Catastrophe évitée

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ne vous en faites pas si vous avez entendu un bruit tonitruant émanant des environs du Centre Bell dans la nuit de samedi à dimanche. C’est tout à fait normal.

Ce que vous avez entendu, en fait, c’est un gigantesque soupir de soulagement que David Lemieux, son équipe et les 5542 spectateurs réunis dans les gradins ont poussé en entendant le verdict des juges chargés de noter son combat contre l’Ukrainien Max Bursak.

Deux d’entre eux ont donné le Québécois vainqueur à 94-93, tandis que le troisième a vu Bursak (35-6-2, 16 K.-O.) gagnant, à 94-93 lui aussi. Lemieux (41-4, 34 K.-O.) est donc reparti de l’amphithéâtre avec une victoire par décision partagée en poche pour sa première sortie chez les 168 lb.

Mais bon Dieu que ça aurait pu aller dans l’autre sens…

Lemieux a visité deux fois le tapis dans cet affrontement, dont une fois au round initial. D’accord, il a plus tard rendu la pareille à Bursak. Et il a effectivement gagné quelques assauts. Mais était-ce à ce point suffisant pour faire pencher la balance en sa faveur? Il faut croire que oui. Pour ce que ça vaut, Ringside voyait Bursak l’emporter à 95-92.

«Je ne suis aucunement satisfait de ma performance. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. On a de petites choses à travailler.»

-David Lemieux

La première moitié du combat fut l’affaire de Bursak. Déjà, dans les premières secondes, on sentait que Lemieux en aurait plein les bras contre l’étonnant Européen. Et lorsqu’il s’est retrouvé au plancher alors que Bursak le pilonnait sans merci, tout le plan de match établi a foutu le camp. Lemieux n’avait alors d’autre choix que de livrer un combat de rattrapage pour la suite des choses. Encore plus lorsque Lemieux est retourné au sol durant le cinquième assaut.

«C’était le pire cauchemar pour un entraîneur», a d’ailleurs reconnu l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

«Ça envoie complètement le combat dans une autre direction, a-t-il ajouté. Il est revenu dans le coin [après la première chute], et on lui a dit: ‘écoute David, pas de panique, ce n’est pas la première fois’. Il fallait se réorganiser, mais ç’a été très compliqué et très long. Il l’a fait à certains moments, et à d’autres, il perdait son équilibre. Il ne préparait pas bien les attaques.»

Le bluff de Ramsay

Lemieux a eu meilleure mine à partir du sixième round, à tel point que ce fut au tour de Bursak de se retrouver par terre. Ce dernier a quand même trouvé le moyen de continuer à donner du fil à retordre au favori local, mais ce ne fut pas suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur en bout de ligne.

Ramsay a d’ailleurs admis qu’il avait dû user de ruse auprès de Lemieux pour s’assurer que son poulain demeure motivé malgré sa situation précaire.

«Je savais que le combat était excessivement serré. À partir du huitième round, je l’ai beaucoup bluffé. Je lui ai dit: ‘David, on a besoin d’un knock-out’. Je mettais beaucoup de pression sur ses épaules. Pas tellement parce qu’on avait besoin d’un knock-out, mais j’avais besoin des rounds», a-t-il raconté

Tout le monde dans le clan Lemieux s’entendait pour dire que la longue période d’inactivité depuis le dernier combat du boxeur – il ne s’était pas battu depuis septembre 2018, blessures et problèmes de poids obligent – expliquait en très grande partie l’allure inquiétante qu’il a eue dans l’arène.

«L’inactivité depuis septembre 2018 m’a frappé un peu, a reconnu le principal intéressé. Mais à mesure que les rounds avançaient, je me sentais de mieux en mieux. Les coups de poing devenaient de plus en plus secs, et j’atteignais la cible plus souvent.»

«Dans les cinq premiers rounds, la rouille était là. C’était clair qu’il n’avait pas son timing. Il était à plat, c’était très clair.»

-Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management

Ce qui est aussi très clair, c’est que Lemieux devra attendre avant de se lancer dans un combat de championnat du monde au sein de sa nouvelle catégorie de poids. Au moins un autre combat pour évaluer correctement la manière dont il se débrouille chez les super-moyens sera nécessaire avant de passer à une quelconque étape supérieure.

Un retour à 160 lb, qui relevait carrément de l’utopie il y a quelques jours à peine, a même été évoqué après le combat. Il faudra s’asseoir et déterminer ce qui est l’idéal pour Lemieux pour la suite, a-t-on dit.

Quand même étonnant que cette porte soit encore ouverte, quand on connaît tous les problèmes récents que Lemieux a connus pour faire le poids à ses dernières sorties chez les 160 lb.

Makhmudov, fidèle à lui-même

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Arslanbek Makhmudov (à gauche) a tôt fait de liquider Samuel Peter. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On ne peut pas dire qu’Arslanbek Makhmudov (10-0, 10 K.-O.) a abusé de l’hospitalité du Centre Bell. Le toujours terrifiant Russe n’a mis que 2:23 pour triompher de l’Américain Samuel Peter (38-9, 31 K.-O.), ex-champion WBC des lourds, et ainsi défendre son titre NABF de la catégorie pour une première fois.

Tous ceux qui se sont frottés à Makhmudov pourraient vous le dire, ce n’est jamais une bonne idée d’effaroucher celui qu’on surnomme le Lion. Après quelques attaques somme toute banales de Peter, Makhmudov a décidé que le temps était venu d’ouvrir la machine et d’en finir avec le visiteur.

Activant donc les missiles qu’il a à la place des bras, Makhmudov a envoyé Peter au tapis avec un percutant crochet droit. Ce dernier s’est relevé, mais il a aussitôt eu droit à une nouvelle salve d’attaques de son adversaire. Une autre violente droite a renvoyé un Peter complètement sonné dans son coin. Se tenant tant bien que mal sur ses pieds, le boxeur de Las Vegas a signalé à l’arbitre Steve St-Germain qu’il en avait assez. L’officiel a donc écourté ses souffrances.

En quittant l’arène, entouré de ses entraîneurs et de partisans venus le féliciter, Makhmudov s’est fait apostropher par un certain Don Haynesworth, un autre poids lourd américain venu le défier au combat. Un bref coup d’oeil sur son pedigree nous permet de conclure assez rapidement qu’il n’a rien du tout pour menacer Makhmudov.

«C’est un gars de remplacement. On peut peut-être s’en servir pour autre chose, mais avec Makhmudov, on regarde vers l’avant», a résumé Ramsay, qui entraîne aussi le Russe.

Et en avant, il semble que ce soit un bond colossal qui attend Makhmudov. Camille Estephan a annoncé qu’il déposerait une offre de 20 millions de dollars pour amener le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury à Montréal pour affronter son protégé. Ce n’était pas une blague ou le résultat d’une langue fourchue: le promoteur a réitéré son projet à plusieurs reprises devant les médias. On verra à quel point son plan est réalisable, mais on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

D’ici là, s’il y a quelque chose de positif à retenir de ce bref duel, c’est qu’on aura pu entendre comment sonne la sirène annonçant la venue de Makhmudov vers le ring dans un amphithéâtre de la trempe du Centre Bell. Du bonbon, chers amis. Du vrai gros bonbon…

Un Kean renouvelé l’emporte

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Simon Kean (à droite) a pu profiter de l’inaction de Siarhei Liakhovich. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Simon Kean avait Siarhei Liakhovich dans sa ligne de mire dès 2018. En principe, les deux hommes devaient croiser le fer une fois que Kean aurait disposé de Dillon Carman. Sauf que le Trifluvien a plutôt encaissé une amère défaite face à Carman en octobre, et a dû mettre le projet sur la glace par la suite.

C’était donc partie remise pour les deux hommes samedi soir, et c’est Kean (18-1, 17 K.-O.) qui en est ressorti gagnant, signant une victoire par arrêt de l’arbitre à 2:04 du dixième et ultime assaut. Il est du même coup devenu champion WBC International Silver des poids lourds.

On a souvent critiqué le Québécois pour sa mobilité douteuse et sa défense généreuse, mais force est d’admettre qu’il a bien mieux paru que d’habitude samedi. Il a notamment fait un bel usage de sa longue portée afin de tenir Liakhovich (27-8, 17 K.-O.) à distance et ainsi dicter le tempo de l’affrontement. Sa défense, justement, s’est aussi bien resserrée de manière générale. On est encore loin de la perfection, cela va de soi. Mais c’est certainement encourageant en ce qui le concerne.

Il faut dire, en toute honnêteté, que le boxeur du Bélarus n’a rien fait qui vaille pour aider sa cause. Très peu actif dans l’ensemble, hormis quelques rares étincelles, il a laissé Kean le malmener pendant la majeure partie du combat.

On veut bien croire que Liakhovich a 43 ans et qu’il en était à un premier combat en plus de deux ans (et un deuxième en cinq ans…), mais on s’attendait à une meilleure opposition de la part d’un pugiliste qui s’est mesuré à de grosses pointures comme Wilder, Andy Ruiz fils, Bryant Jennings et Nikolai Valuev

Les autres résultats

Non, Sadriddin Akhmedov (11-0, 10 K.-O.) et l’Argentin Jose Antonio Villalobos (12-6-2, 7 K.-O.) ne s’aimaient pas, samedi soir. Insultes, coups à la limite de la légalité, allures de guerre de fond de ruelle… Il y en a eu pour tous les goûts. Du moins, jusqu’à ce qu’Akhmedov assène une terrifiante droite en plein visage de Villalobos, à 1:27 du septième round. Le Sud-américain s’est aussitôt effondré comme un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a immédiatement mis fin au combat. Villalobos, lui, a mis plusieurs minutes avant de reprendre ses esprits.

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Kim Clavel (à gauche) a mis la main sur un premier titre mineur. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Kim Clavel (11-0, 2 K.-O.) n’a pas raté sa chance de mettre la main sur un premier titre mineur en carrière. En disposant de la Mexicaine Esmeralda Gaona Sagahon (7-4) par décision unanime (100-90 partout), la pugiliste de Joliette est devenue championne NABF des mi-mouches. L’affrontement fut âprement disputé, plus serré que ce les cartes de pointage démontrent, mais dans l’ensemble, Clavel aura porté les meilleurs coups.

À son premier combat depuis son dur revers face à Uriel Perez, le 28 septembre, Mathieu Germain (18-1-1, 8 K.-O.) s’est montré plus agressif dans le ring, lui qui nous avait habitué à un style axé sur l’évasion et l’agilité. Ce fut suffisant pour lui permettre de vaincre le Mexicain Gilberto Meza (11-9-1, 7 K.-O.) par décision unanime (79-73, 80-72, 80-72), et ainsi rebondir avec brio de sa défaite.

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Lexson Mathieu s’est à nouveau illustré samedi soir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Comme Clavel, Lexson Mathieu (8-0, 7 K.-O.) a remporté un premier titre mineur en carrière, à savoir la ceinture NABF junior des super-moyens, en réglant le cas du Mexicain Rolando Paredes (16-9-2, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:11 du huitième et dernier round. Un rude duel au cours duquel les deux hommes se sont tapochés à qui mieux mieux. Au dernier assaut, l’orgueuil de Québec, testé comme jamais auparavant, a fini par envoyer Paredes au tapis à deux reprises grâce à de violents crochets.

Avery Martin-Duval (4-0, 3 K.-O.) a facilement vaincu le Mexicain Raul Corona (2-3) par arrêt de l’arbitre à 1:24 du deuxième round. Le jeune Montréalais a envoyé son adversaire une première fois au tapis dans cet engagement avec un solide crochet droit, avant de réitérer l’expérience quelques secondes plus tard avec une série de coups. C’en était alors fait de Corona.

Martine Vallières-Bisson (1-0) et la Tchèque Tereza Dvorakova (0-3) ont offert une excellente bagarre pour lancer la soirée. La Québécoise en est ressortie gagnante par décision majoritaire (39-37, 39-37, 38-38), couronnant ainsi de belle façon ses débuts professionnels après 18 ans en boxe amateur.

Lemieux fera son retour à Montréal

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

La rumeur flottait dans l’air depuis un moment, mais c’est désormais confirmé : un peu moins de 15 mois après son dernier combat, David Lemieux effectuera son grand retour dans le ring en tant que tête d’affiche du gala fort bien garni qu’Eye of the Tiger Management présentera le 7 décembre au Centre Bell. Un premier dans l’enceinte montréalaise depuis le deuxième affrontement entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, le 3 juin 2017.

Pour l’occasion, Lemieux (40-4, 34 K.-O.) se frottera à l’Ukrainien Max Bursak (34-5-2, 15 K.-O.), 35 ans. Le combat sera disputé à 168 lb, un baptême pour le Québécois dans cette catégorie et, mine de rien, une première sortie en plus de trois ans à Montréal. Sa plus récente présence dans la métropole remonte au 22 octobre 2016, alors qu’il avait vaincu Cristian Fabian Rios.

« [Bursak], je ne le connais pas beaucoup, mais je sais qu’il est solide et que j’aurai tout un cas entre les mains », a lancé Lemieux. L’entente avec Bursak n’a été officialisée que quelques heures avant la conférence de presse annonçant l’événement, mardi.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lemieux était dû pour se battre. Depuis qu’il a mis moins d’un round pour régler le cas de Gary O’Sullivan, en septembre 2018, il y a eu ce combat contre Tureano Johnson annulé en raison d’un malaise de Lemieux, incapable de se présenter à la pesée. Quelques mois plus tard, c’était une blessure à la main qui l’empêchait d’affronter John Ryder, dans ce qui aurait été son premier duel à 168 lb.

En principe, Lemieux devait reprendre du service en sous-carte du combat entre Saul « Canelo » Alvarez et Sergey Kovalev, le 2 novembre à Las Vegas. Or, les plans des organisateurs de ce choc très attendu ont changé, et le clan Lemieux a jugé qu’il valait mieux pour le boxeur que son retour dans l’arène ait lieu à la maison.

L’occasion d’avoir des réponses

En Bursak, Lemieux trouvera sur sa route un rival qui n’a jamais été arrêté avant la limite. Il s’est notamment incliné par décision unanime devant le champion WBO des super-moyens, Gilberto Ramirez, en avril 2017.

« Aucun boxeur n’a été capable de lui faire mal, a fait valoir le directeur général d’Eye of the Tiger, Antonin Décarie. Personnellement, je trouvais qu’il représentait un niveau [de difficulté] un peu élevé, mais si on avait trouvé un adversaire qui n’était pas de niveau, David n’aurait pas eu la même motivation, la même hargne. Il veut vraiment faire mal à Bursak. »

Avec la puissance caractéristique de ses poings, nul doute que Lemieux pourra à tout le moins lui sonner les cloches à quelques reprises. Le cœur de l’intrigue se situe plutôt dans l’allure qu’il aura dans le ring.

Lemieux a beau s’être entraîné sans relâche au cours des 15 derniers mois – les images diffusées sur les réseaux sociaux laissent d’ailleurs l’impression d’une condition physique optimale –, il faudra voir comment ce dur travail se traduira entre les câbles le soir du gala, au terme d’une si longue absence.

À quel point la rouille se sera-t-elle incrustée? Et pourra-t-il s’en débarrasser rapidement?

Mais surtout, comment se comportera Lemieux dans une nouvelle catégorie de poids qui demeurera la sienne pour l’avenir? Parce qu’au risque de se répéter, avec tous les problèmes vécus à ses dernières pesées, un retour de Lemieux chez les poids moyens est carrément impensable.

« C’est une étape importante. On voulait un adversaire qui allait nous permettre de bien évaluer les possibilités pour David à 168 lb. Bursak est excessivement résistant et n’a jamais été mis K.-O.. On a fait ce choix [d’adversaire] dans le but d’avoir des rounds », a décrit l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

En tout cas, le principal intéressé, lui, semble pleinement confiant en vue de ce nouveau départ.

« À 168 lb, vous verrez un David Lemieux plus fort qu’à 160 lb! », a-t-il fièrement promis.

Injection d’expérience pour Makhmudov

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Arslanbek Makhmudov sera confronté au plus grand test de sa jeune carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À l’origine, le gala du 7 décembre devait mettre en vedette Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.). Si c’est désormais Lemieux qui fera les frais de l’attraction principale, le géant russe ne sera pas en congé pour autant puisqu’il défendra son titre NABF des lourds face à Samuel Peter (38-8, 21 K.-O.)

Ce dernier n’est peut-être plus une prime jeunesse à 39 ans, et ses meilleurs jours font certainement partie de son passé. N’empêche, il serait bien mal avisé de prendre le vétéran nigérian à la légère. Au cours de sa longue carrière, Peter, ex-champion WBC, a affronté plusieurs gros noms de la division des poids lourds : les frères Wladimir et Vitali Klitschko, Kubrat Pulev, James Toney, Hughie Fury…

« Ce ne sera pas un combat dans lequel on pourra simplement se présenter. Il faudra être disciplinés et bien préparés. Le danger est réel », a prévenu Marc Ramsay, qui entraîne aussi Makhmudov.

Ceux qui réclament depuis longtemps de voir Makhmudov en découdre avec un adversaire de calibre supérieur verront donc leur souhait exaucé. D’autant que Peter, comme Makhmudov, est réputé pour sa force de frappe. Il sera intéressant de voir comment le Lion réagira si Peter parvient à l’atteindre, ce qui ne lui est pas arrivé très souvent jusqu’ici.

« [Arslanbek] a seulement neuf combats professionnels [à sa fiche], mais il est rendu à une étape où on peut sauter quelques marches. Il a l’expérience et le potentiel pour faire ça », a expliqué Ramsay.

Kean croisera finalement Liakhovich

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Simon Kean se mesurera à celui qu’il aurait dû affronter il y a un an. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À peu près à pareille date l’an dernier, l’affaire était dans le sac. Simon Kean allait affronter le Russe Siarhei Liakhovich. Celui-ci était même assis au parterre du Centre Vidéotron de Québec pour épier Kean, qui affrontait Dillon Carman ce soir-là.

Mais avant que le projet devienne réalité, Kean (17-1, 16 K.-O.) devait vaincre Carman. Et on sait ce qui s’est produit.

L’attente a donc été un peu plus longue que prévu, mais le Trifluvien aura finalement sa chance contre Liakhovich (27-7, 17 K.-O.) le 7 décembre.

« C’est un combat très stimulant pour moi. C’est un bon défi à relever », a affirmé Kean, qui a eu sa revanche sur Carman en juin à Shawinigan.

Liakhovich, 43 ans, en est un autre qui a eu maille à partir avec quelques noms parmi les plus en vue chez les poids lourds. De Deontay Wilder à Andy Ruiz fils, en passant par Bryant Jennings, Nikolai Valuev et Shannon Briggs. Notons cependant qu’il n’aura pas boxé depuis près de deux ans lorsqu’il s’amènera dans le ring du Centre Bell.

Malgré cela, comme Kean le dit lui-même, le défi sera de taille pour lui. Voyons voir s’il pourra le relever.

Les autres combats

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Mathieu Germain aura l’occasion de venger sa défaite contre Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Steven Butler devait lui aussi faire partie du gala. Il a cependant cédé sa place à Mathieu Germain, qui a encaissé une première défaite en carrière face à Uriel Perez il y a quelques jours.

Selon diverses sources, Butler se battrait en championnat du monde le 31 décembre au Japon contre le dangereux Ryota Murata, tenant du titre WBA. Sans confirmer cette information, le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a indiqué qu’une annonce au sujet de Butler viendrait sous peu.

L’adversaire de Germain n’est pas encore connu, mais pour le boxeur qui vient de fêter ses 30 ans, ce sera surtout l’occasion de prouver que son revers n’était qu’un accident de parcours.

« Je dois vivre avec cette défaite. Elle est derrière moi et maintenant, je dois m’asseoir avec mon équipe pour comprendre pourquoi j’ai perdu et ce qu’il faut faire pour s’améliorer », a-t-il dit, tout en laissant entendre qu’il souhaiterait un combat revanche contre Perez.

Kim Clavel sera également de la partie, et aura possiblement la chance de mettre la main sur un premier titre mineur. Sadriddin Akhmedov et Lexson Mathieu se battront aussi, et ce, peu importe l’issue de leurs combats respectifs le 25 octobre, à Québec. Avery Martin Duval, Raphaël Courchesne et Adam Braidwood compléteront la carte. L’identité des adversaires de tout ce beau monde sera dévoilée plus tard.

Bien que le gala ait lieu au Centre Bell, Eye of the Tiger prévoit accueillir un maximum de 6000 spectateurs dans les gradins. Une décision en partie économique, selon Camille Estephan. « On veut minimiser les coûts et dépenser pour [la qualité des] combats », a-t-il expliqué.

Chose certaine, à première vue, ce gala sera l’un des plus relevés des dernières années au Québec. Il n’y a que trois duels confirmés, certes, mais chacun comporte un enjeu qui lui donne une saveur particulière : le retour de Lemieux dans une nouvelle catégorie, l’essor de Makhmudov qui se poursuit et une (autre) deuxième chance pour Kean.

Et entre nous, ça fera du bien à tout le monde de revoir de la boxe au Centre Bell. Il était temps.

Ce qu’il fallait démontrer

[Photo fournie par HBO]

David Lemieux devait à tout prix signer une victoire convaincante contre Gary O’Sullivan, samedi à Las Vegas, afin de dissiper les doutes à son sujet et prouver qu’il avait encore sa place parmi l’élite des poids moyens. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas laissé planer les doutes bien longtemps!

Lemieux (40-4, 34 K.-O.) n’a eu besoin que de 2 minutes 44 secondes pour régler le cas de O’Sullivan (28-3, 20 K.-O.). Un vicieux crochet gauche sur le museau, et hop! Le volubile Irlandais s’est retrouvé affalé au tapis, incapable de poursuivre le duel. Merci, bonsoir, à la prochaine.

Après toutes les attaques verbales lancées par O’Sullivan au cours des dernières semaines, et les bousculades à la conférence de presse officielle et à la pesée, c’est ce qui s’appelle se faire fermer le clapet, chers amis.

Il est d’ailleurs admirable de voir à quel point Lemieux est revenu en force après ses récentes performances en demi-teinte.

Ça a commencé avec une pesée qui ne lui a posé aucun problème, contrairement à celle en marge de son duel face à Karim Achour, et lors de laquelle il était visiblement en meilleure forme. Il s’est même présenté dans le ring du T-Mobile Arena à 180 lb, contre seulement 165 pour O’Sullivan. De quoi bonifier une force de frappe déjà ravageuse.

Il faut dire aussi que Lemieux et son équipe savaient que le boxeur devait confondre les sceptiques au terme de cet affrontement. Une défaite ou un gain sans éclat, et les interrogations à son sujet n’auraient été qu’amplifiées. Ainsi, quoi de mieux que d’y aller d’un retentissant knock-out dont certains parlaient déjà comme étant celui de l’année?

Lemieux s’est amené dans ce combat le couteau entre les dents, courroucé par les clowneries de O’Sullivan et déterminé à le remettre à sa place, et a suivi le plan de match de son entraîneur Marc Ramsay à la lettre. Résultat: le cogneur québécois a offert sa meilleure sortie – aussi brève fut-elle – depuis son duel contre Curtis Stevens, et demeure du coup parmi les noms les plus redoutables et en vue de la division des moyens. Mission accomplie, donc.

Objectif: Canelo

De plus, grâce à cette victoire, Lemieux est l’aspirant obligatoire au titre WBA désormais détenu par Saul « Canelo » Alvarez, qui est devenu le premier à résoudre l’énigme Gennady Golovkin pour ainsi détrôner le dangereux Kazakh par décision majoritaire (115-113, 115-113, 114-114) au terme d’un superbe combat revanche entre les deux pugilistes.

Un duel Lemieux-Alvarez pourrait voir le jour plus tôt que tard, d’ailleurs. Le Mexicain a déjà réservé le MGM Grand de Vegas au mois de décembre. On verra si ce sera pour y accueillir son nouvel aspirant.

En attendant, la question est de savoir si Lemieux a ce qu’il faut pour venir à bout d’Alvarez, un rival de calibre nettement plus relevé que O’Sullivan, tout le monde en conviendra.

Pour l’instant, difficile d’offrir une réponse claire. Ce qui est manifeste, toutefois, c’est qu’après un certain dérapage, Lemieux est de retour en force sur la bonne voie. S’il continue dans cette même veine, tous les espoirs sont permis.

Un combat de championnat du monde en sous-carte d’un troisième duel Alvarez-Golovkin, peut-être? On peut bien rêver un peu…

Condamné à gagner

[Photo Tom Hogan, Golden Boy Promotions]

Il n’est pas rare d’entendre un boxeur parler de son prochain combat comme étant le plus important de sa carrière. C’est si fréquent, en fait, que la déclaration relève davantage du cliché. Or, dans certains cas, il y a des clichés plus vrais que d’autres.

Celui de David Lemieux (39-4, 33 K.-O.) entre dans cette catégorie. Dans quelques heures, le Québécois montera dans le ring du T-Mobile Arena de Las Vegas pour se frotter à l’Irlandais Gary « Spike » O’Sullivan (28-2, 20 K.-O.) et tenter de lui ravir le titre Intercontinental de la WBO. Un affrontement présenté en sous-carte du combat revanche tant attendu entre Saul « Canelo » Alvarez et Gennady Golovkin.

Non, il ne s’agit pas d’un combat de championnat du monde. Et une défaite ne signifiera pas la fin de sa carrière pour autant. Mais pour le bien de celle-ci, à court et moyen terme à tout le moins, Lemieux n’a pas le choix de l’emporter. Pour paraphraser Ed Harris dans le film Apollo 13, l’échec n’est pas une option.

Cela n’a rien à voir avec le fait que le vainqueur du duel Lemieux-O’Sullivan se hissera au stade d’aspirant obligatoire au titre WBA des poids moyens, qui restera la propriété de Golovkin ou deviendra celle d’Alvarez selon le résultat de leur propre combat. Sa performance de ce soir déterminera la place qu’occupera Lemieux sur l’échiquier de la boxe mondiale au cours des prochaines années.

Le revers sans appel face à Billy Joe Saunders, en décembre 2017, a exposé les limites pugilistiques de Lemieux. Il a bien remporté son combat suivant contre Karim Achour au mois de mai, mais il ne se mesurait pas à un adversaire de calibre de championnat. Et on ne parle même pas de sa pesée ratée de la veille.

Bref, sa réputation dans l’industrie, bien qu’elle soit demeurée bonne malgré tout, a été quelque peu ébranlée depuis le fiasco Saunders. Ce soir, ce sera le moment ou jamais de lui redonner du lustre.

Si Lemieux veut conserver ses chances de se battre à nouveau pour un titre mondial un jour, WBA ou autre, il doit non seulement relever le défi O’Sullivan, il doit gagner de la manière la plus convaincante et spectaculaire possible. Sa marge de manœuvre à cet égard est à peu près nulle. Un gain à l’arrachée par décision, même unanime, ne suffira pas.

La bonne nouvelle pour lui, c’est que ses chances de victoire sont appréciables. O’Sullivan, quoique fort respectable, se veut un rival tout à fait « prenable » pour Lemieux. En autant que lui et son entraîneur Marc Ramsay jouent leurs cartes de la bonne manière, bien sûr.

Ce combat devrait par ailleurs être la source de nombreuses flammèches. Tant Lemieux que O’Sullivan affectionnent les bagarres de ruelle lors desquelles les coups de massue ont préséance sur l’élégance et la technique.

Qui plus est, les deux hommes ne se blairent pas. Mais alors là, pas du tout. Ils se sont nargués sur les réseaux sociaux pendant de nombreuses semaines. Et le chamaillage bien senti qui a suivi la conférence de presse et la pesée officielle a mis la table de belle façon pour ce duel.

Reste à espérer pour Lemieux qu’il sera en mesure de passer de la parole aux actes. La suite de son parcours professionnel en dépend.

Lemieux, envers et contre tout

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

QUÉBEC – La veille de la pesée officielle en vue de son combat contre Karim Achour, David Lemieux a passé une nuit blanche en essayant de perdre ses dernières livres en trop afin de respecter le poids limite. Le jour J, il avait l’air d’un zombie en montant sur le pèse-personne. Et malgré tout cela, il était encore trop lourd.

Tout jouait donc contre lui lorsqu’il s’est amené dans le ring du Centre Vidéotron de Québec, samedi soir, pour y affronter Achour. Or, le cogneur montréalais a fait fi de cette adversité pour signer une victoire convaincante par décision unanime (119-108, 120-107, 119-107). Ringside avait Lemieux gagnant à 118-109 sur son humble carte.

Lemieux devra cependant se passer des ceintures WBC International et Francophonie des moyens que détenait Achour étant donné qu’il n’a pas fait le poids. Ces titres deviennent donc vacants.

«Il y a certaines choses que j’aurais aimé mieux faire, mais tout allait bien. J’étais le meneur de A à Z. Je ne pense pas qu’il ait gagné plusieurs rounds», a résumé le vainqueur après le combat.

«Je suis très déçu, surtout que j’avais la possibilité de gagner. J’ai surtout senti qu’il y avait des rounds au cours desquels j’aurais pu faire la différence», a pour sa part regretté Achour.

Bien des gens s’attendaient à une victoire expéditive de Lemieux. Ce qu’ils ignoraient sans doute, c’était l’incroyable capacité d’Achour à encaisser les puissantes attaques de son adversaire, dont la force de frappe n’a plus besoin de présentation.

«C’est un gars qui est très solide. Je l’ai atteint solidement plusieurs fois. Je voyais qu’il n’aimait pas ça, mais il revenait. Il m’a surpris un peu.»

-David Lemieux

Après avoir passé le premier tiers du combat à résister aux attaques de Lemieux, Achour s’est décidé à ouvrir la machine à partir du cinquième round. Et ses coups, sans être particulièrement violents, ont néanmoins donné quelques maux de tête à Lemieux à l’occasion.

Lemieux s’est cependant repris à partir du neuvième engagement, redevenant l’agresseur et plaçant Achour en difficulté. Il a continué de marteler son rival jusqu’à ce qu’un crochet gauche envoie ce dernier au tapis au début du dernier round, scellant ainsi sa victoire pour de bon.

«J’étais en recul lorsqu’il m’a touché, et ça m’a déséquilibré», a décrit Achour.

À noter que Lemieux s’est blessé à la main gauche en fin de combat. Rien de sérieux, a cependant assuré le camp du boxeur.

Il faudra maintenant voir si Lemieux continuera de se battre chez les poids moyens, ou s’il fera le saut chez les 168 lb, comme le souhaitait son promoteur Camille Estephan. Lemieux et son entraîneur Marc Ramsay ont indiqué qu’ils prendraient le soin de bien analyser la question.

On y reviendra plus en détails au cours des prochains jours.

Victoire sans équivoque pour Clayton

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Custio Clayton (à droite) a vancu Stephen Danyo en demi-finale. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale, Custio Clayton (15-0, 10 K.-O.) a signé un gain sans appel aux dépens du Britannique d’origine néerlandaise Stephen Danyo (14-1-3, 6 K.-O.), l’emportant par décision unanime (120-108 partout).

En plus d’avoir défendu avec succès sa ceinture WBO International des mi-moyens, Clayton s’empare aussi du titre équivalent de l’IBF. Il devrait ainsi pouvoir s’inscrire au classement de cette dernière fédération, en plus d’améliorer sa position (il était 7e avant son combat) à celui de la WBO.

Pourtant, Danyo paraissait plutôt bien en début de duel. Or, il s’est complètement éteint lorsque Clayton l’a atteint solidement une première fois dans le combat, au cours du deuxième engagement. Dès lors, le Néo-Écossais a pu faire ce qu’il voulait avec son adversaire.

Vers la fin de l’affrontement, voyant qu’il n’avait plus le choix, Danyo a tenté le coup de circuit. Mais Clayton, fin renard, a évité le piège et a poursuivi son bon travail pour confirmer sa victoire.

À défaut d’être le plus flamboyant dans le ring, Clayton s’avère un expert technicien. Et la recette l’a bien servi jusqu’ici.

Jukembayev survit à une guerre

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Batyr Jukembayev (à gauche) a trouvé le moyen d’éviter le pire pour remporter son combat. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, le combat entre Batyr Jukembayev (13-0, 11 K.-O.) et l’Argentin Jonathan Jose Eniz (20-10-1, 7 K.-O.) a eu des allures de montagnes russes. Mais quel spectacle ce fut !

Le Kazakhe a survécu à un mauvais début de combat et à une chute au cinquième round pour revenir de l’arrière et finalement triompher d’Eniz par arrêt de l’arbitre à 2 :34 du septième round. Il met ainsi la main sur le titre WBC Continental des Amériques de la catégorie des super-légers.

Aidé par une main gauche diablement efficace, Jukembayev a trouvé un second souffle on ne sait trop comment, avant d’envoyer Eniz au tapis une première fois lors du septième engagement. Énergisé par la chute de son rival, Jukembayev s’est rué sur lui comme un taureau, enfilant les violents crochets au visage d’Eniz.

Ce dernier a fini par tomber une deuxième fois, mais s’est relevé malgré tout. Qu’à cela ne tienne, Jukembayev a poursuivi son travail de démolition jusqu’à ce que l’arbitre Alain Villeneuve intervienne, voyant que l’Argentin n’était plus en mesure de se défendre.

Oui, le jeune protégé de Stéphan Larouche a eu chaud durant ce combat. Mais la façon dont il s’est remis, physiquement et mentalement, pour s’emparer de la victoire nous a fourni une nouvelle preuve de toute l’étendue de son talent et de son potentiel.

Les autres résultats

Erik Bazinyan (19-0, 14 K.-O.) a aisément triomphé de l’Argentin Alejandro Gustavo Falliga (30-13-5, 16 K.-O.) par knock-out technique à 1 :38 du troisième round. Bazinyan a envoyé son adversaire au tapis à trois reprises au cours de l’ultime engagement. En conséquence, l’arbitre Martin Forest a mis fin au combat.

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Vincent Thibault (à droite) a fait plaisir à ses nombreux partisans venus l’encourager. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Vincent Thibault (5-0, 2 K.-O.) s’est repris de belle façon après un départ difficile pour prendre la mesure du vétéran argentin Carlos Jerez (45-22-4, 18 K.-O.) par décision unanime (59-55, 59-55, 59-53). Un gain qui a évidemment réjoui les très nombreux membres de son fan club Team Tibo venus encourager le pugiliste de Charlesbourg, affiches et t-shirts à la clé.

Andranik Grigoryan (6-0, 1 K.-O.) a infligé une première défaite au Mexicain Jesus Amperan (12-1, 11 K.-O.) en l’emportant par décision unanime (59-55 partout). Malgré les pointages, ce ne fut pas le combat le plus facile pour Grigoryan, qui a dû composer avec un rival aussi agressif que tenace. Les deux hommes se sont échangés de furieuses rafales de coups dans les dernières secondes de l’affrontement, suscitant une chaleureuse ovation de la foule.

Pour la première fois de sa jeune carrière professionnelle, Nurzat Sabirov (6-0, 5 K.-O.) s’est battu au-delà du quatrième round. Ce qui ne l’a pas empêché de vaincre le Mexicain Rolando Paredes (13-7-2, 10 K.-O.) par décision unanime (60-54 partout) au terme d’un duel de six assauts. Paredes peut se vanter d’avoir brillamment encaissé les violentes frappes de Sabirov, incessantes au cours de ce duel.

Le monstrueux poids lourd Arslanbek Makhmudov (3-0, 3 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée du Mexicain Elder Hernandez (5-2, 3 K.-O.) en l’emportant par arrêt de l’arbitre à 1 :07 du premier round. Hernandez est allé quatre fois au tapis au cours de ces 77 secondes d’action. Même s’il paraissait avoir été poussé lors des deux premières chutes, l’arbitre Martin Forest a amorcé un compte de huit. La troisième fut bel et bien une glissade, tandis qu’un solide uppercut a sonné la fin des émissions pour le Mexicain. Pas la soirée la plus épuisante pour Makhmudov…

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Saddridin Akhmedov (à gauche) célèbre sa victoire face à Ariel Alejandro Zampedri. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Saddridin Akhmedov (2-0, 2 K.-O.) n’a mis que 84 secondes pour passer un violent knock-out à l’Argentin Ariel Alejandro Zampedri (9-4, 7 K.-O.). Le Kazakh maintenant établi à Montréal, l’un des plus beaux espoirs d’Eye of the Tiger Management, a asséné un vif crochet gauche au foie de Zampedri, qui a aussitôt mis un genou au sol. C’était terminé pour lui.

Raphaël Courchesne (3-0, 2 K.-O.) l’a emporté face à l’Argentin Ivan Banach (4-3, 2 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :39 du deuxième round. Un arrêt qui pouvait sembler quelque peu hâtif, même si Courchesne dominait aisément son rival. Quelques observateurs aux abords du ring, ainsi que Banach lui-même, se demandaient si l’arbitre Alain Villeneuve n’avait pas été un peu vite sur la gâchette pour décréter la fin de l’affrontement.

Chez les femmes, Ariane Goyette (0-1) a trébuché à ses débuts professionnels devant la Manitobaine Christina Barry (1-4) par décision partagée. Deux juges ont donné Barry gagnante à 39-36, tandis que le troisième a estimé que Goyette l’avait emporté 39-37. La Longueuilloise a visité le tapis dès le premier round – quoique sa chute pouvait ressembler à une glissade accidentelle – et c’est ce qui aura fini par causer sa perte.

En lever de rideau, Sébastien Roy (4-0, 1 K.-O.) a pris la mesure de Patrick Lafleur (1-3-1, 1 K.-O.), un Sherbrookois maintenant établi à Edmonton, par décision unanime (39-37, 39-37, 40-36). Roy, de Thetford Mines, a eu le dessus sur son adversaire tout au long du combat, même si celui-ci a connu quelques beaux moments en fin de duel.

Objectif: survivre

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Disons les choses franchement : David Lemieux faisait peur à voir, vendredi, lors de la pesée officielle en vue de son combat de ce soir face à Karim Achour, au Centre Vidéotron de Québec.

On savait que sa perte de poids serait difficile. Elle l’est depuis longtemps dans son cas. Mais jamais n’avait-elle été aussi rude. Ou du moins, jamais n’avait-elle eu de conséquences aussi visibles sur le corps du boxeur.

Visage émacié, regard hagard… On aurait juré que c’était un homme malade qui s’est présenté sur le pèse-personne.

Comble de malheur, malgré tous ses efforts, Lemieux (38-4, 33 K.-O.) a quand même dépassé la limite de 2 lb, enregistrant un poids de 162 lb. Il devra donc remettre 20% de sa bourse à Achour (26-4-3, 4 K.-O.), et ne pourra s’emparer des ceintures WBC International et Francophone des poids moyens détenus par le Français. En cas de victoire de Lemieux, les titres deviendront vacants.

Oublions les pertes financières et les ceintures désormais inaccessibles en raison de cette pesée ratée – la deuxième de Lemieux après le fiasco James de la Rosa, en mars 2016. Ce qui inquiète, maintenant, c’est de savoir dans quel état le pugiliste se présentera dans le ring pour y affronter Achour qui, pour sa part, a fait osciller le pèse-personne à 159 lb.

Lemieux a passé une nuit blanche à souffrir, la veille de la pesée, afin de respecter le poids limite. En vain. On veut bien croire qu’il aura tout fait pour reprendre des forces en vue du combat par la suite, mais il est impossible qu’un tel supplice ne laisse aucune trace rendu au duel.

Lemieux était déjà condamné à gagner le combat de ce soir de façon convaincante, voire spectaculaire. Pour faire oublier sa contre-performance face à Billy Joe Saunders, en décembre dernier. Pour prouver que ce revers n’était qu’un incident de parcours. Et pour reprendre sa route vers les plus hautes sphères de son sport.

Mais maintenant, une nouvelle contrainte s’ajoute à cette liste : survivre.

Achour, sans être la plus terrifiante des menaces, est loin d’être piqué des vers pour autant. Le combat s’annonçait au départ comme un beau défi pour Lemieux. Désormais, le défi semble bien plus ardu à relever.

Le promoteur de Lemieux, Camille Estephan, a d’ailleurs indiqué après la pesée qu’il s’agirait du dernier combat de Lemieux chez les 160 lb. Ne serait-ce que pour épargner la santé du pugiliste, c’est une sage décision, il va sans dire.

Reste à voir de quoi aura l’air le chant du cygne de Lemieux chez les moyens. Espérons pour lui qu’il ne se terminera pas sur une fausse note.

Les bons (et moins bons) coups de 2017

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Dans l’ensemble, l’année 2017 aura été très bonne pour la boxe québécoise. Puisqu’il ne reste que quelques heures avant de lui dire au revoir, et parce que le temps est propice aux rétrospectives, Ringside vous propose son palmarès des boxeurs québécois qui se sont illustrés au cours des douze derniers mois. Que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises raisons…

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – David Lemieux

Rangez vos fourches et vos torches, par pitié! Bon, d’accord, l’année s’est plutôt mal terminée pour Lemieux, complètement déclassé par Billy Joe Saunders il y a quelques semaines, dans leur affrontement pour la ceinture WBO des poids moyens. Mais avant cette douloureuse défaite, Lemieux a tout de même remporté deux éclatantes victoires contre Curtis Stevens (voir plus bas) et Marcos Reyes. Et l’engouement autour du choc face à Saunders a confirmé qu’il est désormais le visage de la boxe au Québec, que ce soit dans la victoire ou la défaite. Pour toutes ces raisons, il mérite d’être nommé boxeur de l’année 2017 de la province.

LA MENTION HONORABLE – Artur Beterbiev

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Artur Beterbiev (à droite) est devenu champion IBF des mi-lourds en l’emportant contre Enrico Koelling. / Photo tirée du compte Twitter de Top Rank

S’il avait été plus actif (un seul combat en 2017), nul doute que Beterbiev aurait aisément remporté le titre de boxeur de l’année. Grâce à sa victoire contre Enrico Koelling, le 11 novembre, le Tchétchène est devenu champion IBF des mi-lourds, division fort achalandée par les temps qui courent. Dommage que son triomphe ait eu lieu en Californie, loin de ses partisans, et qu’il soit passé sous le radar à cause du litige contractuel qui l’oppose au Groupe Yvon Michel.

LA SURPRISE – Yves Ulysse Jr

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis trois fois en autant de rounds, le 16 décembre. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

On se doutait bien qu’Ulysse finirait par rebondir de sa défaite controversée du 27 octobre face à Steve Claggett. Mais peu de gens croyaient qu’il le ferait dès son combat suivant, et surtout, de façon aussi spectaculaire. Le 16 décembre, à sa première sortie à l’antenne du réseau HBO, Ulysse a envoyé au plancher l’étoile montante américaine Cletus Seldin trois fois en autant de rounds, avant de signer une victoire par décision unanime. Le jeune homme s’est aussitôt fait un nom sur la planète boxe. On a déjà hâte de voir ce que 2018 lui réserve.

LA DÉCEPTION – Adonis Stevenson

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À son unique combat en 2017, Adonis Stevenson (à gauche) n’a fait qu’une bouchée d’Andrzej Fonfara. / Photo Bob Lévesque

Nombreux seront ceux qui auront envie d’accorder cette mention peu enviable à Lemieux après sa contre-performance contre Saunders. Mais entre nous, plus le temps passe, et plus le nom d’Adonis Stevenson devient le punch d’une mauvaise blague dans le monde de la boxe. Son refus obstiné d’affronter Eleider Alvarez, qui est pourtant son aspirant obligatoire depuis deux ans, relève carrément de l’enfantillage. Il faut dire que le WBC sert bien la cause de son champion des mi-lourds dans ce dossier… En raison de son comportement, celui qui aurait dû être un fleuron de notre boxe s’est transformé en paria. Dommage.

LE HÉROS OBSCUR – Eleider Alvarez

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Eleider Alvarez (à droite) a vaincu Jean Pascal par décision majoritaire le 3 juin. / Photo Bob Lévesque

Parlant d’Alvarez, on oublie qu’il a signé deux brillantes victoires cette année, et pas contre n’importe qui : Lucian Bute (24 février) et Jean Pascal (3 juin). Si on place le Colombien dans cette catégorie, c’est parce que ses exploits ont malheureusement été occultés par les incessantes frasques de Stevenson. Et parce que sa patience, justement, commence à frôler l’héroïsme…

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – David Lemieux c. Curtis Stevens

En plus d’être le knock-out de l’année sur la scène québécoise, le coup d’assommoir que David Lemieux a servi à Curtis Stevens au troisième round de leur duel du 11 mars a retenti partout sur la scène internationale, comme en ont témoigné d’autres palmarès semblables à celui-ci. On remarquera d’ailleurs que Stevens n’est pas remonté dans le ring depuis cette cinglante visite au tapis. Peut-être gît-il encore aux abords de l’arène, complètement sonné?

LE PLUS BEAU RETOUR – Steven Butler

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Steven Butler (debout) a été le premier à envoyer Lanardo Tyner au tapis. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

L’année 2017 a bien mal commencé pour Butler, qui a encaissé un premier revers en carrière face à Brandon Cook, le 27 janvier. On se souvient tous de l’énorme brouhaha qui a suivi au Centre Bell ce soir-là… Le jeune cogneur s’est cependant bien repris en ajoutant trois knock-out consécutifs à sa fiche, dont le dernier aux dépens du vétéran Lanardo Tyner, qui n’avait jamais été couché auparavant. On a également constaté un style quelque peu différent chez Butler depuis sa défaite contre Cook, qui le sert bien jusqu’ici. À seulement 22 ans, tous les espoirs sont encore permis pour lui.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Marie-Ève Dicaire

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Marie-Ève Dicaire a remporté ses quatre combats en 2017. / Photo Archives Bob Lévesque

Plusieurs boxeurs auraient pu se mériter cette mention : Christian M’Billi, Batyr Jukembayev ou encore Mathieu Germain, pour ne nommer que ceux-là. Mais parce qu’elle s’est améliorée à chacune de ses quatre sorties cette année, accordons cet honneur à Marie-Ève Dicaire. Toujours parfaite en dix combats, l’athlète de Saint-Eustache s’est également taillé une place de choix dans le cœur du public grâce, entre autres, à son charisme débordant. Le Québec peut se compter chanceux d’avoir une ambassadrice de la boxe féminine de sa trempe.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2018

-La conclusion la plus hâtive possible du litige entre Artur Beterbiev et le Groupe Yvon Michel, et ce, peu importe le camp qui obtient gain de cause. Plus le dossier traîne, plus les dommages se multiplient pour tout le monde, à commencer par l’amateur de boxe. Les parties ont rendez-vous devant le tribunal au mois de mai.

-Une meilleure année pour le Groupe Yvon Michel, tout simplement. Les clowneries d’Adonis Stevenson, Eleider Alvarez qui en subit les contrecoups, le conflit avec Beterbiev, Custio Clayton qui quitte pour joindre l’écurie d’Eye of the Tiger Management… Non, vraiment, GYM voudra oublier 2017 le plus vite possible.

-Un vrai bon test pour Simon Kean. Le poids lourd a haché menu toute l’opposition qui s’est dressée devant lui jusqu’ici, mais on n’a pas toujours croisé d’adversaires particulièrement menaçants. Le Grizzly est dû pour passer à l’échelon supérieur. Peut-être qu’il franchira cette étape lorsqu’il affrontera le Néo-Zélandais Solomon Haumono le 10 février, à Shawinigan.

-Une remise sur pieds rapide pour David Théroux, battu devant les siens à Sorel-Tracy le 14 décembre. Il s’agissait d’une deuxième défaite à ses quatre derniers combats.

-On espère que le public québécois appréciera Mikaël Zewski à sa juste valeur. Après avoir passé la quasi-totalité de sa carrière aux États-Unis, le Trifluvien de 28 ans est revenu chez lui après un an et demi d’inactivité en tant que membre de GYM. Si on sentait la rouille à sa première sortie de 2017, Zewski a été nettement plus convaincant lors de la seconde. Il a quand même remporté 29 de ses 30 combats, ne l’oublions pas.

-Une bonne retraite pour Jean Pascal qui, malgré son côté parfois polarisant, a été un digne représentant de la boxe québécoise tout au long de sa carrière. Idem pour Lucian Bute, bien qu’il n’y ait toujours pas eu d’annonce officielle à cet égard.

-Et, en terminant, une bonne année à vous tous!

Lemieux déçu, mais déterminé

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Déçu, David Lemieux? Oui, bien sûr. Abattu? Pas le moins du monde.

Le boxeur a rencontré les médias pour la première fois, mercredi, depuis sa douloureuse défaite face au Britannique Billy Joe Saunders, samedi à la Place Bell. Flanqué de son entraîneur Marc Ramsay et de son promoteur Camille Estephan, Lemieux (38-4, 33 K.-O.) ne s’est pas défilé et a admis que le revers a été dur à avaler.

« Quand tu es sûr de gagner, mais que tu coules… Tu ressens de la déception et de la frustration », a-t-il reconnu.

Bien qu’il ait tenu à souligner le talent de son rival, Lemieux estime qu’il aurait vaincu Saunders n’eut été de la blessure à l’épaule qui l’a embêté à partir du deuxième round.

Il s’agit d’ailleurs de la même blessure qui l’avait tenaillé lors de son combat contre Marcos Reyes. Il se soumettra prochainement à des examens médicaux afin d’en apprendre davantage sur l’étendue du problème.

« J’avais de la misère à calculer ma distance, a décrit Lemieux. Je n’étais pas confortable avec mes outils. Ce sont de petits détails qui ont fait une grande différence. »

Pas question de lâcher

D’aucuns se sont demandé si cette défaite sans appel face à Saunders ne marquerait pas le début de la fin pour Lemieux. S’il y avait là un signe qu’il ne pourrait plus rivaliser avec l’élite des poids moyens. Le clan du boxeur n’a pas tardé à remettre les pendules à l’heure.

« Je vais me rebâtir. Il y a des détails à changer et ça vaudra pour le reste de ma carrière. Je vais revenir sur la voie ascendante », a promis Lemieux avec conviction.

« Vous n’avez pas vu ma fin. Ce n’était pas ma meilleure performance, mais il y en aura de beaucoup plus belles dans le futur. »

-David Lemieux

« David ressent toujours ce désir de vaincre et de payer le prix. Je suis persuadé à 110% que le feu brûle plus que jamais », a pour sa part insisté Camille Estephan, ajoutant que son protégé lui avait fait savoir qu’il souhaitait encore boxer pour au moins les six prochaines années. Lemieux fêtera ses 29 ans dans quelques jours.

Un plan bien établi

Comment Lemieux et son équipe comptent-ils se relever de cet échec? Camille Estephan a fait savoir que le groupe avait identifié deux facettes « spécifiques » à améliorer en vue de son prochain combat. Il a toutefois refusé de préciser lesquelles.

« C’était important de se rendre rapidement jusqu’à Saunders, a cependant noté Marc Ramsay. Il fallait couper le ring. […] C’était le même problème que face à [Gennady] Golovkin. Ce n’était pas son jab, c’était la distance. Il faut travailler notre positionnement. »

« En vérité, Golovkin a été plus facile à affronter que Saunders. Je n’avais pas d’ampoules sous les pieds après Golovkin », a illustré Lemieux en boutade, faisant référence à la grande mobilité dont l’Anglais a fait preuve durant l’affrontement.

Chose certaine : pas question pour Lemieux de remanier le personnel qui l’entoure. Questionné à ce sujet, il a clairement réitéré son appui à Marc Ramsay, qui avait donné un second souffle à la carrière du pugiliste lorsqu’il l’a pris sous son aile en 2011, après deux défaites consécutives.

Pas question non plus pour lui de changer de catégorie de poids. Si Lemieux redevient champion un jour, ce sera à 160 lb ou nulle part.

Et aux dires de Camille Estephan, les bonzes de HBO n’ont pas été échaudés par cette contre-performance de Lemieux. Le président d’Eye of the Tiger Management s’est dit « persuadé » que le prochain combat de Lemieux serait présenté à l’antenne du réseau américain. Selon ses dires, les discussions en ce sens sont déjà entamées.

« On n’a pas peur de perdre la bataille. On a peur de perdre la guerre. Et on va la gagner », a martelé Estephan.

Saunders sert une leçon à Lemieux

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Être un boxeur doté d’une terrifiante force de frappe, c’est bien. Mais encore faut-il être en mesure de la mettre à profit. David Lemieux l’a appris dans la douleur samedi soir, à la Place Bell de Laval.

Le Québécois (38-4, 33 K.-O.) s’est fait servir une véritable leçon de boxe par Billy Joe Saunders (26-0, 12 K.-O.), qui n’a eu aucun mal à l’emporter par décision unanime (120-108, 117-111, 118-110) et ainsi défendre avec succès sa ceinture des poids moyens de la World Boxing Organization (WBO).

«C’était une bonne performance de la part de David. Je respecte quiconque monte dans le ring. Mais ce n’était simplement pas assez bon», a résumé le champion, qui a prouvé que son talent ne se limitait pas aux insultes et à la provocation.

«Lemieux a la puissance, mais vous devez être capable de frapper et d’atteindre la cible. Et [samedi] soir, il n’a pas été capable d’atteindre Billy avec quoi que ce soit de significatif.»

-Dominic Ingle, entraîneur de Billy Joe Saunders

Il a cependant été permis d’apprendre après le duel que Lemieux s’est blessé à l’épaule gauche lors du deuxième round, de sorte qu’il n’arrivait plus à placer ses coups avec autant de force. Le plan de match de Lemieux et de son entraîneur Marc Ramsay est aussitôt tombé à l’eau.

«On avait prévu de l’attaquer au corps dès le premier round. On avait prévu de lui couper les jambes très rapidement. La distance a été difficile à trouver. […] On avait prévu contre-attaquer le jab de Saunders avec un check hook, qui est un crochet un peu de côté, pour ouvrir la porte aux approches. Et là, on n’était pas vraiment en mesure de le faire. Chaque jab que David lançait ‘tombait’. La résistance n’était pas la même. Ça nous a enlevé un gros outil», a détaillé Ramsay.

Ce n’est pas que Lemieux n’a pas essayé. Il n’avait simplement aucune réponse aux jambes ultra-rapides de Saunders, qui lui permettent d’éluder l’opposition avec une aisance déconcertante. Le Britannique a passé le combat à tournoyer autour de Lemieux tel un ouragan, forçant celui-ci à se lancer à sa poursuite. Sans succès.

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Billy Joe Saunders a défendu avec succès sa ceinture WBO des poids moyens. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

«Je pense qu’on a peut-être sous-estimé la rapidité de ces jambes, a avoué Ramsay. On savait qu’il allait s’en servir. Lors du camp d’entraînement, on a beaucoup travaillé sur le fait de s’approcher de la cible le plus rapidement possible. Je ne pensais pas que [Saunders] serait en mesure de le faire pendant 12 rounds.»

La question est maintenant de savoir ce que l’avenir réserve pour David Lemieux, qui n’était pas disponible pour rencontrer les médias au moment d’écrire ces lignes. Si sa place dans l’élite mondiale des poids moyens ne fait aucun doute, ce dur revers contre Saunders nous a permis de constater qu’il doit encore franchir le pas qui le sépare d’une reconquête d’un titre mondial.

«Ça ne nous avance pas, mais ça ne nous fait pas trop reculer, honnêtement. La télévision américaine voudra toujours l’avoir. Il a quand même très bien essayé [samedi] soir. On voyait très bien qu’il n’avait pas toutes ses habiletés», a affirmé le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan.

Ulysse s’éclate contre Seldin

Outre Saunders, l’autre grand gagnant de cette soirée de boxe s’appelle Yves Ulysse Jr. Disputant un premier combat en carrière télédiffusé à l’antenne de HBO, le pugiliste souhaitait rebondir de son amère défaite subie contre Steve Claggett en octobre. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a réussi sa mission avec brio.

Ulysse (15-1, 9 K.-O.) a livré une performance presque sans failles face à l’Américain Cletus Seldin (21-1, 17 K.-O.), l’emportant par décision unanime (99-88 partout) et infligeant du même coup un premier revers à son adversaire, qui s’était battu pas plus tard que le mois dernier.

«Après la pluie, le beau temps, a illustré le vainqueur, toujours aussi philosophe. Regardez ce qui s’est passé. Il y a eu ma défaite. J’étais le négligé. On m’a amené un adversaire qui me sous-estimait. Mais j’étais là mentalement. Et regardez ce qui est arrivé.»

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis lors de chacun des trois premiers rounds. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Le Montréalais a amorcé le duel sur les chapeaux de roue, envoyant Seldin au tapis à chacun des trois premiers rounds. Le «Hebrew Hammer» – c’est bien son surnom – était déjà hors compétition. Son langage corporel ne mentait pas à cet égard.

Ulysse a ralenti le tempo dans les rounds suivants, forçant Seldin à se lancer à sa poursuite dans le ring. Une stratégie qui n’a pas plu à la foule qui a bruyamment manifesté son désaccord, mais qui a permis à Ulysse d’essouffler son rival encore davantage.

Ce dernier, excédé par le comportement d’Ulysse, a répliqué en y allant de quelques pas de danse moqueurs dans l’arène. L’arbitre Alain Villeneuve a convié les deux hommes à une petite réunion afin de les ramener à l’ordre. Ulysse a quelque peu rouvert les vannes en fin de combat, juste assez pour regagner la faveur populaire.

Avec ce brillant gain présenté à HBO, Ulysse estime s’être fait un nom sur la scène pugilistique internationale. Et il commence déjà à rêver à de grands projets. Rien de surprenant quand on connaît son optimisme et sa bonne humeur légendaires.

«Il y a encore de la boxe au Québec. C’est vrai que des gens sont partis. [Jean] Pascal, [Lucian] Bute… La relève arrive en force», a conclu Ulysse.

Les autres résultats

En demi-finale, l’Irlandais Gary O’Sullivan (27-2, 19 K.-O.) a vaincu l’Américain Antoine Douglas (22-2-1, 16 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :03 du septième round. O’Sullivan avait son adversaire dans les câbles lorsqu’il l’a achevé avec une furieuse combinaison. Il devient ainsi champion WBO Intercontinental des poids moyens, et pourrait être appelé un jour à être l’aspirant de Billy Joe Saunders dans une défense de son titre.

Acclamé par de bruyants partisans, Vincent Thibault (2-0, 1 K.-O.) a facilement disposé du Mexicain Adrian Haro Campos (2-5-2) par décision unanime (40-36 partout). Le boxeur de Charlemagne a été en parfait contrôle d’un bout à l’autre du duel, ébranlant son rival à quelques reprises grâce à de solides coups au menton.

Batyr Jukembayev (11-0, 9 K.-O.) aura eu beau pilonner Wilberth Lopez (20-9 14 K.-O.) avec de durs crochets au visage pendant les huit rounds de ce combat, l’Américain n’a jamais rien voulu savoir d’aller au tapis. Pas trop de regrets pour le Kazakh, qui l’a néanmoins emporté facilement par décision unanime (80-72). Jukembayev est d’ailleurs allé féliciter Lopez pour la solidité de sa mâchoire au terme de l’affrontement.

À son premier combat en tant que poulain de l’écurie Eye of the Tiger Management, Custio Clayton (13-0, 9 K.-O.) a remporté une victoire par décision unanime (100-88 partout) aux dépens de l’Argentin Christian Rafael Coria (27-6-2, 11 K.-O.). Clayton a envoyé son rival au tapis lors des deux derniers assauts. Il s’empare du même coup du titre WBO International des mi-moyens, auparavant vacant.

Mathieu Germain (12-0, 6 K.-O.) et le Mexicain Juan Garcia Mendez (19-4-2, 12 K.-O.) se sont livrés une rude bagarre pendant huit rounds, que le Québécois a remporté par décision unanime (80-72 partout). Comme l’indique le pointage des juges, «G-Time» a largement dominé l’affrontement, et n’eut été de la grande ténacité de Mendez, il aurait sans doute fini par ajouter un knock-out à sa fiche.

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Kim Clavel (à droite) a souligné ses débuts professionnels avec une victoire. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Chez les dames, Kim Clavel (1-0) a réussi ses débuts professionnels en l’emportant contre la Mexicaine Yoseline Martinez Jose (3-3) par décision unanime (40-36, 40-36, 39-37). Tout au long de l’affrontement, la Montréalaise a fait preuve d’un dynamisme et d’une vivacité qui laissent entrevoir un avenir intéressant chez les pros pour elle.

Toujours du côté féminin, la double médaillée olympique britannique Nicola Adams (3-0, 2 K.-O.) a aisément pris la mesure de l’Uruguayenne Soledad Macedo (13-14-1, 4 K.-O.) et a signé une victoire par arrêt de l’arbitre à 1 :26 du troisième round. Celle qu’on surnomme «The Lioness» («La lionne») s’est ruée sur sa proie dès le départ et l’a complètement étouffée. Voyant que Macedo était incapable de riposter, le dos aux câbles, l’officiel a sonné la fin des hostilités.

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Steven Butler (à droite) a terrassé Lanardo Tyner au deuxième round. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

Steven Butler (21-1-1, 18 K.-O.) a vite réglé le cas de l’Américain Lanardo Tyner (32-12-2, 20 K.-O.) en lui passant le knock-out à 2 :29 du deuxième round. Butler a solidement atteint d’un uppercut au visage le vétéran Tyner – qui s’est incliné devant Dierry Jean et Kevin Bizier par le passé – pour l’envoyer au tapis. Tyner a eu besoin de tout son petit change pour se remettre sur pieds.

L’Américain Ryan Garcia (13-0, 12 K.-O.) est demeuré parfait en l’emportant contre le Mexicain Noe Martinez (23-10-2, 10 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1 :45 du huitième round. Après avoir forcé son adversaire à poser un genou au sol quelques instants plus tôt, le jeune homme de 19 ans a martelé Martinez avec de violentes combinaisons qui ont convaincu l’arbitre de mettre un terme au duel.

En lever de rideau, Simon Kean (12-0, 11 K.-O.) a dévoré tout rond l’Américain Mike Sheppard (25-22-2, 11 K.-O.) en lui passant le knock-out à 0 :39 du deuxième round. Sheppard, en méforme évidente, a eu toutes les misères du monde à encaisser les assauts du poids lourds trifluvien. Kean l’aura envoyé deux fois au tapis au cours de ce bref combat.

« Je te prendrai ta ceinture »

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

David Lemieux et Billy Joe Saunders ont pris un malin plaisir à s’échanger quelques pointes par l’entremise des réseaux sociaux, au cours des dernières semaines. Pensiez-vous réellement qu’ils allaient s’arrêter à l’occasion de leur premier face à face?

Si les deux hommes sont somme toute demeurés polis dans leurs échanges, les flèches ont néanmoins sifflé de part et d’autre au cours de la conférence de presse annonçant officiellement leur combat du 16 décembre à la Place Bell de Laval, au cours duquel Lemieux (38-3, 33 K.-O.) aura l’occasion de ravir la ceinture WBO des poids moyens à Saunders (25-0, 12 K.-O.).

« J’ai vu David Lemieux à son meilleur lorsqu’il s’est battu contre Gennady Golovkin, a expliqué le Britannique. Il a fait de son mieux, mais ce ne fut pas suffisant. […] C’est bien que les meilleurs affrontent les meilleurs, mais la vérité, c’est que je suis un peu trop rusé et trop bon pour lui. »

Saunders, par ailleurs, n’a pas caché qu’à ses yeux, Lemieux constitue d’abord un « tremplin » – un « cobaye », a-t-il ajouté au passage – qui lui permettrait d’affronter Golovkin ou Canelo Alvarez éventuellement.

« Je pense que tu auras une surprise, a rétorqué le Québécois, peu impressionné par les postulats de son rival. Je serai à mon meilleur contre toi. Je ne suis pas inquiet. Je serai bon contre toi et je te prendrai ta ceinture. »

La transmission des politesses s’est ensuite poursuivie pendant que les pugilistes prenaient la pose devant les caméras et les photographes. Saunders n’a pu s’empêcher de narguer à nouveau Lemieux, qui a choisi de prendre le tout avec le sourire, à l’instar du président d’Eye of the Tiger Management et promoteur du Québécois, Camille Estephan.

Comme on dit, la table est mise.

Toujours prêt pour un défi

Depuis sa défaite contre Golovkin, Lemieux a enfilé quatre victoires consécutives, dont une contre Curtis Stevens à la suite d’un retentissant knock-out. On n’a aucune difficulté à comprendre pourquoi le boxeur de 28 ans se sent aussi confiant à l’idée d’en découdre avec Saunders.

Or, la victoire n’est certes pas acquise d’avance. L’Anglais de 28 ans semble favori pour l’emporter aux yeux de plusieurs. La redoutable force de frappe de Lemieux lui permettra-t-il de venir à bout de son opposant, entre autres réputé pour sa solide mâchoire?

« David Lemieux n’a jamais eu peur de relever un défi. Quand nous avons regardé les options qui s’offraient à nous, la commande était claire : le meilleur disponible. Ce sera un vrai défi pour David. »

-Marc Ramsay, entraîneur de David Lemieux

Difficile de contredire Ramsay sur ce plan. À l’heure ou quelques pugilistes font parler d’eux grâce aux méthodes qu’ils trouvent pour éviter les adversaires que tout le monde voudrait les voir affronter, Lemieux ne s’est jamais défilé, peu importe l’ampleur de la tâche qui l’attendait.

Ajoutez à cela son style spectaculaire, où l’attaque est reine et la défense reste parfois au vestiaire, et vous n’aurez pas à chercher bien loin afin de comprendre pourquoi il jouit d’un important capital de sympathie auprès du public, et que d’aucuns le considèrent désormais comme le nouveau porte-étendard de la boxe québécoise sur la scène internationale.

« Nous avons souvent dit qu’on voulait faire un combat d’une telle envergure chez nous. On a promis, et on a tenu notre promesse », s’est félicité Camille Estephan.

Notons enfin qu’advenant une victoire, Lemieux deviendrait seulement le deuxième boxeur québécois, avec le regretté Arturo Gatti, à être sacré champion du monde une seconde fois après avoir été détrôné. Lemieux, rappelons-le, a brièvement détenu le titre IBF des 160 lb en 2015.

« On a bien l’intention de récompenser les amateurs de boxe avant Noël », a prévenu Marc Ramsay.