s’il le faut, a-t-il lancé. Ce que je veux, c’est accomplir quelque chose, et ça passe par un championnat du monde.»
Chose certaine, on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.
Vive déception pour Bouchard
Sébastien Bouchard (à droite) a dû déclarer forfait en raison d’une blessure. / Photo tirée de la page Facebook du Groupe Yvon Michel
Les partisans de la Vieille Capitale avaient hâte d’assister au duel entre Sébastien Bouchard, originaire de Baie-Saint-Paul, et le Montréalais Ayaz Hussain. Mais le moment tant attendu s’est soldé par une amère déception pour tout le monde.
Bouchard (18-2, 8 K.-O.) s’est sectionné un tendon au biceps gauche en lançant un coup sur Hussein (14-1, 11 K.-O.) au quatrième round. Il a aussitôt retraité vers son coin avant de déclarer forfait. Résultat: Hussein, qui en était à un premier combat en près de deux ans et demi, a été sacré vainqueur.
«Ça me fait mal au coeur. […] Le plan de match se déroulait comme prévu. Quand j’ai frappé, je l’ai senti tout de suite. Ça a snappé et ça a brûlé», a regretté Bouchard.
Il avait d’ailleurs subi la même blessure il y a deux ans, au bras droit, cette fois. Il s’en était remis après une chirurgie et une convalescence de six mois. Bouchard s’attend donc à une réhabilitation similaire avant de reprendre du service.
«Ça faisait six mois que je m’entraînais pour [ce combat]. On a tout fait. J’étais un peu stressé avant le combat, et on me disait: arrête, tout a été fait, on ne peut rien changer. Et là, c’est le corps qui a lâché…», a laissé tomber Bouchard.
Les autres résultats
Wilfried Seyi (8-0, 4 K.-O.) a mis un peu de temps à se mettre en marche, mais il a finalement triomphé de l’Ontarien Devin Tomko (7-1, 3 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:56 du huitième et dernier round. Seyi est d’abord venu tout près de passer son rival par-dessus les câbles, avant que celui-ci tente de revenir dans l’affrontement. Mais l’arbitre Steve St-Germain a sagement décrété la fin des hostilités, alors que Tomko titubait dans l’arène. Seyi, pour sa part, obtient un premier titre mineur en carrière, soit la ceinture WBC Jeunesse des mi-lourds.
Marie-Pier Houle (2-0-1, 1 K.-O.) et la Tchèque Linda Dostalkova (2-0-1) se sont bien battues, mais elles ont dû se contenter d’un verdict nul majoritaire après les quatre rounds de leur affrontement. Deux juges ont remis des cartes de 38-38, tandis que le troisième a vu Houle gagnante à 39-37.
Rarement a-t-on vu un boxeur garder le sourire en recevant autant de claques sur la gueule que Yan Pellerin (9-1, 3 K.-O.). Le pugiliste de Granby a eu une autre raison d’être de bonne humeur après son combat, puisqu’il a vaincu le Mexicain Maximiliano Corso (6-5-1, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:59 du sixième round. Corso est allé au tapis lors de cet ultime assaut, et en voyant de quoi il avait l’air une fois debout, l’arbitre Martin Forest a choisi d’arrêter le combat.
Une délégation de spectateurs venus de Thetford Mines était sur place afin d’encourager le boxeur local Dave Leblond (4-7, 1 K.-O.). Malheureusement pour eux, leur favori s’est incliné devant le Brossardois Chann Thonson (6-0, 4 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2:17 du quatrième round. Thonson a envoyé Leblond au plancher avec une solide droite. Leblond s’est relevé, mais comme il n’était plus vraiment en mesure de se défendre, l’arbitre a préféré mettre un terme au duel.
En ouverture de gala, le Français Simon Pierre Adde (7-1, 3 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Jair Sena (8-5-2, 6 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Un combat qui a tout intérêt à être oublié rapidement, et qui le sera assurément.
Mine de rien, il y a sept mois à peine, Marie-Ève Dicaire devenait championne du monde. Quatre mois plus tard, elle défendait sa ceinture avec succès face à son aspirante numéro un. Et voilà que vendredi soir, au Casino de Montréal, elle avait rendez-vous avec sa deuxième aspirante. Plutôt exigeant comme emploi du temps, n’est-ce pas?
Mais de toute évidence, même un agenda aussi relevé ne suffit pas pour ralentir les ardeurs de la boxeuse de Saint-Eustache. En livrant une performance presque sans failles contre la Suédoise Maria Lindberg (17-5-2, 9 K.-O.), Dicaire (16-0) s’est encore une fois assurée de conserver son titre IBF des super-mi-moyens en remportant une victoire par décision unanime (98-92, 99-91, 99-91). Ringside avait Dicaire gagnante à 97-93.
«Ça s’est passé exactement comme prévu, a réagi la gagnante au sortir du ring. Ce n’était pas plus facile qu’on pensait. J’ai dû travailler fort du début à la fin. Même si [Lindberg] ne gagnait pas un round, elle était là pour se battre et elle m’a fait travailler.»
Dicaire dominait largement l’affrontement lorsque Lindberg s’est décidée à ouvrir un tant soit peu la machine vers la mi-parcours. Fonçant constamment en direction de sa rivale, la Scandinave a maintes fois démontré qu’elle n’était pas venue à Montréal en touriste.
Mais Dicaire, avec sa maîtrise technique, a fait le nécessaire pour repousser sans aucune difficulté les assauts de Lindberg, et ainsi en profiter pour décocher quelques bonnes attaques à son tour.
«Contre [Chris] Namus et [Mikaela] Lauren, je ne pense pas que j’étais aussi en contrôle que [vendredi] soir, a décrit Dicaire. Même si elle fonçait, je savais que j’avais un plan de match, une stratégie.»
«[Marie-Ève] se devait de rester vigilante en tout temps, parce qu’on savait exactement que [Lindberg] était quelqu’un qui lançait [ses coups] à tout moment, a pour sa part souligné l’entraîneur de Dicaire, Stéphane Harnois. Elle n’a pas pu lancer ses rafales de coups parce que Marie-Ève était toujours en mouvement.»
Maintenant qu’elle a réglé le cas de ses deux premières aspirantes, qu’est-ce que l’avenir peut bien réserver à Dicaire? À (très) court terme, des vacances. Mais à un peu plus long terme, un duel d’unification est évoqué. On peut notamment penser à la Polonaise Ewa Piatkowska, tenante du titre WBC. L’objectif ultime demeure toutefois un retour chez les 147 lb pour affronter la quadruple championne Cecilia Braekhus.
«Si on me dit que c’est une unification, tant mieux. Si on me dit que c’est une autre boxeuse, je sais qu’elle sera là pour une raison. Ça voudra dire que j’ai des apprentissages à faire. Je sais qu’on me mettra dans le ring au moment opportun pour un combat d’unification, et je serai prête pour ce combat-là», a expliqué Dicaire.
«À 154 lb, je prends n’importe qui, et à 147 lb, je prends n’importe qui, a résumé Harnois. On approche de plus en plus de notre but ultime, et on va l’avoir.»
Zewski s’en tire bien
Tenant de la ceinture WBC International des mi-moyens depuis sa victoire face à Diego Gonzalo Luque, le 19 mai 2018, Mikaël Zewski (33-1, 22 K.-O.) avait l’occasion d’ajouter deux autres titres à sa collection, à savoir l’IBF nord-américain et celui de la NABO. Le Trifluvien a réussi sa mission en signant une victoire par décision unanime (96-93, 97-92, 97-92) contre l’Américain Abner Lopez (27-10-1, 23 K.-O.)
Mais, disons-le, ce résultat a de quoi surprendre. Souvent dans ce combat, Lopez a placé son adversaire en bien fâcheuse posture grâce à sa pugnacité et son menton étonnamment résistant.
«Je suis entré un peu dans son jeu, a admis Zewski. Je suis un gars qui aime se battre. […] C’est dommage pour moi et ma famille, mais j’aime boxer comme ça. J’aime aller dans des guerres. Je suis capable d’être un technicien, mais quand il faut puiser dans les ressources, je le fais.»
Sauf qu’en dépit de ce qu’indiquent les pointages des juges, Zewski est passé bien près de la perdre, cette guerre.
Il a d’abord mis plusieurs minutes à se mettre en marche, alors qu’il semblait désarçonné par le style complexe et énigmatique de son adversaire. Lopez, en effet, se plaisait à s’accrocher à son vis-à-vis et faire venir ses attaques de tous côtés.
Zewski a connu un bref regain de vie au quatrième round, mais a dû poser un genou au sol lors du sixième, alors que Lopez le pilonnait dans le coin de l’arène.
«Il m’a atteint solidement et j’étais ébranlé, a reconnu Zewski. Ça allait venir tôt ou tard, alors il valait mieux mettre un genou par terre et bien récupérer.»
Le Québécois s’est ensuite battu avec l’énergie du désespoir jusqu’au bout. Ce fut visiblement suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur.
Mais, soyons honnêtes, Lopez méritait tout autant de gagner cet affrontement.
Lafrenière tient le coup
En début de semaine, Francis Lafrenière apprenait que le boxeur qu’il devait affronter était aveugle d’un oeil – ça vous rappelle quelque chose? Deux jours avant le gala, il a su qu’il se mesurerait plutôt au Mexicain Jose Luis Zuniga. Pas tout à fait les conditions optimales pour qui que ce soit avant de monter dans l’arène, disons.
Il ne fallait donc pas s’attendre à un combat des plus élégants, et c’est précisément ce que les deux hommes nous ont offert: une bagarre de rue au cours de laquelle personne ne s’est fait de cadeaux. Au terme des huit rounds, le pugiliste de Coteau-du-Lac a été sacré vainqueur par décision unanime (79-73, 78-74, 78-74).
«Mon ami m’a demandé de faire ça vite parce qu’on a de la tourbe à poser demain!», a lancé Lafrenière avec son humour habituel dans l’arène après l’annonce des pointages.
Fidèle à ses habitudes, Lafrenière (19-7-2, 10 K.-O.) a passé de longues minutes collé à Zuniga (16-5-1, 9 K.-O.), tout en laissant partir des rafales de coups. Sa main droite, notamment, s’est avérée des plus efficaces. Mais Zuniga, tout aussi teigneux, a assuré une réplique très respectable.
Plus le combat avançait, plus on sentait que les deux hommes, exténués, voulaient en finir. Mais leur ténacité respective aura finalement fait en sorte qu’ils sont demeurés debout jusqu’à la dernière cloche.
Les autres résultats
Yan Pellerin (8-1, 2 K.-O.) a vaincu le Mexicain Michel Mejia Borja (1-2) par décision unanime (40-36). Et parce qu’on ne veut pas être inutilement méchants envers les pugilistes qui se sont exécutés dans le ring, nous ne nous étendrons pas davantage sur ce combat.
Wilfred Seyi (6-0, 3 K.-O.) est demeuré parfait en prenant la mesure du Mexicain Brian Galvez (4-1-1, 1 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Le boxeur d’origine camerounaise a aisément dominé son adversaire, aucun doute là-dessus. Mais il a néanmoins été atteint beaucoup plus souvent que nécessaire durant cet affrontement. Largesses défensives? Trop-plein de confiance qui l’a mené à sous-estimer son rival? Allez savoir…
En lever de rideau, Marie-Pier Houle (2-0, 1 K.-O.) a inscrit un premier knock-out à sa fiche aux dépens de la Mexicaine Veronica Diaz Marin (0-3) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1:46 du quatrième et dernier round. La Trifluvienne a malmené son opposante du début à la fin, jusqu’à ce que celle-ci se retrouve au plancher à la suite d’une gauche au visage. Marin s’est relevée, mais l’officiel Martin Forest a sagement décrété la fin du duel.
Il y aura toujours des exceptions, bien sûr. Mais vous voyez ce qui arrive quand les meilleurs boxeurs affrontent les meilleurs ?
Règle générale, on obtient un combat enlevant, qui nous tient au bout de notre siège, et au cours duquel les coups fusent de toutes parts. Exactement comme celui que nous ont offert Adonis Stevenson et Badou Jack samedi soir, au Air Canada Centre de Toronto.
De l’action, du suspense, des revirements… C’est à un véritable buffet d’émotions qu’on a eu droit au cours de ce duel. Et ce, du début jusqu’à la toute fin, lorsqu’on nous a annoncé que cette furieuse bagarre s’était soldée par un verdict nul majoritaire. Deux juges ont remis des cartes de 114-114, tandis que le troisième a vu Jack gagnant à 115-113.
C’est donc dire que Stevenson (29-1-1, 24 K.-O.) a réussi une neuvième défense de son titre WBC des mi-lourds. Et que pour la première fois depuis son premier combat face à Darnell Boone, en avril 2010, il est ressorti de l’arène sans une victoire en poche.
« Je l’ai touché plus souvent. J’estime avoir gagné. »
-Adonis Stevenson
Les partisans de Jack (22-1-3, 13 K.-O.) seront sans doute nombreux à crier au vol. Il faut dire que leur favori a largement dominé la deuxième moitié de l’affrontement, plaçant Stevenson en mauvaise posture à plusieurs occasions.
«Je pensais avoir gagné. Aucun juge ne l’a vu gagnant», a souligné Jack à cet égard.
Il y avait d’ailleurs longtemps qu’on avait vu le champion être à ce point en danger durant un combat. Vous souvenez-vous de la dernière fois où il a saigné du nez dans le ring? C’est ce que je croyais.
Or, les premiers rounds ont été si chaudement disputés qu’il était souvent difficile de déterminer un vainqueur avec certitude. En fait, et c’est sans doute sur ce plan que le verdict nul fait le plus mal pour le camp Jack, les rounds remportés par ce dernier étaient sans équivoque : sa domination était alors claire et nette. En contrepartie, les gains de Stevenson étaient moins évidents. Ou pouvaient davantage être matière à débats, si vous préférez. Ce qui explique très certainement la décision des juges.
On aura beau le critiquer tant qu’on voudra sur la façon dont il gère sa carrière, Stevenson reste malgré tout un excellent pugiliste. Et on doit reconnaître qu’il a tenu le coup contre l’un des très bons boxeurs de sa division. Mais comme tout le monde, il a ses limites, et Jack a su les exploiter.
En se tenant à distance de son adversaire et en prenant tout le temps nécessaire pour l’approcher de la bonne manière, le Suédois a empêché en grande partie son rival de sortir sa terrifiante main gauche, qui a pulvérisé tant de pauvres victimes par le passé.
De fait, le seul moment où Jack a véritablement été ébranlé durant le combat est venu au 10e round, lorsqu’il a justement reçu une puissante gauche en plein abdomen. Si Jack n’avait pas su se ressaisir au bon moment et encaisser les assauts subséquents, ce coup aurait pu causer sa perte.
Après la dernière cloche, Stevenson est retourné dans son coin épuisé et l’air inquiet, sûrement conscient de la réelle possibilité qu’il soit détrôné. À l’inverse, Jack s’est dirigé vers son équipe les deux bras dans les airs, sourire triomphant aux lèvres. C’était avant l’annonce du pointage, évidemment. La scène était néanmoins éloquente.
Stevenson ne l’avouera jamais si candidement, c’est certain, mais il a eu chaud samedi. Très chaud. Si Jack avait connu un départ plus canon, sans pour autant s’offrir comme cible, on doute que le Québécois serait rentré chez lui avec sa ceinture.
Notons que le contrat pour cette confrontation contenait une clause permettant la tenue d’un éventuel combat revanche. Les deux hommes se sont montrés ouverts à l’idée au terme de leur duel. Avec une conclusion comme celle à laquelle on a assisté, une telle option tombait sous le sens de toute façon.
Seul problème, Jack souhaiterait que la revanche ait lieu chez lui, à Las Vegas, tandis que Stevenson voudrait demeurer au Canada. Une (autre) saga à suivre…
Rivas le technicien
Oscar Rivas (à droite) a vaincu Hervé Hubeaux par décision unanime. / Photo tirée de Twitter
Oscar Rivas (24-0, 17 K.-O.) était dû pour un défi. Un vrai. Il en a eu un bien relevé en la personne du Belge Hervé Hubeaux (29-3, 14 K.-O.), en demi-finale du gala de samedi.
Face à un adversaire nettement plus aguerri que ceux qu’il a affrontés à ses dernières sorties, le Colombien a dû mettre en valeur ses meilleurs atouts techniques pour venir à bout de Hubeaux, ce qu’il a fait par décision unanime (99-91, 100-90, 100-90). Il a ainsi réussi la première défense de sa ceinture NABF des poids lourds.
Contrairement aux derniers boxeurs que Rivas a affrontés, Hubeaux a à la fois démontré de bonnes aptitudes défensives et une capacité à atteindre sérieusement la cible. Ainsi, Rivas ne pouvait se contenter de se ruer tout simplement sur lui pour le marteler jusqu’à ce qu’il tombe. Il a plutôt dû faire preuve de patience et d’intelligence. Et c’est précisément ce qu’il a réussi, en plus de s’acharner sur le corps de Hubeaux, question d’éroder sa garde et créer des ouvertures.
Après le combat, on a appris que Rivas s’était déchiré le biceps dès le troisième round, ce qui explique pourquoi il a souvent semblé avoir de la difficulté à attaquer de la main droite. Il faudra surveiller de près l’évolution de cette blessure, surtout quand on sait à quel point il a été ennuyé par des problèmes de santé ces dernières années.
Les autres résultats
L’Ontarien Kane Heron (11-0-1, 5 K.-O.) et le Mexicain Ivan Alvarez (27-9-1, 17 K.-O.) se sont livrés une furieuse guerre dans l’arène qui a réjoui la foule. Du moins, jusqu’à ce qu’on lui annonce que le combat s’était soldé par un verdict nul majoritaire. L’un des juges a vu Alvarez gagnant à 78-74, tandis que les deux autres ont remis des cartes de 76-76.
Mikaël Zewski (31-0, 22 K.-O.) s’est emparé du titre WBC International des mi-moyens en l’emportant par décision unanime (100-89, 99-90, 99-90) devant l’Argentin Diego Gonzalo Luque (21-5-1 10 K.-O.). Si le duel lui-même s’est avéré plutôt terne, on se souviendra cependant de ce loustic qui a tenté de monter dans le ring au milieu du septième round, forçant la suspension du combat pendant quelques minutes (voir vidéo ci-dessous). Heureusement, l’individu a rapidement été intercepté par les agents de sécurité, qui l’ont ensuite escorté hors du Air Canada Centre alors qu’il était complètement nu. Du jamais vu pour l’auteur de ces lignes…
I’ve been covering boxing for at least eight years and I’ve never seen anything like this. Fan rushed the ring during Zewski-Luque and fight was stopped for a good five minutes while security tried to stop this mountain of a man. After a few slams and a few guards, fight on pic.twitter.com/ERTC7dWLW4
Dans un affrontement de poids lourds décousu au possible, l’Ontarien d’origine albanaise Kristian Prenga (8-1, 8 K.-O.) n’a eu aucun mal à se défaire de l’Argentin Ricardo Humberto Ramirez (14-5, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :44 du troisième round. Ramirez, dont la technique et la forme physique laissaient pour le moins à désirer, s’est surtout fait remarquer pour avoir craché son protecteur buccal à répétition, jusqu’au point d’être pénalisé par l’arbitre.
Christian Mbilli (10-0, 10 K.-O.) a une fois de plus démontré son immense talent en forçant l’Argentin Marcos Jesus Cornejo (19-3, 18 K.-O.) à l’abandon à 1 :52 du troisième round. Une décision judicieuse de la part du coin de ce dernier, alors que Mbilli pilonnait son adversaire sans aucune gêne depuis le début du duel. Le Français met du même coup la main sur un premier titre mineur en carrière, en l’occurrence la ceinture WBC jeunesse des poids moyens.
Patrice Volny (11-0, 8 K.-O.) a conservé son titre NABA Canada des poids moyens en réglant le cas de l’Albertain Janks Trotter (10-5-2, 10 K.-O.) à la toute fin du premier round. Le Québécois a envoyé son rival au plancher avec un jab en apparence inoffensif. Or, Trotter a eu toutes les misères du monde à se relever, tant et si bien que l’officiel a préféré mettre un terme au combat.
À son premier combat en tout près de 15 mois, Sébastien Bouchard (16-1, 6 K.-O.) a aisément disposé du Serbe Sladan Janjanin (24-3, 18 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :08 du deuxième round. Comme on pouvait s’y attendre, Bouchard a paru un peu rouillé en début d’affrontement. Mais il a rapidement repris le dessus, envoyant Janjanin au tapis trois fois durant le second assaut. À la troisième chute, l’arbitre en a eu assez.
Mazlum Akdeniz (5-0, 2 K.-O.) a vaincu le Canadien Lloyd Reyes (0-2) par arrêt de l’arbitre à 1 :40 du deuxième round. Akdeniz avait envoyé Reyes au plancher grâce à un violent crochet droit au visage lors du premier engagement. Il a remis ça au deuxième, alors que Reyes cherchait carrément à se sauver de son adversaire.
Le parcours de Steve Bossé en arts martiaux mixtes et au hockey semi-professionnel était déjà bien connu. Mais de quoi aurait-il l’air dans un ring de boxe en amorçant un nouveau pan de sa carrière ? Et à 36 ans, de surcroît ?
Réponse : difficile à dire, en fait. C’est vrai, le Boss (1-0, 1 K.-O.) a vécu avec succès son baptême du feu jeudi soir, au Casino de Montréal, en passant le knock-out au Bolivien Julio Cuellar Cabrera (12-7, 11 K.-O.) à 52 secondes du deuxième round.
«J’ai hâte aux deuxième combat. La glace est brisée», s’est d’ailleurs réjoui Bossé en rencontrant les médias après sa victoire.
Sauf qu’on ne peut pas vraiment tirer de grandes conclusions d’un duel aussi bref, et surtout, disputé face à un adversaire qu’on ne confondra jamais avec un champion. Qui plus est, tant pour Bossé que Cabrera, la technique semblait avoir été laissée au vestiaire. À tel point, en fait, qu’on avait parfois la vague impression d’avoir assisté dans le passé à une échauffourée semblable quelque part sur le boulevard Saint-Laurent, aux environs de 3h du matin…
De son propre aveu, Bossé était rouillé en montant dans l’arène. Son dernier combat dans l’octogone, après tout, datait de juin 2016. C’est sans doute ce qui explique pourquoi Cabrera est parvenu à l’atteindre de belle façon à quelques reprises dans les premiers instants du combat.
«Il s’agissait simplement de me retrouver au premier round, a expliqué le désormais boxeur de Saint-Jean-sur-Richelieu. Mais au-delà de ça, je me sens à l’aise d’utiliser seulement mes poings et de combattre dans un ring.»
Une fois ressaisi, Bossé a enchaîné les combinaisons jusqu’à ce qu’il finisse par percer la garde de Cabrera avec deux crochets au visage. Le second fut fatal pour le Sud-Américain, qui est violemment tombé au plancher.
«La journée où j’affronterai un adversaire qui aura une bonne mâchoire, ça durera plus longtemps, a convenu Bossé. Mais il faut que je lance des coups. Quand je lance et que je touche, Ça fait comme [jeudi] soir. La plupart du temps, le combat se termine.»
Bossé est sorti gagnant de son premier tour de piste pugilistique, et c’est tant mieux pour lui. On attendra cependant un peu avant de s’emballer, si vous le permettez. Rendons tout de même à César ce qui lui appartient : il a obtenu le knock-out qu’il visait et il a réjoui le bruyant public venu l’encourager. De ce point de vue, Bossé peut dire mission accomplie.
Dicaire, de peine et de misère
En demi-finale, Marie-Ève Dicaire (11-0) a dû trimer comme jamais pour venir à bout de l’Argentine Marisa Gabriela Nunez (7-9-2), devenant ainsi championne NABF des super-mi-moyens par décision majoritaire (95-95, 96-94, 96-94).
Cela dit, un verdict favorable à Nunez n’aurait surpris personne. Il s’agit sans contredit du combat le plus difficile que la boxeuse de Saint-Eustache ait disputé au cours de sa carrière. Se montrant d’abord plus incisive qu’à l’habitude, elle a laissé sa rivale l’atteindre bien trop souvent en contre-attaque. Dicaire a ainsi dû ralentir quelque peu le tempo afin de recentrer sa stratégie au fil du combat.
«Habituellement, tout ce que j’essaie fonctionne, a-t-elle expliqué. Et là, dans les quatre premiers rounds, tout ce que j’essayais ne fonctionnait pas. J’ai dû me dire de prendre un pas de recul, d’oublier de faire un combat pour la foule et de vraiment me concentrer à gagner.
«C’était la première fois de ma vie que ça m’arrivait. C’était la première fois de ma vie où je n’étais pas assez à l’aise dans le ring pour faire ce que je veux et m’amuser comme je veux.»
-Marie-Ève Dicaire
Il faut dire que Nunez, malgré une fiche négative, n’est pas la dernière venue, ayant été championne IBF des super-légers de 2014 à 2016. Son expérience était manifeste dans l’arène. Et contagieuse, aussi, à entendre Dicaire dire à quel point ce combat lui a injecté une bonne dose de maturité.
«L’an dernier, j’aurais vraiment perdu ce combat, car j’aurais laissé mes émotions dans le ring. Je suis une combattante avec cœur. Mais comme on l’a vu aux Jeux olympiques récemment, la préparation psychologique est cruciale pour un athlète, et je crois avoir gagné ce combat avec ma tête», a noté celle qui présentait une profonde coupure au front après le combat.
Zewski l’emporte dans la douleur
Mikaël Zewski (30-1, 22 K.-O.) a pour sa part signé une troisième victoire depuis qu’il est associé au Groupe Yvon Michel – une 30e en carrière – face au Mexicain Jose de Jesus Macias (23-8-2, 12 K.-O.). Mais bon Dieu qu’elle a fait mal, celle-là.
En plus d’être ennuyé par des saignements de nez dès le premier round, le Trifluvien a dû en découdre avec un adversaire à la fois coriace et hargneux au possible. Bref, le genre qui n’était visiblement pas venu à Montréal en touriste. Au terme des huit assauts, Zewski s’en est tiré avec un gain par décision unanime (77-74, 78-73, 78-73).
Un peu à la façon de Marie-Ève Dicaire, le vainqueur a tenu à souligner à grands traits la précieuse expérience que ce combat lui a permis d’acquérir.
«On savait qu’il était fort, qu’il allait tomber et se relever. C’est ce qu’il a fait. […] J’ai dû puiser dans mes ressources. C’était seulement un combat de huit rounds, mais de l’expérience comme ça, je n’en ai pas eu beaucoup dans ma carrière. Ce sont des rounds très, très payants pour mon futur», a signalé Zewski, le visage lourdement tuméfié.
Lui et Macias se sont échangé de furieuses combinaisons tout au long de l’affrontement. Le Mexicain a chuté au quatrième engagement, mais s’est relevé avant de continuer à marteler Zewski sans aucune pitié. Non, vraiment, c’est à une bagarre de ruelle qu’on a assisté entre ces deux hommes.
«On voit souvent des Mexicains qui arrivent ici pour prendre leur chèque. Lui, il était ici pour prendre la victoire. C’est en battant des adversaires comme ça qu’on progresse. Je n’en ai pas eu assez dans le passé, je l’admets. J’ai toujours demandé un plus grand niveau d’opposition. [Jeudi] soir, c’était au niveau que ça prend pour monter», a conclu Zewski.
Les autres résultats
Dans un duel bref mais explosif, Bruno Bredicean (10-0, 4 K.-O.) a réglé le cas du vétéran mexicain Cesar Chavez (32-13, 18 K.-O.) en lui passant le knock-out à 49 secondes du deuxième round à l’aide d’une vive droite au visage. Chavez avait déjà visité le plancher lors du premier engagement.
Comme Steve Bossé, Yan Pellerin (1-0) faisait ses débuts professionnels en boxe après une carrière en arts martiaux mixtes. Le combattant de Granby n’a pas raté sa rentrée, signant une victoire par décision majoritaire (38-38, 39-37, 39-37) contre le Mexicain Fernando Castillo (2-3, 2 K.-O.). Si Pellerin a démontré quelques bonnes aptitudes, il devra impérativement améliorer sa défense. On ne compte plus le nombre de fois où Castillo l’a atteint de plein fouet au visage. Rien pour énerver Pellerin, cependant, qui souriait à pleines dents durant le combat.
Jessica Camara (4-0) a arraché une victoire par décision majoritaire (38-38, 40-36, 40-36) à la Mexicaine Guadalupe Lincer Ortiz (2-6, 1 K.-O.). En toute honnêteté, cette dernière aurait mérité de l’emporter. Bien plus active et agressive que sa rivale, elle a semblé avoir le dessus sur Camara tout au long du combat. Les juges en ont toutefois décidé autrement.
En ouverture de gala, Mazlum Akdeniz (3-0, 1 K.-O.) a aisément disposé du Mexicain Luis Acuna Rojas (2-2) par décision unanime (40-36, 40-36, 40-35). Akdeniz est demeuré en parfait contrôle du début à la fin de l’affrontement, atteignant la cible avec une facilité déconcertante. Un juge a d’ailleurs noté un round 10-8 en faveur du Montréalais sans même que Rojas aille au tapis.
Dans l’ensemble, l’année 2017 aura été très bonne pour la boxe québécoise. Puisqu’il ne reste que quelques heures avant de lui dire au revoir, et parce que le temps est propice aux rétrospectives, Ringside vous propose son palmarès des boxeurs québécois qui se sont illustrés au cours des douze derniers mois. Que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises raisons…
LE BOXEUR DE L’ANNÉE – David Lemieux
Rangez vos fourches et vos torches, par pitié! Bon, d’accord, l’année s’est plutôt mal terminée pour Lemieux, complètement déclassé par Billy Joe Saunders il y a quelques semaines, dans leur affrontement pour la ceinture WBO des poids moyens. Mais avant cette douloureuse défaite, Lemieux a tout de même remporté deux éclatantes victoires contre Curtis Stevens (voir plus bas) et Marcos Reyes. Et l’engouement autour du choc face à Saunders a confirmé qu’il est désormais le visage de la boxe au Québec, que ce soit dans la victoire ou la défaite. Pour toutes ces raisons, il mérite d’être nommé boxeur de l’année 2017 de la province.
LA MENTION HONORABLE – Artur Beterbiev
Artur Beterbiev (à droite) est devenu champion IBF des mi-lourds en l’emportant contre Enrico Koelling. / Photo tirée du compte Twitter de Top Rank
S’il avait été plus actif (un seul combat en 2017), nul doute que Beterbiev aurait aisément remporté le titre de boxeur de l’année. Grâce à sa victoire contre Enrico Koelling, le 11 novembre, le Tchétchène est devenu champion IBF des mi-lourds, division fort achalandée par les temps qui courent. Dommage que son triomphe ait eu lieu en Californie, loin de ses partisans, et qu’il soit passé sous le radar à cause du litige contractuel qui l’oppose au Groupe Yvon Michel.
LA SURPRISE – Yves Ulysse Jr
Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis trois fois en autant de rounds, le 16 décembre. / Photo Vincent Éthier, EOTTM
On se doutait bien qu’Ulysse finirait par rebondir de sa défaite controversée du 27 octobre face à Steve Claggett. Mais peu de gens croyaient qu’il le ferait dès son combat suivant, et surtout, de façon aussi spectaculaire. Le 16 décembre, à sa première sortie à l’antenne du réseau HBO, Ulysse a envoyé au plancher l’étoile montante américaine Cletus Seldin trois fois en autant de rounds, avant de signer une victoire par décision unanime. Le jeune homme s’est aussitôt fait un nom sur la planète boxe. On a déjà hâte de voir ce que 2018 lui réserve.
LA DÉCEPTION – Adonis Stevenson
À son unique combat en 2017, Adonis Stevenson (à gauche) n’a fait qu’une bouchée d’Andrzej Fonfara. / Photo Bob Lévesque
Nombreux seront ceux qui auront envie d’accorder cette mention peu enviable à Lemieux après sa contre-performance contre Saunders. Mais entre nous, plus le temps passe, et plus le nom d’Adonis Stevenson devient le punch d’une mauvaise blague dans le monde de la boxe. Son refus obstiné d’affronter Eleider Alvarez, qui est pourtant son aspirant obligatoire depuis deux ans, relève carrément de l’enfantillage. Il faut dire que le WBC sert bien la cause de son champion des mi-lourds dans ce dossier… En raison de son comportement, celui qui aurait dû être un fleuron de notre boxe s’est transformé en paria. Dommage.
LE HÉROS OBSCUR – Eleider Alvarez
Eleider Alvarez (à droite) a vaincu Jean Pascal par décision majoritaire le 3 juin. / Photo Bob Lévesque
Parlant d’Alvarez, on oublie qu’il a signé deux brillantes victoires cette année, et pas contre n’importe qui : Lucian Bute (24 février) et Jean Pascal (3 juin). Si on place le Colombien dans cette catégorie, c’est parce que ses exploits ont malheureusement été occultés par les incessantes frasques de Stevenson. Et parce que sa patience, justement, commence à frôler l’héroïsme…
LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – David Lemieux c. Curtis Stevens
En plus d’être le knock-out de l’année sur la scène québécoise, le coup d’assommoir que David Lemieux a servi à Curtis Stevens au troisième round de leur duel du 11 mars a retenti partout sur la scène internationale, comme en ont témoigné d’autres palmarès semblables à celui-ci. On remarquera d’ailleurs que Stevens n’est pas remonté dans le ring depuis cette cinglante visite au tapis. Peut-être gît-il encore aux abords de l’arène, complètement sonné?
LE PLUS BEAU RETOUR – Steven Butler
Steven Butler (debout) a été le premier à envoyer Lanardo Tyner au tapis. / Photo Vincent Éthier, EOTTM
L’année 2017 a bien mal commencé pour Butler, qui a encaissé un premier revers en carrière face à Brandon Cook, le 27 janvier. On se souvient tous de l’énorme brouhaha qui a suivi au Centre Bell ce soir-là… Le jeune cogneur s’est cependant bien repris en ajoutant trois knock-out consécutifs à sa fiche, dont le dernier aux dépens du vétéran Lanardo Tyner, qui n’avait jamais été couché auparavant. On a également constaté un style quelque peu différent chez Butler depuis sa défaite contre Cook, qui le sert bien jusqu’ici. À seulement 22 ans, tous les espoirs sont encore permis pour lui.
L’ESPOIR À SURVEILLER – Marie-Ève Dicaire
Marie-Ève Dicaire a remporté ses quatre combats en 2017. / Photo Archives Bob Lévesque
Plusieurs boxeurs auraient pu se mériter cette mention : Christian M’Billi, Batyr Jukembayev ou encore Mathieu Germain, pour ne nommer que ceux-là. Mais parce qu’elle s’est améliorée à chacune de ses quatre sorties cette année, accordons cet honneur à Marie-Ève Dicaire. Toujours parfaite en dix combats, l’athlète de Saint-Eustache s’est également taillé une place de choix dans le cœur du public grâce, entre autres, à son charisme débordant. Le Québec peut se compter chanceux d’avoir une ambassadrice de la boxe féminine de sa trempe.
QUELQUES SOUHAITS POUR 2018
-La conclusion la plus hâtive possible du litige entre Artur Beterbiev et le Groupe Yvon Michel, et ce, peu importe le camp qui obtient gain de cause. Plus le dossier traîne, plus les dommages se multiplient pour tout le monde, à commencer par l’amateur de boxe. Les parties ont rendez-vous devant le tribunal au mois de mai.
-Une meilleure année pour le Groupe Yvon Michel, tout simplement. Les clowneries d’Adonis Stevenson, Eleider Alvarez qui en subit les contrecoups, le conflit avec Beterbiev, Custio Clayton qui quitte pour joindre l’écurie d’Eye of the Tiger Management… Non, vraiment, GYM voudra oublier 2017 le plus vite possible.
-Un vrai bon test pour Simon Kean. Le poids lourd a haché menu toute l’opposition qui s’est dressée devant lui jusqu’ici, mais on n’a pas toujours croisé d’adversaires particulièrement menaçants. Le Grizzly est dû pour passer à l’échelon supérieur. Peut-être qu’il franchira cette étape lorsqu’il affrontera le Néo-Zélandais Solomon Haumono le 10 février, à Shawinigan.
-Une remise sur pieds rapide pour David Théroux, battu devant les siens à Sorel-Tracy le 14 décembre. Il s’agissait d’une deuxième défaite à ses quatre derniers combats.
-On espère que le public québécois appréciera Mikaël Zewski à sa juste valeur. Après avoir passé la quasi-totalité de sa carrière aux États-Unis, le Trifluvien de 28 ans est revenu chez lui après un an et demi d’inactivité en tant que membre de GYM. Si on sentait la rouille à sa première sortie de 2017, Zewski a été nettement plus convaincant lors de la seconde. Il a quand même remporté 29 de ses 30 combats, ne l’oublions pas.
-Une bonne retraite pour Jean Pascal qui, malgré son côté parfois polarisant, a été un digne représentant de la boxe québécoise tout au long de sa carrière. Idem pour Lucian Bute, bien qu’il n’y ait toujours pas eu d’annonce officielle à cet égard.
Shakeel Phinn s’est amené dans le ring du Casino de Montréal, jeudi soir, en surfant sur une série de 15 victoires consécutives. Malheureusement pour lui, cette séquence est désormais chose du passé.
Celui qu’on surnomme le Jamaican Juggernaut (16-2, 11 K.-O.) a été surpris par le Mexicain Ramon Aguinaga (12-0, 8 K.-O.), qui a tenu le coup pendant huit rounds afin de soutirer une victoire par décision majoritaire (79-73, 78-74, 76-76). Et ainsi demeurer invaincu.
«Je n’étais pas capable de bien porter mes coups. […] C’était un combat quand même serré, mais il était le meilleur homme», a convenu Phinn, qui explique sa défaite en bonne partie par un problème de «timing» de sa part.
Si le pugiliste de Brossard a malgré tout été celui qui a placé les meilleurs coups au cours de ce duel, Aguinaga a cependant été plus actif dans l’ensemble. Un lent départ – suivi, il est vrai, d’un regain de vie en fin d’affrontement – se sera par ailleurs avéré coûteux pour Phinn.
«Je dois laisser aller mes mains, a-t-il admis. Je dois travailler davantage en combinaison avec des gars qui aiment bouger. Il avait des mains plus rapides. Il n’avait pas beaucoup de puissance, mais il plaçait bien ses coups. Je dois me préparer davantage pour un gars comme ça dans le futur.»
La déception était évidente chez Phinn, ça se comprend. Il n’a toutefois pas l’intention de s’apitoyer sur son sort bien longtemps.
«Si je laisse ça traîner, je ne sais pas ce qui va arriver dans ma tête. Je veux être dans le ring dès le prochain gala pour effacer cette erreur», a-t-il insisté.
Le prochain gala du Groupe Yvon Michel au Casino aura lieu le 15 février.
Zewski ne perd pas de temps
En demi-finale, Mikaël Zewski (29-1, 22 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée de l’Argentin Martin Enrique Escobar (17-4, 14 K.-O.) pour l’emporter par arrêt de l’arbitre à 2 :34 du deuxième round.
Vif comme l’éclair, le Trifluvien s’est rué sur son rival et l’a martelé de solides uppercuts au corps pendant toute la durée de l’affrontement, tant et si bien qu’Escobar a visité le plancher à pas moins de quatre reprises.
«Je sentais que les coups étaient francs et que ça faisait mal. Je voyais de petites grimaces dans son visage.»
-Mikaël Zewski
Sa performance de jeudi tranchait nettement avec celle qu’il avait livrée lors de sa première sortie en tant que membre du Groupe Yvon Michel, le 3 juin. Bien qu’il en soit ressorti avec un gain par décision unanime, Zewski avait eu fort à faire pour venir à bout de Fernando Silva. À sa défense, toutefois, Zewski en était alors à un premier combat en 18 mois.
«À mon dernier combat, j’ai beaucoup, beaucoup visé le knock-out, a-t-il relaté. J’ai paru correct, sans plus. Cette fois, c’était vraiment un plan de match de boxe. Mon père [et entraîneur] m’a dit : ‘amuse-toi, les choses viendront.’ C’est ce que j’ai fait, et les coups rentraient vraiment bien.»
Zewski devrait normalement reprendre du service dès le 15 février au Casino, question de préparer le terrain pour un combat de plus grande envergure en sous-carte d’un gala qui mettrait en vedette Adonis Stevenson, en mars.
«Ce n’est pas en affrontant des Martin Enrique Escobar que je vais monter dans les classements. On veut des adversaires classés. On veut une ceinture nord-américaine ou internationale qui me permettra d’être dans le top-10 et, éventuellement, d’aller chercher de gros noms», a indiqué Zewski.
Dicaire : 10 sur 10
Marie-Ève Dicaire (10-0) avait vaincu Paty Ramirez (11-5, 5 K.-O.) une première fois il y a un an, presque jour pour jour. Elle a remis ça jeudi soir, à l’occasion de son 10e combat professionnel en carrière, l’emportant de nouveau par décision unanime (79-73, 80-72, 80-72).
Sans être spectaculaire, la pugiliste de Saint-Eustache s’est néanmoins montrée efficace, parvenant à placer quelques bonnes attaques au visage de son adversaire. Celle-ci a bien tenté quelques répliques parsemées ici et là, mais rien pour inquiéter Dicaire, qui continue de prendre du galon dans le ring.
«C’est un combat au cours duquel j’ai dû utiliser ma tête et mes aptitudes. Mais je suis contente, car j’ai besoin de combats avec de l’adversité comme celle-là, j’en ai besoin pour progresser.»
-Marie-Ève Dicaire
«J’ai toujours été une boxeuse très créative, a-t-elle ajouté. Au gymnase, c’est fou, tout ce que je peux faire. Par contre, le mettre en action dans le ring, c’était vraiment mon problème et c’est là-dessus qu’on a travaillé.»
Avec cette dixième victoire en autant de combats, Dicaire s’estime désormais en mesure de se battre pour des titres mineurs lors de ses prochaines sorties.
«Je pense que j’ai ouvert la porte des grands, dit-elle. Les adversaires que j’aurai lors des prochains combats seront de plus grande qualité, et j’ai très hâte à cela !»
Les autres résultats
Louisbert Altidor (6-2, 2 K.-O.) a tôt fait de régler le cas du Mexicain Victor Manuel Palacios (16-16-2, 8 K.-O.) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1 :20 du deuxième round. Après avoir envoyé son rival au tapis une première fois, Altidor a fermé les livres avec un violent uppercut droit qui n’a laissé aucune chance à Palacios.
Le Longueuillois Terry Osias (2-0) a signé une victoire par décision unanime (40-36 partout) contre le Néo-Brunswickois Mitch Boudreau (0-4), privant celui-ci d’un premier triomphe chez les professionnels. Un coup de tête accidentel de Boudreau sur Osias a ouvert les hostilités au deuxième engagement. Les deux hommes, ensanglantés, se sont par la suite livré une vive bagarre qui fut cependant tout à l’avantage d’Osias.
En lever de rideau, Jessica Camara (3-0) a vaincu la Mexicaine Giovanna Gonzalez (3-2, 1 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). La Montréalaise a dominé l’affrontement d’un bout à l’autre, ébranlant notamment son adversaire au deuxième round avec un solide crochet au visage.