Avant toute chose, Ringside doit vous offrir ses excuses. Contrairement à son habitude, l’humble blogue de boxe que vous lisez actuellement ne pourra vous livrer une analyse entière et détaillée du combat qui opposait Yves Ulysse fils et Steve Claggett jeudi soir, en Californie.
La raison : la retransmission en direct de l’événement, présenté par DAZN et Golden Boy Promotions, a connu d’importants ratés – et on est gentils en le disant ainsi. Le public s’est donc retrouvé dans le noir plus souvent qu’à son tour durant le combat, et ne s’est pas gêné pour faire connaître sa frustration. On y reviendra un peu plus tard, si vous le voulez bien.
Yves UIysse (18-1, 9 K.-O.), donc, avait de nouveau rendez-vous avec l’Albertain Steve Claggett (27-6-2, 17 K.-O.), qui l’avait surpris en 2017 à Montréal en lui infligeant une défaite hautement controversée – la première de sa carrière – par décision partagée.
Ulysse trépignait depuis ce temps à l’idée d’obtenir un combat revanche, et son souhait a finalement été exaucé jeudi, au Fantasy Springs Casino d’Indio. Le Québécois a profité de l’occasion pour rendre à Claggett la monnaie de sa pièce et venir à bout du pugiliste de Calgary par décision unanime (96-94, 97-93, 97-93).
Ulysse a du même coup mis la main sur le titre « Gold » de la WBA chez les super-légers, plus récente déclinaison des nombreuses ceintures que remet la fédération dans chaque catégorie de poids.
« Dans ma ville, on dirait ‘tabarnak’!, a lancé en boutade le vainqueur en entrevue dans le ring après le combat. Je n’ai pas de mots pour décrire cette victoire. Ce n’était pas un combat facile. »
Claggett, lui, semblait complètement tétanisé après l’annonce du verdict des juges. « Je pensais avoir gagné… », a-t-il soupiré, encore incrédule.
Recette connue
Lors du premier affrontement entre les deux hommes, un Claggett teigneux avait forcé Ulysse à jouer son jeu, alors que ce dernier préfère plutôt étourdir ses adversaires avec sa grande mobilité. En conséquence, les corps-à-corps avaient été nombreux et plusieurs rounds s’étaient avérés difficiles à départager, ce qui n’est pas étranger au résultat litigieux qui a suivi.
Claggett a tenté d’appliquer la même recette pour ce second choc. Or, de toute évidence, Ulysse y était préparé. Le protégé de Rénald Boisvert, bien qu’il ait eu fort à faire pour repousser les assauts incessants de son rival, s’est démarqué avec des attaques précises et efficaces.
Après deux rounds plus ou moins à l’avantage de Claggett, Ulysse a ouvert la machine au troisième engagement, atteignant la cible de manière convaincante à quelques reprises. Mais Claggett, toujours aussi coriace, n’a jamais flanché et a assuré une réplique plus qu’honorable.
On suppose que la tendance s’est poursuivie en deuxième moitié de combat, et que quelque part au passage, Ulysse a fait ce qu’il fallait pour devancer Claggett pour de bon sur les cartes de pointage. Si seulement on avait pu voir quelque chose des cinq derniers rounds…
Grâce à cette victoire et la ceinture qui l’accompagne, Ulysse devrait effectuer un bond appréciable dans les classements mondiaux. Il a du même coup cimenté un peu plus son statut d’étoile montante dans la division des super-légers. On a déjà hâte de connaître la suite pour lui.
Amateurisme à l’écran
Ce second choc Ulysse-Claggett constituait le plat de résistance du premier gala de la nouvelle série Thursday Night Fights, œuvre conjointe de DAZN et Golden Boy Promotions.
Nul doute que le combat a répondu aux attentes pour lancer l’événement. Mais la piètre qualité de la retransmission en direct du gala, disponible entre autres via la page Facebook de Golden Boy, a failli tout torpiller.
En fait, les choses allaient relativement bien jusqu’au combat principal. C’est à ce moment que le signal s’est mis à faire des siennes. Images embrouillées ou figées, perte du son et/ou de l’image, tout y est passé. On n’a pratiquement rien pu voir de la dernière partie du combat.
Heureusement, la situation a pu être rétablie à temps pour l’annonce de la décision. Mais le mal était largement fait. Parlez-en aux nombreux spectateurs qui exprimaient en direct leur colère, utilisant souvent un certain mot débutant par la lettre F (indice : ce n’est pas « farandole »).
Personne n’est à l’abri d’un ennui technique, tout le monde s’entend là-dessus. Mais avouons-le, Golden Boy a fait figure d’amateur en nous offrant une webdiffusion aussi minable.
Espérons qu’elle sera à tout le moins potable jeudi prochain, alors que Steven Butler et Erik Bazinyan seront en action à Las Vegas. Ce serait dommage que le public québécois, et tous les autres amateurs de boxe, soient privés aussi bêtement de leurs débuts en sol américain.
« Pay-per-view is dead! », se plaisait à pontifier à outrance le descripteur en poste pour la soirée de jeudi, martelant ainsi le leitmotiv de DAZN à qui voulait l’entendre
Désolé, cher ami. Vous auriez plutôt dû dire : « The signal is dead! ».
Et si c’est ça, le meilleur que vous pouvez offrir, la télé payante peut dormir tranquille.
Au fond, l’important n’était pas tant de savoir si Simon Kean allait l’emporter samedi soir, au Casino de Montréal. Il s’agissait surtout de voir de quoi il aurait l’air dans le ring.
Kean, faut-il le rappeler, effectuait pour l’occasion son retour dans l’arène après avoir encaissé une brutale défaite contre Dillon Carman, qui lui avait passé le knock-out au quatrième round le 6 octobre dernier. Une défaite qui, en plus d’être sa première en carrière, a forcé le poids lourd trifluvien à se remettre en question. À s’exiler, loin de toute attention, pour faire le point sur son avenir à court et moyen terme.
Cinq mois plus tard, c’était donc soir de retrouvailles pour le Grizzly et son public. Pour souligner la chose, le pugiliste se mesurait à l’Argentin Rogelio Omar Rossi (20-8-1, 13 K.-O.). Le genre de boxeur qu’on ne confondra jamais avec un champion du monde, tout le monde s’entend là-dessus. Mais qu’importe : l’objectif pour Kean (16-1, 15 K.-O.) était d’abord d’y aller d’une performance convaincante et de récolter une victoire afin de reconstruire sa confiance.
Mission accomplie à cet égard : Kean a forcé Rossi à l’abandon à 39 secondes du deuxième round, après l’avoir envoyé au plancher à trois reprises au cours de ce bref duel. Il a ainsi offert à Eye of the Tiger Management une heureuse conclusion à son programme double de boxe, qui avait vu Arslanbek Makhmudov signer une autre victoire expéditive en après-midi.
«J’avais hâte de revenir. J’ai changé des choses à l’entraînement et j’avais hâte de les mettre en œuvre quand ça compte.»
-Simon Kean
«On a aimé ce qu’on a vu pendant le camp d’entraînement et dans le vestiaire, a pour sa part indiqué son l’entraîneur de Kean, Jimmy Boisvert. J’ai aimé ce que j’ai vu de lui dans le ring. J’ai trouvé qu’il a démontré de belles habiletés et une belle souplesse. Il était vif et surtout agressif. Il voulait faire mal.»
Tout un contraste, en effet, avec le Simon Kean aux airs tétanisés qu’on a vu à Québec après que le train Carman lui soit passé dessus. La période de ressourcement semble bel et bien avoir porté ses fruits.
«Je suis arrivé motivé. J’ai su pourquoi j’étais arrivé à plat contre Carman. Je me suis un peu laissé emporter par les émotions. Je suis revenu aux sources», a décrit le boxeur.
Le «défi» Rossi étant désormais chose du passé, la prochaine étape est déjà déterminée pour Kean : une revanche contre Carman, et rien d’autre.
Le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, a d’ailleurs fait savoir qu’une entente pour un tel combat était sur le point d’être conclue et que le duel aurait lieu le 15 juin à Shawinigan.
«Tu n’aimes pas avoir une défaite, a-t-il fait valoir. Si tu peux l’effacer, ça te fait grand bien. Je pense que Simon veut vraiment ça. Il n’arrête pas de m’en parler. C’est comme si tu as regretté certaines choses dans ta vie. Si tu peux les arranger… Je pense que c’est le sentiment qui nous habite tous.»
«Carman, on ne se racontera pas d’histoire, ce n’est pas un top-10 ou un top-15 mondial, a renchéri Jimmy Boisvert. Si Simon espère aller plus loin, il doit battre ce type de gars. Il ne doit pas attendre deux ans de se préparer pour un gars comme Carman.»
Kean réussira-t-il à exorciser ses démons pour de bon ? On aura la réponse dès cet été, on dirait bien.
Maduma fait bien, mais s’incline
Ghislain Maduma (à gauche) a dû s’avouer vaincu devant Miguel Vasquez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Ghislain Maduma (20-4, 11 K.-O.) avait un défi de taille devant lui pour la demi-finale de la soirée en la personne du vétéran mexicain Miguel Vasquez (41-7, 15 K.-O.), ex-champion IBF des poids légers qui a croisé le fer avec de grosses pointures telles que Saul «Canelo» Alvarez et Timothy Bradley, entre autres.
Intimidé devant un tel palmarès, Maduma ? Pas le moins du monde. Le Québécois a livré une performance fort honorable, au vif plaisir de la bruyante foule venue l’encourager. Mais ce ne fut malheureusement pas suffisant pour lui permettre de récolter la victoire. Vasquez s’en est tiré avec un gain par décision partagée.
Deux juges l’ont vu gagnant à 97-93 et 98-92, tandis que le troisième a favorisé Maduma à 97-93.
«Il boxait bien. Il bougeait bien. Je n’arrivais pas à mettre en œuvre la stratégie qu’on voulait. Je n’ai pas d’excuse. J’étais en super forme. Tout allait bien dans ma tête. Je lui donne crédit, c’est vraiment un vrai champion», a indiqué Maduma, toujours aussi affable malgré le revers.
Vasquez s’est en effet illustré par sa mobilité et ses talents d’évasion dans l’arène. Maduma a bien réussi à placer quelques bons coups ici et là, mais son élusif rival lui a donné du fil à retordre plus souvent qu’à son tour. De fait, plusieurs des dix rounds de l’affrontement étaient serrés et, bien souvent, difficiles à juger.
Lorsque la dernière cloche a retenti, les visages étaient longs dans le coin du Québécois. À l’évidence, on savait que les chances d’entendre une décision défavorable des juges étaient réelles.
«Même si j’avais gagné, je n’aurais pas été content, a admis Maduma. Je ne suis pas un gars comme ça. Je pense que j’aurais pu l’avoir. Il y avait plein de rounds serrés. Je comprends comment les juges l’ont vu d’un côté comme de l’autre.»
N’allez surtout pas croire, cela dit, que cette défaite signifie un retour à la retraite pour Maduma. Bien au contraire, après une petite semaine de vacances, il entend bien reprendre l’entraînement et poursuivre sa route. Ses partisans ne s’en plaindront certainement pas.
Retour réussi pour Jukembayev aussi
Batyr Jukembayev (à droite) a pris la mesure de Gilberto Meza. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Il faisait bon de revoir Batyr Jukembayev en action dans un gala d’Eye of the Tiger Management, après être passé bien près d’être largué par le promoteur dans la foulée du congédiement de son ex-entraîneur Stéphan Larouche.
Le jeune Kazakh (15-0, 12 K.-O.) a souligné son retour dans la tanière du tigre avec une victoire par décision unanime (98-92 partout) aux dépens du Mexicain Gilberto Meza (10-6-1, 6 K.-O.).
Sans être particulièrement spectaculaire, Jukembayev s’est néanmoins montré assez efficace et incisif pour imposer le rythme du combat. Ce qui ne veut pas dire que Meza, appelé à remplacer Carlos Jimenez à pied levé, n’a pas offert une opposition de qualité, loin de là. Mais voilà, Jukembayev lui a été supérieur, tout simplement.
Les autres résultats
C’est un furieux duel que nous ont offert Nurzat Sabirov (9-0, 8 K.-O.) et l’Argentin Cesar Hernan Reynoso (15-12-4, 7 K.-O.), alors que les deux hommes se sont échangés de violentes politesses sans répit. Sabirov l’a finalement emporté par arrêt de l’arbitre à 1 :27 du septième round. Reynoso, qui avait visité le tapis au round précédent, a subitement baissé la garde en n’ayant plus l’air de vouloir poursuivre l’affrontement, sans doute lassé des multiples coups de matraques assénés par Sabirov.
Clovis Drolet (9-0, 5 K.-O.) est demeuré invaincu en prenant la mesure de l’Argentin Rodrigo Ramon Maizares (7-4) par décision unanime (80-72 partout). Et c’est à peu près tout ce qu’il y a à dire sur ce combat.
Le duel entre Andranik Grigoryan (10-0, 1 K.-O.) et le Mexicain Jonathan Aguilar (19-8, 7 K.-O.) s’annonçait pourtant excitant. Aguilar avait été au plancher dès le premier round, tandis que Grigoryan a fait de même en toute fin de troisième engagement. Mais ce furent là les seuls véritables étincelles de ce combat, remporté par Grigoryan par décision unanime (98-90, 99-90, 99-90), qui ne passera certainement pas à l’histoire.
Pour amorcer la soirée, Artur Ziyatdinov (9-0, 8 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée du Polonais Michal Ludwiczak (16-10, 8 K.-O.), l’emportant par arrêt de l’arbitre à 2 :33 du quatrième round. Ludwiczak est allé deux fois au tapis au troisième engagement après de vifs coups au corps. Le pauvre pugiliste, qui s’est mis à pomper l’huile très tôt dans le duel, a même dû prendre un temps d’arrêt au round final pour aller vomir dans le seau de son coin. L’histoire ne dit pas s’il avait profité de la pause entre les deux galas de la journée pour abuser du buffet du Casino.
Avery Gibson n’avait jamais été battu par knock-out en 20 combats professionnels. Une seule fois, il avait été envoyé au tapis. Arslanbek Makhmudov n’a eu besoin que de deux minutes et 31 secondes pour le liquider.
Les combats se suivent et se ressemblent pour le Russe, aussi monstrueux que sympathique, qui n’a jamais travaillé au-delà du deuxième round en sept sorties. Son équipe croyait bien que Gibson (9-8-4, 3 K.-O.) offrirait à Makhmudov (7-0, 7 K.-O.) la possibilité d’accumuler quelques rounds d’expérience de plus dans sa besace.
Au lieu de cela, la première finale de l’ambitieux programme double d’Eye of the Tiger Management au Casino de Montréal samedi, qui mettait aussi en vedette Simon Kean, s’est conclue hâtivement.
«Pour le moment, ce n’est pas inquiétant. On pensait avoir des rounds [samedi], ça n’a pas été le cas. On va continuer notre recherche et à y aller graduellement avec des gars qui ont de bons mentons. Des gars solides pour enfin voir [plus de rounds] un jour», a indiqué l’entraîneur de Makhmudov, Marc Ramsay.
La désormais traditionnelle sirène annonçant l’arrivée de Makhmudov sur le ring venait à peine de se taire que ce dernier invitait son rival à observer le plancher de plus près, par l’entremise d’un vif uppercut droit. Gibson s’est relevé pour seulement mieux retomber quelques instants plus tard, pilonné de toutes parts par son adversaire à l’autre extrémité de l’arène. Le coin de Gibson, judicieusement, a alors réclamé la fin du carnage.
Autre brève journée au bureau pour Makhmudov, donc. Son clan ne se plaindra jamais d’accumuler les victoires, cela va de soi. Mais il a quand même hâte de tomber sur un rival qui résistera un peu plus longtemps.
«On disait la même chose au sujet [d’Artur] Beterbiev et à un moment donné, on s’est ramassés dans des 12 rounds. […] On a fini par trouver une solution», a souligné Ramsay.
C’est évident, le jour viendra où Makhmudov croisera sur son chemin un boxeur qui aura trouvé, on ne sait trop comment, le moyen d’accepter ses sévices pendant plus de deux rounds. Mais d’un autre côté, difficile de se plaindre quand on engrange les victoires spectaculaires qui nous permettent d’accroître notre popularité.
En attendant de connaître l’identité de sa prochaine victime – pardon, de son prochain adversaire -, Makhmudov poursuivra le travail en gymnase. Car, oui, malgré son terrifiant parcours jusqu’ici, il y a encore des aspects de sa boxe à fignoler.
«Je ne suis pas parfait. Je dois apprendre. C’est normal. [Le combat] est une bonne expérience», a-t-il résumé avec humilité.
«Je suis prêt à tout. Je suis prêt pour un adversaire coriace», a-t-il ajouté.
Mais un tel adversaire, quel qu’il soit, sera-t-il prêt un jour ?
Oganesyan étincelant
Artem Oganesyan (à gauche) a impressionné face à Damian Sosa. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Il n’a peut-être pas rallumé les feux d’artifice de sa dernière sortie, alors qu’il avait dévissé son adversaire à coups d’uppercuts comme s’il s’agissait d’une bouteille de mousseux récalcitrante du temps des Fêtes – ce n’est pas à défaut d’avoir essayé, remarquez -, mais Artem Oganesyan (9-0, 7 K.-O.) n’en a pas été moins impressionnant en demi-finale de ce gala diurne.
Le Russe désormais établi à Montréal a pris la mesure du Mexicain Damian Sosa (11-1, 5 K.-O.) par décision unanime (100-90 partout), pour ainsi mettre la main sur le titre WBO junior des super-moyens.
Si Oganesyan n’a pas servi un knock-out à son rival, c’est parce que ce dernier a fait montre d’une étonnante ténacité et d’une redoutable capacité à encaisser les coups. Autrement, jamais Sosa n’aurait vu le dixième round.
C’est d’ailleurs la «lourdeur» des attaques d’Oganesyan qu’on remarque en premier lorsqu’il s’exécute dans le ring. Chacun de ses coups touchant la cible s’accompagne d’un bruit retentissant. Un peu à la manière d’un Beterbiev, par exemple. On entend la douleur qu’il inflige. Et, selon la réaction de l’adversaire qui se dresse devant lui, on peut fréquemment la voir.
En voilà un qui sera fort intéressant à surveiller au cours des prochaines années.
Les autres résultats
Chez les femmes, Kim Clavel (7-0, 2 K.-O.) n’a eu aucune difficulté à disposer de l’Uruguayenne Soledad Macedo (17-15-1, 4 K.-O.) pour récolter la victoire par décision unanime (80-72 partout). La Montréalaise a dominé d’un bout à l’autre du combat, imposant le tempo dès les premiers instants et n’accordant aucune marge de manœuvre à la pauvre Macedo, qui a dû repartir du Casino avec un arrière-goût de gant dans la bouche.
Hyper-expéditif à sa première sortie chez les professionnels, Lexson Mathieu (2-0, 2 K.-O.) a récidivé aux dépens de l’Argentin Ariel Alejandro Zampedri (9-6, 7 K.-O.), signant une belle victoire par arrêt de l’arbitre à 1 :38 du tout premier round. Le jeune pugiliste de Québec a alors envoyé son adversaire au tapis à l’aide d’une solide gauche. Zampedri, qui s’était aussi incliné au round initial devant Sadriddin Akhmedov, a mis beaucoup de temps à se relever. Un peu trop au goût de l’officiel Yvon Goulet, qui a annoncé la fin des hostilités.
Sébastien Roy (6-0, 1 K.-O.) est demeuré invaincu en venant à bout du Grec Gkouram Mirzaev (4-2, 3 K.-O.) par décision unanime (60-54, 59-55, 59-55). Victoire aisée pour l’orgueil de Thetford Mines en apparence, mais ne vous fiez pas trop aux pointages. Le duel, qui s’est déroulé sous le signe de la technique, s’est avéré bien plus serré qu’il n’y paraît au premier coup d’œil.
En lever de rideau, François Pratte (8-1-1) a été surpris par le Mexicain Jorge Garcia Jimenez (14-2-1, 11 K.-O.) et s’est avoué vaincu par arrêt de l’arbitre à 1 :03 du sixième round. Le Trifluvien, coupé à trois endroits différents du visage durant l’affrontement, avait déjà visité le plancher au deuxième assaut, tandis que Jimenez a fait de même au quatrième. Mais ce dernier s’est bien repris en terrassant violemment son rival avec une gauche en plein visage. Pratte s’est aussitôt effondré de tout son long, tel un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a tout de suite mis fin au duel.
Le 27 octobre 2017, Steve Claggett avait causé une surprise de taille au MTelus en arrachant une victoire par décision partagée à Yves Ulysse fils, qui encaissait ainsi son premier revers en carrière. L’Albertain était de retour à Montréal samedi soir, au Casino ce coup-ci, pour se mesurer à Mathieu Germain.
Ce dernier, qui occupait pour la première fois le haut de l’affiche d’un gala de boxe, n’avait certes pas l’intention de se faire jouer le même tour que son confrère de l’écurie d’Eye of the Tiger Management.
La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas arrivé. La mauvaise – enfin, si on peut le dire ainsi –, c’est que Germain (16-0-1, 8 K.-O.) n’a pas gagné non plus : il a dû se contenter d’un verdict nul majoritaire au terme d’un magnifique combat, disputé à un rythme endiablé et avec une intensité peu commune.
Un juge a vu Germain gagnant 96-94, un autre a favorisé Claggett à 96-94, et le troisième a remis un pointage nul de 95-95. Pour sa part, Ringside avait Germain vainqueur à 97-93. Mais, il faut le dire, plusieurs rounds se sont avérés serrés et donc, difficiles à juger. D’ailleurs, seulement cinq des dix rounds ont été jugés de la même façon par les trois officiels.
Le Québécois repart donc avec sa ceinture IBF International des poids super-légers, tandis que Claggett (27-5-2, 17 K.-O.) rentre chez lui avec son titre IBF nord-américain.
«Ce n’est pas un vol. Je suis déçu, je pensais gagner. Mais il faut être honnête, ce n’est pas une décision controversée», a affirmé Germain, qui a maintes fois réitéré sa déception face à l’issue de l’affrontement.
«Je suis satisfait du combat, bien que j’aurais pu en faire un peu plus. Mais je ne suis évidemment pas satisfait du résultat. Mais c’est ça, le jeu. Parfois, les juges voient quelque chose de différent de ce que nous voyons», a quant à lui expliqué Claggett.
Ce duel a duré dix rounds, mais on a parfois eu l’impression qu’il n’en comptait que cinq ou six, tellement l’action s’est déroulée à toute allure. En aucun moment ou presque, les deux hommes n’ont ralenti leurs ardeurs, s’échangeant copieusement les combinaisons.
À un moment donné, Germain ébranlait Claggett. Un peu plus tard, souvent au cours d’un même engagement, c’était au tour de Claggett de sonner les cloches de Germain.
«[Germain] est invaincu, il est fort et il a battu quelques bons gars. Il ne se laissera pas faire. Il va se battre avec tout son cœur, et c’est exactement ce qu’il a fait», a dit Claggett.
Ça s’est échangé les politesses de cette façon du début à la fin. Sauf peut-être au dernier assaut, alors que Claggett a nettement eu le dessus sur son rival. Si le round avait duré quelques secondes de plus, il aurait peut-être pu l’envoyer au tapis, qui sait ?
«Au dernier round, il m’a fatigué. J’ai semblé ébranlé, mais je ne l’étais pas du tout. J’étais fatigué, je sentais mes jambes lourdes. J’ai commencé fort, mais il est venu me voler le round», a décrit Germain, qui n’a toutefois pas à rougir de l’ensemble de sa performance, bien au contraire.
À l’évidence, un affrontement aussi relevé et, surtout, qui se solde par un résultat comme celui-là, est pratiquement synonyme de combat revanche. Entre nous, l’option tombe sous le sens. Même si un deuxième volet ne devait avoir que la moitié de l’intensité du premier, la foule en aurait pour son argent.
Sans grande surprise, les deux pugilistes ont affirmé être prêts à en découdre à nouveau dans l’arène.
«Je ne refuse personne. Les gens qui me connaissent le savent : je ne refuserai jamais d’affronter une personne qui veut se battre contre moi», a prévenu Germain.
«J’aimerais revenir ici. J’adore Montréal», indique Claggett de son côté.
On ne se plaindra pas si le second épisode se passe chez nous, ça, c’est sûr.
Akhmedov, le prédateur
Sadriddin Akhmedov (à gauche) a facilement remporté son combat. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
En demi-finale de la soirée, Sadriddin Akhmedov (7-0, 7 K.-O.) a de nouveau fait la démonstration de son prodigieux talent en liquidant le Mexicain Abraham Juarez (13-2, 5 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :03 du quatrième round.
Le Kazakh de 20 ans met ainsi la main sur le titre WBC Jeunesse des super-mi-moyens, qui était jusque là vacant.
Privilégiant une stratégie axée sur la patience, Akhmedov a passé le combat à attendre que Juarez lui concède une ouverture pour placer ses attaques. Dès que ce dernier lui accordait à peine quelques centimètres, il dégainait avec violence et vitesse, atteignant la cible presque à tout coup. On aurait juré voir un scorpion, une vipère ou tout autre prédateur venimeux de votre choix s’en prendre à sa proie malchanceuse : vif, précis et létal.
Au quatrième engagement, Akhmedov a jeté Juarez une première fois au tapis à l’aide d’un uppercut des plus sournois. Le Mexicain s’est relevé, mais quelques instants plus tard, Akhmedov l’a renvoyé d’où il venait avec une violente droite en plein visage. Juarez s’est de nouveau relevé, mais il était clair qu’il n’en pouvait plus. L’arbitre Steve St-Germain l’a vite constaté lui aussi, et a décrété la fin du duel.
Les autres résultats
Ce fut une autre courte soirée de travail pour Arslanbek Makhmudov (à gauche). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
On espère que vous n’êtes pas allé à la salle de bain juste avant le combat entre Arslanbek Makhmudov (6-0, 6 K.-O.) et l’Américain Jason Bergman (27-16-2, 18 K.-O.). Car encore une fois, le gigantesque Russe a haché menu en un clin d’œil l’opposition ayant osé se dresser devant lui, l’emportant sans aucune difficulté par arrêt de l’arbitre à 1 :37 du tout premier round. Bergman est allé au plancher deux fois pendant ce bref combat.
Comme c’est désormais la coutume, les membres de la Team Tibo étaient nombreux pour encourager Vincent Thibault (8-0, 2 K.-O.), qui affrontait le Mexicain Jose Sergio Torres Perez (5-7, 5 K.-O.). Celui qu’on surnomme la fierté de Charlesbourg n’a pas déçu ses partisans, l’emportant par décision unanime (60-53 partout). Thibault a notamment fait visiter le tapis à Torres Perez au quatrième assaut grâce à un joli coup au corps.
Chez les femmes, Kim Clavel (6-0, 2 K.-O.) a terrassé la Mexicaine Luz Elena Martinez (5-2, 3 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :00 du quatrième round. Clavel a complètement dominé sa rivale, enchaînant de vicieux crochets en combinaison, avant de l’achever avec une violente droite en plein visage. Martinez n’a jamais pu se relever, et l’arbitre Martin Forest a ainsi stoppé les hostilités.
Lexson Mathieu (1-0, 1 K.-O.) a souligné le début de sa carrière professionnelle de brillante façon en neutralisant le Mexicain Edgar Santoyo (2-2-2, 1 K.-O.) après seulement 43 secondes d’action. Pendant ce court laps de temps, la jeune sensation de Québec, âgée de 19 ans, a envoyé son adversaire au tapis, avant de le tabasser sans aucune pitié. Alors que Santoyo tenait de peine et de misère dans le coin de l’arène, l’arbitre Albert Padulo fils a sagement choisi de mettre fin à ce duel.
Le combat entre François Pratte (8-0-1) et le Mexicain Sergio Silva (6-1-2, 2 K.-O.) n’a duré qu’une minute et 47 secondes, mais s’est conclu par un verdict nul technique. Silva a reçu un coup de tête accidentel avant de tomber au plancher. Constatant qu’il saignait derrière la tête en se relevant, Silva a aussitôt demandé à voir le médecin. L’examen s’est prolongé, tant et si bien que Silva, quelque peu vacillant, a indiqué qu’il n’était plus en mesure de poursuivre l’affrontement. Pratte était quant à lui fort déçu du résultat. On peut évidemment le comprendre.
Raphaël Courchesne a subi une sérieuse coupure à l’oeil gauche. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
À son premier combat depuis le mois de juin 2018, Raphaël Courchesne (5-0, 2 K.-O.) a offert une belle démonstration de résilience en prenant la mesure du Mexicain Alejandro Chavez Meneses (9-4, 5 K.-O.) par décision unanime (58-55, 58-55, 58-56). Le Maskoutain a d’abord chuté au premier round, avant d’être gravement coupé à l’œil gauche au quatrième. C’est avec le visage complètement ensanglanté qu’il a terminé ce furieux duel.
Dans le premier combat de la soirée, Kaemy Cloutier (2-0) a aisément disposé du Mexicain Saul Alejandro Gonzalez Meza (4-4, 3 K.-O.) par décision unanime (39-35, 39-35, 38-36). Le boxeur de Trois-Rivières a envoyé son rival au tapis au premier et au deuxième round.
Encore une fois cette année, la boxe québécoise nous aura offert son lot de moments mémorables, autant dans le ring qu’à l’extérieur. Ringside vous offre son palmarès des pugilistes de chez nous qui se sont illustrés en 2018 – pour le meilleur et pour le pire -, ainsi que quelques souhaits pour l’année à venir.
LE BOXEUR DE L’ANNÉE – Eleider Alvarez
La patience d’Eleider Alvarez aura largement été récompensée en 2018. Le boxeur colombien est non seulement devenu champion du monde après avoir attendu pendant deux ans d’avoir la chance de se battre pour une ceinture, sa victoire décisive contre Sergey Kovalev le 4 août l’a fermement ancré au sein de l’élite des mi-lourds, ainsi que dans le cœur des amateurs d’ici. Et pour couronner le tout, le voilà qui vient de signer un lucratif contrat avec le promoteur américain Top Rank. Cette année, Alvarez aura prouvé au centuple que tout vient à point à qui sait attendre. Tous les yeux de la planète boxe sont maintenant tournés vers le 2 février, date du combat revanche contre Kovalev au Texas.
LA MENTION HONORABLE – Marie-Ève Dicaire
Marie-Ève Dicaire est devenue championne IBF des super-mi-moyens. / Photo Bob Lévesque
Quand on y pense, ce que Marie-Ève Dicaire a accompli depuis le début de sa carrière relève de l’exploit à tous points de vue. Presque à elle seule, elle a réussi à faire connaître la boxe féminine professionnelle, sport qui était jusque-là largement méconnu du public québécois. Chemin faisant, et victoires aidant, elle s’est bâti une réputation enviable et un bassin de partisans considérable. Puis, le 1er décembre, elle est passée à l’histoire en devenant la première championne du monde québécoise aux dépens de Chris Namus. On a déjà hâte de voir ce que 2019 lui réserve.
LA SURPRISE – Mathieu Germain
Mathieu Germain a remporté ses quatre combats en 2018. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Ce qui fut étonnant dans le cas de Mathieu Germain, ce n’est pas qu’il ait remporté ses quatre combats en 2018 – le jeune homme a du talent, quand même. C’est plutôt la manière dont il s’est établi dans le paysage pugilistique de la province au cours de la dernière année. Bien peu de gens s’attendaient à ce que son combat du 23 juin contre Christian Uruzquieta, pour prendre cet exemple, se solde par la spectaculaire pétarade à laquelle on a pu assister ce soir-là. Cette victoire a confirmé ses dons de showman dans un ring, et n’est certes pas étrangère au fait qu’il disputera la première finale de sa carrière le 26 janvier au Casino de Montréal, alors qu’il fera face à Steve Claggett.
LA DÉCEPTION – Custio Clayton
Custio Clayton (à droite) lors de son combat contre Stephen Danyo, le 26 mai. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
On ignore quelle mouche a piqué Custio Clayton en 2018, mais elle devait être grosse en s’il-vous-plaît pour qu’elle fasse dérailler sa carrière de la sorte. Tout semblait lui sourire depuis qu’il avait quitté les rangs du Groupe Yvon Michel pour joindre ceux d’Eye of the Tiger Management. Des combats, des titres mineurs, il en était même venu à se classer aspirant obligatoire au titre WBO des mi-moyens après avoir vaincu Stephen Danyo le 26 mai. Mais après cette victoire, pour des motifs qui n’ont jamais été clairement expliqués, il a refusé un pactole de Top Rank qui lui aurait permis de se mesurer à Terence Crawford, en plus de larguer son entraîneur Daniel Trépanier et son gérant Douggy Bernèche. Et on ne l’a pas revu dans l’arène depuis. Vraiment, c’est à n’y rien comprendre. Et c’est bien dommage.
LE HÉROS OBSCUR – Patrice Volny
Patrice Volny a mis la main sur les titres NABA et NABO des poids moyens cette année. / Photo tirée de Facebook
Si les trois combats que Patrice Volny a disputés en 2018 avaient eu lieu au Québec plutôt qu’en Ontario, on aurait fait bien davantage état de ses exploits cette année. Après avoir défendu avec succès son titre canadien des poids moyens contre Janks Trotter le 19 mai, le boxeur montréalais s’est emparé des titres NABO et NABA de la catégorie en triomphant d’Albert Onolunose le 29 septembre. Ceintures qu’il a par la suite défendues avec succès contre Ryan Young le 15 décembre. Avec tout ça, le nom de Volny figure désormais aux classements mondiaux (10e WBO, 14e IBF et WBA).
LE COMBAT DE L’ANNÉE – Adonis Stevenson-Badou Jack
Le combat entre Badou Jack (à gauche) et Adonis Stevenson s’est soldé par un verdict nul majoritaire. / Photo fournie par Showtime
Allez, soyez honnêtes. Quand ce combat entre Adonis Stevenson et Badou Jack a été annoncé, vous avez sans doute été plusieurs à vous dire : « Bon, encore un combat inégal pour Adonis, qui va régler le cas de Jack comme si de rien n’était ». Ou encore : « Si ce combat d’Adonis est comme ses derniers, ça va tellement finir vite que ça en sera ennuyeux ». Non, mais, qu’est-ce qu’on s’est trompés! Le choc entre Stevenson et Jack, qui s’est soldé par un verdict nul majoritaire le 19 mai à Toronto, nous a gardés au bout de notre siège de la première à la dernière seconde. Et, disons-le, nous a un peu réconciliés avec Stevenson, sans qu’on se doute du drame qui surviendrait quelques mois plus tard…
LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – Arslanbek Makhmudov c. Andrew Satterfield
Il y avait quelques bons candidats pour recevoir cette mention cette année. Simon Kean qui envoie Adam Braidwood valser dans les câbles (une image qui rappelait vaguement le jeu vidéo Punch-Out!!). David Lemieux qui passe près d’arracher la moustache de Gary O’Sullivan en l’assommant d’un vicieux crochet gauche. Mais ne serait-ce que parce qu’on se demande comment la tête du pauvre Andrew Satterfield a pu rester vissée au reste de son corps, accordons l’honneur au terrifiant Arslanbek Makhmudov, qui a fermé les lumières de l’Américain en 35 petites secondes. Encore aujourd’hui, on a mal juste en revoyant la séquence.
LE PLUS BEAU RETOUR – Erik Bazinyan
Erik Bazinyan (à droite) a stoppé le vétéran Francy Ntetu le 13 octobre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
La carrière d’Erik Bazinyan faisait plus ou moins du surplace avant qu’il ne joigne les rangs d’Eye of the Tiger en début d’année. Depuis, son parcours a viré du tout au tout. Il a livré pas moins de cinq combats en 2018, et les a tous remportés avant la limite. On a encore en mémoire ce duel épique du 13 octobre contre le vétéran Francy Ntetu. Mine de rien, Bazinyan pointe maintenant au 3e rang de la WBO dans la catégorie des 168 lb, de même qu’au 12e échelon de la WBA. Âgé de seulement 23 ans, il pourrait réaliser de grandes choses en 2019.
L’ESPOIR À SURVEILLER – Sadriddin Akhmedov
Sadriddin Akhmedov saluant la foule après sa victoire du 24 novembre à Rimouski. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
On a vite compris pourquoi Sadriddin Akhmedov avait été champion du monde junior avant de faire le saut chez les professionnels en 2018. Et on ne parle pas seulement ici du fait qu’il ait profité de l’année pour remporter ses six premiers combats en carrière. Le jeune Kazakh de 20 ans a tout pour lui : la carrure, le style, la puissance, le petit côté juste assez arrogant quand il le faut… En voilà un qui sera hautement intéressant à suivre au cours des prochaines années. Ne soyez pas étonnés si on le voit avec une ceinture – pas nécessairement mineure – autour de la taille avant longtemps.
QUELQUES SOUHAITS POUR 2019
-Avant tout, on espère que la suite des choses ne sera pas trop pénible pour Adonis Stevenson et son entourage, en dépit des circonstances. Cette grave blessure subie lors de son combat contre Oleksandr Gvozdyk nous a cruellement rappelé que derrière les boxeurs, il y a d’abord et avant tout des êtres humains. Et quelle que soit notre opinion de l’individu, on ne peut que souhaiter qu’il retrouve une certaine qualité de vie le plus rapidement possible.
-Du succès pour David Lemieux chez les 168 lb. Quoique la tâche s’annonce d’ores et déjà ardue pour le nouveau trentenaire…
-Que la dure défaite contre Dillon Carman ait servi de leçon pour Simon Kean afin qu’il retrouve ses repères et remonte dans le ring de façon convaincante.
-Si, dans le temps des Fêtes, on a l’habitude de souhaiter la santé à nos proches, on va faire de même pour Oscar Rivas, qui n’a certes pas été épargné par les blessures au cours des dernières années.
-Plus de combats dans l’arène pour Artur Beterbiev, et un peu moins dans les palais de justice.
-Des combats d’envergure pour Yves Ulysse fils et Steven Butler, qui s’imposent de plus en plus dans les classements mondiaux.
-Un règlement rapide et positif de la dispute entre Batyr Jukembayev et EOTTM, conséquence du congédiement de Stéphan Larouche par le promoteur. On comprend les raisons qui motivent les deux camps, mais ce serait quand même bête de laisser filer un joli talent comme celui du Kazakh.
-Et, bien sûr, une bonne et heureuse année 2019 à vous tous!
La finale du gala d’Eye of the Tiger Management opposant Erik Bazinyan et Francy Ntetu samedi soir, au Casino de Montréal, s’annonçait déjà fertile en étincelles. Un duel à saveur locale. Deux belligérants qui se sont cherché noise durant la semaine précédant le choc. Deux titres mineurs à l’enjeu.
On a eu tout ça, et bien plus encore. Parce que ça ne s’aimait pas dans le ring. Mais alors là, pas du tout.
C’est à une véritable bagarre de ruelle que les amateurs ont assisté, et pendant laquelle tous les coups semblaient parfois permis. Bagarre au terme de laquelle Bazinyan (21-0, 16 K.-O.) a triomphé de Ntetu (17-3, 4 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :30 du sixième round. Il conserve donc sa ceinture NABO des super-moyens, en plus de mettre la main sur le titre NABA.
On savait déjà que le jeune homme, qui disputait un premier combat avec l’entraîneur Marc Ramsay dans son coin, était talentueux. Mais contre le vétéran Ntetu, on a vu un boxeur pugnace, résilient et juste assez «baveux» quand il le fallait. Et parfois, ce sont ces traits de caractère qui peuvent faire la différence entre un très bon boxeur et un champion.
«Quand Erik boxe avec sa tête, il est trop habile, il est trop bon. Ça lui prenait cette expérience, d’avoir des émotions. C’est la première fois qu’il affronte un gars aussi hargneux et dangereux», a affirmé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, allant même jusqu’à qualifier Bazinyan de «prochain [Gennady] Golovkin».
«Au-delà de la victoire, c’est l’expérience qu’il a acquise qui me rend tellement heureux.»
-Camille Estephan
Après un round initial plus ou moins paisible, Bazinyan a ouvert la machine au deuxième, multipliant les attaques féroces. Ce vieux renard de Ntetu est cependant parvenu à demeurer sur ses deux pieds. On peut même dire qu’il a dominé le troisième round, marqué par un échange de claques après la cloche qui ont suscité les reproches de la foule… et de l’arbitre Benjy Esteves Jr.
Le jeune pugiliste de 23 ans est donc revenu à sa recette originale, ébranlant dangereusement Ntetu au cinquième et l’envoyant au tapis au sixième. Voulant achever le travail, Bazinyan a emprisonné Ntetu dans les câbles en le pilonnant sans aucune pitié. L’officiel s’est interposé alors qu’il était devenu évident que Ntetu ne pouvait plus continuer.
«J’ai écouté Marc Ramsay. Il m’a dit que je devais rester intelligent et que ça finirait bientôt si je prenais mon temps.»
-Erik Bazinyan
Évidemment, on ne s’emportera pas trop vite et on verra de quelle façon Bazinyan poursuivra son ascension, lui qui était déjà classé cinquième aspirant mondial du WBO avant cette victoire. Mais il ne fait aucun doute que Ramsay a un beau projet sur la table.
«C’est un jeune homme qui très sérieux et concentré sur le travail à faire. Il n’est pas là pour niaiser. Il est très conscient du coût de la facture pour aller dans les hautes sphères de la boxe, et il est prêt à payer le prix», décrit l’entraîneur.
«Je commence maintenant à me hisser dans l’élite. Je dois commencer à travailler fort, parce qu’il y a de bons combats qui vont venir. C’est donc le temps de travailler plus fort», a quant à lui résumé Bazinyan.
Makhmudov fait une nouvelle victime
Arslanbek Makhmudov (debout, à gauche) a aisément ajouté une autre proie à son tableau de chasse. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Le combat entre Arslanbek Makhmudov et l’Argentin Emilio Ezequiel Zarate devait à l’origine avoir lieu vers le début de la soirée. Or, le brasse-camarade survenu lors de la pesée officielle – Makhmudov a repoussé son rival hors de la scène à l’aide d’une virile taloche après que Zarate se soit approché un peu trop près de lui à son goût – a convaincu les organisateurs de présenter ce duel en demi-finale du gala, en lieu et place du choc opposant Mathieu Germain et Carlos Jimenez (on y reviendra plus tard).
On pouvait donc imaginer qu’une certaine tension régnait entre les deux poids lourds au moment de monter dans l’arène. Or, Makhmudov (4-0, 4 K.-O.), comme c’est son habitude, a tôt fait de désamorcer tout ça en ne faisant d’une bouchée de Zarate (21-21-3, 12 K.-O.), au point où le coin de celui-ci a lancé la serviette à 1 :09 du deuxième round.
Dès le départ, le terrifiant colosse russe a martelé son opposant comme s’il s’agissait d’une piñata de mauvaise qualité. Rudement ébranlé par une droite au visage vers la fin du premier assaut, Zarate est demeuré debout tant bien que mal. Nul doute que la cloche fut accueillie avec soulagement dans son camp.
Malheureusement pour le Sud-Américain, Makhmudov n’avait aucune intention de lever le pied au round suivant. Après avoir envoyé Zarate au tapis pour un compte de huit, il a repris son travail de démolition dans le coin du ring. Devant un tel spectacle, les entraîneurs de Zarate ont judicieusement réclamé la fin du duel.
Cette autre victoire signifie du même coup la fin des combats de quatre rounds pour Makhmudov, qui pourra enfin passer à l’échelon supérieur. Il était temps. Quoique si la tendance se maintient, la longueur prévue de ses sorties ne changera pas grand-chose : il continuera d’être aussi expéditif.
Germain relève le défi
Mathieu Germain (à droite) l’a emporté par décision partagée. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Il ne fallait pas se laisser berner par la fiche en apparence ordinaire de Carlos Jimenez (14-9-1, 8 K.-O.). Le Mexicain de 28 ans, victorieux à ses quatre dernières sorties, a affronté des boxeurs de calibre plus que respectable au cours de sa carrière.
Le défi qui attendait Mathieu Germain (16-0, 8 K.-O.), à l’occasion de la première défense de son titre IBF nord-américain des super-légers, n’était donc pas à dédaigner. Et Germain l’a relevé avec succès, signant une victoire par décision partagée – annonce qui en a laissé plusieurs perplexes. Deux juges ont vu Germain gagnant à 99-91 et 98-92, tandis que le troisième avait Jimenez vainqueur à 96-94.
«Je suis vraiment surpris, a avoué Germain. […] Je pense que les juges favorisent parfois la pression plutôt que les coups qui atteignent [la cible]. Je suis un gars qui bouge beaucoup. J’ai décidé de ne pas bagarrer avec l’adversaire, c’était le plan de match.
«Dans ma tête, j’avais peut-être perdu un round ou deux, maximum. Je ne comprends vraiment pas la décision.»
-Mathieu Germain
Après un premier round un peu plus difficile, au cours duquel son rival a lancé les meilleures attaques, Germain a repris l’initiative au deuxième. Aidé par son remarquable talent pour éviter les frappes adverses, le Montréalais a ensuite pu dicter le tempo et s’imposer en tant qu’agresseur. Ses attaques, vives et franches, rentraient au poste, comme on dit.
Jimenez commençait sérieusement à pomper l’huile au moment d’entamer la deuxième moitié du duel. À l’inverse, Germain paraissait frais comme une rose dans le ring, poursuivant sa danse autour du Mexicain.
Jimenez l’a cependant secoué au huitième, ce qui a permis à celui-ci de rouvrir momentanément la machine. Il a tout tenté pour faire flancher Germain en fin de combat, s’attaquant notamment au corps de celui-ci, mais sans succès.
«C’est un gars qui a les mains lourdes, mais il ne m’a pas fait mal, honnêtement. J’ai seulement voulu laisser la pression passer un peu. Il a voulu saisir l’opportunité, alors j’ai reçu plusieurs coups dans ce round», a décrit Germain.
Les autres résultats
Artur Ziyatdinov (7-0, 6 K.-O.) a contraint le Mexicain Francisco Rivas (12-2, 5 K.-O.) à l’abandon à 0 :39 du troisième round. Le dodu Rivas a mis un genou au sol après un jab en apparence inoffensif. Mais lorsqu’il s’est relevé, on a pu voir que le coup lui avait laissé le nez ensanglanté. Le coin de Rivas a aussitôt demandé l’arrêt des hostilités. Une sage décision, d’autant que Ziyatdinov faisait ce qu’il voulait avec son rival jusque là.
Ghislain Maduma (20-3, 11 K.-O.) a signé une 20e victoire professionnelle aux dépens de l’Argentin Diego Gonzalo Luque (21-7-1, 10 K.-O.) par décision unanime (80-72 partout). Maduma, qui en était à une deuxième sortie depuis qu’il a mis un terme à sa retraite, a contrôlé le tempo du combat de la première à la dernière seconde. Mais Luque, qui s’était incliné devant Mikaël Zewski à Toronto, s’est avéré coriace et a refusé de céder. La bonne nouvelle pour l’Argentin, c’est que contrairement à son duel contre Zewski, aucun nu-vite n’est venu s’interposer dans l’action…
Saddridin Akhmedov (à droite) l’a emporté en 57 secondes. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Fidèle à lui-même, Saddridin Akhmedov (4-0, 4 K.-O.) s’est assuré d’écourter au maximum le séjour de son rival à Montréal. Cette fois, le malchanceux s’appelle Jesus Javier Mendoza (7-6-1, 6 K.-O.) et a cédé après seulement 57 secondes d’action. Alors qu’Akhmedov pilonnait le Mexicain dans le coin, l’arbitre Albert Padulo fils s’est sagement interposé pour mettre fin au supplice. Vivement un adversaire de meilleur calibre pour le Kazakh, question d’avoir une meilleure idée de l’étendue de son (grand) talent.
À défaut de récolter un premier knock-out en carrière, François Pratte (8-0) est demeuré invaincu face au Mexicain Oscar Mata (7-4-1, 2 K.-O.) en l’emportant par décision unanime (59-55, 59-55, 58-56). Le Trifluvien a fait preuve d’une belle vitesse dans ses attaques, tout en parvenant à contenir celles d’un rival qui n’avait jamais été stoppé auparavant.
Ablaikhan Khussainov (9-0, 6 K.-O.) a conservé sa fiche parfaite en passant le knock-out au Mexicain Jesus Laguna (22-13-3, 19 K.-O.) à 2 :54 du deuxième round. Le Kazakh a liquidé son adversaire avec un violent coup au corps qui ne lui a laissé aucune chance. Et c’est tant mieux pour Khussainov, puisque Laguna – qui avait livré un combat nul contre Roody Pierre-Paul en mars – lui en faisait voir de toutes les couleurs jusque là.
Chez les femmes, Kim Clavel (4-0, 1 K.-O.) a brillamment pris la mesure de la Mexicaine Cynthia Martinez (4-3, 1 K.-O.) et l’a emporté par décision unanime (40-36 partout). La pugiliste québécoise, qui ne s’était pas battue depuis le mois d’avril en raison d’une blessure à une main, s’est distinguée grâce à ses attaques aussi précises qu’incisives. En particulier au deuxième round, alors qu’elle a ébranlé Martinez avec un puissant crochet gauche.
Lors du premier combat de la soirée, Arutyun Avetisyan (11-0, 7 K.-O.) a terrassé l’Uruguayen Mauricio Barragan (4-3, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :22 du deuxième round. Le lourd-léger russe de 23 ans a envoyé son rival au tapis à deux reprises durant cet engagement. Barragan a eu besoin d’un bon coup de main pour se remettre de sa dernière chute. Avetisyan, qui profitait d’un essai avec Eye of the Tiger, a impressionné le promoteur au point où celui-ci l’a mis sous contrat après le gala. Un nom à surveiller, donc.
QUÉBEC – Le top-10 du classement mondial devra attendre pour Simon Kean. Samedi soir, au Centre Vidéotron de Québec, le boxeur de Trois-Rivières a frappé un mur. Un mur nommé Dillon Carman.
Et le choc fut brutal, c’est le moins qu’on puisse dire. Kean (15-1, 14 K.-O.) et Carman (14-3, 13 K.-O.) ont offert au public une véritable bagarre de ruelle. Au bout d’un affrontement aussi brutal que spectaculaire, il ne pouvait y avoir qu’un survivant. Et malheureusement pour les partisans réunis dans les gradins, c’est Carman qui a triomphé, passant le knock-out à Kean à 1 :28 du quatrième round.
Complètement sonné, se demandant visiblement ce qui venait de se passer, le Grizzly n’a pu que balbutier quelques mots dans l’arène après le combat, le temps de se dire ouvert à un combat revanche. Kean, qui a ainsi subi sa première défaite professionnelle, n’a pas rencontré les médias par la suite.
«C’est décevant. Peut-être que Simon n’a pas pris ce combat aussi au sérieux que celui contre Adam Braidwood. Il ne bougeait pas. Il était peut-être aussi trop lourd», a résumé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, la mine déconfite.
Carman, pour sa part, rayonnait malgré son visage parsemé d’ecchymoses. Sa victoire lui permet de mettre la main sur les ceintures WBC Francophone et NABA des poids lourds.
«Je savais que je l’avais dès le premier round. Je devais seulement attendre [le bon moment].»
-Dillon Carman
Il n’est pas le seul à avoir eu cette impression. L’entraîneur de Kean, Jimmy Boisvert, a constaté très tôt dans l’affrontement que son poulain ne connaîtrait pas une bonne soirée au bureau.
«Je l’ai trouvé à plat dès le départ, même dans le vestiaire. Ses jambes n’étaient pas assez mobiles. Il n’était pas aussi aguerri qu’avant. Il n’était pas comme ça pendant le camp d’entraînement», a-t-il relaté.
Kean a en effet passé la majeure partie du combat en déséquilibre, maîtrisant difficilement les attaques de Carman. À tel point qu’il s’est retrouvé au tapis au second round. Carman a visité le plancher à son tour au round suivant, mais le mal était fait pour Kean.
Au quatrième, il est tombé les quatre fers en l’airs après avoir reçu une combinaison de coups à la tête. Kean n’a jamais pu reprendre le collier, et l’arbitre Steve St-Germain a ainsi signalé la fin de l’affrontement.
«Je pense que ses principales faiblesses sont son menton et sa défense, a analysé Carman. Je l’ai frappé fort et je l’ai sonné avec mes jabs. J’ai vu dans ses yeux qu’il ne pourrait pas encaisser mes jabs.»
Comment expliquer cette déconvenue de Kean, qui surfait jusque là sur une séquence de sept victoires consécutives avant la limite ? Camille Estephan a évoqué, de manière plutôt sibylline, un problème se situant dans l’entourage du boxeur.
«Il est devenu une vedette. Et des fois, les gens veulent bien faire. Parfois un peu trop.»
-Camille Estephan
«Je suis persuadé qu’il va remonter la pente. C’est à lui de faire ce qu’il faut. Peut-être qu’il est trop ouvert avec son monde», a-t-il expliqué sans élaborer davantage.
Jimmy Boisvert, pour sa part, ajoute que son protégé devra aussi apporter des changements à la façon dont il se prépare avant un combat, notamment en s’accordant davantage de temps de repos. Boisvert est cependant catégorique : Kean a malgré tout eu un bon camp d’entraînement en prévision du duel contre Carman.
À la lumière de ces explications, il apparaît évident que Kean devra procéder à un profond et sérieux examen de conscience avant de remonter dans le ring. Autrement, ses rêves de combats d’envergure mondiale pourraient s’évanouir plus vite qu’il ne le croit.
Butler trop fort pour Balmir
Steven Butler (à gauche) a facilement vaincu Jordan Balmir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Après sa victoire contre Vito Vendetta en juillet à Laval, Jordan Balmir avait pris le micro pour défier Steven Butler et l’inviter à se battre. Quelques secondes plus tard – littéralement –, Butler acceptait l’offre. Et dès le lendemain, le combat était officialisé.
La tension était donc à son comble lorsque les deux pugilistes se sont amenés dans le ring, en demi-finale de la soirée. Tout le monde attendait de voir de quelle façon l’animosité entre les deux jeunes hommes, fort bien alimentée dans les jours précédant le gala, allait connaître son apothéose.
Réponse : Butler (25-1-1, 22 K.-O.) a vite fait ravaler ses paroles à Balmir (10-1, 6 K.-O.), signant une victoire sans appel par arrêt de l’arbitre à 1 :59 du troisième round. Il met ainsi la main sur le titre WBC Francophone des poids moyens.
«J’ai dit que j’allais le retourner à l’école. C’est un gars qui commence, mais il a beaucoup de cœur. Il a du talent. Mais il a sauté des étapes.»
-Steven Butler
Étant donné le caractère émotif de l’affrontement, le défi pour Butler était d’abord de conserver son calme afin de ne pas dévier de son plan de match et ainsi pécher par arrogance, comme il avait coutume de le faire par le passé. Or, le cogneur est demeuré en parfait contrôle du début à la fin.
«Mon équipe m’a demandé de me concentrer, de prendre ça business. [Samedi], c’était la fête de mon fils. Je ne voulais pas faire d’erreur, sinon, je m’en serais voulu», a-t-il expliqué.
Dès le départ, Butler s’est rué sur Balmir et n’a pas tardé à imposer le tempo de ce duel. Balmir a bien essayé de décocher quelques attaques, mais rien de suffisant pour inquiéter son adversaire.
Au troisième round, les coups de Butler ont fait tournoyer Balmir sur lui-même, tant et si bien que ce dernier n’a eu d’autre choix que de mettre un gant au tapis, bon pour un compte de huit.
Mais Butler, tel un requin flairant du sang frais, a vu là une occasion rêvée d’en finir. Et c’est précisément ce qu’il a fait, pulvérisant Balmir sans aucune pitié jusqu’à ce que l’arbitre Michael Griffin décide que le supplice du boxeur de Drummondville avait assez duré.
Les autres résultats
Clovis Drolet (7-0, 4 K.-O.) a vaincu le Bulgare Evgeni Borisov (3-2-1, 1 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :35 du quatrième round. Le boxeur de Beauport a envoyé son rival au tapis une première fois lors du troisième engagement, avant de remettre ça deux fois plutôt qu’une au round suivant. Borisov s’est bien relevé de son ultime chute, mais l’officiel Albert Padulo fils a jugé qu’il avait assez souffert pour la soirée.
Batyr Jukembayev (à droite). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Batyr Jukembayev (14-0, 12 K.-O.) s’est remis d’une visite au tapis dès le premier round pour finalement vaincre le Mexicain Patricio Moreno (20-3, 14 K.-O.) par knock-out à 2 :47 du septième round. Après sa chute, le Kazakh a rendu la politesse à son rival au deuxième assaut, avant de l’achever au septième grâce à un sournois coup au foie. Pour Jukembayev, il s’agissait d’un premier combat sans son entraîneur Stéphan Larouche, récemment libéré par Eye of the Tiger dans des circonstances à la fois houleuses et mystérieuses.
Vincent Thibault (7-0, 2 K.-O.) a de nouveau fait la soirée des nombreux et bruyants membres de Team Tibo venus l’encourager en l’emportant sur le Mexicain Sergio de Leon (8-4, 1 K.-O.) par décision unanime (59-55, 58-54, 60-53). Un combat divertissant où on s’est échangé généreusement les tapes sur le museau. La fierté de Charlesbourg a notamment envoyé son adversaire au plancher lors du second round.
Andranik Grigoryan (8-0, 1 K.-O.) a pris la mesure de l’Argentin Kevin Leonel Acevedo (15-2-2, 5 K.-O.) en l’emportant par décision unanime (80-72, 80-72, 79-73). Méthodique, le Montréalais d’origine arménienne a constamment mis de la pression sur Acevedo, qui n’a jamais pu déployer quoi que ce soit de menaçant.
Artem Oganesyan (à gauche). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Artem Oganesyan (7-0, 6 K.-O.), récemment recruté par Eye of the Tiger, n’a fait qu’une bouchée de l’Argentin Sergio Samuel Castellano (11-8, 7 K.-O.) en lui passant le knock-out après seulement 98 secondes d’action. Le Russe maintenant établi à Montréal, ancien champion du monde junior, a asséné un violent crochet gauche au visage de son adversaire, qui s’est aussitôt effondré comme une tonne de briques. De quoi impressionner son nouveau promoteur.
Une autre recrue d’Eye of the Tiger, Keamy Cloutier (1-0), a réussi son entrée dans les rangs professionnels en disposant aisément du Mexicain Miguel Angel Covarrubias (3-7-3, 2 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). On évitera de s’emballer trop rapidement après un seul combat, mais le jeune Cloutier, un Trifluvien de 23 ans, a quand même démontré un potentiel intéressant. À suivre.
Sébastien Roy (5-0, 1 K.-O.) est demeuré parfait en l’emportant face au Mexicain Mario Bedolla Orozco (2-2-1, 1 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). Un résultat un peu étonnant dans la mesure où Orozco aurait sans doute mérité au moins un round, en particulier le deuxième, alors qu’il s’est montré bien plus actif que son adversaire.
En lever de rideau, Yannick Parent (1-0, 1 K.-O.) et le Mexicain Rodolfo Lopez (6-6, 4 K.-O.) se sont livré un combat aussi bref que rocambolesque, alternant les chutes à qui mieux mieux. Au total, le pugiliste de Québec est allé deux fois au tapis, contre trois visites pour son rival. L’arbitre Alain Villeneuve a mis fin aux hostilités à la troisième chute de Lopez, permettant ainsi à Parent de signer un premier gain professionnel à 2 :33 du premier round de ce duel échevelé.
David Lemieux devait à tout prix signer une victoire convaincante contre Gary O’Sullivan, samedi à Las Vegas, afin de dissiper les doutes à son sujet et prouver qu’il avait encore sa place parmi l’élite des poids moyens. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas laissé planer les doutes bien longtemps!
Lemieux (40-4, 34 K.-O.) n’a eu besoin que de 2 minutes 44 secondes pour régler le cas de O’Sullivan (28-3, 20 K.-O.). Un vicieux crochet gauche sur le museau, et hop! Le volubile Irlandais s’est retrouvé affalé au tapis, incapable de poursuivre le duel. Merci, bonsoir, à la prochaine.
Après toutes les attaques verbales lancées par O’Sullivan au cours des dernières semaines, et les bousculades à la conférence de presse officielle et à la pesée, c’est ce qui s’appelle se faire fermer le clapet, chers amis.
Il est d’ailleurs admirable de voir à quel point Lemieux est revenu en force après ses récentes performances en demi-teinte.
Ça a commencé avec une pesée qui ne lui a posé aucun problème, contrairement à celle en marge de son duel face à Karim Achour, et lors de laquelle il était visiblement en meilleure forme. Il s’est même présenté dans le ring du T-Mobile Arena à 180 lb, contre seulement 165 pour O’Sullivan. De quoi bonifier une force de frappe déjà ravageuse.
Il faut dire aussi que Lemieux et son équipe savaient que le boxeur devait confondre les sceptiques au terme de cet affrontement. Une défaite ou un gain sans éclat, et les interrogations à son sujet n’auraient été qu’amplifiées. Ainsi, quoi de mieux que d’y aller d’un retentissant knock-out dont certains parlaient déjà comme étant celui de l’année?
Lemieux s’est amené dans ce combat le couteau entre les dents, courroucé par les clowneries de O’Sullivan et déterminé à le remettre à sa place, et a suivi le plan de match de son entraîneur Marc Ramsay à la lettre. Résultat: le cogneur québécois a offert sa meilleure sortie – aussi brève fut-elle – depuis son duel contre Curtis Stevens, et demeure du coup parmi les noms les plus redoutables et en vue de la division des moyens. Mission accomplie, donc.
Objectif: Canelo
De plus, grâce à cette victoire, Lemieux est l’aspirant obligatoire au titre WBA désormais détenu par Saul « Canelo » Alvarez, qui est devenu le premier à résoudre l’énigme Gennady Golovkin pour ainsi détrôner le dangereux Kazakh par décision majoritaire (115-113, 115-113, 114-114) au terme d’un superbe combat revanche entre les deux pugilistes.
Un duel Lemieux-Alvarez pourrait voir le jour plus tôt que tard, d’ailleurs. Le Mexicain a déjà réservé le MGM Grand de Vegas au mois de décembre. On verra si ce sera pour y accueillir son nouvel aspirant.
En attendant, la question est de savoir si Lemieux a ce qu’il faut pour venir à bout d’Alvarez, un rival de calibre nettement plus relevé que O’Sullivan, tout le monde en conviendra.
Pour l’instant, difficile d’offrir une réponse claire. Ce qui est manifeste, toutefois, c’est qu’après un certain dérapage, Lemieux est de retour en force sur la bonne voie. S’il continue dans cette même veine, tous les espoirs sont permis.
Un combat de championnat du monde en sous-carte d’un troisième duel Alvarez-Golovkin, peut-être? On peut bien rêver un peu…
Il n’est pas rare d’entendre un boxeur parler de son prochain combat comme étant le plus important de sa carrière. C’est si fréquent, en fait, que la déclaration relève davantage du cliché. Or, dans certains cas, il y a des clichés plus vrais que d’autres.
Celui de David Lemieux (39-4, 33 K.-O.) entre dans cette catégorie. Dans quelques heures, le Québécois montera dans le ring du T-Mobile Arena de Las Vegas pour se frotter à l’Irlandais Gary « Spike » O’Sullivan (28-2, 20 K.-O.) et tenter de lui ravir le titre Intercontinental de la WBO. Un affrontement présenté en sous-carte du combat revanche tant attendu entre Saul « Canelo » Alvarez et Gennady Golovkin.
Non, il ne s’agit pas d’un combat de championnat du monde. Et une défaite ne signifiera pas la fin de sa carrière pour autant. Mais pour le bien de celle-ci, à court et moyen terme à tout le moins, Lemieux n’a pas le choix de l’emporter. Pour paraphraser Ed Harris dans le film Apollo 13, l’échec n’est pas une option.
Cela n’a rien à voir avec le fait que le vainqueur du duel Lemieux-O’Sullivan se hissera au stade d’aspirant obligatoire au titre WBA des poids moyens, qui restera la propriété de Golovkin ou deviendra celle d’Alvarez selon le résultat de leur propre combat. Sa performance de ce soir déterminera la place qu’occupera Lemieux sur l’échiquier de la boxe mondiale au cours des prochaines années.
Le revers sans appel face à Billy Joe Saunders, en décembre 2017, a exposé les limites pugilistiques de Lemieux. Il a bien remporté son combat suivant contre Karim Achour au mois de mai, mais il ne se mesurait pas à un adversaire de calibre de championnat. Et on ne parle même pas de sa pesée ratée de la veille.
Bref, sa réputation dans l’industrie, bien qu’elle soit demeurée bonne malgré tout, a été quelque peu ébranlée depuis le fiasco Saunders. Ce soir, ce sera le moment ou jamais de lui redonner du lustre.
Si Lemieux veut conserver ses chances de se battre à nouveau pour un titre mondial un jour, WBA ou autre, il doit non seulement relever le défi O’Sullivan, il doit gagner de la manière la plus convaincante et spectaculaire possible. Sa marge de manœuvre à cet égard est à peu près nulle. Un gain à l’arrachée par décision, même unanime, ne suffira pas.
La bonne nouvelle pour lui, c’est que ses chances de victoire sont appréciables. O’Sullivan, quoique fort respectable, se veut un rival tout à fait « prenable » pour Lemieux. En autant que lui et son entraîneur Marc Ramsay jouent leurs cartes de la bonne manière, bien sûr.
Ce combat devrait par ailleurs être la source de nombreuses flammèches. Tant Lemieux que O’Sullivan affectionnent les bagarres de ruelle lors desquelles les coups de massue ont préséance sur l’élégance et la technique.
Qui plus est, les deux hommes ne se blairent pas. Mais alors là, pas du tout. Ils se sont nargués sur les réseaux sociaux pendant de nombreuses semaines. Et le chamaillage bien senti qui a suivi la conférence de presse et la pesée officielle a mis la table de belle façon pour ce duel.
Reste à espérer pour Lemieux qu’il sera en mesure de passer de la parole aux actes. La suite de son parcours professionnel en dépend.
Il faudra bien s’y faire une fois pour toutes. L’époque où Steven Butler se ruait comme un train sur ses adversaires sans trop d’égard à sa propre sécurité semble de plus en plus révolue.
C’est en effet à une autre démonstration de cette nouvelle méthode Butler, qui privilégie la patience et la stratégie, que nous avons assisté samedi soir, au Casino de Montréal, alors que le cogneur montréalais se mesurait à l’Américain Carson Jones (40-14-3, 30 K.-O.).
Le vétéran de l’Oklahoma, qui revendique plus d’une cinquantaine de combats au compteur malgré qu’il n’ait que 31 ans, n’a pu résister aux assauts de Butler (24-1-1, 21 K.-O.), qui a triomphé par arrêt de l’arbitre à 50 secondes du septième round.
«Le but de ce combat était de suivre le plan de match, a expliqué Butler à sa sortie du ring. Même si je lui faisais mal, même s’il tombait, il fallait que je revienne au plan de match, et je pense que j’ai bien suivi cela.»
«Je n’ai pas cherché le knock-out, je l’ai créé.»
-Steven Butler
Résumé fort à propos s’il en est un, ici. Butler a effectivement pris tout le temps nécessaire pour éroder la garde de Jones afin d’en faire ce qu’il voulait par la suite, plutôt que de lui sauter dessus dès le départ, avec les périls que cela comporte. On n’aurait jamais pensé une telle chose possible il y a un an et demi à peine.
Autre preuve que Butler a suivi sa nouvelle recette à la lettre : son entraîneur Rénald Boisvert jubilait après le combat.
Oh, bien sûr, il sera toujours heureux de voir son protégé l’emporter. Mais il lui est souvent arriver de grincer des dents devant l’arrogance et l’impétuosité du jeune pugiliste, comme ce fut notamment le cas après le combat revanche face à Jaime Hererra, au mois de mars.
Or, c’était tout le contraire après ce duel contre Jones.
«Je pense que c’est la première fois que je suis vraiment satisfait de lui. C’est la première fois que j’ai ce sentiment de plénitude.»
-Rénald Boisvert
«Je pense que c’est la première fois qu’il est méthodique. […] C’est extrêmement important, car un boxeur doit préparer ses coups de poing. Il a beau être un cogneur, on ne passe pas à travers des gants. Il faut être capable de préparer ses attaques, et c’est ce qu’il a fait», a indiqué Boisvert.
Après un début d’affrontement plutôt tranquille, Butler s’est activé à partir du troisième assaut, perçant la défense de Jones avec des frappes vives et précises. Butler a ainsi poursuivi le travail au cours des reprises subséquentes, non sans devoir recevoir quelques politesses de Jones sur le menton au passage. Rien pour le troubler outre mesure, cependant.
Jones a fini par céder une première fois au cinquième engagement, posant un genou au sol afin de forcer Butler à suspendre ses rafales et ainsi pouvoir prendre quelques secondes de répit. Une décision judicieuse de la part du vétéran dans les circonstances.
Sauf que Butler n’a pas tardé à reprendre là ou il avait laissé, renvoyant Jones au tapis avec un joli coup au corps lors du round suivant. Puis, au septième, Butler a matraqué son rival alors que ce dernier était acculé aux câbles, jusqu’à ce que l’arbitre Alain Villeneuve décrète la fin des hostilités.
Cette victoire vient-elle confirmer que l’ancien Butler, le Butler 1.0 qui pouvait laisser la fébrilité lui monter à la tête au risque de se faire jouer des tours, appartient bel et bien au passé ? Rénald Boisvert préfère attendre de voir son poulain à l’œuvre lors de quelques combats supplémentaires avant de se prononcer une fois pour toutes. Mais les signes en ce sens semblent encourageants.
« Des fois, le boxeur est émotif. Un adversaire coriace, qui nargue ou avec lequel il a des comptes à régler… C’est là que ça peut parfois jouer. À la base, Steven Butler est quelqu’un de super émotif. Dangereusement émotif. Il y a là une lutte à livrer toute sa vie durant, dans la vie de tous les jours comme dans la boxe », a-t-il relaté.
Germain enflamme le Casino !
Christian Uruzquieta et Mathieu Germain ont offert un spectaculaire combat. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
En demi-finale, Mathieu Germain (15-0, 8 K.-O.) a décroché un premier titre mineur en carrière – en l’occurrence, la ceinture IBF nord-américaine des super-légers – grâce à sa victoire sur le Mexicain Christian Uruzquieta (17-4-1, 6 K.-O.) par décision unanime (98-92, 98-92, 97-93). Une furieuse pétarade qui a soulevé la foule et qui se taillera une place au palmarès des combats de l’année 2018 au Québec.
Le toujours spectaculaire «G-Time» a donné plusieurs maux de tête à son adversaire, au propre comme au figuré. Extrêmement mobile et actif dans le ring comme à son habitude, il a profité du fait qu’Uruzquieta était à toutes fins pratiques incapable d’éviter sa droite pour marteler ce dernier à cœur joie. Peu importe le type de coup lancé, Germain atteignait constamment la cible s’il venait de la main droite.
En fait, la seule chose que Germain n’a pas pu faire dans ce violent duel, c’est d’envoyer son adversaire au tapis. Rendons d’ailleurs hommage à cet égard à Uruzquieta, qui a encaissé sans broncher toutes ces bombes que Germain lui a expédiées en pleine figure.
De la première à la dernière secondes, les deux hommes se sont frappés sans aucune retenue. Les spectacteurs ont hurlé de plaisir, incapables de détourner leur regard du ring et de l’action nucléaire qui s’y déroulait. Non, vraiment, ce fut un sublime spectacle.
On vous a dit que ce combat figurerait parmi les meilleurs de l’année ?
Retour réussi pour Maduma
Ghislain Maduma (à droite) a vaincu Jhony Navarrete pour souligner la fin de sa retraite. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM
Ghislain Maduma ne s’était pas battu depuis un peu plus d’un an et demi, soit depuis sa défaite face à Ricky Sismundo, le 22 octobre 2016. Il a mis un terme à cette retraite en début de gala, samedi, affrontant pour l’occasion le Mexicain Jhony Navarrete (31-13-2, 13 K.-O.).
Et le retour fut heureux pour Maduma (19-3, 11 K.-O.), qui l’a aisément emporté par décision unanime (80-72 partout) sous les chaleureuses salutations du public. Malgré ce résultat à sens unique, Maduma a admis que la rouille s’est fait ressentir dans les premiers instants du duel, lui qui a repris l’entraînement il y a seulement quelques mois après plus d’un an
« Physiquement, j’avais un peu de difficulté. Mais mentalement, j’étais là tout au long du combat. Je savais ce qui se passait durant chaque round. Je savais qu’il [Navarrette] était dangereux, mais il n’a pas le niveau de talent et l’exécution mentale nécessaires et que j’ai afin de pouvoir me battre », a-t-il souligné.
Pourtant, rien ne laissait croire que «Mani» remonterait dans l’arène un jour. D’une part, il se plaît amplement dans son travail administratif au sein d’Eye of the Tiger Management. Mais surtout, il admet lui-même qu’il n’avait plus envie de s’entraîner tous les jours et de souffrir avant un combat.
«À la première journée de ma retraite, je voulais retourner [dans le ring] dès le lendemain. Mais je n’avais plus la faim pour aller m’entraîner. C’est ce que j’avais perdu.»
-Ghislain Maduma
« Je n’avais plus le goût de payer le prix pour boxer, a-t-il poursuivi. Je respecte mon sport. Je ne m’embarquerai jamais là-dedans sans avoir fait le travail que j’ai à faire. C’est pour cela que j’avais arrêté. »
Mais grâce aux encouragements de son patron Camille Estephan, et énergisé par ce qu’il voyait de son confrère et ami Mathieu Germain au gymnase, Maduma s’est finalement décidé à revenir. Et ses partisans seront ravis d’apprendre que ce retour n’était pas qu’une simple aventure d’un soir. Le boxeur a l’intention de reprendre du service pour de bon.
« Je ne ferai jamais ça pour un soir seulement. Je respecte trop ce sport », insiste-t-il.
Les autres résultats
Erik Bazinyan (20-0, 15 K.-O.) a signé une 20e victoire en autant de sorties professionnelles aux dépens du Péruvien David Zegarra (32-3, 20 K.-O.), l’emportant par arrêt de l’arbitre à 2 :45 du quatrième round. Bazinyan avait pratiquement réussi à envoyer son adversaire au sol à la toute fin du troisième assaut, mais Zegarra est demeuré debout malgré tout, quoique titubant.
Le mal était cependant fait pour le round suivant, alors que le Sud-Américain est allé deux fois au tapis. L’arbitre Martin Forest a mis un terme au duel après la seconde chute. Bazinyan, déjà classé au 10e rang de la WBO chez les super-moyens, met ainsi la main sur le titre NABO de la catégorie.
Vincent Thibault (6-0, 2 K.-O.) a de nouveau ravi ses nombreux partisans venus l’encourager en prenant la mesure du Mexicain Manuel Garcia (15-15-2, 6 K.-O.) par décision unanime (60-53, 60-53, 59-54). La fierté de Charlesbourg, comme on l’appelle, a malmené son rival tout au long de l’affrontement, l’envoyant au plancher lors du cinquième round.
Raphaël Courchesne (4-0, 2 K.-O.) n’a eu aucune difficulté à disposer du Mexicain Ernesto Olvera (7-2-1, 2 K.-O.), l’emportant par décision unanime (40-35 partout). Le pugiliste maskoutain a pilonné son rival d’un bout à l’autre du combat avec de puissantes attaques, qui ont forcé Olvera à visiter le tapis au quatrième et dernier round.