Vengeance obtenue

[Photo fournie par Golden Boy Promotions]

Avant toute chose, Ringside doit vous offrir ses excuses. Contrairement à son habitude, l’humble blogue de boxe que vous lisez actuellement ne pourra vous livrer une analyse entière et détaillée du combat qui opposait Yves Ulysse fils et Steve Claggett jeudi soir, en Californie.

La raison : la retransmission en direct de l’événement, présenté par DAZN et Golden Boy Promotions, a connu d’importants ratés – et on est gentils en le disant ainsi. Le public s’est donc retrouvé dans le noir plus souvent qu’à son tour durant le combat, et ne s’est pas gêné pour faire connaître sa frustration. On y reviendra un peu plus tard, si vous le voulez bien.

Yves UIysse (18-1, 9 K.-O.), donc, avait de nouveau rendez-vous avec l’Albertain Steve Claggett (27-6-2, 17 K.-O.), qui l’avait surpris en 2017 à Montréal en lui infligeant une défaite hautement controversée – la première de sa carrière – par décision partagée.

Ulysse trépignait depuis ce temps à l’idée d’obtenir un combat revanche, et son souhait a finalement été exaucé jeudi, au Fantasy Springs Casino d’Indio. Le Québécois a profité de l’occasion pour rendre à Claggett la monnaie de sa pièce et venir à bout du pugiliste de Calgary par décision unanime (96-94, 97-93, 97-93).

Ulysse a du même coup mis la main sur le titre « Gold » de la WBA chez les super-légers, plus récente déclinaison des nombreuses ceintures que remet la fédération dans chaque catégorie de poids.

« Dans ma ville, on dirait ‘tabarnak’!, a lancé en boutade le vainqueur en entrevue dans le ring après le combat. Je n’ai pas de mots pour décrire cette victoire. Ce n’était pas un combat facile. »

Claggett, lui, semblait complètement tétanisé après l’annonce du verdict des juges. « Je pensais avoir gagné… », a-t-il soupiré, encore incrédule.

Recette connue

Lors du premier affrontement entre les deux hommes, un Claggett teigneux avait forcé Ulysse à jouer son jeu, alors que ce dernier préfère plutôt étourdir ses adversaires avec sa grande mobilité. En conséquence, les corps-à-corps avaient été nombreux et plusieurs rounds s’étaient avérés difficiles à départager, ce qui n’est pas étranger au résultat litigieux qui a suivi.

Claggett a tenté d’appliquer la même recette pour ce second choc. Or, de toute évidence, Ulysse y était préparé. Le protégé de Rénald Boisvert, bien qu’il ait eu fort à faire pour repousser les assauts incessants de son rival, s’est démarqué avec des attaques précises et efficaces.

Après deux rounds plus ou moins à l’avantage de Claggett, Ulysse a ouvert la machine au troisième engagement, atteignant la cible de manière convaincante à quelques reprises. Mais Claggett, toujours aussi coriace, n’a jamais flanché et a assuré une réplique plus qu’honorable.

On suppose que la tendance s’est poursuivie en deuxième moitié de combat, et que quelque part au passage, Ulysse a fait ce qu’il fallait pour devancer Claggett pour de bon sur les cartes de pointage. Si seulement on avait pu voir quelque chose des cinq derniers rounds…

Grâce à cette victoire et la ceinture qui l’accompagne, Ulysse devrait effectuer un bond appréciable dans les classements mondiaux. Il a du même coup cimenté un peu plus son statut d’étoile montante dans la division des super-légers. On a déjà hâte de connaître la suite pour lui.

Amateurisme à l’écran

Ce second choc Ulysse-Claggett constituait le plat de résistance du premier gala de la nouvelle série Thursday Night Fights, œuvre conjointe de DAZN et Golden Boy Promotions.

Nul doute que le combat a répondu aux attentes pour lancer l’événement. Mais la piètre qualité de la retransmission en direct du gala, disponible entre autres via la page Facebook de Golden Boy, a failli tout torpiller.

En fait, les choses allaient relativement bien jusqu’au combat principal. C’est à ce moment que le signal s’est mis à faire des siennes. Images embrouillées ou figées, perte du son et/ou de l’image, tout y est passé. On n’a pratiquement rien pu voir de la dernière partie du combat.

Heureusement, la situation a pu être rétablie à temps pour l’annonce de la décision. Mais le mal était largement fait. Parlez-en aux nombreux spectateurs qui exprimaient en direct leur colère, utilisant souvent un certain mot débutant par la lettre F (indice : ce n’est pas « farandole »).

Personne n’est à l’abri d’un ennui technique, tout le monde s’entend là-dessus. Mais avouons-le, Golden Boy a fait figure d’amateur en nous offrant une webdiffusion aussi minable.

Espérons qu’elle sera à tout le moins potable jeudi prochain, alors que Steven Butler et Erik Bazinyan seront en action à Las Vegas. Ce serait dommage que le public québécois, et tous les autres amateurs de boxe, soient privés aussi bêtement de leurs débuts en sol américain.

« Pay-per-view is dead! », se plaisait à pontifier à outrance le descripteur en poste pour la soirée de jeudi, martelant ainsi le leitmotiv de DAZN à qui voulait l’entendre

Désolé, cher ami. Vous auriez plutôt dû dire : « The signal is dead! ».

Et si c’est ça, le meilleur que vous pouvez offrir, la télé payante peut dormir tranquille.

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De la parole aux actes

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

SHAWINIGAN – Après des mois d’invectives et de défis verbaux lancés ici et là, c’était finalement l’heure pour Simon Kean et Adam Braidwood d’en venir aux faits – et aux poings – samedi soir, au Centre Gervais Auto de Shawinigan, dans ce qui était sans contredit le duel de poids lourds canadiens le plus attendu depuis des années.

Tout était donc en place pour que les deux hommes se livrent une véritable guerre dans le ring. Et c’est précisément ce à quoi on a eu droit : un combat furieux, sanglant, qui s’est soldé par une victoire sans merci de Kean par arrêt de l’arbitre à 1 :32 du troisième round. En plus de défendre son titre IBO Intercontinental, le Trifluvien obtient la ceinture WBC Francophone des lourds.

«Enfin, j’ai pu mettre un point d’exclamation sur ce combat qui était tant attendu, s’est réjoui Kean. J’ai prouvé au monde que j’étais 100 fois meilleur que lui. J’ai dominé sur toute la ligne. C’est ce que je vaut. Je suis soulagé, content et fier.»

«Je crois que [samedi] soir, nous avons vu le meilleur Simon que nous avons vu jusqu’ici, a pour sa part analysé Braidwood. J’aime penser que nous avons fait ressortir ce qu’il y a de mieux en chacun de nous. Il était le meilleur ce soir. Il était très rapide, très difficile à atteindre. Il a neutralisé mon jab.»

Dès le départ, le Grizzly a montré qu’il n’avait pas l’intention de décevoir les 4862 bruyants partisans venus l’encourager. Il s’est rué sur Braidwood comme s’il n’y avait de lendemain, ne laissant aucune chance à son rival d’imposer quelque tempo que ce soit.

«Je trouvais qu’il encaissait et qu’il avait une bonne mâchoire. Quand j’ai commencé à l’atteindre, je croyais que j’allais finir par le faire tomber dans les secondes suivantes. Mais il faut rendre hommage à Adam. C’est un guerrier.»

-Simon Kean

Tôt au deuxième assaut, un coup de Kean a coupé le pugiliste de Victoria à l’œil gauche. Ce dernier s’est alors mis à saigner abondamment, mais le médecin a jugé qu’il était en mesure de continuer le combat.

Kean en a évidemment profité pour poursuivre son travail de démolition pour le reste du combat, jusqu’au moment où il a violemment atteint Braidwood d’un crochet gauche en plein visage. Ce dernier, titubant, est allé s’échouer dans les câbles. L’arbitre Michael Griffin a ainsi décrété la fin du combat.

«Je pense que son expérience a paru ce soir. C’était un honneur de se battre contre le numéro un canadien et le 25e au monde. […] Trois ans, je n’étais rien. Je ne m’entraînais même pas, alors je suis heureux d’être ici», a souligné Braidwood, philosophe dans la défaite.

Celui-ci a laissé entendre après le combat qu’il serait ouvert à en découdre de nouveau avec Kean l’an prochain. Utopie ou projet réaliste ? Chose certaine, à en juger par l’engouement que l’événement a suscité chez eux, les gens de Shawinigan seraient tout à fait preneurs.

En attendant, le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, a fait savoir qu’il aimerait voir Kean remonter dans le ring en septembre et en décembre. Mais surtout, il a avoué être ému pour son boxeur, qui a fait taire, selon lui, bon nombre de détracteurs grâce à cette victoire.

«Les gens ne croyaient pas vraiment en lui. Il y a eu des commentaires très cinglants envers Simon de la part d’autres personnes jalouses. Et là, [ces gens] voudraient maintenant être de notre bord», a-t-il dit avec une fierté évidente.

Retour réussi pour Ulysse

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Yves Ulysse fils (à droite) a vaincu Ernesto Espana par décision unanime. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Cela faisait six mois jour pour jour qu’on n’avait pas vu Yves Ulysse fils dans le ring, soit depuis son éclatante victoire face à Cletus Seldin, à Laval. Victoire au cours de laquelle il avait subi une entorse ligamentaire au poignet droit.

Pleinement rétabli de sa blessure, Ulysse (16-1, 9 K.-O.) est remonté dans l’arène pour y affronter le Vénézuélien Ernesto Espana (25-1-1, 20 K.-O.), dans ce qui constituait essentiellement un combat de remise en forme. Sans surprise, le Québécois est sorti vainqueur de cet affrontement par décision unanime (100-90, 100-90, 99-91), et met ainsi la main sur le titre WBC Fecarbox des poids super-légers.

«C’était comme un piranha. Il n’arrête pas de mordre. Il fallait que j’aille le chercher en faisant des feintes. […] C’était un bon test pour montrer que je peux entrer dans les classements mondiaux et me battre avec l’élite.»

-Yves Ulysse fils

Nullement intimidé par un rival plus grand de près d’une tête, Ulysse s’est montré patient et méthodique dans le ring, attendant que l’ouverture se crée devant lui. Et chaque fois qu’elle se créait, il fonçait en plein dedans comme un taureau. Avec des résultats souvent probants.

Il faut dire que malgré sa fiche en apparence impressionnante, Espana n’avait affronté jusqu’ici que très peu de boxeurs présentant une fiche positive. En fait, moins de la moitié de ses adversaires possédaient au moins une victoire au compteur avant de croiser le fer avec eux. Cela dit, on doit lui reconnaître une étonnante ténacité, qui lui a permis de demeurer debout tout au long du duel.

«Il est invaincu. Crois-tu qu’il aura son zéro gratuitement ? Il préfère mourir sur le ring. Vous avez vu les coups avec lesquels je l’ai ébranlé ? Il ne voulait rien savoir. Il m’a dit de venir le chercher.»

«On pensait que j’avais un deux de pique devant moi. Il vous a montré que ce n’est pas un deux de pique», a insisté Ulysse.

Les autres résultats

Le Trifluvien François Pratte (7-0) a réjoui le public local en venant à bout de l’Albertain Eric Taylor (8-2-2, 4 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Le combat a toutefois paru beaucoup plus serré que ce que les cartes de pointage laissent croire. En cas de victoire, Pratte avait la possibilité de se mériter un contrat avec Eye of the Tiger Management. Sa performance contre Taylor aura-t-elle été suffisamment convaincante ? La réponse sous peu, on présume.

À défaut d’être mémorable, le combat entre Andranik Grigoryan (7-0, 1 K.-O.) et le Mexicain Daniel Olea (13-5-2, 5 K.-O.) aura au moins permis au Montréalais d’origine arménienne d’ajouter une victoire à sa fiche, celle-là par décision unanime (80-72 partout). Sans faire d’étincelles, Grigoryan est néanmoins parvenu à tenir son rival en échec du début à la fin.

Nurzat Sabirov (7-0, 6 K.-O.) a racheté un lent début de combat de belle façon en obligeant le Mexicain Guillermo Romero (12-7, 9 K.-O.) à abandonner à 2 :37 du quatrième round. Celui-ci est allé deux fois au tapis lors de cet ultime assaut, se retrouvant littéralement les quatre fers en l’air après sa seconde chute. C’était assez pour convaincre le coin de Romero de réclamer l’arrêt des hostilités.

Artur Ziyatdinov (6-0, 5 K.-O.) s’est carrément moqué du Mexicain Mario Aguilar (18-5, 16 K.-O.), l’emportant par décision unanime (60-54, 60-54, 59-55). C’est à se demander comment Aguilar a fait pour ne jamais aller au plancher, tant Ziyatdinov l’a malmené tout au long de cet excitant combat. Le teint cramoisi du visage du Mexicain au terme du duel était assez éloquent à cet égard…

En début de gala, Saddridin Akhmedov (3-0, 3 K.-O.) a livré une autre magnifique performance, forçant le Mexicain Gustavo Garibay (13-11-2, 5 K.-O.) à déclarer forfait à 2 :24 du cinquième round. Garibay a visité le tapis à trois reprises durant l’affrontement, impuissant devant les attaques aussi violentes que sournoises de son adversaire.

Les bons (et moins bons) coups de 2017

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Dans l’ensemble, l’année 2017 aura été très bonne pour la boxe québécoise. Puisqu’il ne reste que quelques heures avant de lui dire au revoir, et parce que le temps est propice aux rétrospectives, Ringside vous propose son palmarès des boxeurs québécois qui se sont illustrés au cours des douze derniers mois. Que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises raisons…

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – David Lemieux

Rangez vos fourches et vos torches, par pitié! Bon, d’accord, l’année s’est plutôt mal terminée pour Lemieux, complètement déclassé par Billy Joe Saunders il y a quelques semaines, dans leur affrontement pour la ceinture WBO des poids moyens. Mais avant cette douloureuse défaite, Lemieux a tout de même remporté deux éclatantes victoires contre Curtis Stevens (voir plus bas) et Marcos Reyes. Et l’engouement autour du choc face à Saunders a confirmé qu’il est désormais le visage de la boxe au Québec, que ce soit dans la victoire ou la défaite. Pour toutes ces raisons, il mérite d’être nommé boxeur de l’année 2017 de la province.

LA MENTION HONORABLE – Artur Beterbiev

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Artur Beterbiev (à droite) est devenu champion IBF des mi-lourds en l’emportant contre Enrico Koelling. / Photo tirée du compte Twitter de Top Rank

S’il avait été plus actif (un seul combat en 2017), nul doute que Beterbiev aurait aisément remporté le titre de boxeur de l’année. Grâce à sa victoire contre Enrico Koelling, le 11 novembre, le Tchétchène est devenu champion IBF des mi-lourds, division fort achalandée par les temps qui courent. Dommage que son triomphe ait eu lieu en Californie, loin de ses partisans, et qu’il soit passé sous le radar à cause du litige contractuel qui l’oppose au Groupe Yvon Michel.

LA SURPRISE – Yves Ulysse Jr

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis trois fois en autant de rounds, le 16 décembre. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

On se doutait bien qu’Ulysse finirait par rebondir de sa défaite controversée du 27 octobre face à Steve Claggett. Mais peu de gens croyaient qu’il le ferait dès son combat suivant, et surtout, de façon aussi spectaculaire. Le 16 décembre, à sa première sortie à l’antenne du réseau HBO, Ulysse a envoyé au plancher l’étoile montante américaine Cletus Seldin trois fois en autant de rounds, avant de signer une victoire par décision unanime. Le jeune homme s’est aussitôt fait un nom sur la planète boxe. On a déjà hâte de voir ce que 2018 lui réserve.

LA DÉCEPTION – Adonis Stevenson

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À son unique combat en 2017, Adonis Stevenson (à gauche) n’a fait qu’une bouchée d’Andrzej Fonfara. / Photo Bob Lévesque

Nombreux seront ceux qui auront envie d’accorder cette mention peu enviable à Lemieux après sa contre-performance contre Saunders. Mais entre nous, plus le temps passe, et plus le nom d’Adonis Stevenson devient le punch d’une mauvaise blague dans le monde de la boxe. Son refus obstiné d’affronter Eleider Alvarez, qui est pourtant son aspirant obligatoire depuis deux ans, relève carrément de l’enfantillage. Il faut dire que le WBC sert bien la cause de son champion des mi-lourds dans ce dossier… En raison de son comportement, celui qui aurait dû être un fleuron de notre boxe s’est transformé en paria. Dommage.

LE HÉROS OBSCUR – Eleider Alvarez

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Eleider Alvarez (à droite) a vaincu Jean Pascal par décision majoritaire le 3 juin. / Photo Bob Lévesque

Parlant d’Alvarez, on oublie qu’il a signé deux brillantes victoires cette année, et pas contre n’importe qui : Lucian Bute (24 février) et Jean Pascal (3 juin). Si on place le Colombien dans cette catégorie, c’est parce que ses exploits ont malheureusement été occultés par les incessantes frasques de Stevenson. Et parce que sa patience, justement, commence à frôler l’héroïsme…

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – David Lemieux c. Curtis Stevens

En plus d’être le knock-out de l’année sur la scène québécoise, le coup d’assommoir que David Lemieux a servi à Curtis Stevens au troisième round de leur duel du 11 mars a retenti partout sur la scène internationale, comme en ont témoigné d’autres palmarès semblables à celui-ci. On remarquera d’ailleurs que Stevens n’est pas remonté dans le ring depuis cette cinglante visite au tapis. Peut-être gît-il encore aux abords de l’arène, complètement sonné?

LE PLUS BEAU RETOUR – Steven Butler

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Steven Butler (debout) a été le premier à envoyer Lanardo Tyner au tapis. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

L’année 2017 a bien mal commencé pour Butler, qui a encaissé un premier revers en carrière face à Brandon Cook, le 27 janvier. On se souvient tous de l’énorme brouhaha qui a suivi au Centre Bell ce soir-là… Le jeune cogneur s’est cependant bien repris en ajoutant trois knock-out consécutifs à sa fiche, dont le dernier aux dépens du vétéran Lanardo Tyner, qui n’avait jamais été couché auparavant. On a également constaté un style quelque peu différent chez Butler depuis sa défaite contre Cook, qui le sert bien jusqu’ici. À seulement 22 ans, tous les espoirs sont encore permis pour lui.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Marie-Ève Dicaire

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Marie-Ève Dicaire a remporté ses quatre combats en 2017. / Photo Archives Bob Lévesque

Plusieurs boxeurs auraient pu se mériter cette mention : Christian M’Billi, Batyr Jukembayev ou encore Mathieu Germain, pour ne nommer que ceux-là. Mais parce qu’elle s’est améliorée à chacune de ses quatre sorties cette année, accordons cet honneur à Marie-Ève Dicaire. Toujours parfaite en dix combats, l’athlète de Saint-Eustache s’est également taillé une place de choix dans le cœur du public grâce, entre autres, à son charisme débordant. Le Québec peut se compter chanceux d’avoir une ambassadrice de la boxe féminine de sa trempe.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2018

-La conclusion la plus hâtive possible du litige entre Artur Beterbiev et le Groupe Yvon Michel, et ce, peu importe le camp qui obtient gain de cause. Plus le dossier traîne, plus les dommages se multiplient pour tout le monde, à commencer par l’amateur de boxe. Les parties ont rendez-vous devant le tribunal au mois de mai.

-Une meilleure année pour le Groupe Yvon Michel, tout simplement. Les clowneries d’Adonis Stevenson, Eleider Alvarez qui en subit les contrecoups, le conflit avec Beterbiev, Custio Clayton qui quitte pour joindre l’écurie d’Eye of the Tiger Management… Non, vraiment, GYM voudra oublier 2017 le plus vite possible.

-Un vrai bon test pour Simon Kean. Le poids lourd a haché menu toute l’opposition qui s’est dressée devant lui jusqu’ici, mais on n’a pas toujours croisé d’adversaires particulièrement menaçants. Le Grizzly est dû pour passer à l’échelon supérieur. Peut-être qu’il franchira cette étape lorsqu’il affrontera le Néo-Zélandais Solomon Haumono le 10 février, à Shawinigan.

-Une remise sur pieds rapide pour David Théroux, battu devant les siens à Sorel-Tracy le 14 décembre. Il s’agissait d’une deuxième défaite à ses quatre derniers combats.

-On espère que le public québécois appréciera Mikaël Zewski à sa juste valeur. Après avoir passé la quasi-totalité de sa carrière aux États-Unis, le Trifluvien de 28 ans est revenu chez lui après un an et demi d’inactivité en tant que membre de GYM. Si on sentait la rouille à sa première sortie de 2017, Zewski a été nettement plus convaincant lors de la seconde. Il a quand même remporté 29 de ses 30 combats, ne l’oublions pas.

-Une bonne retraite pour Jean Pascal qui, malgré son côté parfois polarisant, a été un digne représentant de la boxe québécoise tout au long de sa carrière. Idem pour Lucian Bute, bien qu’il n’y ait toujours pas eu d’annonce officielle à cet égard.

-Et, en terminant, une bonne année à vous tous!

Saunders sert une leçon à Lemieux

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Être un boxeur doté d’une terrifiante force de frappe, c’est bien. Mais encore faut-il être en mesure de la mettre à profit. David Lemieux l’a appris dans la douleur samedi soir, à la Place Bell de Laval.

Le Québécois (38-4, 33 K.-O.) s’est fait servir une véritable leçon de boxe par Billy Joe Saunders (26-0, 12 K.-O.), qui n’a eu aucun mal à l’emporter par décision unanime (120-108, 117-111, 118-110) et ainsi défendre avec succès sa ceinture des poids moyens de la World Boxing Organization (WBO).

«C’était une bonne performance de la part de David. Je respecte quiconque monte dans le ring. Mais ce n’était simplement pas assez bon», a résumé le champion, qui a prouvé que son talent ne se limitait pas aux insultes et à la provocation.

«Lemieux a la puissance, mais vous devez être capable de frapper et d’atteindre la cible. Et [samedi] soir, il n’a pas été capable d’atteindre Billy avec quoi que ce soit de significatif.»

-Dominic Ingle, entraîneur de Billy Joe Saunders

Il a cependant été permis d’apprendre après le duel que Lemieux s’est blessé à l’épaule gauche lors du deuxième round, de sorte qu’il n’arrivait plus à placer ses coups avec autant de force. Le plan de match de Lemieux et de son entraîneur Marc Ramsay est aussitôt tombé à l’eau.

«On avait prévu de l’attaquer au corps dès le premier round. On avait prévu de lui couper les jambes très rapidement. La distance a été difficile à trouver. […] On avait prévu contre-attaquer le jab de Saunders avec un check hook, qui est un crochet un peu de côté, pour ouvrir la porte aux approches. Et là, on n’était pas vraiment en mesure de le faire. Chaque jab que David lançait ‘tombait’. La résistance n’était pas la même. Ça nous a enlevé un gros outil», a détaillé Ramsay.

Ce n’est pas que Lemieux n’a pas essayé. Il n’avait simplement aucune réponse aux jambes ultra-rapides de Saunders, qui lui permettent d’éluder l’opposition avec une aisance déconcertante. Le Britannique a passé le combat à tournoyer autour de Lemieux tel un ouragan, forçant celui-ci à se lancer à sa poursuite. Sans succès.

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Billy Joe Saunders a défendu avec succès sa ceinture WBO des poids moyens. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

«Je pense qu’on a peut-être sous-estimé la rapidité de ces jambes, a avoué Ramsay. On savait qu’il allait s’en servir. Lors du camp d’entraînement, on a beaucoup travaillé sur le fait de s’approcher de la cible le plus rapidement possible. Je ne pensais pas que [Saunders] serait en mesure de le faire pendant 12 rounds.»

La question est maintenant de savoir ce que l’avenir réserve pour David Lemieux, qui n’était pas disponible pour rencontrer les médias au moment d’écrire ces lignes. Si sa place dans l’élite mondiale des poids moyens ne fait aucun doute, ce dur revers contre Saunders nous a permis de constater qu’il doit encore franchir le pas qui le sépare d’une reconquête d’un titre mondial.

«Ça ne nous avance pas, mais ça ne nous fait pas trop reculer, honnêtement. La télévision américaine voudra toujours l’avoir. Il a quand même très bien essayé [samedi] soir. On voyait très bien qu’il n’avait pas toutes ses habiletés», a affirmé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan.

Ulysse s’éclate contre Seldin

Outre Saunders, l’autre grand gagnant de cette soirée de boxe s’appelle Yves Ulysse Jr. Disputant un premier combat en carrière télédiffusé à l’antenne de HBO, le pugiliste souhaitait rebondir de son amère défaite subie contre Steve Claggett en octobre. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a réussi sa mission avec brio.

Ulysse (15-1, 9 K.-O.) a livré une performance presque sans failles face à l’Américain Cletus Seldin (21-1, 17 K.-O.), l’emportant par décision unanime (99-88 partout) et infligeant du même coup un premier revers à son adversaire, qui s’était battu pas plus tard que le mois dernier.

«Après la pluie, le beau temps, a illustré le vainqueur, toujours aussi philosophe. Regardez ce qui s’est passé. Il y a eu ma défaite. J’étais le négligé. On m’a amené un adversaire qui me sous-estimait. Mais j’étais là mentalement. Et regardez ce qui est arrivé.»

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis lors de chacun des trois premiers rounds. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Le Montréalais a amorcé le duel sur les chapeaux de roue, envoyant Seldin au tapis à chacun des trois premiers rounds. Le «Hebrew Hammer» – c’est bien son surnom – était déjà hors compétition. Son langage corporel ne mentait pas à cet égard.

Ulysse a ralenti le tempo dans les rounds suivants, forçant Seldin à se lancer à sa poursuite dans le ring. Une stratégie qui n’a pas plu à la foule qui a bruyamment manifesté son désaccord, mais qui a permis à Ulysse d’essouffler son rival encore davantage.

Ce dernier, excédé par le comportement d’Ulysse, a répliqué en y allant de quelques pas de danse moqueurs dans l’arène. L’arbitre Alain Villeneuve a convié les deux hommes à une petite réunion afin de les ramener à l’ordre. Ulysse a quelque peu rouvert les vannes en fin de combat, juste assez pour regagner la faveur populaire.

Avec ce brillant gain présenté à HBO, Ulysse estime s’être fait un nom sur la scène pugilistique internationale. Et il commence déjà à rêver à de grands projets. Rien de surprenant quand on connaît son optimisme et sa bonne humeur légendaires.

«Il y a encore de la boxe au Québec. C’est vrai que des gens sont partis. [Jean] Pascal, [Lucian] Bute… La relève arrive en force», a conclu Ulysse.

Les autres résultats

En demi-finale, l’Irlandais Gary O’Sullivan (27-2, 19 K.-O.) a vaincu l’Américain Antoine Douglas (22-2-1, 16 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :03 du septième round. O’Sullivan avait son adversaire dans les câbles lorsqu’il l’a achevé avec une furieuse combinaison. Il devient ainsi champion WBO Intercontinental des poids moyens, et pourrait être appelé un jour à être l’aspirant de Billy Joe Saunders dans une défense de son titre.

Acclamé par de bruyants partisans, Vincent Thibault (2-0, 1 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Adrian Haro Campos (2-5-2) par décision unanime (40-36 partout). Le boxeur de Charlemagne a été en parfait contrôle d’un bout à l’autre du duel, ébranlant son rival à quelques reprises grâce à de solides coups au menton.

Batyr Jukembayev (11-0, 9 K.-O.) aura eu beau pilonner Wilberth Lopez (20-9 14 K.-O.) avec de durs crochets au visage pendant les huit rounds de ce combat, l’Américain n’a jamais rien voulu savoir d’aller au tapis. Pas trop de regrets pour le Kazakh, qui l’a néanmoins emporté facilement par décision unanime (80-72). Jukembayev est d’ailleurs allé féliciter Lopez pour la solidité de sa mâchoire au terme de l’affrontement.

À son premier combat en tant que poulain de l’écurie Eye of the Tiger Management, Custio Clayton (13-0, 9 K.-O.) a remporté une victoire par décision unanime (100-88 partout) aux dépens de l’Argentin Christian Rafael Coria (27-6-2, 11 K.-O.). Clayton a envoyé son rival au tapis lors des deux derniers assauts. Il s’empare du même coup du titre WBO International des mi-moyens, auparavant vacant.

Mathieu Germain (12-0, 6 K.-O.) et le Mexicain Juan Garcia Mendez (19-4-2, 12 K.-O.) se sont livrés une rude bagarre pendant huit rounds, que le Québécois a remporté par décision unanime (80-72 partout). Comme l’indique le pointage des juges, «G-Time» a largement dominé l’affrontement, et n’eut été de la grande ténacité de Mendez, il aurait sans doute fini par ajouter un knock-out à sa fiche.

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Kim Clavel (à droite) a souligné ses débuts professionnels avec une victoire. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Chez les dames, Kim Clavel (1-0) a réussi ses débuts professionnels en l’emportant contre la Mexicaine Yoseline Martinez Jose (3-3) par décision unanime (40-36, 40-36, 39-37). Tout au long de l’affrontement, la Montréalaise a fait preuve d’un dynamisme et d’une vivacité qui laissent entrevoir un avenir intéressant chez les pros pour elle.

Toujours du côté féminin, la double médaillée olympique britannique Nicola Adams (3-0, 2 K.-O.) a aisément pris la mesure de l’Uruguayenne Soledad Macedo (13-14-1, 4 K.-O.) et a signé une victoire par arrêt de l’arbitre à 1 :26 du troisième round. Celle qu’on surnomme «The Lioness» («La lionne») s’est ruée sur sa proie dès le départ et l’a complètement étouffée. Voyant que Macedo était incapable de riposter, le dos aux câbles, l’officiel a sonné la fin des hostilités.

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Steven Butler (à droite) a terrassé Lanardo Tyner au deuxième round. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Steven Butler (21-1-1, 18 K.-O.) a vite réglé le cas de l’Américain Lanardo Tyner (32-12-2, 20 K.-O.) en lui passant le knock-out à 2 :29 du deuxième round. Butler a solidement atteint d’un uppercut au visage le vétéran Tyner – qui s’est incliné devant Dierry Jean et Kevin Bizier par le passé – pour l’envoyer au tapis. Tyner a eu besoin de tout son petit change pour se remettre sur pieds.

L’Américain Ryan Garcia (13-0, 12 K.-O.) est demeuré parfait en l’emportant contre le Mexicain Noe Martinez (23-10-2, 10 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :45 du huitième round. Après avoir forcé son adversaire à poser un genou au sol quelques instants plus tôt, le jeune homme de 19 ans a martelé Martinez avec de violentes combinaisons qui ont convaincu l’arbitre de mettre un terme au duel.

En lever de rideau, Simon Kean (12-0, 11 K.-O.) a dévoré tout rond l’Américain Mike Sheppard (25-22-2, 11 K.-O.) en lui passant le knock-out à 0 :39 du deuxième round. Sheppard, en méforme évidente, a eu toutes les misères du monde à encaisser les assauts du poids lourds trifluvien. Kean l’aura envoyé deux fois au tapis au cours de ce bref combat.

Première défaite pour Ulysse

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Bien peu de choses peuvent faire perdre son sourire à Yves Ulysse Jr. Pas même une première défaite en carrière. Une défaite controversée de surcroît.

Tête d’affiche du gala présenté vendredi soir au MTelus par Eye of the Tiger Management (EOTTM), Ulysse (15-1, 9 K.-O.) a livré une performance plus qu’honorable face à l’Albertain Steve Claggett (26-4-1 17 K.-O.). Mais si d’aucuns s’attendaient à voir le Québécois être sacré vainqueur, c’est plutôt Claggett qui l’a emporté par décision partagée (97-93, 96-94, 93-97).

Même après l’annonce de ce résultat, Ulysse avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Léger contraste avec les vives protestations du public. Il avait toutefois l’air un peu plus sérieux une fois sorti de l’arène pour rencontrer les journalistes.

«C’est la boxe. On ne peut pas plaire à tout le monde. J’ai perdu et je l’accepte. J’ai perdu une bataille, mais je n’ai pas perdu la guerre. On apprend des défaites. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts», a résumé Ulysse avec philosophie.

«On va regarder le vidéo, mais dans ma tête, c’était très clair qu’Ulysse avait gagné, a indiqué le président d’EOTTM, Camille Estephan, visiblement déçu du verdict des juges. C’est une défaite à sa fiche, on ne peut pas changer ça. […] Il a gagné le combat dans mon livre et c’est malheureux que les juges l’aient vu comme ça.»

Ulysse et Claggett ont disputé une véritable guerre de tranchées, constamment au corps à corps. Une tactique inhabituelle chez le Québécois de 29 ans, qui a plutôt l’habitude de garder sa compétition à distance. Il a d’ailleurs reconnu que cette stratégie avait contribué à sa perte. «Je suis entré dans son jeu», a-t-il dit.

Grâce à sa victoire, Claggett, 28 ans, met la main sur le titre nord-américain de l’IBF chez les super-légers, qui était jusque là vacant.

«Il ne m’a pas sonné avec quoi que ce soit. Il ne m’a pas frappé fort», a-t-il affirmé.

«S’ils veulent une revanche, je vais l’accepter. Ce n’était pas ma meilleure performance. Je peux en faire beaucoup plus», a conclu le gagnant.

Facile pour Kean, Butler se laisse désirer

En demi-finale, Simon Kean (11-0, 10 K.-O.) a remporté une des victoires les plus faciles de sa carrière contre l’Américain Randy Johnson (13-3, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 34 secondes du deuxième round.

Vous pouvez d’ailleurs parier votre maison et vos économies sur le fait que vous ne reverrez jamais ce Johnson dans un ring québécois. Le boxeur issu de l’Arkansas ressemblait davantage à un gars qui n’attendait que le bon moment pour se coucher afin de pouvoir rentrer chez lui.

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Simon Kean (à gauche) n’a fait qu’une bouchée de Randy Johnson. [Photo Vincent Éthier, EOTTM]
«J’aurais voulu démontrer plus d’habiletés, a avoué Kean. Le plan de match était d’être solide sur mes jambes et de me déplacer. Mais lui reculait et s’en allait dans les coins. J’aurais aimé que ça dure plus longtemps.»

Steven Butler (20-1-1, 17 K.-O.), quant à lui, a pris tout son temps pour venir à bout du Mexicain Silverio Ortiz (36-21, 17 K.-O.). Alors que plusieurs croyaient qu’il se dirigeait vers une seconde défaite en carrière, le jeune cogneur a arraché une victoire in extremis par arrêt de l’arbitre à 1 :32 du huitième et dernier round.

Pourtant, jusqu’au round ultime, Butler a souvent paru moins fougueux qu’à l’habitude, voire éteint. Ses coups ne fusaient pas avec la même vélocité. Pendant ce temps, le vétéran Ortiz lui assénait quelques bonnes attaques.

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Steven Butler (à gauche) a passé le knock-out à Silverio Ortiz [Photo Vincent Éthier, EOTTM]
Étonnamment, les trois juges du combat avaient Butler en avance sur leur carte. Deux d’entre eux lui ont même donné tous les rounds. Et selon le troisième, Ortiz n’avait remporté qu’un seul assaut…

Mais aux dires de Butler, tout s’est déroulé selon le plan établi par son équipe.

«On est en route vers le top. Ce ne seront pas toujours des combats qui se terminent par un knock-out au premier round. On y va intelligemment. On gagne les rounds. C’est un combat qu’on envisageait de faire exactement comme ça», a-t-il expliqué en tenant son jeune fils dans ses bras.

«J’ai été en contrôle à 100%», a ajouté Butler

Débuts fracassants pour Thibault

De son côté, Vincent Thibault (1-0, 1 K.-O.) n’a pas déçu la bruyante foule venue l’encourager à ses débuts professionnels en l’emportant face au Mexicain Cesar Ugarte (4-3, 2 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 57 secondes du troisième round.

L’athlète de 24 ans, originaire de Charlesbourg et ex-champion canadien amateur, a visité le tapis lors des deux premiers engagements. Mais chaque fois, il s’est relevé plus enragé et déterminé que jamais. Atteignant Ugarte avec puissance et régularité, Thibault a finalement réussi à l’adosser aux câbles et à le pulvériser jusqu’à ce que l’arbitre intervienne.

«Je savais que je n’avais pas le choix de l’arrêter. Je me suis arrangé pour faire ça.»

-Vincent Thibault

«Il ne voulait pas donner sa peau. J’ai des choses à apprendre aussi, notamment en défense. C’est ma première expérience. […] Mais je ne lâche jamais.»

Au final, les deux hommes se sont livrés une spectaculaire bagarre de ruelle, aisément candidate au titre de combat de l’année au Québec. Qui aurait dit cela d’un «petit» duel prévu pour quatre rounds ?

Les autres résultats

À la suite d’un combat âprement disputé, Andranik Grigoryan (3-0, 1 K.-O.) a triomphé du Mexicain Giovani Martinez (6-5-1, 2 K.-O.) par décision unanime (40-36 partout). Le Montréalais natif d’Arménie a tout tenté pour faire flancher son rival, mais Martinez s’est montré plus coriace qu’on ne l’aurait cru.

Mathieu Germain (11-0, 6 K.-O.) en a fait voir de toutes les couleurs au Mexicain Ricardo Lara (12-4, 7 K.-O.), tant et si bien que celui-ci a préféré lancer la serviette au terme du quatrième round. Jamais inquiété, «G-Time» a sans cesse mitraillé son opposant de rafales de coups.

Batyr Jukembayev (10-0, 9 K.-O.) a mis un terme hâtif à la soirée du Mexicain Jose Emilio Perea (24-9, 15 K.-O.) en le liquidant à 1 :04 du tout premier round. Le pugiliste d’origine kazakhe a atteint Perea, qui disputait un quatrième combat consécutif à Montréal, d’un retentissant uppercut au corps, qui a envoyé ce dernier au plancher. Se tordant de douleur, Perea est longtemps demeuré entendu au tapis.

Il aura mis un peu de temps à se mettre en marche, mais David Théroux (13-2, 9 K.-O.) a néanmoins vaincu le Philippin Junjesie Ibgos (12-3, 10 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :19 du troisième round. Tranquille lors des deux premiers assauts, l’orgueil de Sorel-Tracy a ouvert la machine au troisième, lançant une incessante rafale de coups envers son adversaire. Voyant qu’Ibgos n’arrivait plus à se défendre, l’arbitre Yvon Goulet a signalé l’arrêt des hostilités.

Nurzat Sabirov (3-0, 3 K.-O.) a signé un troisième knock-out en autant de sorties professionnelles aux dépens du Mexicain Mario Baeza (8-5, 5 K.-O.), à 1 :23 du deuxième round. Après avoir visité le tapis une première fois au round initial, Baeza y est retourné lors de l’assaut suivant. Voyant qu’il avait peine à se tenir debout, l’arbitre Steve St-Germain a choisi de mettre fin au duel.

Clovis Drolet (3-0, 2 K.-O.) a aisément disposé du Mexicain Adrian Haro Campos (2-4-2) par décision unanime (40-36 partout). En contrôle d’un bout à l’autre de l’affrontement, le boxeur de Beauport n’a eu aucun mal à percer la défensive de Campos, qui a eu fort à faire pour encaisser les vives attaques de son rival.

En lever de rideau, Artur Ziatdinov a terrassé le Mexicain Manuel Guzman en lui passant le knock-out à 1 :38 du premier round. Ziatdinov a assommé son adversaire d’un violent crochet gauche en pleine figure. C’est avec le visage et la culotte maculés de sang que Guzman a finalement pu quitter le ring.

Rappeons que Kim Clavel devait effectuer ses débuts professionnels, mais son combat a été annulé à la dernière minute après que son adversaire, la Mexicaine Liliana Borquez, eut outrepassé la limite de poids de près de 10 lb lors de la pesée officielle. En vertu des règles de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec, l’affrontement ne pouvait avoir lieu.

Il est cependant fort probable que Clavel soit du gala du 16 décembre à la Place Bell de Laval, en sous-carte du combat entre David Lemieux et Billy Joe Saunders.

Clayton et InterBox : c’est fait

Pendant la soirée, InterBox a confirmé le secret pugilistique le moins bien gardé en ville, à savoir que Custio Clayton joignait ses rangs. Lui et le Groupe Yvon Michel s’étaient séparés à l’amiable récemment.

«C’est un concours de circonstances unique qui nous a permis de mettre la main sur un des plus beaux talents naturels que le Canada a créé depuis des années. J’ai été très déçu de rater l’occasion de signer Clayton il y a quelques années. Donc, cette fois-ci, elle n’allait certainement pas me glisser entre les doigts à nouveau», s’est réjoui le président d’InterBox, Antonin Décarie, par voie de communiqué.

Le promoteur a confirmé du même souffle que Clayton disputerait son premier combat au sein de sa nouvelle équipe le 16 décembre.

«Je suis vraiment heureux de faire partie de la famille InterBox/EOTTM, en qui j’ai toujours eu beaucoup de respect. Antonin et Camille croient en mon potentiel et je suis convaincu qu’ils me permettront d’atteindre mes objectifs», a déclaré le pugiliste, présenté à a foule pour l’occasion.

Une première ceinture pour Kean

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Simon Kean a dit vouloir passer aux ligues majeures cette semaine. Il a réalisé un pas de plus vers cet objectif samedi soir, à l’Olympia.

Le poids lourd de Trois-Rivières a vaincu le Brésilien Marcelo Luiz Nascimento (23-15, 20 K.-O.) en lui infligeant un spectaculaire knock-out à 0 :59 du cinquième round. Une victoire qui lui permet de mettre la main sur la ceinture IBO Intercontinental de la catégorie.

«Je suis rendu là. Enfin, ma première ceinture! C’est un accomplissement. J’ai eu du plaisir [hier] soir.»

-Simon Kean

Rarement inquiété, Kean (10-0, 9 K.-O.) a dominé l’affrontement d’un bout à l’autre. Après avoir envoyé Nascimento au plancher lors du deuxième round, celui-ci s’est permis de le narguer en se relevant, comme s’il voulait lui signifier qu’il n’était pas impressionné.

Mal lui en pris, cependant. Celui qu’on surnomme «The Grizzly» a sorti ses grosses griffes pour achever le Brésilien avec éclat, le faisant voyager d’un coin à l’autre du ring avant de le renvoyer au tapis pour de bon au cinquième engagement.

Qu’est-ce qui attend Simon Kean, maintenant ? Un éventuel combat contre Oscar Rivas a été évoqué. Mais le principal intéressé aimerait d’abord croiser le fer avec Adam Braidwood, qui prend un malin plaisir à le piquer sur les réseaux sociaux.

«Il n’arrête pas de m’achaler. On lui a fait des offres, mais il ne veut pas venir signer le contrat. Si j’ai un message à lui passer, c’est : Adam Braidwood, tab…, it’s time to man up and fight me!», a lancé Kean avec sa verve habituelle.

Ulysse solutionne l’énigme Sismundo

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Yves Jr Ulysse l’a emporté par décision unanime contre Ricky Sismundo. [Photo Vincent Éthier, EOTTM]
À ses deux dernières visites à Montréal, le Philippin Ricky Sismundo a arraché un combat nul – qu’il aurait dû gagner – contre Dierry Jean et a mis fin à la carrière de Ghislain Maduma. Allait-il à nouveau causer des ennuis à un boxeur québécois, en l’occurrence Yves Jr Ulysse?

Réponse : non. Ulysse (14-0, 9 K.-O.)  l’a emporté par décision unanime (98-91, 98-91, 99-90), réussissant là où Jean et Maduma ont échoué.

«Je sais que [Sismundo] n’est pas un client facile. Mais j’ai montré que je ne suis pas un boxeur facile. C’était 10 rounds difficiles, mais j’ai eu l’impression d’être dangereux à tout moment.»

-Yves Jr Ulysse

«J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu, mais il y a encore beaucoup de choses à travailler, a nuancé son entraîneur Rénald Boisvert. Les contre-attaques ne sont pas encore au point. Il manque encore un peu de timing. Des fois, il est en retard sur ses coups. Des fois, il est trop rapide.»

Ulysse et Sismundo se sont livrés un duel des plus âprement disputés, s’échangeant tour à tour de furieuses rafales de coup. Ulysse est parvenu à forcer Sismundo (31-10-3, 13 K.-O.) à poser un genou au sol, bon pour un compte de huit.

Cela dit, le Philippin s’est encore une fois bien tiré d’affaire dans l’arène. Toujours aussi pugnace, il n’a pas hésité à se ruer sur Ulysse tout au long du combat, même si cela devenait synonyme pour lui de quelques bonnes claques sur le menton.

Retour réussi pour Butler

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Steven Butler (à droite) n’a laissé aucune chance à Damian Mielewczyk. [Photo Vincent Éthier, EOTTM]
Steven Butler (19-1-1, 16 K.-O.) voulait faire amende honorable pour sa défaite de janvier contre Brandon Cook – et tout le brouhaha qui a suivi, tant dans le ring qu’au parterre. Le jeune cogneur n’a pas raté son coup, signant une éclatante victoire par knock-out à 2 :04 du deuxième round aux dépens du Polonais Damian Mielewczyk (10-4, 7 K.-O.).

«On était préparés à faire huit rounds. On s’attendait à ce qu’il soit très résistant, mais j’ai réussi à trouver l’ouverture», a résumé Butler.

Visiblement affamé, Butler n’a laissé aucune chance à son adversaire, se ruant sur lui dès la première cloche. Mielewczyk s’est d’ailleurs retrouvé avec le visage ensanglanté très tôt dans l’affrontement.

Butler a sonné la fin du duel avec un puissant uppercut de la droite qui a expédié son adversaire déjà titubant au tapis, les quatre fers en l’air. C’en était fait de Mielewczyk. Et le sentiment de soulagement chez Butler était évident.

«Je ne vous cacherai pas que j’ai pleuré [hier] matin en pensant à tout ce à travers quoi je suis passé dans ma vie. Pour moi, la boxe est ma source de vie avec ma famille. Je suis content d’avoir livré une bonne performance.»

-Steven Butler

«En apparence, Steven est inébranlable, inattaquable, a ajouté Rénald Boisvert, qui dirige aussi Butler. Il est fait de fer. Mais on ne sait pas comment ça se passe à l’intérieur. Il peut être affecté psychologiquement dans un combat, et ça ne pardonne pas en boxe. Il faut revenir intégralement lorsqu’on fait un retour, et je pense qu’il est revenu intégralement. Malheureusement, avec les quelques mêmes défauts.»

Pour ce combat, l’ex-poids lourd et entraîneur Jean-François Bergeron était sorti de sa retraite pour épauler Boisvert dans le coin de Butler. Et aux dires du boxeur, tout indique que l’association se prolongera dans le futur.

«Vous avez pu voir un boxeur beaucoup plus dangereux dans le ring sur le plan du jab et des jambes, a-t-il souligné. […] J’étais très concentré. C’est ce qu’on a pratiqué avec Jean-François.»

Les autres résultats

Au terme d’un combat des plus enlevants, Mathieu Germain (10-0, 5 K.-O.) a facilement vaincu l’Espagnol Pablo Fuego (12-4, 2 K.-O.) par décision unanime (80-71 partout). Celui-ci s’est surtout fait remarquer pour son arrogance dans le ring, et pour avoir volontairement mis un genou au sol au septième round afin de gagner un peu de temps. Germain, pas impressionné une seconde, a répliqué avec de furieuses rafales de coups du début à la fin, au vif plaisir de la foule.

Après avoir subi la défaite à son dernier combat, en octobre dernier, David Théroux (12-2, 8 K.-O.) a rebondi de belle façon en prenant la mesure du Mexicain Francisco Javier Perez (16-9-1, 12 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout). Sans trop d’étincelles, le boxeur de Sorel-Tracy en a néanmoins fait assez pour obtenir la faveur des juges. Il est notamment parvenu à ébranler Perez à quelques occasions à l’aide de son uppercut.

Ayaz Hussain (13-1, 10 K.-O.) a triomphé du Mexicain Armando Robles (31-7-2, 18 K.-O.) par décision unanime des juges (80-70 partout). Hussain a envoyé Robles au plancher à deux reprises dès le premier round, mais ce dernier est tout de même parvenu à terminer le duel. Il faut dire qu’en 40 combats au cours de sa carrière, Robles n’a subi qu’un seul knock-out.

Clovis Drolet (2-0, 2 K.-O.) a disposé de l’Argentin Gustavo Alberto Sanchez (13-16-1, 4 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :57 du deuxième round. Le pugiliste de Beauport a envoyé Sanchez au tapis à deux reprises au cours du second engagement. Drolet a continué de malmener son rival jusqu’à ce que l’officiel Alberto Padulo décrète la fin du duel.

Nurzat Sabirov (2-0, 2 K.-O.) a signé une deuxième victoire en autant de sorties professionnelles en réglant le cas de l’Américain Lorawnt T. Nelson (2-2, 2 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :02 du troisième round. Sabirov a envoyé Nelson au tapis une première fois avec un crochet droit aussi violent que sournois au visage. L’Américain ne s’en est jamais remis, allant de nouveau au plancher au troisième. Voyant qu’il n’était plus en mesure de résister au puissant Sabirov, l’arbitre Martin Forest a sagement mis un terme aux hostilités. On a d’ailleurs su après le combat que Nelson est ressorti du ring avec la mâchoire fracturée.

Si on peut se permettre une suggestion, vous devriez garder un œil sur ce Sabirov. Deux combats ne font évidemment pas une carrière, mais à la lumière de ce qu’on a vu samedi soir, il pourrait gravir les échelons chez les 168 lb beaucoup plus vite qu’on pourrait le croire…

Andranik Grigoryan (2-0, 1 K.-O.) a ajouté un premier K.-O. à sa fiche en terrassant l’Argentin Ricardo Ocampo (12-8, 7 K.-O.) à 1 :20 du premier round. Le poids plume d’Arménie a envoyé son rival au pays des rêves avec une série de gauches au visage. Ocampo s’est écroulé comme un château de cartes.

En lever de rideau, Artur Ziatdinov (1-0, 1 K.-O.) a connu des débuts professionnels expéditifs en passant le knock-out au Hongrois Csaba Schrammel (0-3-1) à 1 :16 du premier round. Le Montréalais d’origine russe a asséné un solide coup au foie de son adversaire, qui a aussitôt mis un genou au sol, incapable de se relever.