Les bons (et moins bons) coups de 2017

[Photo Vincent Éthier, EOTTM]

Dans l’ensemble, l’année 2017 aura été très bonne pour la boxe québécoise. Puisqu’il ne reste que quelques heures avant de lui dire au revoir, et parce que le temps est propice aux rétrospectives, Ringside vous propose son palmarès des boxeurs québécois qui se sont illustrés au cours des douze derniers mois. Que ce soit pour les bonnes ou les mauvaises raisons…

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – David Lemieux

Rangez vos fourches et vos torches, par pitié! Bon, d’accord, l’année s’est plutôt mal terminée pour Lemieux, complètement déclassé par Billy Joe Saunders il y a quelques semaines, dans leur affrontement pour la ceinture WBO des poids moyens. Mais avant cette douloureuse défaite, Lemieux a tout de même remporté deux éclatantes victoires contre Curtis Stevens (voir plus bas) et Marcos Reyes. Et l’engouement autour du choc face à Saunders a confirmé qu’il est désormais le visage de la boxe au Québec, que ce soit dans la victoire ou la défaite. Pour toutes ces raisons, il mérite d’être nommé boxeur de l’année 2017 de la province.

LA MENTION HONORABLE – Artur Beterbiev

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Artur Beterbiev (à droite) est devenu champion IBF des mi-lourds en l’emportant contre Enrico Koelling. / Photo tirée du compte Twitter de Top Rank

S’il avait été plus actif (un seul combat en 2017), nul doute que Beterbiev aurait aisément remporté le titre de boxeur de l’année. Grâce à sa victoire contre Enrico Koelling, le 11 novembre, le Tchétchène est devenu champion IBF des mi-lourds, division fort achalandée par les temps qui courent. Dommage que son triomphe ait eu lieu en Californie, loin de ses partisans, et qu’il soit passé sous le radar à cause du litige contractuel qui l’oppose au Groupe Yvon Michel.

LA SURPRISE – Yves Ulysse Jr

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Yves Ulysse Jr (à droite) a envoyé Cletus Seldin au tapis trois fois en autant de rounds, le 16 décembre. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

On se doutait bien qu’Ulysse finirait par rebondir de sa défaite controversée du 27 octobre face à Steve Claggett. Mais peu de gens croyaient qu’il le ferait dès son combat suivant, et surtout, de façon aussi spectaculaire. Le 16 décembre, à sa première sortie à l’antenne du réseau HBO, Ulysse a envoyé au plancher l’étoile montante américaine Cletus Seldin trois fois en autant de rounds, avant de signer une victoire par décision unanime. Le jeune homme s’est aussitôt fait un nom sur la planète boxe. On a déjà hâte de voir ce que 2018 lui réserve.

LA DÉCEPTION – Adonis Stevenson

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À son unique combat en 2017, Adonis Stevenson (à gauche) n’a fait qu’une bouchée d’Andrzej Fonfara. / Photo Bob Lévesque

Nombreux seront ceux qui auront envie d’accorder cette mention peu enviable à Lemieux après sa contre-performance contre Saunders. Mais entre nous, plus le temps passe, et plus le nom d’Adonis Stevenson devient le punch d’une mauvaise blague dans le monde de la boxe. Son refus obstiné d’affronter Eleider Alvarez, qui est pourtant son aspirant obligatoire depuis deux ans, relève carrément de l’enfantillage. Il faut dire que le WBC sert bien la cause de son champion des mi-lourds dans ce dossier… En raison de son comportement, celui qui aurait dû être un fleuron de notre boxe s’est transformé en paria. Dommage.

LE HÉROS OBSCUR – Eleider Alvarez

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Eleider Alvarez (à droite) a vaincu Jean Pascal par décision majoritaire le 3 juin. / Photo Bob Lévesque

Parlant d’Alvarez, on oublie qu’il a signé deux brillantes victoires cette année, et pas contre n’importe qui : Lucian Bute (24 février) et Jean Pascal (3 juin). Si on place le Colombien dans cette catégorie, c’est parce que ses exploits ont malheureusement été occultés par les incessantes frasques de Stevenson. Et parce que sa patience, justement, commence à frôler l’héroïsme…

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – David Lemieux c. Curtis Stevens

En plus d’être le knock-out de l’année sur la scène québécoise, le coup d’assommoir que David Lemieux a servi à Curtis Stevens au troisième round de leur duel du 11 mars a retenti partout sur la scène internationale, comme en ont témoigné d’autres palmarès semblables à celui-ci. On remarquera d’ailleurs que Stevens n’est pas remonté dans le ring depuis cette cinglante visite au tapis. Peut-être gît-il encore aux abords de l’arène, complètement sonné?

LE PLUS BEAU RETOUR – Steven Butler

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Steven Butler (debout) a été le premier à envoyer Lanardo Tyner au tapis. / Photo Vincent Éthier, EOTTM

L’année 2017 a bien mal commencé pour Butler, qui a encaissé un premier revers en carrière face à Brandon Cook, le 27 janvier. On se souvient tous de l’énorme brouhaha qui a suivi au Centre Bell ce soir-là… Le jeune cogneur s’est cependant bien repris en ajoutant trois knock-out consécutifs à sa fiche, dont le dernier aux dépens du vétéran Lanardo Tyner, qui n’avait jamais été couché auparavant. On a également constaté un style quelque peu différent chez Butler depuis sa défaite contre Cook, qui le sert bien jusqu’ici. À seulement 22 ans, tous les espoirs sont encore permis pour lui.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Marie-Ève Dicaire

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Marie-Ève Dicaire a remporté ses quatre combats en 2017. / Photo Archives Bob Lévesque

Plusieurs boxeurs auraient pu se mériter cette mention : Christian M’Billi, Batyr Jukembayev ou encore Mathieu Germain, pour ne nommer que ceux-là. Mais parce qu’elle s’est améliorée à chacune de ses quatre sorties cette année, accordons cet honneur à Marie-Ève Dicaire. Toujours parfaite en dix combats, l’athlète de Saint-Eustache s’est également taillé une place de choix dans le cœur du public grâce, entre autres, à son charisme débordant. Le Québec peut se compter chanceux d’avoir une ambassadrice de la boxe féminine de sa trempe.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2018

-La conclusion la plus hâtive possible du litige entre Artur Beterbiev et le Groupe Yvon Michel, et ce, peu importe le camp qui obtient gain de cause. Plus le dossier traîne, plus les dommages se multiplient pour tout le monde, à commencer par l’amateur de boxe. Les parties ont rendez-vous devant le tribunal au mois de mai.

-Une meilleure année pour le Groupe Yvon Michel, tout simplement. Les clowneries d’Adonis Stevenson, Eleider Alvarez qui en subit les contrecoups, le conflit avec Beterbiev, Custio Clayton qui quitte pour joindre l’écurie d’Eye of the Tiger Management… Non, vraiment, GYM voudra oublier 2017 le plus vite possible.

-Un vrai bon test pour Simon Kean. Le poids lourd a haché menu toute l’opposition qui s’est dressée devant lui jusqu’ici, mais on n’a pas toujours croisé d’adversaires particulièrement menaçants. Le Grizzly est dû pour passer à l’échelon supérieur. Peut-être qu’il franchira cette étape lorsqu’il affrontera le Néo-Zélandais Solomon Haumono le 10 février, à Shawinigan.

-Une remise sur pieds rapide pour David Théroux, battu devant les siens à Sorel-Tracy le 14 décembre. Il s’agissait d’une deuxième défaite à ses quatre derniers combats.

-On espère que le public québécois appréciera Mikaël Zewski à sa juste valeur. Après avoir passé la quasi-totalité de sa carrière aux États-Unis, le Trifluvien de 28 ans est revenu chez lui après un an et demi d’inactivité en tant que membre de GYM. Si on sentait la rouille à sa première sortie de 2017, Zewski a été nettement plus convaincant lors de la seconde. Il a quand même remporté 29 de ses 30 combats, ne l’oublions pas.

-Une bonne retraite pour Jean Pascal qui, malgré son côté parfois polarisant, a été un digne représentant de la boxe québécoise tout au long de sa carrière. Idem pour Lucian Bute, bien qu’il n’y ait toujours pas eu d’annonce officielle à cet égard.

-Et, en terminant, une bonne année à vous tous!

Beterbiev champion!

[Photo tirée du compte Twitter de Top Rank Boxing]

Il faut croire que les douze étaient frimés pour Artur Beterbiev.

Confronté à un adversaire davantage préoccupé par sa survie que par une victoire, le boxeur montréalais d’origine russe a signé un 12e knock-out en autant de combats aux dépens de l’Allemand Enrico Koelling (23-2, 6 K.-O.), à 2 :33 du 12e round, pour s’emparer du titre vacant IBF des mi-lourds au Save Mart Center de Fresno, en Californie.

C’était la première fois de sa carrière professionnelle que Beterbiev (12-0, 12 K.-O.) se battait au-delà du septième engagement. D’aucuns croyaient que le duel serait beaucoup plus bref, en phase avec ce à quoi il nous a habitués par le passé. Mais le Tchétchène a dû composer avec un adversaire qui avait opté pour une stratégie purement défensive.

Koelling, sans doute conscient de la terrifiante force de frappe de son rival, a en effet passé le combat à encaisser – ou à se sauver, c’est selon – et n’a décoché aucune attaque digne de ce nom. Il n’a donné que 252 coups, atteignant son opposant à 54 reprises.

À l’inverse, Beterbiev a lancé pas moins de 1111 coups au total, dont 322 ont atteint la cible, essentiellement des jabs qui lui ont permis de dicter le tempo du duel et de percer la muraille qui se dressait devant lui.

Au round final, Beterbiev, décidé à ouvrir la machine pour de bon, a envoyé Koelling au plancher à deux reprises. À sa seconde chute, l’arbitre a mis fin au combat.

Le problème, c’est que la tactique de Koelling nous a donné un spectacle ennuyeux au possible, au cours duquel les étincelles ont été à peu près inexistantes. Résultat : l’affrontement s’est déroulé presque d’un bout à l’autre sous les huées aussi nourries que méritées de la foule. Dommage pour Beterbiev, qui profitait d’une tribune intéressante alors que le gala était présenté sur les ondes d’ESPN aux États-Unis.

Avec ce sacre de Beterbiev, l’entraîneur Marc Ramsay voit ainsi un autre de ses poulains devenir champion du monde, après David Lemieux en juin 2015. Un scénario qui, sait-on jamais, pourrait se reproduire le mois prochain…

Une pensée pour Yvon

Au Québec, le combat était présenté en direct à l’antenne de RDS2. Comme le veut la tradition, le tandem composé de Jean-Paul Chartrand et d’Yvon Michel était réuni pour la description de l’événement.

Impossible, dans les circonstances, de ne pas avoir une petite pensée pour le promoteur devant analyser le travail de Beterbiev, qui tente par tous les moyens de se sortir de son association avec le Groupe Yvon Michel. Le litige est toujours débattu devant les tribunaux à l’heure actuelle.

Bien sûr, Michel a évité d’aborder la question durant le combat, jouant son rôle d’analyste de façon tout à fait professionnelle au demeurant. N’empêche, on aurait voulu pouvoir se transformer en télépathe d’un soir afin d’entendre ce qu’il pouvait bien se dire en voyant Beterbiev, ce formidable monstre de boxe qu’il a amené à Montréal et pour qui ce n’était qu’une question de temps avant d’être couronné champion, enfiler la ceinture, le poing triomphant en l’air.

Notons enfin qu’un autre boxeur montréalais, Vislan Dalkhaev (9-1, 2 K.-O.), était également en action à Fresno samedi soir. Il a toutefois encaissé une première défaite en carrière, s’inclinant devant Fernando Fuentes (14-7-1, 4 K.-O.) par décision unanime. Dalkhaev a entre autres visité le tapis au cinquième round.