Saunders sert une leçon à Lemieux

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Être un boxeur doté d’une terrifiante force de frappe, c’est bien. Mais encore faut-il être en mesure de la mettre à profit. David Lemieux l’a appris dans la douleur samedi soir, à la Place Bell de Laval.

Le Québécois (38-4, 33 K.-O.) s’est fait servir une véritable leçon de boxe par Billy Joe Saunders (26-0, 12 K.-O.), qui n’a eu aucun mal à l’emporter par décision unanime (120-108, 117-111, 118-110) et ainsi défendre avec succès sa ceinture des poids moyens de la World Boxing Organization (WBO).

«C’était une bonne performance de la part de David. Je respecte quiconque monte dans le ring. Mais ce n’était simplement pas assez bon», a résumé le champion, qui a prouvé que son talent ne se limitait pas aux insultes et à la provocation.

«Lemieux a la puissance, mais vous devez être capable de frapper et d’atteindre la cible. Et [samedi] soir, il n’a pas été capable d’atteindre Billy avec quoi que ce soit de significatif.»

-Dominic Ingle, entraîneur de Billy Joe Saunders

Il a cependant été permis d’apprendre après le duel que Lemieux s’est blessé à l’épaule gauche lors du deuxième round, de sorte qu’il n’arrivait plus à placer ses coups avec autant de force. Le plan de match de Lemieux et de son entraîneur Marc Ramsay est aussitôt tombé à l’eau.

«On avait prévu de l’attaquer au corps dès le premier round. On avait prévu de lui couper les jambes très rapidement. La distance a été difficile à trouver. […] On avait prévu contre-attaquer le jab de Saunders avec un check hook, qui est un crochet un peu de côté, pour ouvrir la porte aux approches. Et là, on n’était pas vraiment en mesure de le faire. Chaque jab que David lançait ‘tombait’. La résistance n’était pas la même. Ça nous a enlevé un gros outil», a détaillé Ramsay.

Ce n’est pas que Lemieux n’a pas essayé. Il n’avait simplement aucune réponse aux jambes ultra-rapides de Saunders, qui lui permettent d’éluder l’opposition avec une aisance déconcertante. Le Britannique a passé le combat à tournoyer autour de Lemieux tel un ouragan, forçant celui-ci à se lancer à sa poursuite. Sans succès.

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Billy Joe Saunders a défendu avec succès sa ceinture WBO des poids moyens. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

«Je pense qu’on a peut-être sous-estimé la rapidité de ces jambes, a avoué Ramsay. On savait qu’il allait s’en servir. Lors du camp d’entraînement, on a beaucoup travaillé sur le fait de s’approcher de la cible le plus rapidement possible. Je ne pensais pas que [Saunders] serait en mesure de le faire pendant 12 rounds.»

La question est maintenant de savoir ce que l’avenir réserve pour David Lemieux, qui n’était pas disponible pour rencontrer les médias au moment d’écrire ces lignes. Si sa place dans l’élite mondiale des poids moyens ne fait aucun doute, ce dur revers contre Saunders nous a permis de constater qu’il doit encore franchir le pas qui le sépare d’une reconquête d’un titre mondial.

«Ça ne nous avance pas, mais ça ne nous fait pas trop reculer, honnêtement. La télévision américaine voudra toujours l’avoir. Il a quand même très bien essayé [samedi] soir. On voyait très bien qu’il n’avait pas toutes ses habiletés», a affirmé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan.

Ulysse s’éclate contre Seldin

Outre Saunders, l’autre grand gagnant de cette soirée de boxe s’appelle Yves Ulysse Jr. Disputant un premier combat en carrière télédiffusé à l’antenne de HBO, le pugiliste souhaitait rebondir de son amère défaite subie contre Steve Claggett en octobre. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a réussi sa mission avec brio.

Ulysse (15-1, 9 K.-O.) a livré une performance presque sans failles face à l’Américain Cletus Seldin (21-1, 17 K.-O.), l’emportant par décision unanime (99-88 partout) et infligeant du même coup un premier revers à son adversaire, qui s’était battu pas plus tard que le mois dernier.

«Après la pluie, le beau temps, a illustré le vainqueur, toujours aussi philosophe. Regardez ce qui s’est passé. Il y a eu ma défaite. J’étais le négligé. On m’a amené un adversaire qui me sous-estimait. Mais j’étais là mentalement. Et regardez ce qui est arrivé.»

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis lors de chacun des trois premiers rounds. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Le Montréalais a amorcé le duel sur les chapeaux de roue, envoyant Seldin au tapis à chacun des trois premiers rounds. Le «Hebrew Hammer» – c’est bien son surnom – était déjà hors compétition. Son langage corporel ne mentait pas à cet égard.

Ulysse a ralenti le tempo dans les rounds suivants, forçant Seldin à se lancer à sa poursuite dans le ring. Une stratégie qui n’a pas plu à la foule qui a bruyamment manifesté son désaccord, mais qui a permis à Ulysse d’essouffler son rival encore davantage.

Ce dernier, excédé par le comportement d’Ulysse, a répliqué en y allant de quelques pas de danse moqueurs dans l’arène. L’arbitre Alain Villeneuve a convié les deux hommes à une petite réunion afin de les ramener à l’ordre. Ulysse a quelque peu rouvert les vannes en fin de combat, juste assez pour regagner la faveur populaire.

Avec ce brillant gain présenté à HBO, Ulysse estime s’être fait un nom sur la scène pugilistique internationale. Et il commence déjà à rêver à de grands projets. Rien de surprenant quand on connaît son optimisme et sa bonne humeur légendaires.

«Il y a encore de la boxe au Québec. C’est vrai que des gens sont partis. [Jean] Pascal, [Lucian] Bute… La relève arrive en force», a conclu Ulysse.

Les autres résultats

En demi-finale, l’Irlandais Gary O’Sullivan (27-2, 19 K.-O.) a vaincu l’Américain Antoine Douglas (22-2-1, 16 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :03 du septième round. O’Sullivan avait son adversaire dans les câbles lorsqu’il l’a achevé avec une furieuse combinaison. Il devient ainsi champion WBO Intercontinental des poids moyens, et pourrait être appelé un jour à être l’aspirant de Billy Joe Saunders dans une défense de son titre.

Acclamé par de bruyants partisans, Vincent Thibault (2-0, 1 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Adrian Haro Campos (2-5-2) par décision unanime (40-36 partout). Le boxeur de Charlemagne a été en parfait contrôle d’un bout à l’autre du duel, ébranlant son rival à quelques reprises grâce à de solides coups au menton.

Batyr Jukembayev (11-0, 9 K.-O.) aura eu beau pilonner Wilberth Lopez (20-9 14 K.-O.) avec de durs crochets au visage pendant les huit rounds de ce combat, l’Américain n’a jamais rien voulu savoir d’aller au tapis. Pas trop de regrets pour le Kazakh, qui l’a néanmoins emporté facilement par décision unanime (80-72). Jukembayev est d’ailleurs allé féliciter Lopez pour la solidité de sa mâchoire au terme de l’affrontement.

À son premier combat en tant que poulain de l’écurie Eye of the Tiger Management, Custio Clayton (13-0, 9 K.-O.) a remporté une victoire par décision unanime (100-88 partout) aux dépens de l’Argentin Christian Rafael Coria (27-6-2, 11 K.-O.). Clayton a envoyé son rival au tapis lors des deux derniers assauts. Il s’empare du même coup du titre WBO International des mi-moyens, auparavant vacant.

Mathieu Germain (12-0, 6 K.-O.) et le Mexicain Juan Garcia Mendez (19-4-2, 12 K.-O.) se sont livrés une rude bagarre pendant huit rounds, que le Québécois a remporté par décision unanime (80-72 partout). Comme l’indique le pointage des juges, «G-Time» a largement dominé l’affrontement, et n’eut été de la grande ténacité de Mendez, il aurait sans doute fini par ajouter un knock-out à sa fiche.

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Kim Clavel (à droite) a souligné ses débuts professionnels avec une victoire. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Chez les dames, Kim Clavel (1-0) a réussi ses débuts professionnels en l’emportant contre la Mexicaine Yoseline Martinez Jose (3-3) par décision unanime (40-36, 40-36, 39-37). Tout au long de l’affrontement, la Montréalaise a fait preuve d’un dynamisme et d’une vivacité qui laissent entrevoir un avenir intéressant chez les pros pour elle.

Toujours du côté féminin, la double médaillée olympique britannique Nicola Adams (3-0, 2 K.-O.) a aisément pris la mesure de l’Uruguayenne Soledad Macedo (13-14-1, 4 K.-O.) et a signé une victoire par arrêt de l’arbitre à 1 :26 du troisième round. Celle qu’on surnomme «The Lioness» («La lionne») s’est ruée sur sa proie dès le départ et l’a complètement étouffée. Voyant que Macedo était incapable de riposter, le dos aux câbles, l’officiel a sonné la fin des hostilités.

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Steven Butler (à droite) a terrassé Lanardo Tyner au deuxième round. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Steven Butler (21-1-1, 18 K.-O.) a vite réglé le cas de l’Américain Lanardo Tyner (32-12-2, 20 K.-O.) en lui passant le knock-out à 2 :29 du deuxième round. Butler a solidement atteint d’un uppercut au visage le vétéran Tyner – qui s’est incliné devant Dierry Jean et Kevin Bizier par le passé – pour l’envoyer au tapis. Tyner a eu besoin de tout son petit change pour se remettre sur pieds.

L’Américain Ryan Garcia (13-0, 12 K.-O.) est demeuré parfait en l’emportant contre le Mexicain Noe Martinez (23-10-2, 10 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :45 du huitième round. Après avoir forcé son adversaire à poser un genou au sol quelques instants plus tôt, le jeune homme de 19 ans a martelé Martinez avec de violentes combinaisons qui ont convaincu l’arbitre de mettre un terme au duel.

En lever de rideau, Simon Kean (12-0, 11 K.-O.) a dévoré tout rond l’Américain Mike Sheppard (25-22-2, 11 K.-O.) en lui passant le knock-out à 0 :39 du deuxième round. Sheppard, en méforme évidente, a eu toutes les misères du monde à encaisser les assauts du poids lourds trifluvien. Kean l’aura envoyé deux fois au tapis au cours de ce bref combat.

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Une réflexion sur “Saunders sert une leçon à Lemieux

  1. Y avait un Manque d’outils flagrant, mais le coeur et la hargne y était, s v p fourbir sont coffre aux plus sacrant qu’ont le revoit contre les meilleurs encore…

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