Pas de gêne à avoir

[Photo Mikey Williams, Top Rank]

Un vieil adage veut qu’en boxe, un seul coup de poing peut faire toute la différence dans un combat. On en a eu la preuve samedi soir.

La défaite fera mal à Mikaël Zewski (34-2, 21 K.-O.) pendant un moment, c’est évident. D’autant qu’elle est venue par knock-out, une amère première en carrière pour lui. Et qu’elle le prive de son titre NABO des mi-moyens, en plus de l’empêcher de mettre la main sur la ceinture WBC Continentale des Amériques.

Mais même s’il n’a pas obtenu le résultat espéré, le Trifluvien n’a pas à avoir honte de ce qu’il a accompli dans la bulle du MGM Grand de Las Vegas. L’homme qui se dressait devant lui, le Lituanien Egidijus Kavaliauskas (22-1-1, 18 K.-O.), était tout sauf un pied de céleri. C’est quand même lui qui, l’an passé, est devenu le premier à envoyer Terence Crawford au tapis.

Confronté à une telle menace, et après quelques performances pas toujours convaincantes à ses dernières sorties, Zewski avait des allures de proie facile de l’avis de nombreux observateurs. Or, il s’est plutôt défendu avec panache.

Même qu’il a dominé les quatre ou cinq premiers rounds de l’affrontement. Rien de flamboyant, mais du travail honnête, efficace. On voyait que Zewski était déterminé à prouver qu’il était à sa place dans un duel aux airs de prélude à un combat de championnat mondial.

Uppercut fatal

C’est à ce moment que Kavaliauskas a véritablement ouvert les valves, sachant sans doute qu’il devait augmenter la cadence afin de reprendre le contrôle du combat. Zewski a résisté avec le même brio qu’il affichait jusque-là, mais n’a pu demeurer debout lorsque Kavaliauskas l’a atteint d’un uppercut sournois en toute fin d’assaut.

Rien à voir avec ce que les Wisigoths appelaient jadis un « lucky punch ». Tout simplement un coup de poing placé au bon endroit, au bon moment.

Et c’est ce coup de poing qui aura renversé la vapeur avant de mener Zewski à sa perte. Incapable de reprendre totalement ses esprits durant la pause, le Québécois est allé redire bonsoir au plancher dès les premières secondes de la huitième reprise. L’arbitre Kenny Bayless a aussitôt décrété la fin des hostilités.

Il faut dire que Kavaliauskas, flairant l’odeur de la bête blessée, n’a laissé aucune marge de manœuvre à son rival, se ruant vers lui et le pilonnant sans merci jusqu’à ce que le travail soit terminé.

Partie remise

Une défaite par K.-O. a toujours un petit quelque chose d’embarrassant pour la fiche d’un boxeur. Mais dans le cas de Zewski, les dommages devraient se limiter aux douleurs physiques ressenties dans l’arène.

Car comme on dit sur la planète boxe – tiens, une autre maxime pugilistique –, la manière de perdre pèse souvent bien plus lourd dans la balance que la défaite elle-même. Et comme on le mentionnait plus haut, Zewski n’était aucunement déclassé dans ce combat avant ce funeste uppercut de Kavaliauskas. À preuve, deux des trois juges l’avaient en avance sur leur carte lors de l’arrêt du duel.

Zewski est peut-être reparti déçu de Las Vegas, mais il a tout de même démontré qu’il pouvait rivaliser avec l’élite de la division des mi-moyens. Un combat contre Crawford devra attendre, mais à court ou moyen terme, il obtiendra d’autres occasions de se faire valoir. Et à 31 ans, il a encore de bonnes années devant lui.

On disait que Zewski se retrouverait à la proverbiale croisée des chemins en cas de défaite. Soudainement, le redouté carrefour semble plus loin qu’on ne le croyait.

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Un permis, c’est bien, mais…

[Photo tirée de la page Facebook de GYM]

BILLET – Steve Bossé a fini par l’avoir, son permis de boxe. Il a convaincu la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ) de lui donner une chance. Il pourra donc se battre contre Jean Pascal tel que prévu, le 20 juillet à la Place Bell.

Le combattant de Saint-Jean-sur-Richelieu a réussi à démontrer au tribunal qu’il n’entretenait aucun lien avec le crime organisé, malgré le fait que son agent, Dan Fontaine, soit considéré comme une « personne d’intérêt » par la Sûreté du Québec à cause de ses contacts avec les Hells Angels. La SQ évoquait pour cette raison la possibilité que le groupe criminel soit impliqué dans le gala.

On ne peut toutefois pas dire que la RACJ a été entièrement rassurée, loin de là.

« Nous sommes préoccupés par les relations que vous avez. Lors de vos prochaines demandes de permis, les policiers continueront de faire enquête sur vous », a prévenu l’un des juges administratifs de l’audience, tel que cité par le Journal de Montréal.

Pas exactement le vote de confiance le plus senti, disons.

Le permis que Bossé vient de recevoir est valide pour un an. Va-t-on devoir se taper un autre feuilleton judiciaire mettant en vedette le « Boss » en 2019? Espérons que non.

Le problème reste entier

Ainsi donc, Bossé a maintenant le droit de se battre la semaine prochaine. Grand bien lui fasse.

Tant mieux pour lui. Tant mieux pour Jean Pascal, qui pourra sortir de sa retraite devant ses partisans lavallois comme il le souhaitait. Tant mieux pour les amateurs – pas très nombreux, nous dit-on – qui ont payé leur billet et qui auront droit à la finale à laquelle ils s’attendaient.

Sauf que…

Sauf que ça n’enlève rien au cœur du problème : le gala du 20 juillet, à sa face même, n’offre que bien peu d’intérêt pour le partisan de boxe moyen.

Outre le duel Pascal-Bossé, qui a surtout fait jaser pour les mauvaises raisons jusqu’ici et que plusieurs apparentent à un freak show, on aura droit à une demi-finale entre Marie-Ève Dicaire, arrivée à la rescousse après le désistement de Francis Lafrenière, et une adversaire dont on ignore toujours l’identité à 10 jours du combat.

Ouf…

Le retrait tout à fait logique et compréhensible de Lafrenière – il croyait se battre le 29 juin, mais le gala a finalement été reporté à la veille de son mariage – a du même coup fait tomber le combat le plus intéressant de la soirée, et de loin. Nous étions tous bien curieux de voir ce dont aurait l’air sa revanche face à Albert Onolunose. Bien plus que de savoir qui l’emporterait entre un ex-champion du monde WBC et un ancien combattant d’arts martiaux mixtes/goon de la Ligue nord-américaine de hockey.

Pétard mouillé, hélas.

Rien de personnel contre Dicaire, cela dit. Bien au contraire. Elle a accepté volontiers de donner un coup de main à son promoteur, dans des circonstances loin d’être optimales. C’est tout à son honneur. Mais c’est plutôt difficile de vendre un combat qui ne devait même pas avoir lieu il y a un mois, surtout quand l’un des deux belligérants se résume pour l’instant à un gros point d’interrogation.

Besoin d’une surprise

Mais revenons à la carte du gala. Après Pascal, Bossé et Dicaire, on a quoi? Euh, attendez… Ah oui! Il y a Yoni Sherbatov, qu’on connaît un peu. Ensuite… Euh… Bien, ensuite… C’est plutôt tranquille, finalement.

Vous vous demandez encore pourquoi les sièges de la Place Bell ont autant de difficulté à trouver preneur? De prime abord, du premier combat jusqu’au dernier, la carte n’a rien d’attirant. En tout cas, rien d’assez aguichant pour convaincre le fan de boxe de ressortir son portefeuille, sans doute déjà éprouvé par les nombreux galas des dernières semaines. C’est aussi simple que ça.

En plus, comme c’est trop souvent le cas depuis les dernières années, le Groupe Yvon Michel s’est de nouveau empêtré dans toutes sortes de déboires hors du ring qui ont entaché l’image de l’événement. Que ce soit la faute de GYM ou non, ça s’appelle se tirer dans le pied, chers amis.

Ah oui, c’est vrai! Olivier Primeau, grand manitou de cette foire aux pectoraux qu’est le Beachclub, s’est joint à l’équipe pour lui faire bénéficier de son expertise promotionnelle et ainsi revigorer la vente de billets.

Outre un entraînement tenu sur les plages de Pointe-Calumet le week-end dernier, avez-vous senti une quelconque influence jusqu’à présent?

Remarquez, si le cerveau du Beachclub est de la partie, on suppose que ça signifie que le DJ sera bon, n’est-ce pas? L’histoire ne dit pas si les boxeurs seront les seuls à être torse nu sur place, cependant. Peut-être que le Banana Boat sera fourni, qui sait?

Trêve d’ironie, on va se souhaiter que quelques-uns des combats de la sous-carte nous surprennent et offrent un spectacle enlevant. Sinon, il se pourrait qu’on entende une mouche voler dans l’amphithéâtre. Et pas seulement parce qu’il n’y a personne dans les gradins.