Pas de gêne à avoir

[Photo Mikey Williams, Top Rank]

Un vieil adage veut qu’en boxe, un seul coup de poing peut faire toute la différence dans un combat. On en a eu la preuve samedi soir.

La défaite fera mal à Mikaël Zewski (34-2, 21 K.-O.) pendant un moment, c’est évident. D’autant qu’elle est venue par knock-out, une amère première en carrière pour lui. Et qu’elle le prive de son titre NABO des mi-moyens, en plus de l’empêcher de mettre la main sur la ceinture WBC Continentale des Amériques.

Mais même s’il n’a pas obtenu le résultat espéré, le Trifluvien n’a pas à avoir honte de ce qu’il a accompli dans la bulle du MGM Grand de Las Vegas. L’homme qui se dressait devant lui, le Lituanien Egidijus Kavaliauskas (22-1-1, 18 K.-O.), était tout sauf un pied de céleri. C’est quand même lui qui, l’an passé, est devenu le premier à envoyer Terence Crawford au tapis.

Confronté à une telle menace, et après quelques performances pas toujours convaincantes à ses dernières sorties, Zewski avait des allures de proie facile de l’avis de nombreux observateurs. Or, il s’est plutôt défendu avec panache.

Même qu’il a dominé les quatre ou cinq premiers rounds de l’affrontement. Rien de flamboyant, mais du travail honnête, efficace. On voyait que Zewski était déterminé à prouver qu’il était à sa place dans un duel aux airs de prélude à un combat de championnat mondial.

Uppercut fatal

C’est à ce moment que Kavaliauskas a véritablement ouvert les valves, sachant sans doute qu’il devait augmenter la cadence afin de reprendre le contrôle du combat. Zewski a résisté avec le même brio qu’il affichait jusque-là, mais n’a pu demeurer debout lorsque Kavaliauskas l’a atteint d’un uppercut sournois en toute fin d’assaut.

Rien à voir avec ce que les Wisigoths appelaient jadis un « lucky punch ». Tout simplement un coup de poing placé au bon endroit, au bon moment.

Et c’est ce coup de poing qui aura renversé la vapeur avant de mener Zewski à sa perte. Incapable de reprendre totalement ses esprits durant la pause, le Québécois est allé redire bonsoir au plancher dès les premières secondes de la huitième reprise. L’arbitre Kenny Bayless a aussitôt décrété la fin des hostilités.

Il faut dire que Kavaliauskas, flairant l’odeur de la bête blessée, n’a laissé aucune marge de manœuvre à son rival, se ruant vers lui et le pilonnant sans merci jusqu’à ce que le travail soit terminé.

Partie remise

Une défaite par K.-O. a toujours un petit quelque chose d’embarrassant pour la fiche d’un boxeur. Mais dans le cas de Zewski, les dommages devraient se limiter aux douleurs physiques ressenties dans l’arène.

Car comme on dit sur la planète boxe – tiens, une autre maxime pugilistique –, la manière de perdre pèse souvent bien plus lourd dans la balance que la défaite elle-même. Et comme on le mentionnait plus haut, Zewski n’était aucunement déclassé dans ce combat avant ce funeste uppercut de Kavaliauskas. À preuve, deux des trois juges l’avaient en avance sur leur carte lors de l’arrêt du duel.

Zewski est peut-être reparti déçu de Las Vegas, mais il a tout de même démontré qu’il pouvait rivaliser avec l’élite de la division des mi-moyens. Un combat contre Crawford devra attendre, mais à court ou moyen terme, il obtiendra d’autres occasions de se faire valoir. Et à 31 ans, il a encore de bonnes années devant lui.

On disait que Zewski se retrouverait à la proverbiale croisée des chemins en cas de défaite. Soudainement, le redouté carrefour semble plus loin qu’on ne le croyait.

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Pression? Quelle pression?

[Photo Mickey Williams, Top Rank]

On se demande ce qui est le plus étonnant : que Kim Clavel ait dominé aussi outrageusement Natalie Gonzalez mardi soir, à Las Vegas, ou que Camille Estephan et Yvon Michel aient pu être réunis pour une entrevue télévisée?

À bien y penser, il n’y a rien eu de vraiment surprenant dans la performance de Clavel (12-0, 2 K.-O.) au MGM Grand. Comprendre ici que la boxeuse a été fidèle à ses habitudes, déployant une boxe explosive, toute en vitesse, qui a complètement muselé sa rivale.

Si elle s’est tout de même bien défendue dans les circonstances, l’Américaine Gonzalez (6-1, 1 K.-O.), avec ses attaques souvent lourdaudes et vaseuses, n’a jamais rien pu faire pour inquiéter Clavel une seule seconde. Les trois cartes de 80-72 remises par les juges au terme des huit rounds de l’affrontement le démontrent hors de tout doute.

« Gonzalez était très combative. Elle avait beaucoup d’énergie. J’essayais d’augmenter le tempo [du combat] quand elle essayait de le diminuer. Elle avait les mains lourdes, mais elles n’avaient pas de [dynamisme] », a décrit Clavel en entrevue sur les ondes de RDS après sa victoire.

Son titre NABF des mi-mouches n’était peut-être pas à l’enjeu pour ce combat, reste que la Québécoise avait toutes les raisons du monde de sentir une insoutenable pression sur ses épaules en s’amenant sur le ring.

D’abord, en disputant un premier combat en sol américain, elle devait livrer une performance convaincante pour prouver qu’elle mérite sa place dans ce marché. Voilà qui est maintenant chose faite, et nul doute qu’elle recevra un appel de Top Rank pour se battre à nouveau au sud de la frontière sous peu.

Clavel savait aussi qu’à titre de lauréate du prix Pat-Tillman pour son implication humanitaire durant la crise de la COVID-19, récompense qui lui a attiré une forte notoriété à travers l’Amérique, elle susciterait une certaine curiosité auprès de ceux qui ne la connaissaient pas auparavant. Le moment aurait été bien mal choisi pour celle qui a repris du service comme infirmière durant la pandémie pour décevoir tous ces nouveaux amateurs potentiels, n’est-ce pas?

« Beaucoup d’éléments auraient pu l’influencer, mais Kim les a tous tournés en facteurs positifs. C’était son carburant », a souligné l’entraîneuse de Clavel, Danielle Bouchard.

Il faut dire que Clavel avait aussi une source de motivation bien personnelle en vue du duel.

« Je sens que tout le travail que j’ai fait [durant la pandémie] a été récompensé d’une certaine façon. Je pensais à mes patients, à ceux que j’ai perdu. Je me battais pour eux [mardi] soir », a-t-elle confié.

Clavel a pu s’exécuter sous les yeux d’un vaste public nord-américain, mais il va sans dire que ses partisans québécois étaient les plus attentifs de tous. Avouons-le, ça faisait du bien de voir enfin une de nos boxeuses en action. Ne reste plus qu’à espérer qu’on pourra la revoir chez nous dans un avenir rapproché.

À ce sujet…

Réunion improbable… et importante

Comme on le mentionnait plus haut, RDS a réussi un exploit qui était encore impensable en début d’année à peine en réunissant Yvon Michel et Camille Estephan pour une entrevue – Estephan communiquant via appel vidéo, pandémie oblige.

Pensez-y un petit instant : ces deux promoteurs rivaux, pour ne pas dire ennemis jurés, qui acceptent d’apparaître (presque) côte à côte à la télévision. Jusque-là, une telle scène était à peu près aussi probable qu’une victoire du Canadien en finale de la coupe Stanley d’ici cinq ans.

Plus sérieusement, il faisait bon de voir les deux hommes ensemble pour se porter à la défense de leur sport. On l’a écrit ici, si l’industrie de la boxe veut arriver à convaincre la Santé publique de faire marche arrière et enfin permettre la tenue de combats au Québec, un front commun solide et durable est nécessaire. Et Michel et Estephan, en leur qualité de plus importants organisateurs de galas de la province, en sont les piliers.

Ainsi, tous deux ont à nouveau déploré la décision de la Santé publique, qui fait de moins en moins de sens à mesure que le temps passe et que les combats ont lieu ailleurs dans le monde. Mais surtout, ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement ne semble même pas vouloir discuter davantage de la question.

« Il faudrait un dialogue, qu’on se rencontre. On ne peut pas juste écarter une industrie et les gens qui en font partie sans tenter de remettre les choses en place. »

-Yvon Michel

« Si on reste longtemps sans que rien ne se produise, des gens vont prendre leur retraite, a -t-il fait valoir. Il y aura un exode des boxeurs. Il faudra recommencer à zéro. »

Estephan a quant à lui indiqué qu’il allait soumettre un second protocole sanitaire aux autorités, qui prévoira notamment des tests quotidiens pour les boxeurs et leur entourage durant une période de 14 jours consécutifs. Si la Santé publique devait à nouveau rejeter sa proposition, ce serait « un non-sens complet », dit-il. Mais pas question d’abandonner le combat malgré tout.

« Ce n’est pas vrai qu’on va laisser tomber les athlètes et nos fans. »

-Camille Estephan

En plus des deux promoteurs, d’autres acteurs du milieu fourbissent leurs armes face à la Santé publique. Un groupe Facebook, créé par la boxeuse Marie-Pier Houle et réunissant divers gens liés de près ou de loin aux sports de combat, comptait tout près de 1500 membres au moment d’écrire ces lignes. On y brasse entre autres différentes idées pour attirer l’attention du gouvernement et de la population sur la situation actuelle de la boxe ici.

La résistance s’organise et s’active. Et c’est elle qui déterminera si la boxe pourra survivre ou non au Québec.

À l’arrachée…

[Photo fournie par Golden Boy Promotions]

Était-ce à cause de la rouille accumulée pendant cinq mois d’inactivité? Ou était-ce un certain stress, une certaine pression découlant d’un tout premier combat disputé en sol américain? Un mélange de tout ça? Ou peut-être autre chose?

Toujours est-il que Steven Butler a dû ramer comme un galérien pour venir à bout de l’Ukrainien Vitalii Kopylenko jeudi soir, au Hard Rock Hotel and Casino de Las Vegas. Et pour cette première incursion dans la capitale des machines à sous, le Québécois aura eu besoin de toute sa petite monnaie pour se sauver avec une victoire par décision partagée.

Deux des juges ont favorisé Butler (27-1-1, 23 K.-O.) à 96-93, tandis que le troisième a donné Kopylenko (28-2, 16 K.-O.) gagnant avec un pointage de 95-94. Ringside avait également une carte de 95-94, mais en faveur de Butler, qui est ressorti du ring avec la ceinture WBC International des poids moyens.

La commission athlétique du Nevada a longtemps branlé dans le manche avant de donner son feu vert pour ce duel. À ses yeux, Butler était bien trop fort pour Kopylenko. Il faut dire qu’on ne savait que peu de choses à propos de l’Européen de 35 ans, si ce n’est que ses dernières victoires avaient été acquises face à des adversaires au profil, disons, suspect. Comme ce dénommé Miguelo Tavarez qui, au moment de leur combat, présentait une ahurissante fiche d’aucune victoire et 31 défaites…

Mais jeudi, c’est pourtant Kopylenko qui a failli jouer un bien vilain tour à Butler. Actif, coriace et parfois sournois, il a tôt fait de se transformer en obscure énigme que le cogneur montréalais n’a jamais vraiment pu résoudre, en dépit du résultat final.

Dès le départ, on sentait Butler surpris, voire décontenancé, par la tenue de son rival. Allait-il pouvoir s’ajuster à temps?

Celui qu’on surnomme « Bang Bang » a mieux fait à partir du troisième round, mais Kopylenko n’a jamais levé le pied. À tel point qu’il est même parvenu à envoyer Butler au tapis au huitième assaut grâce à une puissante frappe au corps qui a complètement coupé le souffle de Butler.

On pensait bien que cette chute de Butler, sa première depuis sa défaite contre Brandon Cook en janvier 2017, allait sceller l’issue du duel en faveur de Kopylenko. Il fallait d’ailleurs voir les visages défaits de Camille Estephan et Antonin Décarie, assis au parterre non loin de l’action, quand leur protégé s’est retrouvé à quatre pattes dans l’arène.

Or, Butler s’est relevé, et s’est battu avec tout ce qui lui restait d’énergie du désespoir. Assez, sans doute, pour faire pencher la balance de son côté pour de bon et s’assurer la victoire.

Et s’il y a un élément positif à retenir de ce combat pour le camp Butler, c’est justement la manière dont le boxeur s’est remis de sa chute sur le plan mental. Plutôt que de se laisser abattre, il a persévéré jusqu’à la toute fin. On n’aurait jamais vu ça de sa part il y a quelques années à peine. C’est dans des moments comme celui-là qu’on constate toute la maturité acquise depuis cet infâme revers contre Cook.

Mais à 23 ans, Butler est encore bien jeune, et ce duel contre Kopylenko a aussi démontré qu’il lui restait encore beaucoup de travail à faire s’il veut se mesurer un jour à l’élite des poids moyens. Avec ce qu’on a vu de lui contre l’Ukrainien, Butler se serait fait démolir dans le temps de le dire face aux Canelo Alvarez, Daniel Jacobs et autres Demetrius Andrade de ce monde.

Heureusement pour lui, Butler a l’attitude et l’équipe qu’il lui faut pour retenir la leçon et corriger ce qui a fait défaut. Ce sera impératif pour la suite des choses.

Bazinyan étincelant

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Erik Bazinyan (photo) a complètement dominé son rival Alan Campa. / Photo fournie par Golden Boy Promotions

Si Butler a connu une soirée difficile à Vegas, ce fut tout le contraire pour son confrère Erik Bazinyan (23-0, 17 K.-O.), qui a vaincu avec brio le Mexicain Alan Campa (17-5, 11 K.-O.) par décision unanime (99-90, 99-90, 97-92). Il a ainsi défendu ses titres NABO et NABA des super-moyens.

Il n’y avait que quelques secondes d’écoulées dans cet affrontement que déjà, Bazinyan imposait son tempo. En plus de contrôler la distance avec un jab ultra-efficace, le jeune homme de 23 ans a pu atteindre la cible avec sa main droite autant qu’il le voulait, profitant des largesses défensives de son opposant.

Campa, cependant, s’est montré tenace devant les attaques répétées de Bazinyan. Il a entre autres réussi à survivre à un cinquième round particulièrement difficile, au cours duquel un coup sous la ceinture lui a sonné les cloches et un coup de tête accidentel lui a laissé une énorme bosse au-dessus de l’œil gauche.

Bazinyan a fait savoir après le duel qu’il était quelque peu déçu de ne pas avoir passé le knock-out à son rival, comme il l’avait fait lors de ses huit sorties précédentes. Mais au fond, qu’importe. Le pugiliste d’origine arménienne a été à ce point dominant que même s’il n’a pu stopper Campa, sa victoire n’en a pas été moins étincelante.

Enfin, une diffusion décente

Un mot, enfin, pour revenir sur la webdiffusion du gala de jeudi par l’entremise de la page Facebook de Golden Boy Promotions. On se souvient que la semaine précédente, lors du combat revanche entre Yves Ulysse fils et Steve Claggett, la retransmission du gala avait été, au mieux, exécrable, alors que les spectateurs ont été plongés dans le noir pour la dernière moitié du duel.

Eh bien, cette fois, force est d’admettre que ce fut nettement mieux côté production. Mis à par un bref petit accroc en tout début de diffusion, les amateurs n’ont pas perdu une seule seconde d’action. Souhaitons qu’il s’agisse là d’un signe annonciateur de ce qui nous attend pour les prochains Thursday Night Fights.

Ce qu’il fallait démontrer

[Photo fournie par HBO]

David Lemieux devait à tout prix signer une victoire convaincante contre Gary O’Sullivan, samedi à Las Vegas, afin de dissiper les doutes à son sujet et prouver qu’il avait encore sa place parmi l’élite des poids moyens. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas laissé planer les doutes bien longtemps!

Lemieux (40-4, 34 K.-O.) n’a eu besoin que de 2 minutes 44 secondes pour régler le cas de O’Sullivan (28-3, 20 K.-O.). Un vicieux crochet gauche sur le museau, et hop! Le volubile Irlandais s’est retrouvé affalé au tapis, incapable de poursuivre le duel. Merci, bonsoir, à la prochaine.

Après toutes les attaques verbales lancées par O’Sullivan au cours des dernières semaines, et les bousculades à la conférence de presse officielle et à la pesée, c’est ce qui s’appelle se faire fermer le clapet, chers amis.

Il est d’ailleurs admirable de voir à quel point Lemieux est revenu en force après ses récentes performances en demi-teinte.

Ça a commencé avec une pesée qui ne lui a posé aucun problème, contrairement à celle en marge de son duel face à Karim Achour, et lors de laquelle il était visiblement en meilleure forme. Il s’est même présenté dans le ring du T-Mobile Arena à 180 lb, contre seulement 165 pour O’Sullivan. De quoi bonifier une force de frappe déjà ravageuse.

Il faut dire aussi que Lemieux et son équipe savaient que le boxeur devait confondre les sceptiques au terme de cet affrontement. Une défaite ou un gain sans éclat, et les interrogations à son sujet n’auraient été qu’amplifiées. Ainsi, quoi de mieux que d’y aller d’un retentissant knock-out dont certains parlaient déjà comme étant celui de l’année?

Lemieux s’est amené dans ce combat le couteau entre les dents, courroucé par les clowneries de O’Sullivan et déterminé à le remettre à sa place, et a suivi le plan de match de son entraîneur Marc Ramsay à la lettre. Résultat: le cogneur québécois a offert sa meilleure sortie – aussi brève fut-elle – depuis son duel contre Curtis Stevens, et demeure du coup parmi les noms les plus redoutables et en vue de la division des moyens. Mission accomplie, donc.

Objectif: Canelo

De plus, grâce à cette victoire, Lemieux est l’aspirant obligatoire au titre WBA désormais détenu par Saul « Canelo » Alvarez, qui est devenu le premier à résoudre l’énigme Gennady Golovkin pour ainsi détrôner le dangereux Kazakh par décision majoritaire (115-113, 115-113, 114-114) au terme d’un superbe combat revanche entre les deux pugilistes.

Un duel Lemieux-Alvarez pourrait voir le jour plus tôt que tard, d’ailleurs. Le Mexicain a déjà réservé le MGM Grand de Vegas au mois de décembre. On verra si ce sera pour y accueillir son nouvel aspirant.

En attendant, la question est de savoir si Lemieux a ce qu’il faut pour venir à bout d’Alvarez, un rival de calibre nettement plus relevé que O’Sullivan, tout le monde en conviendra.

Pour l’instant, difficile d’offrir une réponse claire. Ce qui est manifeste, toutefois, c’est qu’après un certain dérapage, Lemieux est de retour en force sur la bonne voie. S’il continue dans cette même veine, tous les espoirs sont permis.

Un combat de championnat du monde en sous-carte d’un troisième duel Alvarez-Golovkin, peut-être? On peut bien rêver un peu…

Condamné à gagner

[Photo Tom Hogan, Golden Boy Promotions]

Il n’est pas rare d’entendre un boxeur parler de son prochain combat comme étant le plus important de sa carrière. C’est si fréquent, en fait, que la déclaration relève davantage du cliché. Or, dans certains cas, il y a des clichés plus vrais que d’autres.

Celui de David Lemieux (39-4, 33 K.-O.) entre dans cette catégorie. Dans quelques heures, le Québécois montera dans le ring du T-Mobile Arena de Las Vegas pour se frotter à l’Irlandais Gary « Spike » O’Sullivan (28-2, 20 K.-O.) et tenter de lui ravir le titre Intercontinental de la WBO. Un affrontement présenté en sous-carte du combat revanche tant attendu entre Saul « Canelo » Alvarez et Gennady Golovkin.

Non, il ne s’agit pas d’un combat de championnat du monde. Et une défaite ne signifiera pas la fin de sa carrière pour autant. Mais pour le bien de celle-ci, à court et moyen terme à tout le moins, Lemieux n’a pas le choix de l’emporter. Pour paraphraser Ed Harris dans le film Apollo 13, l’échec n’est pas une option.

Cela n’a rien à voir avec le fait que le vainqueur du duel Lemieux-O’Sullivan se hissera au stade d’aspirant obligatoire au titre WBA des poids moyens, qui restera la propriété de Golovkin ou deviendra celle d’Alvarez selon le résultat de leur propre combat. Sa performance de ce soir déterminera la place qu’occupera Lemieux sur l’échiquier de la boxe mondiale au cours des prochaines années.

Le revers sans appel face à Billy Joe Saunders, en décembre 2017, a exposé les limites pugilistiques de Lemieux. Il a bien remporté son combat suivant contre Karim Achour au mois de mai, mais il ne se mesurait pas à un adversaire de calibre de championnat. Et on ne parle même pas de sa pesée ratée de la veille.

Bref, sa réputation dans l’industrie, bien qu’elle soit demeurée bonne malgré tout, a été quelque peu ébranlée depuis le fiasco Saunders. Ce soir, ce sera le moment ou jamais de lui redonner du lustre.

Si Lemieux veut conserver ses chances de se battre à nouveau pour un titre mondial un jour, WBA ou autre, il doit non seulement relever le défi O’Sullivan, il doit gagner de la manière la plus convaincante et spectaculaire possible. Sa marge de manœuvre à cet égard est à peu près nulle. Un gain à l’arrachée par décision, même unanime, ne suffira pas.

La bonne nouvelle pour lui, c’est que ses chances de victoire sont appréciables. O’Sullivan, quoique fort respectable, se veut un rival tout à fait « prenable » pour Lemieux. En autant que lui et son entraîneur Marc Ramsay jouent leurs cartes de la bonne manière, bien sûr.

Ce combat devrait par ailleurs être la source de nombreuses flammèches. Tant Lemieux que O’Sullivan affectionnent les bagarres de ruelle lors desquelles les coups de massue ont préséance sur l’élégance et la technique.

Qui plus est, les deux hommes ne se blairent pas. Mais alors là, pas du tout. Ils se sont nargués sur les réseaux sociaux pendant de nombreuses semaines. Et le chamaillage bien senti qui a suivi la conférence de presse et la pesée officielle a mis la table de belle façon pour ce duel.

Reste à espérer pour Lemieux qu’il sera en mesure de passer de la parole aux actes. La suite de son parcours professionnel en dépend.

Combat grandiose, décision révoltante

[Photo tirée du compte Twitter d’HBO]

On nous avait promis un classique. Nous avons eu un classique. C’est un combat digne des plus marquants de l’histoire du noble art que nous ont offert Gennady Golovkin et Saul « Canelo » Alvarez samedi soir, au T-Mobile Arena de Las Vegas. Dommage qu’un duel aussi épique ait été terni par une autre décision incompréhensible d’un juge du Nevada…

Après 12 rounds au cours desquels la fébrilité et l’excitation étaient souvent à leur paroxysme, tous ou presque sont repartis déçus et frustrés en apprenant que le combat s’était soldé par un verdict nul partagé. Golovkin conserve donc ses titres IBF, IBO, WBC et WBA des poids moyens.

Si les juges Don Trella et Dave Moretti ont respectivement remis des cartes de 114-114 et 115-113 pour Golovkin (37-0-1, 33 K.-O.), leur consoeur Adalaide Byrd a donné Alvarez (49-1-1, 34 K.-O.) gagnant avec un pointage de… 118-110. Or, quiconque ayant regardé le combat vous dira qu’un tel score est tout à fait aberrant. Pour ne pas dire scandaleux, tant il empeste l’incompétence.

La très grande majorité des observateurs – incluant Ringside – voyait Golovkin l’emporter. Sauf pour les deux ou trois premiers rounds, le Kazakh de 35 ans a constamment dicté le tempo face à Alvarez, qui a passé plusieurs minutes le dos aux câbles en tentant de stopper les jabs de son rival.

Si le puissant Golovkin avait sorti l’artillerie lourde, comme c’est pourtant son habitude, pas certain qu’on aurait vu un douzième round dans ce combat.

Vol de grand chemin

Or, la bonne juge Byrd n’a donné que les quatrième et septième rounds à GGG. Sans blagues.

De toute évidence, elle n’a pas remarqué qu’au neuvième assaut, pour prendre ce seul exemple, Golovkin a laissé partir un violent uppercut qui a durement ébranlé Alvarez. Heureusement pour celui-ci, le champion n’a pas été en mesure de terminer le travail et de l’envoyer au tapis.

À la limite, une victoire serrée de Golovkin, ou même un verdict nul mieux «balancé», aurait fait plus de sens. Après tout, bien que son adversaire ait eut le dessus pour l’essentiel du duel, Alvarez nous a offert quelques belles étincelles par moments, parvenant même à donner du fil à retordre à GGG à quelques reprises. Mais pas assez pour faire pencher la balance en sa faveur. Du moins, pas pour des observateurs avertis qui connaissent un tant soit peu le pugilat.

Peut-on dire que Golovkin a été victime d’un vol ? Oui, sans l’ombre d’un doute.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la juge Byrd – qui compte 442 combats d’expérience, dont 114 combats de championnat – fait parler d’elle pour les mauvaises raisons. Une simple recherche dans Google permet de recenser quelques-uns de ses «plus grands succès», tant pour des combats de boxe que d’arts martiaux mixtes, qu’elle juge depuis 2006.

Pour vous donner une idée, le promoteur américain Top Rank a tenté, en novembre dernier, de la faire exclure du combat opposant Vasyl Lomachenko et Nicholas Walters. En vain. N’empêche, quand on en est rendus là, n’est-ce pas signe que le problème est, au minimum, préoccupant ?

Une gifle pour la profession

Ce qui est le plus regrettable lorsqu’un incident comme celui de samedi soir survient, c’est que la mauvaise décision d’un seul juge vient éclabousser le travail de ses collègues lucides et raisonnables dans l’esprit des amateurs, qui en profitent pour crier au complot et leur tomber dessus à bras raccourcis. Oui, parfois, une pomme pourrie peut ruiner un panier entier.

Mais à moins d’une surprise, ne comptez pas trop sur la Commission athlétique du Nevada pour mener une enquête fouillée auprès de Mme Byrd. Ce n’est pas vraiment la première fois que des résultats litigieux émanent de la capitale du vice. Ce qui se passe à Vegas ne reste pas toujours à Vegas, malheureusement.

Avant même que les pointages des juges soient dévoilés, tout indiquait qu’un combat revanche ne finirait par être qu’une formalité. Les deux boxeurs ont d’ailleurs confirmé leur intérêt pour la chose après le combat.

Avec cet œil au beurre noir causé par la décision totalement ridicule d’une juge, un deuxième duel devient carrément impératif.

Place au (vrai) combat de l’année

[Photo tirée du compte Twitter du WBC]

Le jour du combat de l’année est enfin arrivé. C’est ce soir que Saul « Canelo » Alvarez et Gennady Golovkin vont finalement s’affronter, au T-Mobile Arena de Las Vegas.

Pardon? Le combat de l’année a déjà eu lieu, vous dites? Vous parlez de Mayweather-McGregor?

Permettez une nuance. Mayweather-McGregor était effectivement le combat de l’année… sur le plan promotionnel et financier. Mais pour ce qui est de l’aspect purement sportif, purement boxe, nul doute que le duel Canelo-Golovkin mérite la palme.

Ce soir, ce sont deux athlètes au sommet de leur discipline qui croiseront le fer. L’enjeu est énorme : Alvarez (49-1-1, 34 K.-O.) pourrait ravir les titres IBF, WBC et WBA que détient l’invaincu Golovkin (37-0, 33 K.-O.). La tâche ne sera cependant pas de tout repos pour le Mexicain de 27 ans.

Golovkin, on le sait, est l’un des cogneurs les plus puissants de sa génération. Avant Daniel Jacobs, qui s’est incliné par décision unanime le 18 mars, le dernier boxeur qui avait réussi à se rendre à la limite contre lui était un certain Amar Amari, en 2008! On parle d’une séquence de 23 victoires consécutives obtenues avant la dernière cloche.

Avez-vous eu le temps de ramasser votre mâchoire qui était tombée au plancher? Bien, alors poursuivons.

En plus d’être doté d’une terrifiante force de frappe, celui qu’on surnomme GGG est un as technicien. Et malgré le nombre impressionnant de K.-O. à sa fiche, il ne se gêne jamais pour prendre tout le temps nécessaire afin de bien étudier son adversaire… question de mieux le terrasser par la suite.

Toutefois, nombreux sont ceux qui croient qu’Alvarez pourrait infliger une première défaite au Kazakh de 35 ans. D’une part, son style est du genre qui pourrait causer des ennuis à Golovkin. Et ce dernier a eu fort à faire pour l’emporter contre Jacobs. GGG aurait-il commencé à ralentir?

Mais malgré toutes les qualités pugilistiques d’Alvarez, difficile de ne pas donner un avantage à Golovkin, pour les raisons énoncées plus haut. Oui, il vieillit. Oui, une surprise est toujours possible. Mais l’homme demeure une redoutable machine de boxe qui semble – aux yeux de Ringside, à tout le moins – encore supérieure à Alvarez.

Cet humble blogue osera donc se commettre pour le simple plaisir de la chose pour prédire une 38e victoire de Golovkin, qui gardera donc sa fiche immaculée et ses ceintures. Ajoutons que le gain sera acquis par knock-out technique au 10e round, ne serait-ce que pour pimenter la discussion – ou avoir l’air encore plus fou après le combat, c’est selon.

À noter que la présentation du gala à la télé payante débute à 20h, soit une heure plus tôt que prévu. Messieurs Alvarez et Golovkin devraient monter sur le ring aux environs de 22h30 ou 23h.

Pour reprendre l’expression consacrée : et vous, vous voyez ça comment?

Mayweather, évidemment

[Photo tirée du compte Twitter de Showtime]

Force est d’admettre que Conor McGregor a surpris tout le monde, incluant l’auteur de ces lignes, dans son combat face à Floyd Mayweather samedi soir, à Las Vegas. Après tout, à peu près personne croyait qu’il trouverait le moyen de survivre au-delà du deuxième ou troisième round.

Mais contre toute attente, donc, l’Irlandais est parvenu à étirer ça jusqu’au dixième engagement. C’est alors que l’arbitre Robert Byrd a mis un terme aux hostilités, voyant très bien que McGregor n’avait tout simplement plus l’énergie nécessaire pour se défendre contre les assauts incessants de Mayweather.

Si on fait abstraction de sa technique, disons, peu orthodoxe et de sa vilaine propension à vouloir frapper son adversaire derrière la tête, McGregor a néanmoins tenu son bout dans le ring du T-Mobile Arena. Chose certaine, le duel s’est avéré bien plus excitant que le combat entre Mayweather et Manny Pacquiao, il y a deux ans. Quoique la barre n’était pas très haute à cet égard, il faut le dire.

Ce qui aura causé la perte de McGregor, en bout de ligne, c’est sa condition physique, manifestement pas adéquate pour endurer un combat de 12 rounds. Les combats de l’UFC, rappelons-le, durent une quinzaine de minutes tout au plus. Parfois quelques secondes seulement. Le décalage entre la boxe et les arts martiaux mixtes sur ce plan sautait aux yeux.

Tout vient à point à qui sait attendre

D’ailleurs, la seule raison pour laquelle McGregor a pu avoir le dessus sur Mayweather lors des deux premiers assauts, c’est parce que ce dernier n’a lancé à peu près aucun coup, préférant étudier son rival et s’en remettre à son incomparable maestria défensive. Du moment que Mayweather s’est mis en marche, McGregor s’est retrouvé complètement débordé.

On peut reprocher bien des choses à Mayweather, mais quoi qu’on en dise, il demeure un boxeur extrêmement intelligent. Il savait très bien que McGregor n’aurait pas ce qu’il faut dans le réservoir pour combattre jusqu’à la limite. Pourquoi alors ouvrir la machine dès les départ, si ce n’est que pour se brûler soi-même inutilement?

Il a donc attendu patiemment que sa proie se serve elle-même sur un plateau d’argent. Vers la mi-combat, pendant que Mayweather souriait à pleines dents aux caméras, frais comme une rose, McGregor pompait l’huile comme s’il venait de courir un Ironman. L’image était pour le moins éloquente.

Malgré tout cela, et tout ce qui s’est dit en marge de ce duel pharaonique, il faut lever son chapeau pour McGregor, qui s’est quand même défendu de façon somme toute honorable dans un combat où tout jouait contre lui. Même si la logique a fini par s’imposer.

Une fois n’est pas coutume

Dès la fin du combat samedi, certains se demandaient fébrilement à quel moment on le reverrait dans un ring, et quel boxeur il affronterait cette fois. Calmons-nous le pompon un instant, voulez-vous?

Spéculons un peu, pour les besoins de la discussion. Vous imaginez McGregor en découdre avec, par exemple, Terence Crawford? Jermell Charlo? Ou pire, Canelo Alvarez ou Gennady Golovkin? Ça finirait par une mort d’homme, cette histoire. On exagère, mais vous comprenez le principe.

Et de toute façon, on s’entend que les paramètres financiers d’un tel affrontement n’auraient rien à voir du tout avec ceux de samedi, et ne justifieraient pas un nouveau mélange des genres.

Bref, maintenant que Mayweather-McGregor est chose du passé, que chacun de ces messieurs retourne là ou il doit aller : le premier dans son manoir pour se frotter les mains de satisfaction en reluquant sa fiche de 50-0, le second dans un octogone de l’UFC pour y défendre ses titres.

La pièce de théâtre est terminée. Il est temps de revenir à la réalité.

Battez-vous, qu’on en finisse

BILLET – Plus que quelques heures avant que Floyd Mayweather et Conor McGregor en viennent finalement aux coups dans le ring du T-Mobile Arena, à Las Vegas. Plus que quelques heures avant de crever cet abcès purulent une fois pour toutes, et qu’on passe enfin à un autre appel.

Commenciez-vous à avoir votre voyage de ce festival de la démesure sportivo-médiatique qui semblait – et semble encore, malgré sa conclusion imminente – éternel?

L’ampleur de la chose n’est pas si différente de Mayweather-Pacquiao en 2015, direz-vous. Vrai qu’en ce qui a trait aux chiffres – bourses, prix des billets, etc. – et au travail promotionnel, les deux événements se comparent. Mais au moins, on savait à ce moment qu’on aurait droit à un combat de boxe, un vrai, entre deux des meilleurs pugilistes de la planète.

Cette fois, on a plutôt l’impression qu’on s’apprête à assister à une gageure qui a mal tourné.

Mayweather-McGregor, c’est un peu comme un dessert trop sucré. À force d’en manger, il finit par nous tomber sur le cœur. Et les portions qu’on nous a servies ces dernières semaines, notamment à coup de conférences de presse aux allures de mauvais théâtre d’été où on a davantage jasé d’un veston malpoli que de boxe, étaient colossales.

Même l’auguste World Boxing Council n’a pu s’empêcher de mettre son grain de sel dans cette vaste comédie en annonçant que le vainqueur du combat se mériterait la Money Belt, ceinture spécialement créée pour l’événement et qui ne pourrait mieux porter son nom. Fait de cuir d’alligator, l’objet est orné de pas moins de 3360 diamants, 600 saphirs, 300 émeraudes et d’un kilo et demi d’or 24 carats.

MoneyBelt
Floyd Mayweather et Conor McGregor se disputeront la Money Belt, créée spécialement pour leur combat par le World Boxing Council.

Il fallait voir le président de l’organisation, Mauricio Sulaiman, brandir fièrement cette « récompense » lors de la conférence de presse finale du combat. Les puristes du noble art ont sans doute eu peine à contenir un léger haut-le-cœur devant la scène.

On en profite d’ailleurs pour transmettre nos plus sincères condoléances à la famille de ce pauvre alligator bêtement sacrifié pour la confection de cette horreur.

Pendant ce temps…

Ainsi donc, en attendant le retour aux affaires courantes, on doit se taper ce gigantesque vaudeville. Certains se demandent encore, naïvement, si McGregor a une chance de l’emporter face à Mayweather. On n’est jamais à l’abri d’une surprise, c’est un fait. Mais entre nous, vous y croyez vraiment?

Ce qui est d’autant plus regrettable, c’est que d’autres combats bien plus intéressants – et surtout, bien plus significatifs – passeront complètement sous le radar à cause de toute cette foire.

Ironie du sort, l’un de ces affrontements aura lieu tout juste avant le choc Mayweather-McGregor. Badou Jack (21-1-2, 12 K.-O.) tentera alors de ravir le titre WBA des mi-lourds à Nathan Cleverly (30-3, 16 K.-O.). On est déjà curieux de voir comment se comportera Jack dans l’arène, lui qui en sera à un premier duel chez les 175 lb.

Au même moment, au StubHub Center de Carson, en Californie, Miguel Cotto (40-5, 33 K.-O.) sortira d’une pause de près de deux ans pour affronter Yoshihiro Kamegai (27-3-2, 24 K.-O.). Les deux hommes se disputeront le titre WBO des super-mi-moyens, actuellement vacant.

Les amateurs de boxe québécois auraient intérêt à garder un œil sur ce duel, car si les choses se déroulent à l’avantage de Cotto, celui-ci pourrait fort bien revenir chez les poids moyens et se mesurer à David Lemieux vers la fin de l’année.

Mais d’ici là, pas le choix d’endurer le cirque Mayweather-McGregor encore un peu, question de repousser à nouveau les limites de notre patience. Quoique pour certains, elles ont déjà été franchies. C’est entre autres le cas d’Oscar de la Hoya, qui s’est défoulé en termes on ne peut plus clairs par l’entremise de son compte Twitter, hier soir.

Le Golden Boy est évidemment biaisé, puisqu’il est le promoteur du combat Cotto-Kamegai et que ce dernier se tiendra dans l’indifférence quasi-totale. N’empêche, plusieurs partagent un sentiment semblable et ont seulement hâte que cesse cette fanfaronnade.

Allez, messieurs Mayweather et McGregor. Soyez magnanimes et aidez-nous à apaiser notre malaise. Battez-vous, qu’on en finisse.

Mayweather c. McGregor: la farce devient réalité

BILLET – Ainsi donc, c’est bien vrai. Après deux ans de rumeurs, de tergiversations et autres conjectures, Floyd Mayweather et Conor McGregor vont finalement s’affronter dans un combat de boxe le 26 août, au T-Mobile Arena de Las Vegas.

L’Américain Mayweather (49-0, 26 K.-O.), considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de tous les temps, sortira de sa retraite pour se frotter à l’Irlandais McGregor, super-vedette de l’UFC et des arts martiaux mixtes. Le grand patron de l’UFC, Dana White, a fait savoir que le duel serait disputé à 154 lb. Dieu merci, aucune ceinture ne sera en jeu.

L’idée traînait depuis si longtemps que peu de gens y croyaient encore vraiment. D’autres espéraient que le projet meure dans l’œuf, estimant qu’il s’agirait d’un œil au beurre noir pour le noble art. Plusieurs croyaient assister à un simple « show de boucane ». Les deux athlètes, après tout, figurent parmi les plus grandes gueules de leurs disciplines respectives.

Eh bien, non. Il faut croire qu’ils étaient sérieux. Pourtant, sur le plan sportif, on parle d’une immense farce.

McGregor est peut-être très doué pour les arts martiaux mixtes, mais voilà, il est question de boxe, ici. Ce n’est pas parce que, comme Mayweather, il gagne sa vie en tapant sur la gueule d’un autre type dans un octogone qu’il devient aussitôt compétitif dans un ring de boxe. Ce n’est pas le même entraînement, les mêmes techniques, les mêmes règles… Bref, pas le même sport, tout simplement.

Au surplus, McGregor, 29 ans, aura devant lui un maître de la défense et de l’évasion dans une arène. Est-il logique de croire qu’un néophyte de la boxe comme lui puisse causer des ennuis à Mayweather, ne serait-ce qu’un instant?

Je lisais quelque part que Mayweather, 40 ans, « allait mettre sa fiche parfaite en jeu » dans ce combat. Allons donc… Un peu de sérieux, de grâce. Y a-t-il vraiment quelqu’un qui est convaincu que McGregor possède une chance réelle de l’emporter? Outre ce dernier, entendons-nous. Je vous pose la question.

Soyons réalistes, donc. Une seule raison justifie la tenue de ce combat : l’argent.

On ose à peine imaginer les bourses que les deux hommes encaisseront pour l’occasion – à titre d’exemple, Mayweather avait touché 250 millions pour se battre contre Manny Pacquiao. Sans parler des revenus à la billetterie et à la télé payante. Car, oui, évidemment que le T-Mobile Arena sera quand même rempli à craquer de gens qui auront payé le gros prix pour obtenir le privilège (!) d’assister à ce duel historique (!!).

En toute logique, Mayweather et McGregor devraient empocher un salaire dans les neuf chiffres. On imagine déjà Mayweather, dont l’appétit pour les billets verts est bien connu, se frotter les mains de satisfaction, l’esprit avide et le sourire étincelant. Pas pour rien qu’on le surnomme Money, tout de même.

À l’inverse, savez-vous qui est sans doute le plus déçu de cette annonce? Miguel Cotto, qui effectuera son retour dans le ring à la même date, le 26 août, lui aussi après presque deux ans d’absence. En plus de se préparer à affronter son adversaire Yoshihiro Kamegai, il devra se préparer à passer sous le radar de l’actualité pugilistique, circonstances obligent.

Nos excuses, Miguel. Ce n’est pas de notre faute, on le jure.

Quoi qu’il en soit, vous pouvez déjà parier sur une victoire facile de Mayweather. Et à en juger par les cotes des paris à Las Vegas, vous ne serez pas les seuls.

En l’emportant, celui-ci présenterait une fiche de 50-0, dépassant ainsi le légendaire Rocky Marciano. Mais compte tenu des circonstances dans lesquelles cette 50e victoire serait acquise, pourra-t-on lui accoler tout le prestige et la valeur historique qu’elle mériterait?

Permettez-moi d’en douter.