De l’importance d’un front commun

[Photo archives Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ça fait un bail, n’est-ce pas? Aussi bien dire une éternité.

Une éternité que nous n’avons pas eu l’occasion de discuter de votre sport favori sur cette humble tribune. Évidemment, Ringside s’est retrouvé dans le même bateau sanitaire que tout le monde. Difficile de jaser boxe quand tous les galas sont annulés et que la planète sports ne tourne presque plus. Et avec les aléas de la vie personnelle et familiale en cette ère de confinement? Alors là…

Et malheureusement, à voir comment évoluent les choses à l’heure actuelle, ça pourrait être encore très long avant qu’on se remette à parler de combats de boxe au Québec.

La nouvelle, vous la connaissez. Elle nous a d’abord été relayée par Eye of the Tiger Management (EOTTM) et son président, Camille Estephan. La Direction de la santé publique du Québec a l’intention de maintenir l’interdiction des sports de combat professionnels jusqu’à ce qu’un vaccin contre la COVID-19 soit découvert.

Rappelons ici les grandes lignes du fil des événements. EOTTM avait prévu un gala tenu à huis clos le 18 juillet, avant de le repousser au 25. Dès la fin mai, l’organisation avait soumis un protocole sanitaire détaillé au ministère de la Santé, à la Santé publique et à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). Toutes les parties semblaient satisfaites par le document.

Mais pendant les semaines qui ont suivi, aucun signe de vie de la part de Québec. Juste une très longue attente… qui a pris fin lundi avec un retentissant coup de masse. Dans un courriel signé par le directeur national de santé publique lui-même, le Dr Horacio Arruda, EOTTM a appris qu’il n’y aurait pas de boxe sans vaccin.

Et il est pour quand, ce vaccin? Dans un an? Deux? Plus encore? Personne ne le sait, bien sûr.

L’industrie menacée

«Dictatorial», «très injuste», «discriminatoire»: Camille Estephan ne mâchait pas ses mots pour commenter la décision de la Santé publique lorsque joint par Ringside. Selon lui, «il y a anguille sous roche» dans ce refus d’autoriser les combats professionnels, offert «sans explications», précise-t-il.

«[La boxe] est le seul secteur où le déconfinement est tributaire d’un vaccin, a-t-il fait valoir. Il semble y avoir un préjugé de leur part. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas logiques là-dedans.

«On déconfine le football, le soccer, le hockey… Il y a 40 gars qui se rentrent dedans au football. Ça ne représente certainement pas moins de risques que deux gars dans un ring.»

-Camille Estephan

À ses yeux, le maintien de l’interdiction pourrait carrément «tuer l’industrie» pugilistique de la province. Et pas seulement en raison des pertes de revenu encourues.

«Ça va couper l’herbe sous le pied de tout jeune boxeur qui rêve de devenir le prochain David Lemieux, Jean Pascal ou même Georges St-Pierre. […] Ça va tuer le sport. Les jeunes boxeurs vont vouloir faire autre chose», estime-t-il.

Bien que le coup soit difficile à encaisser, Estephan refuse de baisser les bras. Ses nombreuses sorties dans les médias et sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours témoignent clairement de ce désir de convaincre la Santé publique de revenir sur sa décision.

«On va continuer à pousser. On n’abandonne pas. Je n’abandonne jamais», prévient-il.

«Ignorance» et «désintéressement»

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Yvon Michel / Photo tirée de Twitter

En fin de journée mercredi, ce fut au tour du Groupe Yvon Michel de réagir. Une réaction un peu tardive, disons-le, alors que le promoteur se distinguait jusque là par son mutisme total sur la question. Mais bon, au moins, elle a fini par venir.

Sans surprise, donc, GYM n’en revient pas non plus des intentions de la Santé publique. À l’instar d’EOTTM, l’entreprise évoque la notion d’injustice pour qualifier le verdict gouvernemental.

«Nous avons malheureusement la pénible impression que la position actuelle du ministère relève de l’ignorance et du total désintéressement de l’industrie prolifique de la boxe professionnelle d’ici ainsi que de ses artisans, ses athlètes, ses gérants, ses entraîneurs et ses promoteurs», a ajouté GYM dans un communiqué

Depuis, d’autres voix se sont élevées à leur tour pour protester contre la décision. Marc Ramsay, Marie-Ève Dicaire et Mikaël Zewski, pour ne nommer que ceux-là, ont tour à tour souligné à quel point une interdiction prolongée de la boxe serait catastrophique pour leur sport.

Une alliance nécessaire

Bien franchement, il est assez difficile de suivre le raisonnement de la Santé publique ici. Et pas seulement parce qu’elle n’a pas précisé pourquoi elle voulait à tout prix attendre l’avènement d’un vaccin avant de donner sa bénédiction à la boxe.

Aux États-Unis, Top Rank présente depuis quelques semaines des cartes de boxe organisées dans un cadre sanitaire des plus stricts. Kim Clavel sera d’ailleurs de celle du 21 juillet, à Las Vegas. Jusqu’ici, quelques combats ont dû être annulés parce qu’un membre de l’entourage d’un des boxeurs impliqués avait été déclaré positif pour la COVID-19, mais sans plus.

Aux dernières nouvelles, nos voisins du Sud ne sont pourtant pas guéris de la pandémie – bien au contraire. Est-ce qu’on essaie de nous faire croire que nous ne serions pas en mesure d’organiser de tels galas avec la même rigueur sanitaire? Allons, ça ne tient pas la route. Surtout quand on tient compte de la vaste expertise de la RACJ, reconnue mondialement, pour veiller au bon déroulement des combats.

Il doit y avoir une autre raison qui explique la décision du Dr Arruda et de son équipe. Une raison plus subtile, plus profonde.

Un préjugé défavorable envers la boxe? Une méconnaissance de ce sport? Quelque chose d’autre? Allez savoir…

Camille Estephan confiait à Ringside qu’il souhaite mettre sur pied un comité formé de divers intervenants du milieu pour démontrer aux autorités sanitaires que la boxe, une fois déconfinée, ne serait pas plus dangereuse que d’autres secteurs d’activités, tels que les cinémas ou les restaurants.

Non seulement un tel comité serait important dans les circonstances, il est tout simplement essentiel.

Le Québec compte deux grands promoteurs de boxe: Estephan et Michel. Ils ne seront jamais les plus grands amis du monde, on le sait tous. Mais cette fois, ils n’ont pas le choix de travailler main dans la main. Ce n’est pas simplement pour la survie de leurs entreprises respectives qu’ils doivent se battre: c’est pour sauver leur industrie toute entière.

Tous les boxeurs, entraîneurs et autres gens de boxe, peu importe leur fonction ou allégeance, doivent se faire entendre eux aussi. Jeunes ou moins jeunes, actifs ou retraités, tout le monde doit y mettre du sien. La moindre fissure dans l’unité du groupe pourrait lui être fatale.

Et vous croyez que seules les personnalités directement impliquées dans le sport profiteraient d’un changement d’avis de Québec? Que faites-vous du Casino de Montréal et des amphithéâtres qui engrangent de précieux revenus lors de chaque gala? Des restaurants, bars et autres commerces avoisinants qui profitent de la clientèle que la boxe leur amène, en ville ou en région?

Bien sûr que dans l’immédiat, les galas auraient lieu à huis clos. Bien sûr que les événements devant public, même réduit, ne sont pas pour tout de suite. On s’entend là-dessus. N’empêche, les retombées économiques générées par une soirée de boxe vont bien au-delà de l’arène. Les autorités semblent l’avoir oublié, ou du moins, ne s’en rendent pas compte.

La boxe nous a toujours permis d’assister à des guerres de toutes sortes: guerre dans le ring, guerre de mots, guerre contractuelle… choisissez celle que vous voulez. Cette fois, c’est une nouvelle guerre qui se pointe à l’horizon. Mais celle-ci concerne tout le monde pugilistique. Une guerre pour garder son gagne-pain, rien de moins.

Vous êtes habitués de vous battre l’un contre l’autre? Le temps est venu de vous battre côte à côte.

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Les bons (et moins bons) coups de 2019

[Photo fournie par Top Rank]

Établir notre désormais traditionnel palmarès de fin d’année de la boxe québécoise n’a pas été une mince tâche, cette fois. Quantité d’athlètes ont fait leur marque au cours des 12 derniers mois, chacun à leur manière. Mais bon, puisqu’il faut bien trancher, voici les bons (et moins bons) coups de 2019 selon Ringside.

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – Artur Beterbiev

Après la victoire d’Artur Beterbiev contre Radivoje Kalajdzic, le 4 mai en Californie, Ringside regrettait que cette autre solide performance du champion IBF des mi-lourds passe à nouveau sous le radar, le public québécois ne semblant pas intéressé du tout au parcours du Russe. Quelques mois plus tard, le 18 octobre, Beterbiev a ravi le titre WBC des mains d’Oleksandr Gvozdyk, devenant ainsi le tout premier champion unifié issu du Québec. Beterbiev est ainsi devenu un incontournable de la boxe, tant pour les Québécois que pour le reste du monde. Plus jamais ce monstre du pugilat ne sera indûment balayé sous le tapis. Il était temps. Voilà pourquoi Artur Beterbiev est sacré boxeur de l’année 2019.

LA MENTION HONORABLE – Jean Pascal

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En plus de devenir champion WBA des mi-lourds, Jean Pascal a défendu son titre avec succès en 2019. / Photo tirée de la page Facebook de Jean Pascal

C’est un choix déchirant qu’a imposé à Ringside Jean Pascal avec sa victoire contre Badou Jack, il y a quelques jours. Il se voulait déjà un candidat plus qu’intéressant au titre de boxeur de l’année après avoir obtenu sa ceinture WBA des mi-lourds contre Marcus Browne, le 3 août. Son gain in extremis contre Jack est venu bien près de lui permettre de se hisser au sommet. Au final, la première historique réussie par Beterbiev aura fait pencher la balance en sa faveur. Mais malgré tout, c’est une exceptionnelle année 2019 qu’a connu Pascal, de sorte que vous le verrez cité à quelques reprises plus bas. On s’en voudrait, cela dit, de ne pas adresser ici un clin d’œil à Marie-Ève Dicaire, qui a quand même défendu trois fois sa ceinture IBF des super-mi-moyens cette année.

LA SURPRISE – Jean Pascal

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Jean Pascal (à gauche) a vaincu Marcus Browne le 3 août. / Photo tirée de la page Facebook de Jean Pascal

Bien sûr que la « vraie » surprise de 2019 dans le monde de la boxe, c’est cette victoire d’Andy Ruiz fils contre Anthony Joshua, le 1er juin. Mais puisqu’on traite ici de la boxe québécoise, pas le choix d’y aller avec Jean Pascal, que tout le monde croyait fini ou presque avant qu’il ne vienne à bout de Marcus Browne. Le polarisant Lavallois aura toujours sa part de détracteurs quoi qu’il fasse, mais plusieurs ont sans doute changé leur fusil d’épaule après ce triomphe.

LA DÉCEPTION – Eleider Alvarez

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Eleider Alvarez (à gauche) a perdu son combat revanche contre Sergey Kovalev. / Photo fournie par Top Rank

De boxeur de l’année en 2018, voilà qu’Eleider Alvarez dégringole tout à l’opposé du palmarès. Ce n’est pas tant le fait que le Colombien a perdu le titre de champion WBO des mi-lourds dès sa première défense, le 2 février, lors de la revanche contre Sergey Kovalev. La déception relève beaucoup plus de la façon dont il s’est incliné : avec une performance en demi-teinte, sans âme ni rage de vaincre apparente. Bref, tout à l’opposé de la façon dont il avait vaincu Kovalev lors du premier duel. Dommage, quand on se souvient de tous les efforts accomplis pour décrocher cette ceinture. Inactif depuis ce revers, Alvarez sera de retour dans le ring le 18 janvier pour affronter Michael Seals.

LE HÉROS OBSCUR – Erik Bazinyan

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Erik Bazinyan après sa victoire contre Alan Campa. / Photo fournie par Golden Boy Promotions

Son entente avec Golden Boy Promotions fait en sorte qu’on le verra un peu moins souvent se battre au Québec, à l’instar de ses collègues Steven Butler et Yves Ulysse fils. Mais ça ne veut pas dire qu’Erik Bazinyan n’a rien fait qui vaille au cours de la dernière année, bien au contraire. Il a d’abord facilement vaincu Alan Campa par décision unanime le 2 mai, avant de passer le knock-out au vétéran Saul Roman le 12 décembre. Et, mine de rien, il cimente sa place un peu partout dans les classements mondiaux. On serait bien dus pour le revoir chez nous.

LE COMBAT DE L’ANNÉE – Jean Pascal c. Badou Jack

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Jean Pascal (à gauche) a vaincu Badou Jack par décision partagée le 28 décembre. / Photo tirée du compte Twitter de Showtime

La dernière année nous a offert plusieurs bons candidats pour l’obtention de cette récompense. Le choc Beterbiev-Gvozdyk était certainement méritant. Même le combat du 7 décembre entre David Lemieux et Max Bursak, hautement divertissant à défaut d’être élégant, aurait aussi pu être considéré. Mais difficile de laisser de côté ce superbe duel que viennent de nous offrir Jean Pascal et Badou Jack, un festival de feux d’artifice au cours duquel l’émotion et l’excitation ont été à leur comble. Notons au passage que Jack avait été du combat de l’année 2018 selon Ringside, à l’issue de son match nul contre Adonis Stevenson.

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – Andranik Grigoryan c. Jorge Garcia Jimenez

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Andranik Grigoryan (à gauche) a passé un knock-out aussi spectaculaire qu’inattendu à Jorge Garcia Jimenez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

C’est déjà étonnant lorsqu’Andranik Grigoryan ajoute un K.-O. à sa fiche, imaginez quand il s’en paie un aussi spectaculaire que celui qu’il a servi au pauvre Jorge Garcia Jimenez, le soir du 15 juin à Shawinigan. Une main droite vive et puissante, sortie de nulle part pour atterrir sur le menton de Jimenez, tombé à la renverse comme si une folle bourrasque venait de déferler sur le ring. Il fallait voir Grigoryan ému aux larmes après cette victoire, qui lui procurait la ceinture NABA des poids plumes. La séquence est disponible sur le site de TVA Sports.

LE PLUS BEAU RETOUR – Jean Pascal

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Jean Pascal en préparation pour son combat contre Badou Jack. / Photo tirée du compte Twitter de Showtime

Entre nous, y avait-il vraiment un autre choix possible pour cette mention? Allez, on ne s’étendra pas davantage sur les raisons qui expliquent pourquoi Pascal mérite le titre du plus beau retour de l’année. C’est assez évident, disons.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Lexson Mathieu

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Lexson Mathieu a été parfait à ses huit premiers combats en carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il y a de ces expressions anglaises qui sont difficilement traduisibles en français. Comme lorsqu’il est question du swag que peut dégager un individu, par exemple. Existe-t-il un terme francophone approprié pour décrire la chose? Si c’est le cas, on l’ignore. Mais ce qu’on sait, c’est que Lexson Mathieu en a tellement, de swag, que ça lui sort par les oreilles. Sans oublier, bien sûr, le talent, la puissance et l’attitude. Avec huit victoires en autant de sorties en 2019 – ses huit premiers combats en carrière –, on a eu amplement le temps de le surveiller, direz-vous. Or, quelque chose nous dit que le jeune homme de 20 ans n’a pas fini de nous épater.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2020

-Que Steven Butler se serve de la douloureuse leçon que lui a servi Ryota Murata la veille de Noël pour améliorer sa boxe encore davantage. Il l’a fait une fois après Brandon Cook, il peut très bien répéter l’expérience à la suite de cette défaite en combat de championnat, au cours de laquelle il n’a quand même pas si mal paru.

-Un peu dans la même veine, que Simon Kean conserve les aptitudes qu’il a démontrées en l’emportant contre Siarhei Liakhovich, le 7 décembre, notamment sur le plan de sa défense. Il y a encore du chemin à faire, on s’entend, mais c’est certainement un début.

-Qu’Oscar Rivas puisse mettre derrière lui son revers contre Dillian Whyte – et toute la controverse qui a suivi – pour revenir en force l’an prochain. Il mérite une deuxième chance de se faire valoir sur la scène internationale.

-Que Michel Villeneuve et tous les autres Australopithèques du même acabit qui croient que les femmes n’ont pas leur place dans la boxe se taisent à jamais. Marie-Ève Dicaire, Kim Clavel et toutes les autres boxeuses prouvent lors de chacun de leurs combats qu’elles ont autant de mérite que n’importe lequel de leurs confrères masculins. Non mais, vraiment, à quel point y a-t-il des imbéciles en ce bas monde?

-Que le Groupe Yvon Michel se déniche malgré tout un ou une autre athlète pour faire office de tête d’affiche de l’organisation aux côtés de Dicaire. Que ce soit Rivas, Eleider Alvarez ou quelqu’un autre… Ça prend quelqu’un, et vite. Ce sera bon pour GYM, et pour la boxe en général.

-Que la difficile sortie de David Lemieux contre Max Bursak, une première en plus d’un an, soit effectivement attribuable à la rouille et non un présage de ce qu’il l’attend chez les 168 lb.

-Que le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury en février accepte les 20 millions d’Eye of the Tiger Management pour venir affronter Arslanbek Makhmudov au Centre Bell. Quoi, on peut rêver, non?

-Et, bien sûr, une bonne année 2020 à vous tous!

Catastrophe évitée

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ne vous en faites pas si vous avez entendu un bruit tonitruant émanant des environs du Centre Bell dans la nuit de samedi à dimanche. C’est tout à fait normal.

Ce que vous avez entendu, en fait, c’est un gigantesque soupir de soulagement que David Lemieux, son équipe et les 5542 spectateurs réunis dans les gradins ont poussé en entendant le verdict des juges chargés de noter son combat contre l’Ukrainien Max Bursak.

Deux d’entre eux ont donné le Québécois vainqueur à 94-93, tandis que le troisième a vu Bursak (35-6-2, 16 K.-O.) gagnant, à 94-93 lui aussi. Lemieux (41-4, 34 K.-O.) est donc reparti de l’amphithéâtre avec une victoire par décision partagée en poche pour sa première sortie chez les 168 lb.

Mais bon Dieu que ça aurait pu aller dans l’autre sens…

Lemieux a visité deux fois le tapis dans cet affrontement, dont une fois au round initial. D’accord, il a plus tard rendu la pareille à Bursak. Et il a effectivement gagné quelques assauts. Mais était-ce à ce point suffisant pour faire pencher la balance en sa faveur? Il faut croire que oui. Pour ce que ça vaut, Ringside voyait Bursak l’emporter à 95-92.

«Je ne suis aucunement satisfait de ma performance. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. On a de petites choses à travailler.»

-David Lemieux

La première moitié du combat fut l’affaire de Bursak. Déjà, dans les premières secondes, on sentait que Lemieux en aurait plein les bras contre l’étonnant Européen. Et lorsqu’il s’est retrouvé au plancher alors que Bursak le pilonnait sans merci, tout le plan de match établi a foutu le camp. Lemieux n’avait alors d’autre choix que de livrer un combat de rattrapage pour la suite des choses. Encore plus lorsque Lemieux est retourné au sol durant le cinquième assaut.

«C’était le pire cauchemar pour un entraîneur», a d’ailleurs reconnu l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

«Ça envoie complètement le combat dans une autre direction, a-t-il ajouté. Il est revenu dans le coin [après la première chute], et on lui a dit: ‘écoute David, pas de panique, ce n’est pas la première fois’. Il fallait se réorganiser, mais ç’a été très compliqué et très long. Il l’a fait à certains moments, et à d’autres, il perdait son équilibre. Il ne préparait pas bien les attaques.»

Le bluff de Ramsay

Lemieux a eu meilleure mine à partir du sixième round, à tel point que ce fut au tour de Bursak de se retrouver par terre. Ce dernier a quand même trouvé le moyen de continuer à donner du fil à retordre au favori local, mais ce ne fut pas suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur en bout de ligne.

Ramsay a d’ailleurs admis qu’il avait dû user de ruse auprès de Lemieux pour s’assurer que son poulain demeure motivé malgré sa situation précaire.

«Je savais que le combat était excessivement serré. À partir du huitième round, je l’ai beaucoup bluffé. Je lui ai dit: ‘David, on a besoin d’un knock-out’. Je mettais beaucoup de pression sur ses épaules. Pas tellement parce qu’on avait besoin d’un knock-out, mais j’avais besoin des rounds», a-t-il raconté

Tout le monde dans le clan Lemieux s’entendait pour dire que la longue période d’inactivité depuis le dernier combat du boxeur – il ne s’était pas battu depuis septembre 2018, blessures et problèmes de poids obligent – expliquait en très grande partie l’allure inquiétante qu’il a eue dans l’arène.

«L’inactivité depuis septembre 2018 m’a frappé un peu, a reconnu le principal intéressé. Mais à mesure que les rounds avançaient, je me sentais de mieux en mieux. Les coups de poing devenaient de plus en plus secs, et j’atteignais la cible plus souvent.»

«Dans les cinq premiers rounds, la rouille était là. C’était clair qu’il n’avait pas son timing. Il était à plat, c’était très clair.»

-Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management

Ce qui est aussi très clair, c’est que Lemieux devra attendre avant de se lancer dans un combat de championnat du monde au sein de sa nouvelle catégorie de poids. Au moins un autre combat pour évaluer correctement la manière dont il se débrouille chez les super-moyens sera nécessaire avant de passer à une quelconque étape supérieure.

Un retour à 160 lb, qui relevait carrément de l’utopie il y a quelques jours à peine, a même été évoqué après le combat. Il faudra s’asseoir et déterminer ce qui est l’idéal pour Lemieux pour la suite, a-t-on dit.

Quand même étonnant que cette porte soit encore ouverte, quand on connaît tous les problèmes récents que Lemieux a connus pour faire le poids à ses dernières sorties chez les 160 lb.

Makhmudov, fidèle à lui-même

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Arslanbek Makhmudov (à gauche) a tôt fait de liquider Samuel Peter. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On ne peut pas dire qu’Arslanbek Makhmudov (10-0, 10 K.-O.) a abusé de l’hospitalité du Centre Bell. Le toujours terrifiant Russe n’a mis que 2:23 pour triompher de l’Américain Samuel Peter (38-9, 31 K.-O.), ex-champion WBC des lourds, et ainsi défendre son titre NABF de la catégorie pour une première fois.

Tous ceux qui se sont frottés à Makhmudov pourraient vous le dire, ce n’est jamais une bonne idée d’effaroucher celui qu’on surnomme le Lion. Après quelques attaques somme toute banales de Peter, Makhmudov a décidé que le temps était venu d’ouvrir la machine et d’en finir avec le visiteur.

Activant donc les missiles qu’il a à la place des bras, Makhmudov a envoyé Peter au tapis avec un percutant crochet droit. Ce dernier s’est relevé, mais il a aussitôt eu droit à une nouvelle salve d’attaques de son adversaire. Une autre violente droite a renvoyé un Peter complètement sonné dans son coin. Se tenant tant bien que mal sur ses pieds, le boxeur de Las Vegas a signalé à l’arbitre Steve St-Germain qu’il en avait assez. L’officiel a donc écourté ses souffrances.

En quittant l’arène, entouré de ses entraîneurs et de partisans venus le féliciter, Makhmudov s’est fait apostropher par un certain Don Haynesworth, un autre poids lourd américain venu le défier au combat. Un bref coup d’oeil sur son pedigree nous permet de conclure assez rapidement qu’il n’a rien du tout pour menacer Makhmudov.

«C’est un gars de remplacement. On peut peut-être s’en servir pour autre chose, mais avec Makhmudov, on regarde vers l’avant», a résumé Ramsay, qui entraîne aussi le Russe.

Et en avant, il semble que ce soit un bond colossal qui attend Makhmudov. Camille Estephan a annoncé qu’il déposerait une offre de 20 millions de dollars pour amener le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury à Montréal pour affronter son protégé. Ce n’était pas une blague ou le résultat d’une langue fourchue: le promoteur a réitéré son projet à plusieurs reprises devant les médias. On verra à quel point son plan est réalisable, mais on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

D’ici là, s’il y a quelque chose de positif à retenir de ce bref duel, c’est qu’on aura pu entendre comment sonne la sirène annonçant la venue de Makhmudov vers le ring dans un amphithéâtre de la trempe du Centre Bell. Du bonbon, chers amis. Du vrai gros bonbon…

Un Kean renouvelé l’emporte

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Simon Kean (à droite) a pu profiter de l’inaction de Siarhei Liakhovich. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Simon Kean avait Siarhei Liakhovich dans sa ligne de mire dès 2018. En principe, les deux hommes devaient croiser le fer une fois que Kean aurait disposé de Dillon Carman. Sauf que le Trifluvien a plutôt encaissé une amère défaite face à Carman en octobre, et a dû mettre le projet sur la glace par la suite.

C’était donc partie remise pour les deux hommes samedi soir, et c’est Kean (18-1, 17 K.-O.) qui en est ressorti gagnant, signant une victoire par arrêt de l’arbitre à 2:04 du dixième et ultime assaut. Il est du même coup devenu champion WBC International Silver des poids lourds.

On a souvent critiqué le Québécois pour sa mobilité douteuse et sa défense généreuse, mais force est d’admettre qu’il a bien mieux paru que d’habitude samedi. Il a notamment fait un bel usage de sa longue portée afin de tenir Liakhovich (27-8, 17 K.-O.) à distance et ainsi dicter le tempo de l’affrontement. Sa défense, justement, s’est aussi bien resserrée de manière générale. On est encore loin de la perfection, cela va de soi. Mais c’est certainement encourageant en ce qui le concerne.

Il faut dire, en toute honnêteté, que le boxeur du Bélarus n’a rien fait qui vaille pour aider sa cause. Très peu actif dans l’ensemble, hormis quelques rares étincelles, il a laissé Kean le malmener pendant la majeure partie du combat.

On veut bien croire que Liakhovich a 43 ans et qu’il en était à un premier combat en plus de deux ans (et un deuxième en cinq ans…), mais on s’attendait à une meilleure opposition de la part d’un pugiliste qui s’est mesuré à de grosses pointures comme Wilder, Andy Ruiz fils, Bryant Jennings et Nikolai Valuev

Les autres résultats

Non, Sadriddin Akhmedov (11-0, 10 K.-O.) et l’Argentin Jose Antonio Villalobos (12-6-2, 7 K.-O.) ne s’aimaient pas, samedi soir. Insultes, coups à la limite de la légalité, allures de guerre de fond de ruelle… Il y en a eu pour tous les goûts. Du moins, jusqu’à ce qu’Akhmedov assène une terrifiante droite en plein visage de Villalobos, à 1:27 du septième round. Le Sud-américain s’est aussitôt effondré comme un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a immédiatement mis fin au combat. Villalobos, lui, a mis plusieurs minutes avant de reprendre ses esprits.

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Kim Clavel (à gauche) a mis la main sur un premier titre mineur. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Kim Clavel (11-0, 2 K.-O.) n’a pas raté sa chance de mettre la main sur un premier titre mineur en carrière. En disposant de la Mexicaine Esmeralda Gaona Sagahon (7-4) par décision unanime (100-90 partout), la pugiliste de Joliette est devenue championne NABF des mi-mouches. L’affrontement fut âprement disputé, plus serré que ce les cartes de pointage démontrent, mais dans l’ensemble, Clavel aura porté les meilleurs coups.

À son premier combat depuis son dur revers face à Uriel Perez, le 28 septembre, Mathieu Germain (18-1-1, 8 K.-O.) s’est montré plus agressif dans le ring, lui qui nous avait habitué à un style axé sur l’évasion et l’agilité. Ce fut suffisant pour lui permettre de vaincre le Mexicain Gilberto Meza (11-9-1, 7 K.-O.) par décision unanime (79-73, 80-72, 80-72), et ainsi rebondir avec brio de sa défaite.

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Lexson Mathieu s’est à nouveau illustré samedi soir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Comme Clavel, Lexson Mathieu (8-0, 7 K.-O.) a remporté un premier titre mineur en carrière, à savoir la ceinture NABF junior des super-moyens, en réglant le cas du Mexicain Rolando Paredes (16-9-2, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:11 du huitième et dernier round. Un rude duel au cours duquel les deux hommes se sont tapochés à qui mieux mieux. Au dernier assaut, l’orgueuil de Québec, testé comme jamais auparavant, a fini par envoyer Paredes au tapis à deux reprises grâce à de violents crochets.

Avery Martin-Duval (4-0, 3 K.-O.) a facilement vaincu le Mexicain Raul Corona (2-3) par arrêt de l’arbitre à 1:24 du deuxième round. Le jeune Montréalais a envoyé son adversaire une première fois au tapis dans cet engagement avec un solide crochet droit, avant de réitérer l’expérience quelques secondes plus tard avec une série de coups. C’en était alors fait de Corona.

Martine Vallières-Bisson (1-0) et la Tchèque Tereza Dvorakova (0-3) ont offert une excellente bagarre pour lancer la soirée. La Québécoise en est ressortie gagnante par décision majoritaire (39-37, 39-37, 38-38), couronnant ainsi de belle façon ses débuts professionnels après 18 ans en boxe amateur.

Lemieux fera son retour à Montréal

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

La rumeur flottait dans l’air depuis un moment, mais c’est désormais confirmé : un peu moins de 15 mois après son dernier combat, David Lemieux effectuera son grand retour dans le ring en tant que tête d’affiche du gala fort bien garni qu’Eye of the Tiger Management présentera le 7 décembre au Centre Bell. Un premier dans l’enceinte montréalaise depuis le deuxième affrontement entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, le 3 juin 2017.

Pour l’occasion, Lemieux (40-4, 34 K.-O.) se frottera à l’Ukrainien Max Bursak (34-5-2, 15 K.-O.), 35 ans. Le combat sera disputé à 168 lb, un baptême pour le Québécois dans cette catégorie et, mine de rien, une première sortie en plus de trois ans à Montréal. Sa plus récente présence dans la métropole remonte au 22 octobre 2016, alors qu’il avait vaincu Cristian Fabian Rios.

« [Bursak], je ne le connais pas beaucoup, mais je sais qu’il est solide et que j’aurai tout un cas entre les mains », a lancé Lemieux. L’entente avec Bursak n’a été officialisée que quelques heures avant la conférence de presse annonçant l’événement, mardi.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lemieux était dû pour se battre. Depuis qu’il a mis moins d’un round pour régler le cas de Gary O’Sullivan, en septembre 2018, il y a eu ce combat contre Tureano Johnson annulé en raison d’un malaise de Lemieux, incapable de se présenter à la pesée. Quelques mois plus tard, c’était une blessure à la main qui l’empêchait d’affronter John Ryder, dans ce qui aurait été son premier duel à 168 lb.

En principe, Lemieux devait reprendre du service en sous-carte du combat entre Saul « Canelo » Alvarez et Sergey Kovalev, le 2 novembre à Las Vegas. Or, les plans des organisateurs de ce choc très attendu ont changé, et le clan Lemieux a jugé qu’il valait mieux pour le boxeur que son retour dans l’arène ait lieu à la maison.

L’occasion d’avoir des réponses

En Bursak, Lemieux trouvera sur sa route un rival qui n’a jamais été arrêté avant la limite. Il s’est notamment incliné par décision unanime devant le champion WBO des super-moyens, Gilberto Ramirez, en avril 2017.

« Aucun boxeur n’a été capable de lui faire mal, a fait valoir le directeur général d’Eye of the Tiger, Antonin Décarie. Personnellement, je trouvais qu’il représentait un niveau [de difficulté] un peu élevé, mais si on avait trouvé un adversaire qui n’était pas de niveau, David n’aurait pas eu la même motivation, la même hargne. Il veut vraiment faire mal à Bursak. »

Avec la puissance caractéristique de ses poings, nul doute que Lemieux pourra à tout le moins lui sonner les cloches à quelques reprises. Le cœur de l’intrigue se situe plutôt dans l’allure qu’il aura dans le ring.

Lemieux a beau s’être entraîné sans relâche au cours des 15 derniers mois – les images diffusées sur les réseaux sociaux laissent d’ailleurs l’impression d’une condition physique optimale –, il faudra voir comment ce dur travail se traduira entre les câbles le soir du gala, au terme d’une si longue absence.

À quel point la rouille se sera-t-elle incrustée? Et pourra-t-il s’en débarrasser rapidement?

Mais surtout, comment se comportera Lemieux dans une nouvelle catégorie de poids qui demeurera la sienne pour l’avenir? Parce qu’au risque de se répéter, avec tous les problèmes vécus à ses dernières pesées, un retour de Lemieux chez les poids moyens est carrément impensable.

« C’est une étape importante. On voulait un adversaire qui allait nous permettre de bien évaluer les possibilités pour David à 168 lb. Bursak est excessivement résistant et n’a jamais été mis K.-O.. On a fait ce choix [d’adversaire] dans le but d’avoir des rounds », a décrit l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

En tout cas, le principal intéressé, lui, semble pleinement confiant en vue de ce nouveau départ.

« À 168 lb, vous verrez un David Lemieux plus fort qu’à 160 lb! », a-t-il fièrement promis.

Injection d’expérience pour Makhmudov

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Arslanbek Makhmudov sera confronté au plus grand test de sa jeune carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À l’origine, le gala du 7 décembre devait mettre en vedette Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.). Si c’est désormais Lemieux qui fera les frais de l’attraction principale, le géant russe ne sera pas en congé pour autant puisqu’il défendra son titre NABF des lourds face à Samuel Peter (38-8, 21 K.-O.)

Ce dernier n’est peut-être plus une prime jeunesse à 39 ans, et ses meilleurs jours font certainement partie de son passé. N’empêche, il serait bien mal avisé de prendre le vétéran nigérian à la légère. Au cours de sa longue carrière, Peter, ex-champion WBC, a affronté plusieurs gros noms de la division des poids lourds : les frères Wladimir et Vitali Klitschko, Kubrat Pulev, James Toney, Hughie Fury…

« Ce ne sera pas un combat dans lequel on pourra simplement se présenter. Il faudra être disciplinés et bien préparés. Le danger est réel », a prévenu Marc Ramsay, qui entraîne aussi Makhmudov.

Ceux qui réclament depuis longtemps de voir Makhmudov en découdre avec un adversaire de calibre supérieur verront donc leur souhait exaucé. D’autant que Peter, comme Makhmudov, est réputé pour sa force de frappe. Il sera intéressant de voir comment le Lion réagira si Peter parvient à l’atteindre, ce qui ne lui est pas arrivé très souvent jusqu’ici.

« [Arslanbek] a seulement neuf combats professionnels [à sa fiche], mais il est rendu à une étape où on peut sauter quelques marches. Il a l’expérience et le potentiel pour faire ça », a expliqué Ramsay.

Kean croisera finalement Liakhovich

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Simon Kean se mesurera à celui qu’il aurait dû affronter il y a un an. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À peu près à pareille date l’an dernier, l’affaire était dans le sac. Simon Kean allait affronter le Russe Siarhei Liakhovich. Celui-ci était même assis au parterre du Centre Vidéotron de Québec pour épier Kean, qui affrontait Dillon Carman ce soir-là.

Mais avant que le projet devienne réalité, Kean (17-1, 16 K.-O.) devait vaincre Carman. Et on sait ce qui s’est produit.

L’attente a donc été un peu plus longue que prévu, mais le Trifluvien aura finalement sa chance contre Liakhovich (27-7, 17 K.-O.) le 7 décembre.

« C’est un combat très stimulant pour moi. C’est un bon défi à relever », a affirmé Kean, qui a eu sa revanche sur Carman en juin à Shawinigan.

Liakhovich, 43 ans, en est un autre qui a eu maille à partir avec quelques noms parmi les plus en vue chez les poids lourds. De Deontay Wilder à Andy Ruiz fils, en passant par Bryant Jennings, Nikolai Valuev et Shannon Briggs. Notons cependant qu’il n’aura pas boxé depuis près de deux ans lorsqu’il s’amènera dans le ring du Centre Bell.

Malgré cela, comme Kean le dit lui-même, le défi sera de taille pour lui. Voyons voir s’il pourra le relever.

Les autres combats

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Mathieu Germain aura l’occasion de venger sa défaite contre Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Steven Butler devait lui aussi faire partie du gala. Il a cependant cédé sa place à Mathieu Germain, qui a encaissé une première défaite en carrière face à Uriel Perez il y a quelques jours.

Selon diverses sources, Butler se battrait en championnat du monde le 31 décembre au Japon contre le dangereux Ryota Murata, tenant du titre WBA. Sans confirmer cette information, le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a indiqué qu’une annonce au sujet de Butler viendrait sous peu.

L’adversaire de Germain n’est pas encore connu, mais pour le boxeur qui vient de fêter ses 30 ans, ce sera surtout l’occasion de prouver que son revers n’était qu’un accident de parcours.

« Je dois vivre avec cette défaite. Elle est derrière moi et maintenant, je dois m’asseoir avec mon équipe pour comprendre pourquoi j’ai perdu et ce qu’il faut faire pour s’améliorer », a-t-il dit, tout en laissant entendre qu’il souhaiterait un combat revanche contre Perez.

Kim Clavel sera également de la partie, et aura possiblement la chance de mettre la main sur un premier titre mineur. Sadriddin Akhmedov et Lexson Mathieu se battront aussi, et ce, peu importe l’issue de leurs combats respectifs le 25 octobre, à Québec. Avery Martin Duval, Raphaël Courchesne et Adam Braidwood compléteront la carte. L’identité des adversaires de tout ce beau monde sera dévoilée plus tard.

Bien que le gala ait lieu au Centre Bell, Eye of the Tiger prévoit accueillir un maximum de 6000 spectateurs dans les gradins. Une décision en partie économique, selon Camille Estephan. « On veut minimiser les coûts et dépenser pour [la qualité des] combats », a-t-il expliqué.

Chose certaine, à première vue, ce gala sera l’un des plus relevés des dernières années au Québec. Il n’y a que trois duels confirmés, certes, mais chacun comporte un enjeu qui lui donne une saveur particulière : le retour de Lemieux dans une nouvelle catégorie, l’essor de Makhmudov qui se poursuit et une (autre) deuxième chance pour Kean.

Et entre nous, ça fera du bien à tout le monde de revoir de la boxe au Centre Bell. Il était temps.

Le Lion repu, Germain déçu

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Avant toute chose, Ringside vous doit des excuses. L’humble blogue pugilistique que vous consultez en ce moment était en quelque sorte en dormance depuis plusieurs semaines, sans avoir manifesté de signes avant-coureurs d’une telle hibernation au préalable. Sincèrement désolé pour cela.

Diverses raisons expliquent cette longue période d’inactivité, mais l’une d’elles se distingue: elle s’appelle Sophie, et elle est née jeudi dernier, le 19 septembre.

Tous ceux qui sont passés par là savent qu’un élargissement des cadres familiaux requiert plusieurs préparatifs pour lesquels on doit s’investir à fond. L’auteur de ces lignes a ainsi consacré l’essentiel de ses énergies à faire en sorte que tout soit prêt pour accueillir la nouvelle membre de son clan. Parce que, pour paraphraser Stéphane Richer, il n’y a pas juste la boxe dans la vie.

Mais le voici donc prêt à reprendre du service afin, souhaitons-le, d’informer et divertir un brin l’amateur de boxe que vous êtes. En espérant que ce but sera atteint.

Makhmudov rugit toujours aussi fort

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Arslanbek Makhmudov (à droite) donne du fil à retordre au Mexicain Julian Fernandez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il n’y a peut-être pas juste la boxe dans la vie, mais il y en avait très certainement au Casino de Montréal samedi après-midi, à l’occasion du deuxième gala présenté par Eye of the Tiger Management cette semaine.

Pièce maîtresse de ce gala diurne: un duel de poids lourds entre Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.) et le Mexicain Julian Fernandez (14-2, 10 K.-O.). Et comme c’est son habitude, le Russe ne s’est pas éternisé en freinant Fernandez à 1:19 du troisième round. Il met ainsi la main sur le titre vacant de la NABF des poids lourds, lui qui était déjà tenant de la ceinture WBC Continental dans la catégorie.

«Dans le ring, il y a toujours des émotions. Je sais que l’autre gars veut la même chose que moi: m’achever. Mais après le combat, je veux que tout soit correct pour tout le monde. J’ai du respect pour [Fernandez], c’est un bon gars», a expliqué Makhmudov, affable en dépit de son allure parfois terrifiante.

Une fois le son de la traditionnelle sirène signalant son entrée sur le ring éteint, Makhmudov a tôt fait d’afficher ses couleurs à son adversaire en lui faisant goûter le cuir de ses gants à quelques reprises.

Mais surprise! Fernandez arrivait à encaisser les puissants assauts du colosse russe, et de jolie façon, d’ailleurs. Le Mexicain s’est même permis de lui rendre la pareille à l’occasion. On oserait même affirmer que Makhmudov n’avait jamais été atteint aussi souvent avant ce duel. Il faut dire que ses autres combats ont rarement été bien longs…

«On a vu sur les vidéos que c’était un gars qui semblait résistant. C’est quelque chose qu’on recherche toujours chez un adversaire, on veut quand même faire quelques rounds. […] On s’attendait à ce genre d’opposition.»

-Marc Ramsay, entraîneur d’Arslanbek Makhmudov

Rien pour énerver Makhmudov, cela dit. Il a patiemment attendu que Fernandez lui offre une ouverture pour poursuivre son travail de démolition. Au deuxième engagement, Fernandez s’est mis à saigner du nez. Puis, au troisième, une contre-attaque de la main gauche de Makhmudov a complètement ébranlé le visiteur.

Makhmudov n’en demandait pas tant: il a emprisonné Fernandez dans le coin quelques secondes plus tard et l’a pilonné sans gêne jusqu’à ce que l’arbitre Alain Villeneuve en ait assez.

«Techniquement, il y a de petites choses que j’aurais préféré qu’il fasse mieux, a confié Ramsay au sujet de son poulain. Mais c’est un projet. Il ne faut pas oublier qu’il n’a livré que neuf combats. On est là-dessus. On essaie d’en faire le meilleur boxeur possible.»

Petit à petit, Makhmudov se fait un nom sur la planète boxe. Et foi de son équipe, sa prochaine sortie se fera face à un opposant de gros calibre. Quelques candidats ont déjà été approchés. Bogdan Dinu, autrefois associé à InterBox, a refusé d’emblée de se frotter au Russe. Bryant Jennings, victime d’Oscar Rivas en janvier, et Chris Arreola ont aussi décliné l’invitation.

Le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a confié être en négociations avec un «très grand nom» et espère pouvoir annoncer un accord la semaine prochaine ou la suivante. Le combat serait présenté dans le cadre du grand gala qu’EOTTM présentera le 7 décembre au Centre Bell.

«Le mandat qu’on a, c’est de trouver un adversaire qui [fera dire] aux gens de l’industrie de la boxe: ‘wow, ils sont sérieux!’ Pas un nom qui ne signifie absolument rien, et pas un gars qui ne représente aucun danger», a pour sa part prévenu Marc Ramsay.

Germain frappe un mur

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Mathieu Germain (à droite) a dû s’avouer vaincu devant Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale, Mathieu Germain (17-1-1, 8 K.-O.) a subi une amère défaite, une première en carrière, s’inclinant par arrêt de l’arbitre à 2:16 du cinquième round face au Mexicain Uriel Perez (19-4, 17 K.-O.).

Bien souvent, les boxeurs qui viennent d’être vaincus ne sont pas très chauds à l’idée de commenter le combat auprès des médias, à plus forte raison lorsqu’on vient de leur passer le knock-out. On croyait au départ que Germain ne se présenterait pas devant les micros et les caméras. Or, il a plutôt insisté pour rencontrer les journalistes. Voilà qui est tout à son honneur, et qui témoigne d’une grande capacité d’introspection et d’une franchise évidente.

«C’est sûr que je voulais gagner. J’ai travaillé fort. C’est très décevant, mais je garde la tête haute. On va revenir plus fort et je n’irai pas me cacher dans un coin à cause de cette défaite.»

-Mathieu Germain

On a vite compris pourquoi Perez affichait 16 K.-O. au compteur au moment d’entrer dans l’arène. Ses frappes étaient puissantes, accablantes. Chaque coup touchant la cible retentissait à travers le Cabaret du Casino.

Germain a bien tenté de mettre sa vitesse et ses talents athlétiques à profit, mais Perez, doté d’une impressionnante carrure pour un super-léger, ne lui a laissé que très peu de marge de manoeuvre.

Le Mexicain a ébranlé le Québécois une première fois au quatrième assaut à l’aide d’une main gauche au visage. Germain s’est ressaisi dans la mesure du possible, mais le mal était fait. Au round suivant, il s’est retrouvé au plancher après un autre coup de la gauche de Perez.

Germain s’est relevé, mais de toute évidence, il n’était plus dans le coup. L’arbitre Steve St-Germain a certainement évité que la situation dégénère en décrétant alors la fin des hostilités.

«Dans ma tête, je voulais aller gagner le cinquième round. Mais il m’a touché de nouveau. Je suis tombé, et je disais des mauvais mots que je ne répéterai pas pendant que j’essayais de me relever. J’étais là, c’est juste que les jambes ne suivaient pas», a relaté Germain tout en reconnaissant le bien-fondé de la décision de l’officiel.

«Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était une mauvaise soirée au bureau, a-t-il poursuivi. Il m’a touché et il a les mains lourdes. Ce n’est pas un coup chanceux parce qu’il a travaillé pour son coup. Il m’a touché et il m’a ébranlé. Ce sont les risques de la boxe.»

Même s’il n’était pas en jeu officiellement, tout porte à croire que Germain perdra son titre nord-américain de l’IBF chez les super-légers avec ce revers, en plus d’être exclu du top-15 de l’association. Dommage, quand on pense à tout le temps et les efforts investis pour finalement s’y tailler une place (il figurait au 11e rang du classement en date de samedi).

«On a tous eu des défaites dans la vie. Il faut se remettre debout, être fier, travailler encore plus fort et apprendre», a indiqué Camille Estephan, avouant qu’il était inquiet pour son boxeur en vue de cet affrontement.

Il faut dire que les derniers jours ont été particulièrement occupés pour Germain, alors qu’il a accueilli sa troisième fille la semaine dernière. L’heureux événement a-t-il pu avoir un quelconque effet sur son camp d’entraînement et sa préparation pour ce combat? Si Estephan a laissé entendre que ce pouvait être le cas, Germain, lui, refuse de s’en servir comme prétexte.

«Ma petite fille est née à un bon moment: elle est née la semaine avant le combat, et non durant la semaine du combat. Je n’ai pas d’excuse à donner. J’étais prêt à 100%», a assuré le pugiliste.

Les autres résultats

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Lexson Mathieu (à gauche) a signé une autre victoire rapide. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Poussé à la limite lors de sa dernière sortie, Lexson Mathieu (6-0, 5 K.-O.) n’aura pas veillé très tard dans le ring, cette fois. Le pugiliste de Québec a réglé le cas du Mexicain Juan Sergio Torres Perez (7-9, 6 K.-O.) après seulement 2:22 d’action. Alors que son adversaire le tenaillait dans le coin de l’arène, Mathieu a laissé partir une violente gauche sortie de nulle part qui a abouti en pleine figure de Torres Perez. Ce dernier s’est aussitôt effondré de tout son long, et n’a jamais pu se relever avant la fin du compte de dix.

Au cas où vous vous posiez la question, oui, Darnell Boone (24-25-5, 13 K.-O.) est toujours vivant. L’Américain a beau avoir 39 ans, il continue de boxer, même s’il n’était pas monté dans le ring depuis près d’un an au moment d’affronter Artur Ziyatdinov (11-0, 8 K.-O.) samedi après-midi. Malgré une condition physique qui laissait à désirer, une vitesse d’exécution parfois suspecte et une chute au deuxième round, ce bon vieux renard de Boone a livré une opposition fort respectable à Ziyatdinov, qui l’a emporté par décision unanime (78-73, 78-73, 79-72).

Sébastien Roy (8-0, 1 K.-O.) a eu fort à faire pour conserver sa fiche parfaite devant l’Ontarien Larone Whyte (6-4, 5 K.-O.). Le boxeur de Thetford Mines a plié les genoux au cinquième round après avoir reçu un vif crochet au visage, mais il s’est bien repris par la suite pour finalement remporter ce rude duel par décision unanime (59-55, 58-56, 58-56).

En ouverture de gala, Vislan Dalkhaev (12-1, 3 K.-O.) est sorti vainqueur de son premier combat en sol québécois depuis le 24 novembre 2018 en prenant la mesure du Mexicain Oscar Mata (8-5-1, 3 K.-O.) par décision unanime (60-54, 59-55, 59-55). Le Russo-montréalais a dicté le tempo tout au long de cet affrontement aux accents techniques.

La boxe de retour au Centre Bell en décembre

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Question quiz pour vous : à quand remonte le dernier gala de boxe présenté au Centre Bell?

Réponse : au 3 juin 2017, et il mettait en vedette le combat revanche entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara. Ça fait un léger bail, n’est-ce pas? Pour l’anecdote, il s’agit du premier gala que Ringside a couvert au cours de sa jeune histoire.

Nous étions donc dus pour revoir un peu de pugilat dans la prestigieuse enceinte montréalaise. On savait déjà qu’Eye of the Tiger Management (EOTTM) envisageait sérieusement la possibilité d’y présenter un gala d’ici la fin de l’année. L’organisation a confirmé ses intentions mercredi, en annonçant la tenue d’un événement dans l’amphithéâtre le 7 décembre.

Bien sûr, il est encore trop tôt pour dire qui sera de la carte ce soir-là. Les noms de David Lemieux, Yves Ulysse et Erik Bazinyan ont été évoqués, mais rien d’officiel pour le moment.

Ce qu’on sait, par contre, c’est que les trois galas qu’EOTTM présentera avant celui-ci serviront à déterminer quels boxeurs de l’entreprise mériteront de figurer au programme de la soirée au Centre Bell. Voyez-y un genre de série d’auditions, si vous voulez.

« C’est un entonnoir pour les meilleures performances, a précisé le grand patron d’EOTTM, Camille Estephan. Nos boxeurs auront de la compétition entre eux. Seulement dix d’entre eux pourront boxer au Centre Bell. »

Et comment se dérouleront ces auditions? Voyons un peu…

D’abord Butler…

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Steven Butler / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En premier lieu, les boxeurs d’Eye of the Tiger seront à l’œuvre le 26 septembre au Casino de Montréal, lors d’une soirée dont l’attraction principale mettra en vedette Steven Butler (27-1-1, 23 K.-O.). Son adversaire est trouvé, le contrat est signé, mais l’identité de ce dernier n’a pas encore été révélée.

Camille Estephan nous assure cependant qu’il s’agira d’un « très grand test » pour Butler, qui n’a pas vu d’action depuis sa victoire difficilement acquise aux dépens de Vitalii Kopylenko, le 2 mai à Las Vegas.

« [À Las Vegas], on n’a pas eu le résultat qu’on attendait, a convenu Butler. Ce n’était pas ma meilleure performance. Il y avait des ajustements à faire, et maintenant, je vais revenir plus fort. »

En demi-finale, le nouveau marié Batyr Jukembayev (16-0, 13 K.-O.) croisera le fer avec le vétéran Miguel Vasquez (41-8, 15 K.-O.), pourfendeur de Ghislain Maduma en mars. Kim Clavel, Sadriddin Akhmedov, Nurzat Sabirov, Raphaël Courchesne, Avery Martin Duval et Aman Kazankapov compléteront la carte.

…puis Makhmudov

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Mathieu Germain sera de la demi-finale du gala du 28 septembre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Deux jours plus tard, le 28 septembre, Arslanbek Makhmudov (8-0, 8 K.-O.) assurera la finale d’un gala présenté en après-midi, toujours au Casino. Le colossal Russe se mesurera pour l’occasion au Congolais Tshibuabua Kalonga (9-0, 5 K.-O.). Le gagnant mettra la main sur le titre WBC International Silver des poids lourds.

Kalonga, 35 ans et champion d’Afrique, ne s’est d’ailleurs pas gêné pour faire part de ses intentions dans un message vidéo adressé à Makhmudov et EOTTM. Comme vous pouvez le constater ci-dessous, ça a le mérite d’être clair.

 

Mathieu Germain (17-0-1, 8 K.-O.), qui a finalement percé le top-15 de l’IBF après une longue attente, sera pour sa part de la demi-finale de ce gala, contre un adversaire qui reste à déterminer. Lexson Mathieu, Artur Ziyatdinov, Sébastien Roy et Kaemy Cloutier seront aussi en action, tout comme les deux plus récents ajouts à l’équpe d’EOTTM, Georgi Chelokhsaev et Gleb Bakshi.

Chelokhsaev (16-1-1, 12 K.-O.) est actuellement au neuvième rang de la WBO chez les super-légers, tandis que Bakshi, qui effectuera ses débuts professionnels le 28 septembre, a notamment été nommé boxeur par excellence de Russie en 2018.

Détour à Québec

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Il y a fort à parier que Lexson Mathieu sera en action à Québec en octobre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

EOTTM fera par la suite escale à Québec le 18 ou le 25 octobre pour le troisième et dernier gala « préliminaire » à la grande soirée du 7 décembre. Les détails de la carte n’ont pas été dévoilés, mais il est déjà acquis que Lexson Mathieu, Vincent Thibault et Clovis Drolet – tous natifs de la Vieille Capitale – auront leur nom au programme.

Si on suit la logique « éliminatoire » des trois galas qui précéderont celui au Centre Bell, on peut supposer que ceux qui compléteront la carte de Québec – ou, du moins, certains d’entre eux – ne se seront pas battus lors des deux galas de septembre. Jusqu’à maintenant, Mathieu apparaît comme la seule exception au tableau, lui qui aura combattu au Casino le 28 septembre.

Qui aura la chance de se faire valoir, donc? Simon Kean? Artem Oganesyan? Andranik Grigoryan? On verra bien.

Ce qui est cependant clair, c’est que le retour de la boxe au Centre Bell – espérons que des imprévus ne viennent pas contrecarrer le projet – est une excellente nouvelle pour le sport. Et vous, avez-vous des idées sur l’allure qu’aura la carte ce soir-là?

Rédemption obtenue

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

SHAWINIGAN – Ce ne fut pas très chic. Ce ne fut pas très élégant d’un point de vue pugilistique. Mais Simon Kean, lui, s’en balance complètement. Parce qu’en bout de ligne, samedi soir, il a eu ce qu’il voulait: sa rédemption.

Huit mois après sa cuisante défaite face à Dillon Carman, le Grizzly a pu savourer une douce vengeance au Centre Gervais Auto de Shawinigan en triomphant de l’Ontarien par arrêt de l’arbitre à 1:56 du troisième round, au vif plaisir des 3652 spectateurs réunis dans l’amphithéâtre.

Comme on l’écrivait ici, Kean (17-1, 16 K.-O.) n’avait d’autre choix que de remporter ce combat revanche. Un second revers contre Carman (14-5, 13 K.-O.) aurait à peu près mis un terme à sa carrière. Or, il a non seulement gagné, il a signé une victoire claire et nette.

«Je suis soulagé. Je suis vraiment fier!», a lancé Kean dans le ring, quelques instants après sa victoire.

«Il bougeait sa tête beaucoup plus [que lors du premier combat], a analysé Carman. Il avait peur de ma main droite, alors il ne l’a pas laissée l’atteindre.»

Il y avait pourtant lieu de s’inquiéter dans les premiers instants de l’affrontement. Carman faisait alors à peu près ce qu’il voulait avec son adversaire, l’atteignant constamment avec un jab hyper-efficace. Kean, à l’opposé, ne semblait pas trop savoir quoi faire devant une telle rafale.

«Je lui ai fait mal à quelques reprises durant le combat. Je l’ai atteint avec quelques très bons jabs qui lui ont fait reculer la tête, et j’aurais dû continuer avec ça. […] C’était mon erreur», a avoué Carman.

La nervosité était toujours aussi palpable chez Kean au deuxième engagement, à tel point que son entraîneur Jimmy Boisvert a jugé que le moment étant venu de sortir le fouet durant la minute de pause.

«On a eu une petite discussion entre les rounds. Il avait oublié de suivre le plan de match établi dès le début», a-t-il simplement décrit.

«Il m’a botté le cul!, a confirmé Kean en riant. Il m’a dit: ‘Écoute, tu fais pas ce que je t’ai demandé, tab… Envoye, va te battre! Arrête de faire ton peureux!’ J’ai dit: ‘OK, c’est correct’.»

De toute évidence, le discours a eu l’effet qu’il devait avoir. À la troisième reprise, le Trifluvien a ouvert la machine et commencé à attaquer Carman de manière bien plus agressive.

La défense du boxeur de Mississauga s’est alors effritée petit à petit. En plus d’être coupé sur le côté de l’oeil droit, Carman s’est retrouvé au tapis à la suite d’un crochet droit au visage. Il s’est relevé, mais n’était plus le même par la suite.

Quelques secondes plus tard, Kean l’emprisonnait dans un coin de l’arène pour le pilonner sans merci. C’est alors que l’arbitre Steve St-Germain s’est interposé pour mettre fin au duel, et du même coup, semer l’euphorie dans l’arène et chez les bruyants partisans. Un arrêt un peu hâtif au goût de Carman, mais bon, ce qui est fait est fait.

Chaque boxeur ayant remporté un volet de leurs affrontements, verrons-nous un autre duel Kean-Carman sous peu? En tout cas, Carman le souhaite ardemment.

«Ils [Eye of the Tiger Management] m’ont dit qu’ils m’accorderaient une revanche pour organiser la trilogie. Tout le monde aime les trilogies de boxe, alors allons-y», a-t-il affirmé.

Du côté des vainqueurs, si on ne ferme pas la porte à une telle éventualité, on demeure tout de même prudent. «Si les fans veulent un troisième combat, je vais le donner. Je suis ouvert à n’importe quoi», a fait savoir Kean.

Donc, arrivera, arrivera pas, cette trilogie? À la lumière des deux premiers combats entre ces deux hommes, on a envie de dire: pourquoi pas?

Clavel toujours aussi dominante

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Kim Clavel (à droite) est demeurée parfaite en neuf sorties. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Autre combat, autre belle sortie pour Kim Clavel (9-0, 2 K.-O.), qui a vaincu la Mexicaine Nora Cardoza (14-7-2, 11 K.-O.) par décision unanime (80-72 partout). Un pointage étonnant dans la mesure où le duel a souvent semblé beaucoup plus serré.

«Elle s’est ajustée durant le combat. Elle a terminé en force. Ce n’était pas un combat facile lors duquel il fallait que je sois paresseuse ou un peu easygoing, comme on dit. Il fallait que j’aille travailler et que je sorte les outils que j’avais dans mon sac», a analysé Clavel.

Ce sont précisément les aptitudes techniques et la rapidité de Clavel qui auront fait pencher la balance en sa faveur au final. Cardoza, malgré quelques honorables tentatives pour se mettre en marche offensivement, s’est retrouvée menottée plus souvent qu’à son tour.

«Tout ce que j’ai travaillé dans le gym, j’ai pu le faire pendant le combat, a fait valoir Clavel. Pour moi, c’est donc un accomplissement. J’ai évolué, et c’est ce qu’on recherchait ce soir.»

Retour victorieux pour Braidwood

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Adam Braidwood / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Un an après y avoir connu la défaite aux dépens de Simon Kean, Adam Braidwood (14-2, 13 K.-O.) était de retour à Shawinigan pour y affronter l’Américain Andrew Satterfield (5-3, 3 K.-O.). Mais cette fois, le boxeur de Colombie-Britannique est ressorti du ring victorieux, l’emportant par abandon à 1:17 du deuxième round.

Une judicieuse décision du coin de Satterfield que de lancer la serviette, car ce dernier, que les Québécois ont pu voir raser de se faire dévisser le crâne par Arslanbek Makhmudov à Rimouski, n’arrivait tout simplement plus à se défendre face aux violents assauts de Braidwood.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Britanno-Colombien revient de loin. Entre sa défaite contre Kean et le combat de samedi, le pugiliste au passé trouble s’est retrouvé derrière les barreaux après avoir téléphoné à son ex-conjointe, alors qu’il n’avait pas le droit de la contacter. Une fois relâché, il a repris l’entraînement de façon assidue. Et les résultats étaient manifestes, surtout sur le plan de la technique et de la condition physique.

«Je sens que c’était mon meilleur combat sur le plan technique, a indiqué Braidwood. Je suis heureux de la façon dont ça s’est déroulé. Mais j’ai encore beaucoup de travail à faire, et j’ai hâte d’être de retour.»

Mais ce qui était aussi impressionnant, c’est l’accueil que le public de Shawinigan a réservé à Braidwood, chaleureusement applaudi à son entrée et sa sortie de l’arène. Ennemi public numéro un l’an dernier, le sympathique poids lourd semble maintenant s’être trouvé une niche de partisans ici. Voilà quelque chose qu’on n’aurait jamais envisagé il n’y a pas si longtemps.

«C’est incroyable, s’est réjoui le gagnant. C’est comme si c’était une foule de chez moi. J’aime les gens du Québec et j’espère qu’ils m’aiment aussi. Ils me le démontrent chaque fois qu’ils m’encouragent.»

Braidwood doit affronter le Canadien Stan Surmacz à Edmonton au cours des prochains mois. Considérant l’hospitalité que le Québec lui témoigne désormais, avons-nous des chances de le revoir chez nous bientôt?

«Disons-le comme ça: chaque fois qu’il y aura un combat au Québec, si mon téléphone sonne, je vais dire oui», a-t-il résumé avec le sourire.

Les autres résultats

Tout juste après le combat principal, Lexson Mathieu (4-0, 4 K.-O.) a connu une autre brève soirée au bureau en passant le knock-out au Mexicain Fernando Galvan (4-4, 1 K.-O.) à 1:57 du deuxième round. Encore une démonstration intéressante du talent du jeune homme de Québec.

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Andranik Grigoryan jubilait après sa victoire. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale, Andranik Grigroyan (11-0, 2 K.-O.) s’est offert un rarissime knock-out en terrassant le Mexicain Jorge Garcia Jimenez (14-3-1, 11 K.-O.) à 3:00 du deuxième round. Le Montréalais d’origine arménienne, qui n’est pourtant pas reconnu pour sa force de frappe, a liquidé son adversaire avec une puissante droite en plein visage. Jimenez s’est aussitôt effondré comme une tonne de briques. Grigoryan, en larmes après sa victoire, a ainsi mis la main sur le titre vacant NABA des poids plumes, ce qui devrait lui permettre de se faufiler dans le top-15 de la WBA lorsque celle-ci mettra ses classements à jour.

Au terme d’un combat pour lequel le concept de défense avait manifestement pris congé, Vincent Thibault (9-0, 3 K.-O.) a battu le Mexicain Alan Carrillo (10-4, 7 K.-O.) à 0:37 du sixième round. Carrillo, qui avait chuté au cinquième, se faisait marteler dans le coin au moment où l’arbitre Yvon Goulet a signalé la fin du duel. L’entraîneur de Carrillo, furieux de la décision, est monté dans l’arène pour lui dire sa façon de penser. Mal lui en pris: les officiels de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec ont rapidement expulsé l’homme du ring.

Raphaël Courchesne (7-0, 3 K.-O.) n’a eu aucun mal à triompher du Mexicain Leonel Olvera (4-3-2, 1 K.-O.), l’emportant par décision unanime (40-36 partout). Le pugiliste maskoutain a tout tenté son envoyer son adversaire au plancher, mais Olvera n’a rien voulu savoir. Rappelons que Courchesne sera de retour dans le ring dans deux petites semaines, le 29 juin, à Thetford Mines.

Pour la première fois de sa jeune carrière, Artur Ziyatdinov (10-0, 8 K.-O.) s’est battu au-delà du sixième round. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre aisément la mesure de l’Argentin Marcos Nicolas Karalitzky (6-3-2, 2 K.-O.) par décision unanime (80-72 partout) au terme des huit reprises de ce duel à sens unique.

Kaemy Cloutier (3-0) est venu à bout du Mexicain Noe Acosta Cruz (2-2) par décision unanime (39-37, 40-36, 40-36), mais ne vous fiez pas trop aux pointages. Le combat, intense d’un bout à l’autre, s’est avéré beaucoup plus serré qu’il n’y paraît. Cloutier s’est retrouvé en difficulté, pour ne pas dire ébranlé, à quelques reprises durant cet affrontement.

En lever de rideau, la dernière recrue d’Eye of the Tiger Management, Avery Martin-Duval (1-0, 1 K.-O.) a réussi son entrée en boxe professionnelle en réglant le cas du Mexicain Martin Sanchez (2-4-1) par arrêt de l’arbitre à 2:10 du premier round. Une dure gauche du jeune Montréalais a envoyé Sanchez au tapis. L’arbitre Albert Padulo fils a alors décidé de mettre fin au duel.

Ça passe ou ça casse

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Tout le monde a encore l’image en mémoire. Simon Kean, le grand Grizzly, qui s’écroule de tout son long en plein centre du ring, au Centre Vidéotron de Québec. Après seulement quatre petits rounds, les assauts de Dillon Carman avaient finalement eu raison de lui.

Une première défaite en carrière pour Kean, douloureuse à tous points de vue. Son entourage l’expliquait par un manque de concentration, de sérieux à l’entraînement. Le Trifluvien devait faire un peu de ménage dans son entourage et se recentrer sur son sport, disait-on.

Huit mois et un exil de ressourcement en forêt plus tard, Kean (16-1, 15 K.-O.) a de nouveau rendez-vous avec son némésis Carman (14-4, 13 K.-O.), samedi soir au Centre Gervais Auto de Shawinigan. Devant ses plus fidèles partisans, le Québécois tentera de prouver qu’il a appris la leçon et que cette infâme défaite n’était qu’un bête accident de parcours.

Mais en réalité, l’enjeu est bien plus grand que ça.

Kean n’a pas le choix: il doit gagner ce combat. De manière convaincante, de surcroît.

Et pas seulement pour effacer en partie la tache à son dossier et rebâtir sa confiance. Au risque de paraître inutilement sentencieux, un second revers contre Carman anéantirait à toutes fins pratiques les quelconques perspectives d’avancement pour Kean dans la division des poids lourds, en pleine ébullition par les temps qui courent.

Car l’Ontarien, malgré son statut d’ex-champion canadien, n’a rien d’un matamore. L’entraîneur de Kean, Jimmy Boisvert, l’admettait lui-même dans les instants suivant la défaite de son protégé: Carman est en plein le genre d’adversaire que Kean doit terrasser s’il veut faire progresser sa carrière.

En cas de deuxième revers, Kean devra donc dire adieu à la possibilité de gravir les échelons des classements mondiaux – du moins, à court et moyen terme. Il se retrouverait du coup cantonné dans le rôle du bon pugiliste local, populaire auprès d’une certaine frange des amateurs d’ici, mais pour lequel l’idée de percer un jour les frontières québécoises relève de l’utopie.

Ce que dit la boule de cristal

Nul doute que le camp Kean, qui a toujours eu de grandes ambitions pour ce dernier, veut éviter de connaître un tel sort. On verra samedi s’il y parviendra. Et, surtout, s’il a appris de ses erreurs.

Bien franchement, il serait étonnant de voir le Québécois trébucher de nouveau devant Carman. Après tout, Kean n’est pas dupe. Il n’y a peut-être aucune ceinture en jeu pour ce duel, mais il est le premier à réaliser l’importance de la mission qu’il doit accomplir. Il sait que les carottes sont cuites pour lui s’il flanche une deuxième fois.

Par ailleurs, il est apparu dans une forme resplendissante ces derniers jours. Lors de la pesée officielle, Kean a enregistré un poids de 234 lb. Jamais il n’avait été aussi léger – toutes proportions gardées, on s’entend – avant un combat. Et la confiance qui s’était évaporée à la suite de sa défaite semble être revenue pour de bon.

Carman, toujours fort en gueule, devrait en principe lui livrer une opposition décente. Mais a-t-il les atouts pour freiner un Kean qui foncera vers lui avec le couteau entre les dents? On en doute.

Comme on dit, les prédictions de chroniqueurs sportifs sont faites pour être démenties. Risquons-nous quand même en annonçant une victoire de Kean, disons, par arrêt de l’arbitre au septième round. Ringside acceptera gracieusement toutes les tomates que vous lui lancerez en cas d’erreur.

Aussi à surveiller

En plus du duel Kean-Carman, quelques autres combats de ce gala d’Eye of the Tiger Management susciteront davantage notre attention.

Kim Clavel, qui sera opposée à la Mexicaine Nora Cardoza, devrait à nouveau en mettre plein la vue. Plus sa carrière professionnelle avance, et plus la boxeuse prend du galon. Fougue et ténacité sont devenus sa marque de commerce au fil du temps. Notons par ailleurs qu’en huit sorties, elle compte déjà deux knock-outs à sa fiche, une denrée rare en boxe féminine.

Parlant d’athlètes en ascension, Lexson Mathieu sera lui aussi de la partie, alors qu’il affrontera le Mexicain Fernando Galvan – qui a échoué la pesée officielle, et devra donc remettre 20% de sa bourse à Mathieu. Mine de rien, le jeune Québécois livrera déjà un quatrième combat cette année, et un second en un mois. Comme si ce n’était pas suffisant, il montera à nouveau dans le ring dans deux semaines, le 29 juin. Il faut dire que ses sorties précédentes ont été plutôt brèves, alors qu’il a haché menu l’opposition ayant osé se dresser devant lui jusqu’ici. En dépit de ces courtes soirées de travail, le pugiliste de Québec a démontré plusieurs signes prometteurs pour le futur jusqu’à présent.

Personne, surtout à Shawinigan, n’a oublié Adam Braidwood, foudroyé dans l’arène par Simon Kean l’an dernier en guise d’apothéose à une longue et virulente guerre de mots. Le colosse de Colombie-Britannique sera de retour sur les lieux du crime pour se mesurer à l’Américain Andrew Satterfield. Si vous ne vous souvenez plus de ce dernier, retournez voir son (court) combat contre Arslanbek Makhmudov, alors que celui-ci passe près de lui dévisser la tête à grands coups d’uppercuts.

On gardera également un œil sur le jeune Avery Martin-Duval, 19 ans, qui effectuera ses débuts professionnels face au Mexicain Martin Sanchez. Un autre espoir dont Eye of the Tiger nous dit le plus grand bien.

Une victoire importante

[Photo Sébastien St-Jean, EOTTM]

Rendons hommage à Jonathan Rice pour une chose: vendredi soir, au Casino de Montréal, il a réussi à survivre plus de deux rounds dans le ring avec Arslanbek Makhmudov. Voilà qui est en soi un exploit.

On le félicitera toutefois un peu moins pour avoir passé le combat à tournoyer dans l’arène, le long des câbles, à l’image d’un danseur d’une mauvaise comédie musicale de Broadway. Pensez à un apprenti Fred Astaire de 250 lb avec des gants de boxe. Drôle d’image, certes, mais c’est la réalité quand même.

Tout cela pour en arriver où? À une nouvelle victoire de Makhmudov (8-0, 8 K.-O.), cette fois par arrêt de l’arbitre à 0:30 du septième round. Grâce à ce gain, le colossal, mais sympathique boxeur met la main sur la ceinture WBC Continental des Amériques chez les lourds, un premier titre mineur pour lui en carrière.

«Je savais que ce gars-là avait une bonne défense, mais il n’y a personne que je ne puisse pas atteindre, a souligné un Makhmudov radieux. J’ai écouté mon entraîneur, et petit à petit, je me suis dirigé vers mon but.»

En même temps, peut-on vraiment blâmer Rice (10-4-1, 6 K.-O.) d’avoir voulu se transformer en pilote NASCAR et faire le tour de l’arène en virant toujours du même côté? Quand on connaît la terrifiante force de frappe de Makhmudov, on suppose qu’ils doivent être nombreux à vouloir s’en sauver.

Or, s’il a l’habitude d’être plus expéditif dans ses sorties, le gros Russe n’était pas plus pressé que ça d’en finir avec le pugiliste de Los Angeles. Patient, il a pris tout le temps nécessaire pour trouver l’ouverture, ce qui impliquait de freiner Rice dans son incessante spirale par quelque moyen que ce soit.

Une fois cette tâche accomplie, Makhmudov a pu dégainer à son aise. D’abord, quelques droites pour affaiblir le rival. Puis, ce coup de canon au sixième assaut qui allait projeter Rice au tapis. Ce dernier s’est suffisamment ressaisi pour entreprendre le septième, mais pas assez pour empêcher Makhmudov de le tourmenter à nouveau avec sa droite. Et dès lors, l’arbitre Michael Griffin en a eu assez: on se glisse entre les deux monstres, et on arrête tout ça. Sage décision.

«Presque tous mes autres combats n’ont duré qu’un round. Celui-là, il y en a eu sept. C’est une bonne expérience. […] Si tu veux devenir champion, tu dois disputer plus de rounds», a souligné le vainqueur.

Le jeu de chat et de la souris auquel Rice l’aura contraint sera en effet bénéfique à long terme pour Makhmudov. En plus d’engranger de précieux rounds d’expérience, denrée qui lui manquait par la force des choses, il a pu se mesurer à un profil d’adversaire qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant.

«Le style de l’adversaire représentait une nouvelle problématique. […] [Rice] n’a pas vraiment essayé de gagner le combat. On voyait qu’il essayait plutôt d’étirer la sauce. Ç’a testé la patience de mon [boxeur]», a résumé l’entraîneur de Makhmudov, Marc Ramsay.

Petit à petit, Makhmudov se fait un nom dans la toujours populaire division des poids lourds. Et avec la réputation viendra bientôt des adversaires au pedigree bien plus relevé – et varié – que ceux qu’il a affrontés jusqu’à maintenant. Parions que Makhmudov ne se fera pas prier pour garnir son tableau de chasse avec quelques-uns de ces prestigieux panaches.

«Il y a de gros projets pour lui, et il faut faire faire le tour du jardin au boxeur. […] Il faut lui faire goûter à un peu de tout. Rendu au sommet de la pyramide, ce n’est plus le temps de faire des expériences. Il faut savoir où on est à l’aise et où on l’est moins», a fait valoir Ramsay.

Germain impérial

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Mathieu Germain (à droite) a facilement disposé de Jose Eduardo Lopez Rodriguez. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

En demi-finale de la soirée, Mathieu Germain (17-0-1, 8 K.-O.) avait un adversaire réputé coriace qui l’attendait en la personne du Mexicain Jose Eduardo Lopez Rodriguez (29-7-2, 15 K.-O.). D’aucuns s’attendaient à ce que les deux hommes nous offrent un duel serré, un peu à l’image de cette nulle partagée entre Germain et Steve Claggett en janvier.

Le Québécois a plutôt dominé son adversaire d’un bout à l’autre de l’affrontement, de sorte qu’il a pu aisément triompher par décision unanime (100-90 partout). Germain a ainsi défendu pour une troisième fois son titre IBF nord-américain des super-légers.

«Je veux montrer que je fais partie de la classe mondiale. Plus on va augmenter l’adversité, plus on verra mon talent de boxe ressortir. Ce ne sera peut-être pas [avec] des knock-outs à la David Lemieux ou Steven Butler, mais on voit des spectacles de boxe. Je montre ce qu’est une vraie défense.»

Incisif et teigneux, «G-Time» a vite montré à Lopez Rodriguez de quel bois il allait se chauffer pour ce duel. Sa droite, en particulier, a donné bien des maux de tête au Mexicain. Celui-ci a d’ailleurs été fortement ébranlé au deuxième round, passant bien près de se retrouver au plancher.

Lopez Rodriguez s’est cependant repris un brin en deuxième moitié d’affrontement, mais il n’est jamais même passé près d’inquiéter Germain sérieusement.

«Je savais que c’était un vrai de vrai, mais qui n’avait pas nécessairement les mains rapides. Et si tu n’as pas les mains super rapides avec moi, en plus d’avoir une bonne défense et d’être allumé, tu auras de la misère à m’atteindre solidement. Je voyais vraiment ses coups venir», a analysé Germain.

Pour une raison qu’il s’explique bien mal, Germain ne figure toujours pas au classement de l’IBF dans sa catégorie, et ce, malgré sa ceinture et ses défenses de titre. Il espère que cette fois, ce sera la bonne.

«S’ils ne me donnent pas [mon classement], je ne veux plus de leur ceinture, a lancé Germain sans détour. Un moment donné, il faut être honnête. Des gens ont des parcours beaucoup plus faciles que le mien et sont classés. Je mérite mon classement. Je ne suis pas en train de demander une faveur au monde, je le mérite et je le veux.»

Les autres résultats

Le Mexicain Luis Jesus Vidales (13-7, 6 K.-O.) n’aura fait que passer au Casino de Montréal vendredi, gracieuseté de Batyr Jukembayev (16-0, 13 K.-O.) qui l’a vaincu par arrêt de l’arbitre à 3:00 du premier round. Le Kazakh a envoyé Vidales au plancher avec une bonne droite. Ce dernier s’est relevé, mais une fois debout, l’arbitre Martin Forest a jugé qu’il valait mieux clore cet affrontement.

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Kim Clavel (à gauche) a vaincu Tamara Elisabet Demarco. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

Au terme de ce qui fut l’un des meilleurs combats de la soirée, Kim Clavel (8-0, 2 K.-O.) l’a emporté sur l’Argentine Tamara Elisabet Demarco (8-2) par décision unanime (79-73, 79-73, 80-72). Les deux femmes se sont en effet disputé un combat endiablé de la première à la dernière seconde, s’échangeant tour à tour les attaques percutantes. C’est toutefois Clavel qui a su le mieux imposer son rythme et placer les meilleures frappes dans cet affrontement.

Raphaël Courchesne (6-0, 3 K.-O.) a vite réglé le cas de l’Uruguayen Nestor Faccio (17-11-2, 9 K.-O.), l’emportant par arrêt de l’arbitre à 0:36 du deuxième round. Agressif au possible dès l’assaut initial, le pugiliste maskoutain a amorcé le second complètement déchaîné. L’arbitre Martin Forest a fini par s’interposer entre les deux hommes, alors que Faccio n’arrivait tout simplement plus à se défendre.

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Lexson Mathieu (debout) est demeuré parfait en trois combats. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

Lexson Mathieu (3-0, 3 K.-O.) n’a eu besoin que d’une minute et 44 secondes pour disposer de l’Argentin Hernan Perez (5-3, 2 K.-O.). La jeune sensation de Québec n’a jamais cessé de pilonner son adversaire durant ce court laps de temps, l’envoyant au tapis après quelques instants seulement. Voyant que la situation ne s’améliorerait pas, le coin du Sud-Américain a judicieusement demandé qu’on arrête le combat.

La perte d’un point pour un coup derrière la tête au troisième round n’a pas empêché Arutyun Avetsiyan (13-0, 8 K.-O.) de passer le knock-out à l’Argentin Cesar Hernan Reynoso (15-13-4, 7 K.-O.) à 2:37 du sixième round. Un rude coup au foie a sonné la fin des activités pour Reynoso, qui revenait alors peu à peu dans ce duel après avoir vu Avetisyan dominer les assauts précédents.

Clovis Drolet (10-0, 6 K.-O.) a stoppé le Mexicain Michi Munoz (27-10-1, 18 K.-O.) pour signer une victoire par arrêt de l’arbitre à 0:54 du sixième round. Exerçant une pression constante sur son adversaire, le boxeur de Beauport a envoyé Munoz au plancher une première fois au quatrième assaut, avant de récidiver au sixième avec une solide combinaison. La seconde chute fut violente: le Mexicain s’est écroulé de tout son long, et l’arbitre Martin Forest – un homme décidément occupé! – a rapidement mis un terme au combat.

En lever de rideau, la nouvelle recrue d’Eye of the Tiger Management, le Russe Andrei Efremenko (1-0), s’est sauvée avec une victoire par décision unanime (39-37, 39-37, 39-36) face au Mexicain Victor Herrera (5-2-2, 3 K.-O.) pour ses débuts professionnels. Efremenko, envoyé au tapis au deuxième round, a démontré quelques beaux flashes, mais s’est amené dans le ring visiblement nerveux. Encore beaucoup de travail au menu pour lui.

À l’arrachée…

[Photo fournie par Golden Boy Promotions]

Était-ce à cause de la rouille accumulée pendant cinq mois d’inactivité? Ou était-ce un certain stress, une certaine pression découlant d’un tout premier combat disputé en sol américain? Un mélange de tout ça? Ou peut-être autre chose?

Toujours est-il que Steven Butler a dû ramer comme un galérien pour venir à bout de l’Ukrainien Vitalii Kopylenko jeudi soir, au Hard Rock Hotel and Casino de Las Vegas. Et pour cette première incursion dans la capitale des machines à sous, le Québécois aura eu besoin de toute sa petite monnaie pour se sauver avec une victoire par décision partagée.

Deux des juges ont favorisé Butler (27-1-1, 23 K.-O.) à 96-93, tandis que le troisième a donné Kopylenko (28-2, 16 K.-O.) gagnant avec un pointage de 95-94. Ringside avait également une carte de 95-94, mais en faveur de Butler, qui est ressorti du ring avec la ceinture WBC International des poids moyens.

La commission athlétique du Nevada a longtemps branlé dans le manche avant de donner son feu vert pour ce duel. À ses yeux, Butler était bien trop fort pour Kopylenko. Il faut dire qu’on ne savait que peu de choses à propos de l’Européen de 35 ans, si ce n’est que ses dernières victoires avaient été acquises face à des adversaires au profil, disons, suspect. Comme ce dénommé Miguelo Tavarez qui, au moment de leur combat, présentait une ahurissante fiche d’aucune victoire et 31 défaites…

Mais jeudi, c’est pourtant Kopylenko qui a failli jouer un bien vilain tour à Butler. Actif, coriace et parfois sournois, il a tôt fait de se transformer en obscure énigme que le cogneur montréalais n’a jamais vraiment pu résoudre, en dépit du résultat final.

Dès le départ, on sentait Butler surpris, voire décontenancé, par la tenue de son rival. Allait-il pouvoir s’ajuster à temps?

Celui qu’on surnomme « Bang Bang » a mieux fait à partir du troisième round, mais Kopylenko n’a jamais levé le pied. À tel point qu’il est même parvenu à envoyer Butler au tapis au huitième assaut grâce à une puissante frappe au corps qui a complètement coupé le souffle de Butler.

On pensait bien que cette chute de Butler, sa première depuis sa défaite contre Brandon Cook en janvier 2017, allait sceller l’issue du duel en faveur de Kopylenko. Il fallait d’ailleurs voir les visages défaits de Camille Estephan et Antonin Décarie, assis au parterre non loin de l’action, quand leur protégé s’est retrouvé à quatre pattes dans l’arène.

Or, Butler s’est relevé, et s’est battu avec tout ce qui lui restait d’énergie du désespoir. Assez, sans doute, pour faire pencher la balance de son côté pour de bon et s’assurer la victoire.

Et s’il y a un élément positif à retenir de ce combat pour le camp Butler, c’est justement la manière dont le boxeur s’est remis de sa chute sur le plan mental. Plutôt que de se laisser abattre, il a persévéré jusqu’à la toute fin. On n’aurait jamais vu ça de sa part il y a quelques années à peine. C’est dans des moments comme celui-là qu’on constate toute la maturité acquise depuis cet infâme revers contre Cook.

Mais à 23 ans, Butler est encore bien jeune, et ce duel contre Kopylenko a aussi démontré qu’il lui restait encore beaucoup de travail à faire s’il veut se mesurer un jour à l’élite des poids moyens. Avec ce qu’on a vu de lui contre l’Ukrainien, Butler se serait fait démolir dans le temps de le dire face aux Canelo Alvarez, Daniel Jacobs et autres Demetrius Andrade de ce monde.

Heureusement pour lui, Butler a l’attitude et l’équipe qu’il lui faut pour retenir la leçon et corriger ce qui a fait défaut. Ce sera impératif pour la suite des choses.

Bazinyan étincelant

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Erik Bazinyan (photo) a complètement dominé son rival Alan Campa. / Photo fournie par Golden Boy Promotions

Si Butler a connu une soirée difficile à Vegas, ce fut tout le contraire pour son confrère Erik Bazinyan (23-0, 17 K.-O.), qui a vaincu avec brio le Mexicain Alan Campa (17-5, 11 K.-O.) par décision unanime (99-90, 99-90, 97-92). Il a ainsi défendu ses titres NABO et NABA des super-moyens.

Il n’y avait que quelques secondes d’écoulées dans cet affrontement que déjà, Bazinyan imposait son tempo. En plus de contrôler la distance avec un jab ultra-efficace, le jeune homme de 23 ans a pu atteindre la cible avec sa main droite autant qu’il le voulait, profitant des largesses défensives de son opposant.

Campa, cependant, s’est montré tenace devant les attaques répétées de Bazinyan. Il a entre autres réussi à survivre à un cinquième round particulièrement difficile, au cours duquel un coup sous la ceinture lui a sonné les cloches et un coup de tête accidentel lui a laissé une énorme bosse au-dessus de l’œil gauche.

Bazinyan a fait savoir après le duel qu’il était quelque peu déçu de ne pas avoir passé le knock-out à son rival, comme il l’avait fait lors de ses huit sorties précédentes. Mais au fond, qu’importe. Le pugiliste d’origine arménienne a été à ce point dominant que même s’il n’a pu stopper Campa, sa victoire n’en a pas été moins étincelante.

Enfin, une diffusion décente

Un mot, enfin, pour revenir sur la webdiffusion du gala de jeudi par l’entremise de la page Facebook de Golden Boy Promotions. On se souvient que la semaine précédente, lors du combat revanche entre Yves Ulysse fils et Steve Claggett, la retransmission du gala avait été, au mieux, exécrable, alors que les spectateurs ont été plongés dans le noir pour la dernière moitié du duel.

Eh bien, cette fois, force est d’admettre que ce fut nettement mieux côté production. Mis à par un bref petit accroc en tout début de diffusion, les amateurs n’ont pas perdu une seule seconde d’action. Souhaitons qu’il s’agisse là d’un signe annonciateur de ce qui nous attend pour les prochains Thursday Night Fights.