BILLET – Plus que quelques heures avant que Floyd Mayweather et Conor McGregor en viennent finalement aux coups dans le ring du T-Mobile Arena, à Las Vegas. Plus que quelques heures avant de crever cet abcès purulent une fois pour toutes, et qu’on passe enfin à un autre appel.
Commenciez-vous à avoir votre voyage de ce festival de la démesure sportivo-médiatique qui semblait – et semble encore, malgré sa conclusion imminente – éternel?
L’ampleur de la chose n’est pas si différente de Mayweather-Pacquiao en 2015, direz-vous. Vrai qu’en ce qui a trait aux chiffres – bourses, prix des billets, etc. – et au travail promotionnel, les deux événements se comparent. Mais au moins, on savait à ce moment qu’on aurait droit à un combat de boxe, un vrai, entre deux des meilleurs pugilistes de la planète.
Cette fois, on a plutôt l’impression qu’on s’apprête à assister à une gageure qui a mal tourné.
Mayweather-McGregor, c’est un peu comme un dessert trop sucré. À force d’en manger, il finit par nous tomber sur le cœur. Et les portions qu’on nous a servies ces dernières semaines, notamment à coup de conférences de presse aux allures de mauvais théâtre d’été où on a davantage jasé d’un veston malpoli que de boxe, étaient colossales.
Même l’auguste World Boxing Council n’a pu s’empêcher de mettre son grain de sel dans cette vaste comédie en annonçant que le vainqueur du combat se mériterait la Money Belt, ceinture spécialement créée pour l’événement et qui ne pourrait mieux porter son nom. Fait de cuir d’alligator, l’objet est orné de pas moins de 3360 diamants, 600 saphirs, 300 émeraudes et d’un kilo et demi d’or 24 carats.

Il fallait voir le président de l’organisation, Mauricio Sulaiman, brandir fièrement cette « récompense » lors de la conférence de presse finale du combat. Les puristes du noble art ont sans doute eu peine à contenir un léger haut-le-cœur devant la scène.
On en profite d’ailleurs pour transmettre nos plus sincères condoléances à la famille de ce pauvre alligator bêtement sacrifié pour la confection de cette horreur.
Pendant ce temps…
Ainsi donc, en attendant le retour aux affaires courantes, on doit se taper ce gigantesque vaudeville. Certains se demandent encore, naïvement, si McGregor a une chance de l’emporter face à Mayweather. On n’est jamais à l’abri d’une surprise, c’est un fait. Mais entre nous, vous y croyez vraiment?
Ce qui est d’autant plus regrettable, c’est que d’autres combats bien plus intéressants – et surtout, bien plus significatifs – passeront complètement sous le radar à cause de toute cette foire.
Ironie du sort, l’un de ces affrontements aura lieu tout juste avant le choc Mayweather-McGregor. Badou Jack (21-1-2, 12 K.-O.) tentera alors de ravir le titre WBA des mi-lourds à Nathan Cleverly (30-3, 16 K.-O.). On est déjà curieux de voir comment se comportera Jack dans l’arène, lui qui en sera à un premier duel chez les 175 lb.
Au même moment, au StubHub Center de Carson, en Californie, Miguel Cotto (40-5, 33 K.-O.) sortira d’une pause de près de deux ans pour affronter Yoshihiro Kamegai (27-3-2, 24 K.-O.). Les deux hommes se disputeront le titre WBO des super-mi-moyens, actuellement vacant.
Les amateurs de boxe québécois auraient intérêt à garder un œil sur ce duel, car si les choses se déroulent à l’avantage de Cotto, celui-ci pourrait fort bien revenir chez les poids moyens et se mesurer à David Lemieux vers la fin de l’année.
Mais d’ici là, pas le choix d’endurer le cirque Mayweather-McGregor encore un peu, question de repousser à nouveau les limites de notre patience. Quoique pour certains, elles ont déjà été franchies. C’est entre autres le cas d’Oscar de la Hoya, qui s’est défoulé en termes on ne peut plus clairs par l’entremise de son compte Twitter, hier soir.
FUCK YOU #MayweatherVsMcGregor BOTH OF YOU ARE DISRESPECTING THE SPORT OF BOXING #CaneloGGG Sept 16th https://t.co/SX1Co1Uuj8
— Oscar De La Hoya (@OscarDeLaHoya) 25 août 2017
Le Golden Boy est évidemment biaisé, puisqu’il est le promoteur du combat Cotto-Kamegai et que ce dernier se tiendra dans l’indifférence quasi-totale. N’empêche, plusieurs partagent un sentiment semblable et ont seulement hâte que cesse cette fanfaronnade.
Allez, messieurs Mayweather et McGregor. Soyez magnanimes et aidez-nous à apaiser notre malaise. Battez-vous, qu’on en finisse.