Catastrophe évitée

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Ne vous en faites pas si vous avez entendu un bruit tonitruant émanant des environs du Centre Bell dans la nuit de samedi à dimanche. C’est tout à fait normal.

Ce que vous avez entendu, en fait, c’est un gigantesque soupir de soulagement que David Lemieux, son équipe et les 5542 spectateurs réunis dans les gradins ont poussé en entendant le verdict des juges chargés de noter son combat contre l’Ukrainien Max Bursak.

Deux d’entre eux ont donné le Québécois vainqueur à 94-93, tandis que le troisième a vu Bursak (35-6-2, 16 K.-O.) gagnant, à 94-93 lui aussi. Lemieux (41-4, 34 K.-O.) est donc reparti de l’amphithéâtre avec une victoire par décision partagée en poche pour sa première sortie chez les 168 lb.

Mais bon Dieu que ça aurait pu aller dans l’autre sens…

Lemieux a visité deux fois le tapis dans cet affrontement, dont une fois au round initial. D’accord, il a plus tard rendu la pareille à Bursak. Et il a effectivement gagné quelques assauts. Mais était-ce à ce point suffisant pour faire pencher la balance en sa faveur? Il faut croire que oui. Pour ce que ça vaut, Ringside voyait Bursak l’emporter à 95-92.

«Je ne suis aucunement satisfait de ma performance. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. On a de petites choses à travailler.»

-David Lemieux

La première moitié du combat fut l’affaire de Bursak. Déjà, dans les premières secondes, on sentait que Lemieux en aurait plein les bras contre l’étonnant Européen. Et lorsqu’il s’est retrouvé au plancher alors que Bursak le pilonnait sans merci, tout le plan de match établi a foutu le camp. Lemieux n’avait alors d’autre choix que de livrer un combat de rattrapage pour la suite des choses. Encore plus lorsque Lemieux est retourné au sol durant le cinquième assaut.

«C’était le pire cauchemar pour un entraîneur», a d’ailleurs reconnu l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

«Ça envoie complètement le combat dans une autre direction, a-t-il ajouté. Il est revenu dans le coin [après la première chute], et on lui a dit: ‘écoute David, pas de panique, ce n’est pas la première fois’. Il fallait se réorganiser, mais ç’a été très compliqué et très long. Il l’a fait à certains moments, et à d’autres, il perdait son équilibre. Il ne préparait pas bien les attaques.»

Le bluff de Ramsay

Lemieux a eu meilleure mine à partir du sixième round, à tel point que ce fut au tour de Bursak de se retrouver par terre. Ce dernier a quand même trouvé le moyen de continuer à donner du fil à retordre au favori local, mais ce ne fut pas suffisant pour convaincre les juges de lui accorder leur faveur en bout de ligne.

Ramsay a d’ailleurs admis qu’il avait dû user de ruse auprès de Lemieux pour s’assurer que son poulain demeure motivé malgré sa situation précaire.

«Je savais que le combat était excessivement serré. À partir du huitième round, je l’ai beaucoup bluffé. Je lui ai dit: ‘David, on a besoin d’un knock-out’. Je mettais beaucoup de pression sur ses épaules. Pas tellement parce qu’on avait besoin d’un knock-out, mais j’avais besoin des rounds», a-t-il raconté

Tout le monde dans le clan Lemieux s’entendait pour dire que la longue période d’inactivité depuis le dernier combat du boxeur – il ne s’était pas battu depuis septembre 2018, blessures et problèmes de poids obligent – expliquait en très grande partie l’allure inquiétante qu’il a eue dans l’arène.

«L’inactivité depuis septembre 2018 m’a frappé un peu, a reconnu le principal intéressé. Mais à mesure que les rounds avançaient, je me sentais de mieux en mieux. Les coups de poing devenaient de plus en plus secs, et j’atteignais la cible plus souvent.»

«Dans les cinq premiers rounds, la rouille était là. C’était clair qu’il n’avait pas son timing. Il était à plat, c’était très clair.»

-Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management

Ce qui est aussi très clair, c’est que Lemieux devra attendre avant de se lancer dans un combat de championnat du monde au sein de sa nouvelle catégorie de poids. Au moins un autre combat pour évaluer correctement la manière dont il se débrouille chez les super-moyens sera nécessaire avant de passer à une quelconque étape supérieure.

Un retour à 160 lb, qui relevait carrément de l’utopie il y a quelques jours à peine, a même été évoqué après le combat. Il faudra s’asseoir et déterminer ce qui est l’idéal pour Lemieux pour la suite, a-t-on dit.

Quand même étonnant que cette porte soit encore ouverte, quand on connaît tous les problèmes récents que Lemieux a connus pour faire le poids à ses dernières sorties chez les 160 lb.

Makhmudov, fidèle à lui-même

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Arslanbek Makhmudov (à gauche) a tôt fait de liquider Samuel Peter. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On ne peut pas dire qu’Arslanbek Makhmudov (10-0, 10 K.-O.) a abusé de l’hospitalité du Centre Bell. Le toujours terrifiant Russe n’a mis que 2:23 pour triompher de l’Américain Samuel Peter (38-9, 31 K.-O.), ex-champion WBC des lourds, et ainsi défendre son titre NABF de la catégorie pour une première fois.

Tous ceux qui se sont frottés à Makhmudov pourraient vous le dire, ce n’est jamais une bonne idée d’effaroucher celui qu’on surnomme le Lion. Après quelques attaques somme toute banales de Peter, Makhmudov a décidé que le temps était venu d’ouvrir la machine et d’en finir avec le visiteur.

Activant donc les missiles qu’il a à la place des bras, Makhmudov a envoyé Peter au tapis avec un percutant crochet droit. Ce dernier s’est relevé, mais il a aussitôt eu droit à une nouvelle salve d’attaques de son adversaire. Une autre violente droite a renvoyé un Peter complètement sonné dans son coin. Se tenant tant bien que mal sur ses pieds, le boxeur de Las Vegas a signalé à l’arbitre Steve St-Germain qu’il en avait assez. L’officiel a donc écourté ses souffrances.

En quittant l’arène, entouré de ses entraîneurs et de partisans venus le féliciter, Makhmudov s’est fait apostropher par un certain Don Haynesworth, un autre poids lourd américain venu le défier au combat. Un bref coup d’oeil sur son pedigree nous permet de conclure assez rapidement qu’il n’a rien du tout pour menacer Makhmudov.

«C’est un gars de remplacement. On peut peut-être s’en servir pour autre chose, mais avec Makhmudov, on regarde vers l’avant», a résumé Ramsay, qui entraîne aussi le Russe.

Et en avant, il semble que ce soit un bond colossal qui attend Makhmudov. Camille Estephan a annoncé qu’il déposerait une offre de 20 millions de dollars pour amener le gagnant du combat revanche entre Deontay Wilder et Tyson Fury à Montréal pour affronter son protégé. Ce n’était pas une blague ou le résultat d’une langue fourchue: le promoteur a réitéré son projet à plusieurs reprises devant les médias. On verra à quel point son plan est réalisable, mais on ne pourra pas l’accuser de manquer d’ambition.

D’ici là, s’il y a quelque chose de positif à retenir de ce bref duel, c’est qu’on aura pu entendre comment sonne la sirène annonçant la venue de Makhmudov vers le ring dans un amphithéâtre de la trempe du Centre Bell. Du bonbon, chers amis. Du vrai gros bonbon…

Un Kean renouvelé l’emporte

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Simon Kean (à droite) a pu profiter de l’inaction de Siarhei Liakhovich. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Simon Kean avait Siarhei Liakhovich dans sa ligne de mire dès 2018. En principe, les deux hommes devaient croiser le fer une fois que Kean aurait disposé de Dillon Carman. Sauf que le Trifluvien a plutôt encaissé une amère défaite face à Carman en octobre, et a dû mettre le projet sur la glace par la suite.

C’était donc partie remise pour les deux hommes samedi soir, et c’est Kean (18-1, 17 K.-O.) qui en est ressorti gagnant, signant une victoire par arrêt de l’arbitre à 2:04 du dixième et ultime assaut. Il est du même coup devenu champion WBC International Silver des poids lourds.

On a souvent critiqué le Québécois pour sa mobilité douteuse et sa défense généreuse, mais force est d’admettre qu’il a bien mieux paru que d’habitude samedi. Il a notamment fait un bel usage de sa longue portée afin de tenir Liakhovich (27-8, 17 K.-O.) à distance et ainsi dicter le tempo de l’affrontement. Sa défense, justement, s’est aussi bien resserrée de manière générale. On est encore loin de la perfection, cela va de soi. Mais c’est certainement encourageant en ce qui le concerne.

Il faut dire, en toute honnêteté, que le boxeur du Bélarus n’a rien fait qui vaille pour aider sa cause. Très peu actif dans l’ensemble, hormis quelques rares étincelles, il a laissé Kean le malmener pendant la majeure partie du combat.

On veut bien croire que Liakhovich a 43 ans et qu’il en était à un premier combat en plus de deux ans (et un deuxième en cinq ans…), mais on s’attendait à une meilleure opposition de la part d’un pugiliste qui s’est mesuré à de grosses pointures comme Wilder, Andy Ruiz fils, Bryant Jennings et Nikolai Valuev

Les autres résultats

Non, Sadriddin Akhmedov (11-0, 10 K.-O.) et l’Argentin Jose Antonio Villalobos (12-6-2, 7 K.-O.) ne s’aimaient pas, samedi soir. Insultes, coups à la limite de la légalité, allures de guerre de fond de ruelle… Il y en a eu pour tous les goûts. Du moins, jusqu’à ce qu’Akhmedov assène une terrifiante droite en plein visage de Villalobos, à 1:27 du septième round. Le Sud-américain s’est aussitôt effondré comme un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a immédiatement mis fin au combat. Villalobos, lui, a mis plusieurs minutes avant de reprendre ses esprits.

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Kim Clavel (à gauche) a mis la main sur un premier titre mineur. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Kim Clavel (11-0, 2 K.-O.) n’a pas raté sa chance de mettre la main sur un premier titre mineur en carrière. En disposant de la Mexicaine Esmeralda Gaona Sagahon (7-4) par décision unanime (100-90 partout), la pugiliste de Joliette est devenue championne NABF des mi-mouches. L’affrontement fut âprement disputé, plus serré que ce les cartes de pointage démontrent, mais dans l’ensemble, Clavel aura porté les meilleurs coups.

À son premier combat depuis son dur revers face à Uriel Perez, le 28 septembre, Mathieu Germain (18-1-1, 8 K.-O.) s’est montré plus agressif dans le ring, lui qui nous avait habitué à un style axé sur l’évasion et l’agilité. Ce fut suffisant pour lui permettre de vaincre le Mexicain Gilberto Meza (11-9-1, 7 K.-O.) par décision unanime (79-73, 80-72, 80-72), et ainsi rebondir avec brio de sa défaite.

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Lexson Mathieu s’est à nouveau illustré samedi soir. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Comme Clavel, Lexson Mathieu (8-0, 7 K.-O.) a remporté un premier titre mineur en carrière, à savoir la ceinture NABF junior des super-moyens, en réglant le cas du Mexicain Rolando Paredes (16-9-2, 11 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 1:11 du huitième et dernier round. Un rude duel au cours duquel les deux hommes se sont tapochés à qui mieux mieux. Au dernier assaut, l’orgueuil de Québec, testé comme jamais auparavant, a fini par envoyer Paredes au tapis à deux reprises grâce à de violents crochets.

Avery Martin-Duval (4-0, 3 K.-O.) a facilement vaincu le Mexicain Raul Corona (2-3) par arrêt de l’arbitre à 1:24 du deuxième round. Le jeune Montréalais a envoyé son adversaire une première fois au tapis dans cet engagement avec un solide crochet droit, avant de réitérer l’expérience quelques secondes plus tard avec une série de coups. C’en était alors fait de Corona.

Martine Vallières-Bisson (1-0) et la Tchèque Tereza Dvorakova (0-3) ont offert une excellente bagarre pour lancer la soirée. La Québécoise en est ressortie gagnante par décision majoritaire (39-37, 39-37, 38-38), couronnant ainsi de belle façon ses débuts professionnels après 18 ans en boxe amateur.

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Lemieux fera son retour à Montréal

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

La rumeur flottait dans l’air depuis un moment, mais c’est désormais confirmé : un peu moins de 15 mois après son dernier combat, David Lemieux effectuera son grand retour dans le ring en tant que tête d’affiche du gala fort bien garni qu’Eye of the Tiger Management présentera le 7 décembre au Centre Bell. Un premier dans l’enceinte montréalaise depuis le deuxième affrontement entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, le 3 juin 2017.

Pour l’occasion, Lemieux (40-4, 34 K.-O.) se frottera à l’Ukrainien Max Bursak (34-5-2, 15 K.-O.), 35 ans. Le combat sera disputé à 168 lb, un baptême pour le Québécois dans cette catégorie et, mine de rien, une première sortie en plus de trois ans à Montréal. Sa plus récente présence dans la métropole remonte au 22 octobre 2016, alors qu’il avait vaincu Cristian Fabian Rios.

« [Bursak], je ne le connais pas beaucoup, mais je sais qu’il est solide et que j’aurai tout un cas entre les mains », a lancé Lemieux. L’entente avec Bursak n’a été officialisée que quelques heures avant la conférence de presse annonçant l’événement, mardi.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lemieux était dû pour se battre. Depuis qu’il a mis moins d’un round pour régler le cas de Gary O’Sullivan, en septembre 2018, il y a eu ce combat contre Tureano Johnson annulé en raison d’un malaise de Lemieux, incapable de se présenter à la pesée. Quelques mois plus tard, c’était une blessure à la main qui l’empêchait d’affronter John Ryder, dans ce qui aurait été son premier duel à 168 lb.

En principe, Lemieux devait reprendre du service en sous-carte du combat entre Saul « Canelo » Alvarez et Sergey Kovalev, le 2 novembre à Las Vegas. Or, les plans des organisateurs de ce choc très attendu ont changé, et le clan Lemieux a jugé qu’il valait mieux pour le boxeur que son retour dans l’arène ait lieu à la maison.

L’occasion d’avoir des réponses

En Bursak, Lemieux trouvera sur sa route un rival qui n’a jamais été arrêté avant la limite. Il s’est notamment incliné par décision unanime devant le champion WBO des super-moyens, Gilberto Ramirez, en avril 2017.

« Aucun boxeur n’a été capable de lui faire mal, a fait valoir le directeur général d’Eye of the Tiger, Antonin Décarie. Personnellement, je trouvais qu’il représentait un niveau [de difficulté] un peu élevé, mais si on avait trouvé un adversaire qui n’était pas de niveau, David n’aurait pas eu la même motivation, la même hargne. Il veut vraiment faire mal à Bursak. »

Avec la puissance caractéristique de ses poings, nul doute que Lemieux pourra à tout le moins lui sonner les cloches à quelques reprises. Le cœur de l’intrigue se situe plutôt dans l’allure qu’il aura dans le ring.

Lemieux a beau s’être entraîné sans relâche au cours des 15 derniers mois – les images diffusées sur les réseaux sociaux laissent d’ailleurs l’impression d’une condition physique optimale –, il faudra voir comment ce dur travail se traduira entre les câbles le soir du gala, au terme d’une si longue absence.

À quel point la rouille se sera-t-elle incrustée? Et pourra-t-il s’en débarrasser rapidement?

Mais surtout, comment se comportera Lemieux dans une nouvelle catégorie de poids qui demeurera la sienne pour l’avenir? Parce qu’au risque de se répéter, avec tous les problèmes vécus à ses dernières pesées, un retour de Lemieux chez les poids moyens est carrément impensable.

« C’est une étape importante. On voulait un adversaire qui allait nous permettre de bien évaluer les possibilités pour David à 168 lb. Bursak est excessivement résistant et n’a jamais été mis K.-O.. On a fait ce choix [d’adversaire] dans le but d’avoir des rounds », a décrit l’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay.

En tout cas, le principal intéressé, lui, semble pleinement confiant en vue de ce nouveau départ.

« À 168 lb, vous verrez un David Lemieux plus fort qu’à 160 lb! », a-t-il fièrement promis.

Injection d’expérience pour Makhmudov

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Arslanbek Makhmudov sera confronté au plus grand test de sa jeune carrière. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À l’origine, le gala du 7 décembre devait mettre en vedette Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.). Si c’est désormais Lemieux qui fera les frais de l’attraction principale, le géant russe ne sera pas en congé pour autant puisqu’il défendra son titre NABF des lourds face à Samuel Peter (38-8, 21 K.-O.)

Ce dernier n’est peut-être plus une prime jeunesse à 39 ans, et ses meilleurs jours font certainement partie de son passé. N’empêche, il serait bien mal avisé de prendre le vétéran nigérian à la légère. Au cours de sa longue carrière, Peter, ex-champion WBC, a affronté plusieurs gros noms de la division des poids lourds : les frères Wladimir et Vitali Klitschko, Kubrat Pulev, James Toney, Hughie Fury…

« Ce ne sera pas un combat dans lequel on pourra simplement se présenter. Il faudra être disciplinés et bien préparés. Le danger est réel », a prévenu Marc Ramsay, qui entraîne aussi Makhmudov.

Ceux qui réclament depuis longtemps de voir Makhmudov en découdre avec un adversaire de calibre supérieur verront donc leur souhait exaucé. D’autant que Peter, comme Makhmudov, est réputé pour sa force de frappe. Il sera intéressant de voir comment le Lion réagira si Peter parvient à l’atteindre, ce qui ne lui est pas arrivé très souvent jusqu’ici.

« [Arslanbek] a seulement neuf combats professionnels [à sa fiche], mais il est rendu à une étape où on peut sauter quelques marches. Il a l’expérience et le potentiel pour faire ça », a expliqué Ramsay.

Kean croisera finalement Liakhovich

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Simon Kean se mesurera à celui qu’il aurait dû affronter il y a un an. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À peu près à pareille date l’an dernier, l’affaire était dans le sac. Simon Kean allait affronter le Russe Siarhei Liakhovich. Celui-ci était même assis au parterre du Centre Vidéotron de Québec pour épier Kean, qui affrontait Dillon Carman ce soir-là.

Mais avant que le projet devienne réalité, Kean (17-1, 16 K.-O.) devait vaincre Carman. Et on sait ce qui s’est produit.

L’attente a donc été un peu plus longue que prévu, mais le Trifluvien aura finalement sa chance contre Liakhovich (27-7, 17 K.-O.) le 7 décembre.

« C’est un combat très stimulant pour moi. C’est un bon défi à relever », a affirmé Kean, qui a eu sa revanche sur Carman en juin à Shawinigan.

Liakhovich, 43 ans, en est un autre qui a eu maille à partir avec quelques noms parmi les plus en vue chez les poids lourds. De Deontay Wilder à Andy Ruiz fils, en passant par Bryant Jennings, Nikolai Valuev et Shannon Briggs. Notons cependant qu’il n’aura pas boxé depuis près de deux ans lorsqu’il s’amènera dans le ring du Centre Bell.

Malgré cela, comme Kean le dit lui-même, le défi sera de taille pour lui. Voyons voir s’il pourra le relever.

Les autres combats

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Mathieu Germain aura l’occasion de venger sa défaite contre Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Steven Butler devait lui aussi faire partie du gala. Il a cependant cédé sa place à Mathieu Germain, qui a encaissé une première défaite en carrière face à Uriel Perez il y a quelques jours.

Selon diverses sources, Butler se battrait en championnat du monde le 31 décembre au Japon contre le dangereux Ryota Murata, tenant du titre WBA. Sans confirmer cette information, le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a indiqué qu’une annonce au sujet de Butler viendrait sous peu.

L’adversaire de Germain n’est pas encore connu, mais pour le boxeur qui vient de fêter ses 30 ans, ce sera surtout l’occasion de prouver que son revers n’était qu’un accident de parcours.

« Je dois vivre avec cette défaite. Elle est derrière moi et maintenant, je dois m’asseoir avec mon équipe pour comprendre pourquoi j’ai perdu et ce qu’il faut faire pour s’améliorer », a-t-il dit, tout en laissant entendre qu’il souhaiterait un combat revanche contre Perez.

Kim Clavel sera également de la partie, et aura possiblement la chance de mettre la main sur un premier titre mineur. Sadriddin Akhmedov et Lexson Mathieu se battront aussi, et ce, peu importe l’issue de leurs combats respectifs le 25 octobre, à Québec. Avery Martin Duval, Raphaël Courchesne et Adam Braidwood compléteront la carte. L’identité des adversaires de tout ce beau monde sera dévoilée plus tard.

Bien que le gala ait lieu au Centre Bell, Eye of the Tiger prévoit accueillir un maximum de 6000 spectateurs dans les gradins. Une décision en partie économique, selon Camille Estephan. « On veut minimiser les coûts et dépenser pour [la qualité des] combats », a-t-il expliqué.

Chose certaine, à première vue, ce gala sera l’un des plus relevés des dernières années au Québec. Il n’y a que trois duels confirmés, certes, mais chacun comporte un enjeu qui lui donne une saveur particulière : le retour de Lemieux dans une nouvelle catégorie, l’essor de Makhmudov qui se poursuit et une (autre) deuxième chance pour Kean.

Et entre nous, ça fera du bien à tout le monde de revoir de la boxe au Centre Bell. Il était temps.

Le Lion repu, Germain déçu

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Avant toute chose, Ringside vous doit des excuses. L’humble blogue pugilistique que vous consultez en ce moment était en quelque sorte en dormance depuis plusieurs semaines, sans avoir manifesté de signes avant-coureurs d’une telle hibernation au préalable. Sincèrement désolé pour cela.

Diverses raisons expliquent cette longue période d’inactivité, mais l’une d’elles se distingue: elle s’appelle Sophie, et elle est née jeudi dernier, le 19 septembre.

Tous ceux qui sont passés par là savent qu’un élargissement des cadres familiaux requiert plusieurs préparatifs pour lesquels on doit s’investir à fond. L’auteur de ces lignes a ainsi consacré l’essentiel de ses énergies à faire en sorte que tout soit prêt pour accueillir la nouvelle membre de son clan. Parce que, pour paraphraser Stéphane Richer, il n’y a pas juste la boxe dans la vie.

Mais le voici donc prêt à reprendre du service afin, souhaitons-le, d’informer et divertir un brin l’amateur de boxe que vous êtes. En espérant que ce but sera atteint.

Makhmudov rugit toujours aussi fort

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Arslanbek Makhmudov (à droite) donne du fil à retordre au Mexicain Julian Fernandez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il n’y a peut-être pas juste la boxe dans la vie, mais il y en avait très certainement au Casino de Montréal samedi après-midi, à l’occasion du deuxième gala présenté par Eye of the Tiger Management cette semaine.

Pièce maîtresse de ce gala diurne: un duel de poids lourds entre Arslanbek Makhmudov (9-0, 9 K.-O.) et le Mexicain Julian Fernandez (14-2, 10 K.-O.). Et comme c’est son habitude, le Russe ne s’est pas éternisé en freinant Fernandez à 1:19 du troisième round. Il met ainsi la main sur le titre vacant de la NABF des poids lourds, lui qui était déjà tenant de la ceinture WBC Continental dans la catégorie.

«Dans le ring, il y a toujours des émotions. Je sais que l’autre gars veut la même chose que moi: m’achever. Mais après le combat, je veux que tout soit correct pour tout le monde. J’ai du respect pour [Fernandez], c’est un bon gars», a expliqué Makhmudov, affable en dépit de son allure parfois terrifiante.

Une fois le son de la traditionnelle sirène signalant son entrée sur le ring éteint, Makhmudov a tôt fait d’afficher ses couleurs à son adversaire en lui faisant goûter le cuir de ses gants à quelques reprises.

Mais surprise! Fernandez arrivait à encaisser les puissants assauts du colosse russe, et de jolie façon, d’ailleurs. Le Mexicain s’est même permis de lui rendre la pareille à l’occasion. On oserait même affirmer que Makhmudov n’avait jamais été atteint aussi souvent avant ce duel. Il faut dire que ses autres combats ont rarement été bien longs…

«On a vu sur les vidéos que c’était un gars qui semblait résistant. C’est quelque chose qu’on recherche toujours chez un adversaire, on veut quand même faire quelques rounds. […] On s’attendait à ce genre d’opposition.»

-Marc Ramsay, entraîneur d’Arslanbek Makhmudov

Rien pour énerver Makhmudov, cela dit. Il a patiemment attendu que Fernandez lui offre une ouverture pour poursuivre son travail de démolition. Au deuxième engagement, Fernandez s’est mis à saigner du nez. Puis, au troisième, une contre-attaque de la main gauche de Makhmudov a complètement ébranlé le visiteur.

Makhmudov n’en demandait pas tant: il a emprisonné Fernandez dans le coin quelques secondes plus tard et l’a pilonné sans gêne jusqu’à ce que l’arbitre Alain Villeneuve en ait assez.

«Techniquement, il y a de petites choses que j’aurais préféré qu’il fasse mieux, a confié Ramsay au sujet de son poulain. Mais c’est un projet. Il ne faut pas oublier qu’il n’a livré que neuf combats. On est là-dessus. On essaie d’en faire le meilleur boxeur possible.»

Petit à petit, Makhmudov se fait un nom sur la planète boxe. Et foi de son équipe, sa prochaine sortie se fera face à un opposant de gros calibre. Quelques candidats ont déjà été approchés. Bogdan Dinu, autrefois associé à InterBox, a refusé d’emblée de se frotter au Russe. Bryant Jennings, victime d’Oscar Rivas en janvier, et Chris Arreola ont aussi décliné l’invitation.

Le président d’Eye of the Tiger, Camille Estephan, a confié être en négociations avec un «très grand nom» et espère pouvoir annoncer un accord la semaine prochaine ou la suivante. Le combat serait présenté dans le cadre du grand gala qu’EOTTM présentera le 7 décembre au Centre Bell.

«Le mandat qu’on a, c’est de trouver un adversaire qui [fera dire] aux gens de l’industrie de la boxe: ‘wow, ils sont sérieux!’ Pas un nom qui ne signifie absolument rien, et pas un gars qui ne représente aucun danger», a pour sa part prévenu Marc Ramsay.

Germain frappe un mur

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Mathieu Germain (à droite) a dû s’avouer vaincu devant Uriel Perez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale, Mathieu Germain (17-1-1, 8 K.-O.) a subi une amère défaite, une première en carrière, s’inclinant par arrêt de l’arbitre à 2:16 du cinquième round face au Mexicain Uriel Perez (19-4, 17 K.-O.).

Bien souvent, les boxeurs qui viennent d’être vaincus ne sont pas très chauds à l’idée de commenter le combat auprès des médias, à plus forte raison lorsqu’on vient de leur passer le knock-out. On croyait au départ que Germain ne se présenterait pas devant les micros et les caméras. Or, il a plutôt insisté pour rencontrer les journalistes. Voilà qui est tout à son honneur, et qui témoigne d’une grande capacité d’introspection et d’une franchise évidente.

«C’est sûr que je voulais gagner. J’ai travaillé fort. C’est très décevant, mais je garde la tête haute. On va revenir plus fort et je n’irai pas me cacher dans un coin à cause de cette défaite.»

-Mathieu Germain

On a vite compris pourquoi Perez affichait 16 K.-O. au compteur au moment d’entrer dans l’arène. Ses frappes étaient puissantes, accablantes. Chaque coup touchant la cible retentissait à travers le Cabaret du Casino.

Germain a bien tenté de mettre sa vitesse et ses talents athlétiques à profit, mais Perez, doté d’une impressionnante carrure pour un super-léger, ne lui a laissé que très peu de marge de manoeuvre.

Le Mexicain a ébranlé le Québécois une première fois au quatrième assaut à l’aide d’une main gauche au visage. Germain s’est ressaisi dans la mesure du possible, mais le mal était fait. Au round suivant, il s’est retrouvé au plancher après un autre coup de la gauche de Perez.

Germain s’est relevé, mais de toute évidence, il n’était plus dans le coup. L’arbitre Steve St-Germain a certainement évité que la situation dégénère en décrétant alors la fin des hostilités.

«Dans ma tête, je voulais aller gagner le cinquième round. Mais il m’a touché de nouveau. Je suis tombé, et je disais des mauvais mots que je ne répéterai pas pendant que j’essayais de me relever. J’étais là, c’est juste que les jambes ne suivaient pas», a relaté Germain tout en reconnaissant le bien-fondé de la décision de l’officiel.

«Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était une mauvaise soirée au bureau, a-t-il poursuivi. Il m’a touché et il a les mains lourdes. Ce n’est pas un coup chanceux parce qu’il a travaillé pour son coup. Il m’a touché et il m’a ébranlé. Ce sont les risques de la boxe.»

Même s’il n’était pas en jeu officiellement, tout porte à croire que Germain perdra son titre nord-américain de l’IBF chez les super-légers avec ce revers, en plus d’être exclu du top-15 de l’association. Dommage, quand on pense à tout le temps et les efforts investis pour finalement s’y tailler une place (il figurait au 11e rang du classement en date de samedi).

«On a tous eu des défaites dans la vie. Il faut se remettre debout, être fier, travailler encore plus fort et apprendre», a indiqué Camille Estephan, avouant qu’il était inquiet pour son boxeur en vue de cet affrontement.

Il faut dire que les derniers jours ont été particulièrement occupés pour Germain, alors qu’il a accueilli sa troisième fille la semaine dernière. L’heureux événement a-t-il pu avoir un quelconque effet sur son camp d’entraînement et sa préparation pour ce combat? Si Estephan a laissé entendre que ce pouvait être le cas, Germain, lui, refuse de s’en servir comme prétexte.

«Ma petite fille est née à un bon moment: elle est née la semaine avant le combat, et non durant la semaine du combat. Je n’ai pas d’excuse à donner. J’étais prêt à 100%», a assuré le pugiliste.

Les autres résultats

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Lexson Mathieu (à gauche) a signé une autre victoire rapide. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Poussé à la limite lors de sa dernière sortie, Lexson Mathieu (6-0, 5 K.-O.) n’aura pas veillé très tard dans le ring, cette fois. Le pugiliste de Québec a réglé le cas du Mexicain Juan Sergio Torres Perez (7-9, 6 K.-O.) après seulement 2:22 d’action. Alors que son adversaire le tenaillait dans le coin de l’arène, Mathieu a laissé partir une violente gauche sortie de nulle part qui a abouti en pleine figure de Torres Perez. Ce dernier s’est aussitôt effondré de tout son long, et n’a jamais pu se relever avant la fin du compte de dix.

Au cas où vous vous posiez la question, oui, Darnell Boone (24-25-5, 13 K.-O.) est toujours vivant. L’Américain a beau avoir 39 ans, il continue de boxer, même s’il n’était pas monté dans le ring depuis près d’un an au moment d’affronter Artur Ziyatdinov (11-0, 8 K.-O.) samedi après-midi. Malgré une condition physique qui laissait à désirer, une vitesse d’exécution parfois suspecte et une chute au deuxième round, ce bon vieux renard de Boone a livré une opposition fort respectable à Ziyatdinov, qui l’a emporté par décision unanime (78-73, 78-73, 79-72).

Sébastien Roy (8-0, 1 K.-O.) a eu fort à faire pour conserver sa fiche parfaite devant l’Ontarien Larone Whyte (6-4, 5 K.-O.). Le boxeur de Thetford Mines a plié les genoux au cinquième round après avoir reçu un vif crochet au visage, mais il s’est bien repris par la suite pour finalement remporter ce rude duel par décision unanime (59-55, 58-56, 58-56).

En ouverture de gala, Vislan Dalkhaev (12-1, 3 K.-O.) est sorti vainqueur de son premier combat en sol québécois depuis le 24 novembre 2018 en prenant la mesure du Mexicain Oscar Mata (8-5-1, 3 K.-O.) par décision unanime (60-54, 59-55, 59-55). Le Russo-montréalais a dicté le tempo tout au long de cet affrontement aux accents techniques.

La boxe de retour au Centre Bell en décembre

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Question quiz pour vous : à quand remonte le dernier gala de boxe présenté au Centre Bell?

Réponse : au 3 juin 2017, et il mettait en vedette le combat revanche entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara. Ça fait un léger bail, n’est-ce pas? Pour l’anecdote, il s’agit du premier gala que Ringside a couvert au cours de sa jeune histoire.

Nous étions donc dus pour revoir un peu de pugilat dans la prestigieuse enceinte montréalaise. On savait déjà qu’Eye of the Tiger Management (EOTTM) envisageait sérieusement la possibilité d’y présenter un gala d’ici la fin de l’année. L’organisation a confirmé ses intentions mercredi, en annonçant la tenue d’un événement dans l’amphithéâtre le 7 décembre.

Bien sûr, il est encore trop tôt pour dire qui sera de la carte ce soir-là. Les noms de David Lemieux, Yves Ulysse et Erik Bazinyan ont été évoqués, mais rien d’officiel pour le moment.

Ce qu’on sait, par contre, c’est que les trois galas qu’EOTTM présentera avant celui-ci serviront à déterminer quels boxeurs de l’entreprise mériteront de figurer au programme de la soirée au Centre Bell. Voyez-y un genre de série d’auditions, si vous voulez.

« C’est un entonnoir pour les meilleures performances, a précisé le grand patron d’EOTTM, Camille Estephan. Nos boxeurs auront de la compétition entre eux. Seulement dix d’entre eux pourront boxer au Centre Bell. »

Et comment se dérouleront ces auditions? Voyons un peu…

D’abord Butler…

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Steven Butler / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En premier lieu, les boxeurs d’Eye of the Tiger seront à l’œuvre le 26 septembre au Casino de Montréal, lors d’une soirée dont l’attraction principale mettra en vedette Steven Butler (27-1-1, 23 K.-O.). Son adversaire est trouvé, le contrat est signé, mais l’identité de ce dernier n’a pas encore été révélée.

Camille Estephan nous assure cependant qu’il s’agira d’un « très grand test » pour Butler, qui n’a pas vu d’action depuis sa victoire difficilement acquise aux dépens de Vitalii Kopylenko, le 2 mai à Las Vegas.

« [À Las Vegas], on n’a pas eu le résultat qu’on attendait, a convenu Butler. Ce n’était pas ma meilleure performance. Il y avait des ajustements à faire, et maintenant, je vais revenir plus fort. »

En demi-finale, le nouveau marié Batyr Jukembayev (16-0, 13 K.-O.) croisera le fer avec le vétéran Miguel Vasquez (41-8, 15 K.-O.), pourfendeur de Ghislain Maduma en mars. Kim Clavel, Sadriddin Akhmedov, Nurzat Sabirov, Raphaël Courchesne, Avery Martin Duval et Aman Kazankapov compléteront la carte.

…puis Makhmudov

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Mathieu Germain sera de la demi-finale du gala du 28 septembre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Deux jours plus tard, le 28 septembre, Arslanbek Makhmudov (8-0, 8 K.-O.) assurera la finale d’un gala présenté en après-midi, toujours au Casino. Le colossal Russe se mesurera pour l’occasion au Congolais Tshibuabua Kalonga (9-0, 5 K.-O.). Le gagnant mettra la main sur le titre WBC International Silver des poids lourds.

Kalonga, 35 ans et champion d’Afrique, ne s’est d’ailleurs pas gêné pour faire part de ses intentions dans un message vidéo adressé à Makhmudov et EOTTM. Comme vous pouvez le constater ci-dessous, ça a le mérite d’être clair.

 

Mathieu Germain (17-0-1, 8 K.-O.), qui a finalement percé le top-15 de l’IBF après une longue attente, sera pour sa part de la demi-finale de ce gala, contre un adversaire qui reste à déterminer. Lexson Mathieu, Artur Ziyatdinov, Sébastien Roy et Kaemy Cloutier seront aussi en action, tout comme les deux plus récents ajouts à l’équpe d’EOTTM, Georgi Chelokhsaev et Gleb Bakshi.

Chelokhsaev (16-1-1, 12 K.-O.) est actuellement au neuvième rang de la WBO chez les super-légers, tandis que Bakshi, qui effectuera ses débuts professionnels le 28 septembre, a notamment été nommé boxeur par excellence de Russie en 2018.

Détour à Québec

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Il y a fort à parier que Lexson Mathieu sera en action à Québec en octobre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

EOTTM fera par la suite escale à Québec le 18 ou le 25 octobre pour le troisième et dernier gala « préliminaire » à la grande soirée du 7 décembre. Les détails de la carte n’ont pas été dévoilés, mais il est déjà acquis que Lexson Mathieu, Vincent Thibault et Clovis Drolet – tous natifs de la Vieille Capitale – auront leur nom au programme.

Si on suit la logique « éliminatoire » des trois galas qui précéderont celui au Centre Bell, on peut supposer que ceux qui compléteront la carte de Québec – ou, du moins, certains d’entre eux – ne se seront pas battus lors des deux galas de septembre. Jusqu’à maintenant, Mathieu apparaît comme la seule exception au tableau, lui qui aura combattu au Casino le 28 septembre.

Qui aura la chance de se faire valoir, donc? Simon Kean? Artem Oganesyan? Andranik Grigoryan? On verra bien.

Ce qui est cependant clair, c’est que le retour de la boxe au Centre Bell – espérons que des imprévus ne viennent pas contrecarrer le projet – est une excellente nouvelle pour le sport. Et vous, avez-vous des idées sur l’allure qu’aura la carte ce soir-là?

Une victoire importante

[Photo Sébastien St-Jean, EOTTM]

Rendons hommage à Jonathan Rice pour une chose: vendredi soir, au Casino de Montréal, il a réussi à survivre plus de deux rounds dans le ring avec Arslanbek Makhmudov. Voilà qui est en soi un exploit.

On le félicitera toutefois un peu moins pour avoir passé le combat à tournoyer dans l’arène, le long des câbles, à l’image d’un danseur d’une mauvaise comédie musicale de Broadway. Pensez à un apprenti Fred Astaire de 250 lb avec des gants de boxe. Drôle d’image, certes, mais c’est la réalité quand même.

Tout cela pour en arriver où? À une nouvelle victoire de Makhmudov (8-0, 8 K.-O.), cette fois par arrêt de l’arbitre à 0:30 du septième round. Grâce à ce gain, le colossal, mais sympathique boxeur met la main sur la ceinture WBC Continental des Amériques chez les lourds, un premier titre mineur pour lui en carrière.

«Je savais que ce gars-là avait une bonne défense, mais il n’y a personne que je ne puisse pas atteindre, a souligné un Makhmudov radieux. J’ai écouté mon entraîneur, et petit à petit, je me suis dirigé vers mon but.»

En même temps, peut-on vraiment blâmer Rice (10-4-1, 6 K.-O.) d’avoir voulu se transformer en pilote NASCAR et faire le tour de l’arène en virant toujours du même côté? Quand on connaît la terrifiante force de frappe de Makhmudov, on suppose qu’ils doivent être nombreux à vouloir s’en sauver.

Or, s’il a l’habitude d’être plus expéditif dans ses sorties, le gros Russe n’était pas plus pressé que ça d’en finir avec le pugiliste de Los Angeles. Patient, il a pris tout le temps nécessaire pour trouver l’ouverture, ce qui impliquait de freiner Rice dans son incessante spirale par quelque moyen que ce soit.

Une fois cette tâche accomplie, Makhmudov a pu dégainer à son aise. D’abord, quelques droites pour affaiblir le rival. Puis, ce coup de canon au sixième assaut qui allait projeter Rice au tapis. Ce dernier s’est suffisamment ressaisi pour entreprendre le septième, mais pas assez pour empêcher Makhmudov de le tourmenter à nouveau avec sa droite. Et dès lors, l’arbitre Michael Griffin en a eu assez: on se glisse entre les deux monstres, et on arrête tout ça. Sage décision.

«Presque tous mes autres combats n’ont duré qu’un round. Celui-là, il y en a eu sept. C’est une bonne expérience. […] Si tu veux devenir champion, tu dois disputer plus de rounds», a souligné le vainqueur.

Le jeu de chat et de la souris auquel Rice l’aura contraint sera en effet bénéfique à long terme pour Makhmudov. En plus d’engranger de précieux rounds d’expérience, denrée qui lui manquait par la force des choses, il a pu se mesurer à un profil d’adversaire qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant.

«Le style de l’adversaire représentait une nouvelle problématique. […] [Rice] n’a pas vraiment essayé de gagner le combat. On voyait qu’il essayait plutôt d’étirer la sauce. Ç’a testé la patience de mon [boxeur]», a résumé l’entraîneur de Makhmudov, Marc Ramsay.

Petit à petit, Makhmudov se fait un nom dans la toujours populaire division des poids lourds. Et avec la réputation viendra bientôt des adversaires au pedigree bien plus relevé – et varié – que ceux qu’il a affrontés jusqu’à maintenant. Parions que Makhmudov ne se fera pas prier pour garnir son tableau de chasse avec quelques-uns de ces prestigieux panaches.

«Il y a de gros projets pour lui, et il faut faire faire le tour du jardin au boxeur. […] Il faut lui faire goûter à un peu de tout. Rendu au sommet de la pyramide, ce n’est plus le temps de faire des expériences. Il faut savoir où on est à l’aise et où on l’est moins», a fait valoir Ramsay.

Germain impérial

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Mathieu Germain (à droite) a facilement disposé de Jose Eduardo Lopez Rodriguez. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

En demi-finale de la soirée, Mathieu Germain (17-0-1, 8 K.-O.) avait un adversaire réputé coriace qui l’attendait en la personne du Mexicain Jose Eduardo Lopez Rodriguez (29-7-2, 15 K.-O.). D’aucuns s’attendaient à ce que les deux hommes nous offrent un duel serré, un peu à l’image de cette nulle partagée entre Germain et Steve Claggett en janvier.

Le Québécois a plutôt dominé son adversaire d’un bout à l’autre de l’affrontement, de sorte qu’il a pu aisément triompher par décision unanime (100-90 partout). Germain a ainsi défendu pour une troisième fois son titre IBF nord-américain des super-légers.

«Je veux montrer que je fais partie de la classe mondiale. Plus on va augmenter l’adversité, plus on verra mon talent de boxe ressortir. Ce ne sera peut-être pas [avec] des knock-outs à la David Lemieux ou Steven Butler, mais on voit des spectacles de boxe. Je montre ce qu’est une vraie défense.»

Incisif et teigneux, «G-Time» a vite montré à Lopez Rodriguez de quel bois il allait se chauffer pour ce duel. Sa droite, en particulier, a donné bien des maux de tête au Mexicain. Celui-ci a d’ailleurs été fortement ébranlé au deuxième round, passant bien près de se retrouver au plancher.

Lopez Rodriguez s’est cependant repris un brin en deuxième moitié d’affrontement, mais il n’est jamais même passé près d’inquiéter Germain sérieusement.

«Je savais que c’était un vrai de vrai, mais qui n’avait pas nécessairement les mains rapides. Et si tu n’as pas les mains super rapides avec moi, en plus d’avoir une bonne défense et d’être allumé, tu auras de la misère à m’atteindre solidement. Je voyais vraiment ses coups venir», a analysé Germain.

Pour une raison qu’il s’explique bien mal, Germain ne figure toujours pas au classement de l’IBF dans sa catégorie, et ce, malgré sa ceinture et ses défenses de titre. Il espère que cette fois, ce sera la bonne.

«S’ils ne me donnent pas [mon classement], je ne veux plus de leur ceinture, a lancé Germain sans détour. Un moment donné, il faut être honnête. Des gens ont des parcours beaucoup plus faciles que le mien et sont classés. Je mérite mon classement. Je ne suis pas en train de demander une faveur au monde, je le mérite et je le veux.»

Les autres résultats

Le Mexicain Luis Jesus Vidales (13-7, 6 K.-O.) n’aura fait que passer au Casino de Montréal vendredi, gracieuseté de Batyr Jukembayev (16-0, 13 K.-O.) qui l’a vaincu par arrêt de l’arbitre à 3:00 du premier round. Le Kazakh a envoyé Vidales au plancher avec une bonne droite. Ce dernier s’est relevé, mais une fois debout, l’arbitre Martin Forest a jugé qu’il valait mieux clore cet affrontement.

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Kim Clavel (à gauche) a vaincu Tamara Elisabet Demarco. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

Au terme de ce qui fut l’un des meilleurs combats de la soirée, Kim Clavel (8-0, 2 K.-O.) l’a emporté sur l’Argentine Tamara Elisabet Demarco (8-2) par décision unanime (79-73, 79-73, 80-72). Les deux femmes se sont en effet disputé un combat endiablé de la première à la dernière seconde, s’échangeant tour à tour les attaques percutantes. C’est toutefois Clavel qui a su le mieux imposer son rythme et placer les meilleures frappes dans cet affrontement.

Raphaël Courchesne (6-0, 3 K.-O.) a vite réglé le cas de l’Uruguayen Nestor Faccio (17-11-2, 9 K.-O.), l’emportant par arrêt de l’arbitre à 0:36 du deuxième round. Agressif au possible dès l’assaut initial, le pugiliste maskoutain a amorcé le second complètement déchaîné. L’arbitre Martin Forest a fini par s’interposer entre les deux hommes, alors que Faccio n’arrivait tout simplement plus à se défendre.

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Lexson Mathieu (debout) est demeuré parfait en trois combats. / Photo Sébastien St-Jean, EOTTM

Lexson Mathieu (3-0, 3 K.-O.) n’a eu besoin que d’une minute et 44 secondes pour disposer de l’Argentin Hernan Perez (5-3, 2 K.-O.). La jeune sensation de Québec n’a jamais cessé de pilonner son adversaire durant ce court laps de temps, l’envoyant au tapis après quelques instants seulement. Voyant que la situation ne s’améliorerait pas, le coin du Sud-Américain a judicieusement demandé qu’on arrête le combat.

La perte d’un point pour un coup derrière la tête au troisième round n’a pas empêché Arutyun Avetsiyan (13-0, 8 K.-O.) de passer le knock-out à l’Argentin Cesar Hernan Reynoso (15-13-4, 7 K.-O.) à 2:37 du sixième round. Un rude coup au foie a sonné la fin des activités pour Reynoso, qui revenait alors peu à peu dans ce duel après avoir vu Avetisyan dominer les assauts précédents.

Clovis Drolet (10-0, 6 K.-O.) a stoppé le Mexicain Michi Munoz (27-10-1, 18 K.-O.) pour signer une victoire par arrêt de l’arbitre à 0:54 du sixième round. Exerçant une pression constante sur son adversaire, le boxeur de Beauport a envoyé Munoz au plancher une première fois au quatrième assaut, avant de récidiver au sixième avec une solide combinaison. La seconde chute fut violente: le Mexicain s’est écroulé de tout son long, et l’arbitre Martin Forest – un homme décidément occupé! – a rapidement mis un terme au combat.

En lever de rideau, la nouvelle recrue d’Eye of the Tiger Management, le Russe Andrei Efremenko (1-0), s’est sauvée avec une victoire par décision unanime (39-37, 39-37, 39-36) face au Mexicain Victor Herrera (5-2-2, 3 K.-O.) pour ses débuts professionnels. Efremenko, envoyé au tapis au deuxième round, a démontré quelques beaux flashes, mais s’est amené dans le ring visiblement nerveux. Encore beaucoup de travail au menu pour lui.

Retour réussi pour Kean

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Au fond, l’important n’était pas tant de savoir si Simon Kean allait l’emporter samedi soir, au Casino de Montréal. Il s’agissait surtout de voir de quoi il aurait l’air dans le ring.

Kean, faut-il le rappeler, effectuait pour l’occasion son retour dans l’arène après avoir encaissé une brutale défaite contre Dillon Carman, qui lui avait passé le knock-out au quatrième round le 6 octobre dernier. Une défaite qui, en plus d’être sa première en carrière, a forcé le poids lourd trifluvien à se remettre en question. À s’exiler, loin de toute attention, pour faire le point sur son avenir à court et moyen terme.

Cinq mois plus tard, c’était donc soir de retrouvailles pour le Grizzly et son public. Pour souligner la chose, le pugiliste se mesurait à l’Argentin Rogelio Omar Rossi (20-8-1, 13 K.-O.). Le genre de boxeur qu’on ne confondra jamais avec un champion du monde, tout le monde s’entend là-dessus. Mais qu’importe : l’objectif pour Kean (16-1, 15 K.-O.) était d’abord d’y aller d’une performance convaincante et de récolter une victoire afin de reconstruire sa confiance.

Mission accomplie à cet égard : Kean a forcé Rossi à l’abandon à 39 secondes du deuxième round, après l’avoir envoyé au plancher à trois reprises au cours de ce bref duel. Il a ainsi offert à Eye of the Tiger Management une heureuse conclusion à son programme double de boxe, qui avait vu Arslanbek Makhmudov signer une autre victoire expéditive en après-midi.

«J’avais hâte de revenir. J’ai changé des choses à l’entraînement et j’avais hâte de les mettre en œuvre quand ça compte.»

-Simon Kean

«On a aimé ce qu’on a vu pendant le camp d’entraînement et dans le vestiaire, a pour sa part indiqué son l’entraîneur de Kean, Jimmy Boisvert. J’ai aimé ce que j’ai vu de lui dans le ring. J’ai trouvé qu’il a démontré de belles habiletés et une belle souplesse. Il était vif et surtout agressif. Il voulait faire mal.»

Tout un contraste, en effet, avec le Simon Kean aux airs tétanisés qu’on a vu à Québec après que le train Carman lui soit passé dessus. La période de ressourcement semble bel et bien avoir porté ses fruits.

«Je suis arrivé motivé. J’ai su pourquoi j’étais arrivé à plat contre Carman. Je me suis un peu laissé emporter par les émotions. Je suis revenu aux sources», a décrit le boxeur.

Le «défi» Rossi étant désormais chose du passé, la prochaine étape est déjà déterminée pour Kean : une revanche contre Carman, et rien d’autre.

Le président d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, a d’ailleurs fait savoir qu’une entente pour un tel combat était sur le point d’être conclue et que le duel aurait lieu le 15 juin à Shawinigan.

«Tu n’aimes pas avoir une défaite, a-t-il fait valoir. Si tu peux l’effacer, ça te fait grand bien. Je pense que Simon veut vraiment ça. Il n’arrête pas de m’en parler. C’est comme si tu as regretté certaines choses dans ta vie. Si tu peux les arranger… Je pense que c’est le sentiment qui nous habite tous.»

«Carman, on ne se racontera pas d’histoire, ce n’est pas un top-10 ou un top-15 mondial, a renchéri Jimmy Boisvert. Si Simon espère aller plus loin, il doit battre ce type de gars. Il ne doit pas attendre deux ans de se préparer pour un gars comme Carman.»

Kean réussira-t-il à exorciser ses démons pour de bon ? On aura la réponse dès cet été, on dirait bien.

Maduma fait bien, mais s’incline

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Ghislain Maduma (à gauche) a dû s’avouer vaincu devant Miguel Vasquez. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Ghislain Maduma (20-4, 11 K.-O.) avait un défi de taille devant lui pour la demi-finale de la soirée en la personne du vétéran mexicain Miguel Vasquez (41-7, 15 K.-O.), ex-champion IBF des poids légers qui a croisé le fer avec de grosses pointures telles que Saul «Canelo» Alvarez et Timothy Bradley, entre autres.

Intimidé devant un tel palmarès, Maduma ? Pas le moins du monde. Le Québécois a livré une performance fort honorable, au vif plaisir de la bruyante foule venue l’encourager. Mais ce ne fut malheureusement pas suffisant pour lui permettre de récolter la victoire. Vasquez s’en est tiré avec un gain par décision partagée.

Deux juges l’ont vu gagnant à 97-93 et 98-92, tandis que le troisième a favorisé Maduma à 97-93.

«Il boxait bien. Il bougeait bien. Je n’arrivais pas à mettre en œuvre la stratégie qu’on voulait. Je n’ai pas d’excuse. J’étais en super forme. Tout allait bien dans ma tête. Je lui donne crédit, c’est vraiment un vrai champion», a indiqué Maduma, toujours aussi affable malgré le revers.

Vasquez s’est en effet illustré par sa mobilité et ses talents d’évasion dans l’arène. Maduma a bien réussi à placer quelques bons coups ici et là, mais son élusif rival lui a donné du fil à retordre plus souvent qu’à son tour. De fait, plusieurs des dix rounds de l’affrontement étaient serrés et, bien souvent, difficiles à juger.

Lorsque la dernière cloche a retenti, les visages étaient longs dans le coin du Québécois. À l’évidence, on savait que les chances d’entendre une décision défavorable des juges étaient réelles.

«Même si j’avais gagné, je n’aurais pas été content, a admis Maduma. Je ne suis pas un gars comme ça. Je pense que j’aurais pu l’avoir. Il y avait plein de rounds serrés. Je comprends comment les juges l’ont vu d’un côté comme de l’autre.»

N’allez surtout pas croire, cela dit, que cette défaite signifie un retour à la retraite pour Maduma. Bien au contraire, après une petite semaine de vacances, il entend bien reprendre l’entraînement et poursuivre sa route. Ses partisans ne s’en plaindront certainement pas.

Retour réussi pour Jukembayev aussi

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Batyr Jukembayev (à droite) a pris la mesure de Gilberto Meza. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il faisait bon de revoir Batyr Jukembayev en action dans un gala d’Eye of the Tiger Management, après être passé bien près d’être largué par le promoteur dans la foulée du congédiement de son ex-entraîneur Stéphan Larouche.

Le jeune Kazakh (15-0, 12 K.-O.) a souligné son retour dans la tanière du tigre avec une victoire par décision unanime (98-92 partout) aux dépens du Mexicain Gilberto Meza (10-6-1, 6 K.-O.).

Sans être particulièrement spectaculaire, Jukembayev s’est néanmoins montré assez efficace et incisif pour imposer le rythme du combat. Ce qui ne veut pas dire que Meza, appelé à remplacer Carlos Jimenez à pied levé, n’a pas offert une opposition de qualité, loin de là. Mais voilà, Jukembayev lui a été supérieur, tout simplement.

Les autres résultats

C’est un furieux duel que nous ont offert Nurzat Sabirov (9-0, 8 K.-O.) et l’Argentin Cesar Hernan Reynoso (15-12-4, 7 K.-O.), alors que les deux hommes se sont échangés de violentes politesses sans répit. Sabirov l’a finalement emporté par arrêt de l’arbitre à 1 :27 du septième round. Reynoso, qui avait visité le tapis au round précédent, a subitement baissé la garde en n’ayant plus l’air de vouloir poursuivre l’affrontement, sans doute lassé des multiples coups de matraques assénés par Sabirov.

Clovis Drolet (9-0, 5 K.-O.) est demeuré invaincu en prenant la mesure de l’Argentin Rodrigo Ramon Maizares (7-4) par décision unanime (80-72 partout). Et c’est à peu près tout ce qu’il y a à dire sur ce combat.

Le duel entre Andranik Grigoryan (10-0, 1 K.-O.) et le Mexicain Jonathan Aguilar (19-8, 7 K.-O.) s’annonçait pourtant excitant. Aguilar avait été au plancher dès le premier round, tandis que Grigoryan a fait de même en toute fin de troisième engagement. Mais ce furent là les seuls véritables étincelles de ce combat, remporté par Grigoryan par décision unanime (98-90, 99-90, 99-90), qui ne passera certainement pas à l’histoire.

Pour amorcer la soirée, Artur Ziyatdinov (9-0, 8 K.-O.) n’a fait qu’une bouchée du Polonais Michal Ludwiczak (16-10, 8 K.-O.), l’emportant par arrêt de l’arbitre à 2 :33 du quatrième round. Ludwiczak est allé deux fois au tapis au troisième engagement après de vifs coups au corps. Le pauvre pugiliste, qui s’est mis à pomper l’huile très tôt dans le duel, a même dû prendre un temps d’arrêt au round final pour aller vomir dans le seau de son coin. L’histoire ne dit pas s’il avait profité de la pause entre les deux galas de la journée pour abuser du buffet du Casino.

Autre combat, même résultat

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Avery Gibson n’avait jamais été battu par knock-out en 20 combats professionnels. Une seule fois, il avait été envoyé au tapis. Arslanbek Makhmudov n’a eu besoin que de deux minutes et 31 secondes pour le liquider.

Les combats se suivent et se ressemblent pour le Russe, aussi monstrueux que sympathique, qui n’a jamais travaillé au-delà du deuxième round en sept sorties. Son équipe croyait bien que Gibson (9-8-4, 3 K.-O.) offrirait à Makhmudov (7-0, 7 K.-O.) la possibilité d’accumuler quelques rounds d’expérience de plus dans sa besace.

Au lieu de cela, la première finale de l’ambitieux programme double d’Eye of the Tiger Management au Casino de Montréal samedi, qui mettait aussi en vedette Simon Kean, s’est conclue hâtivement.

«Pour le moment, ce n’est pas inquiétant. On pensait avoir des rounds [samedi], ça n’a pas été le cas. On va continuer notre recherche et à y aller graduellement avec des gars qui ont de bons mentons. Des gars solides pour enfin voir [plus de rounds] un jour», a indiqué l’entraîneur de Makhmudov, Marc Ramsay.

La désormais traditionnelle sirène annonçant l’arrivée de Makhmudov sur le ring venait à peine de se taire que ce dernier invitait son rival à observer le plancher de plus près, par l’entremise d’un vif uppercut droit. Gibson s’est relevé pour seulement mieux retomber quelques instants plus tard, pilonné de toutes parts par son adversaire à l’autre extrémité de l’arène. Le coin de Gibson, judicieusement, a alors réclamé la fin du carnage.

Autre brève journée au bureau pour Makhmudov, donc. Son clan ne se plaindra jamais d’accumuler les victoires, cela va de soi. Mais il a quand même hâte de tomber sur un rival qui résistera un peu plus longtemps.

«On disait la même chose au sujet [d’Artur] Beterbiev et à un moment donné, on s’est ramassés dans des 12 rounds. […] On a fini par trouver une solution», a souligné Ramsay.

C’est évident, le jour viendra où Makhmudov croisera sur son chemin un boxeur qui aura trouvé, on ne sait trop comment, le moyen d’accepter ses sévices pendant plus de deux rounds. Mais d’un autre côté, difficile de se plaindre quand on engrange les victoires spectaculaires qui nous permettent d’accroître notre popularité.

En attendant de connaître l’identité de sa prochaine victime – pardon, de son prochain adversaire -, Makhmudov poursuivra le travail en gymnase. Car, oui, malgré son terrifiant parcours jusqu’ici, il y a encore des aspects de sa boxe à fignoler.

«Je ne suis pas parfait. Je dois apprendre. C’est normal. [Le combat] est une bonne expérience», a-t-il résumé avec humilité.

«Je suis prêt à tout. Je suis prêt pour un adversaire coriace», a-t-il ajouté.

Mais un tel adversaire, quel qu’il soit, sera-t-il prêt un jour ?

Oganesyan étincelant

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Artem Oganesyan (à gauche) a impressionné face à Damian Sosa. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Il n’a peut-être pas rallumé les feux d’artifice de sa dernière sortie, alors qu’il avait dévissé son adversaire à coups d’uppercuts comme s’il s’agissait d’une bouteille de mousseux récalcitrante du temps des Fêtes – ce n’est pas à défaut d’avoir essayé, remarquez -, mais Artem Oganesyan (9-0, 7 K.-O.) n’en a pas été moins impressionnant en demi-finale de ce gala diurne.

Le Russe désormais établi à Montréal a pris la mesure du Mexicain Damian Sosa (11-1, 5 K.-O.) par décision unanime (100-90 partout), pour ainsi mettre la main sur le titre WBO junior des super-moyens.

Si Oganesyan n’a pas servi un knock-out à son rival, c’est parce que ce dernier a fait montre d’une étonnante ténacité et d’une redoutable capacité à encaisser les coups. Autrement, jamais Sosa n’aurait vu le dixième round.

C’est d’ailleurs la «lourdeur» des attaques d’Oganesyan qu’on remarque en premier lorsqu’il s’exécute dans le ring. Chacun de ses coups touchant la cible s’accompagne d’un bruit retentissant. Un peu à la manière d’un Beterbiev, par exemple. On entend la douleur qu’il inflige. Et, selon la réaction de l’adversaire qui se dresse devant lui, on peut fréquemment la voir.

En voilà un qui sera fort intéressant à surveiller au cours des prochaines années.

Les autres résultats

Chez les femmes, Kim Clavel (7-0, 2 K.-O.) n’a eu aucune difficulté à disposer de l’Uruguayenne Soledad Macedo (17-15-1, 4 K.-O.) pour récolter la victoire par décision unanime (80-72 partout). La Montréalaise a dominé d’un bout à l’autre du combat, imposant le tempo dès les premiers instants et n’accordant aucune marge de manœuvre à la pauvre Macedo, qui a dû repartir du Casino avec un arrière-goût de gant dans la bouche.

Hyper-expéditif à sa première sortie chez les professionnels, Lexson Mathieu (2-0, 2 K.-O.) a récidivé aux dépens de l’Argentin Ariel Alejandro Zampedri (9-6, 7 K.-O.), signant une belle victoire par arrêt de l’arbitre à 1 :38 du tout premier round. Le jeune pugiliste de Québec a alors envoyé son adversaire au tapis à l’aide d’une solide gauche. Zampedri, qui s’était aussi incliné au round initial devant Sadriddin Akhmedov, a mis beaucoup de temps à se relever. Un peu trop au goût de l’officiel Yvon Goulet, qui a annoncé la fin des hostilités.

Sébastien Roy (6-0, 1 K.-O.) est demeuré invaincu en venant à bout du Grec Gkouram Mirzaev (4-2, 3 K.-O.) par décision unanime (60-54, 59-55, 59-55). Victoire aisée pour l’orgueil de Thetford Mines en apparence, mais ne vous fiez pas trop aux pointages. Le duel, qui s’est déroulé sous le signe de la technique, s’est avéré bien plus serré qu’il n’y paraît au premier coup d’œil.

En lever de rideau, François Pratte (8-1-1) a été surpris par le Mexicain Jorge Garcia Jimenez (14-2-1, 11 K.-O.) et s’est avoué vaincu par arrêt de l’arbitre à 1 :03 du sixième round. Le Trifluvien, coupé à trois endroits différents du visage durant l’affrontement, avait déjà visité le plancher au deuxième assaut, tandis que Jimenez a fait de même au quatrième. Mais ce dernier s’est bien repris en terrassant violemment son rival avec une gauche en plein visage. Pratte s’est aussitôt effondré de tout son long, tel un château de cartes. L’arbitre Albert Padulo fils a tout de suite mis fin au duel.

Claggett refait le coup… ou presque!

[Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM]

Le 27 octobre 2017, Steve Claggett avait causé une surprise de taille au MTelus en arrachant une victoire par décision partagée à Yves Ulysse fils, qui encaissait ainsi son premier revers en carrière. L’Albertain était de retour à Montréal samedi soir, au Casino ce coup-ci, pour se mesurer à Mathieu Germain.

Ce dernier, qui occupait pour la première fois le haut de l’affiche d’un gala de boxe, n’avait certes pas l’intention de se faire jouer le même tour que son confrère de l’écurie d’Eye of the Tiger Management.

La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas arrivé. La mauvaise – enfin, si on peut le dire ainsi –, c’est que Germain (16-0-1, 8 K.-O.) n’a pas gagné non plus : il a dû se contenter d’un verdict nul majoritaire au terme d’un magnifique combat, disputé à un rythme endiablé et avec une intensité peu commune.

Un juge a vu Germain gagnant 96-94, un autre a favorisé Claggett à 96-94, et le troisième a remis un pointage nul de 95-95. Pour sa part, Ringside avait Germain vainqueur à 97-93. Mais, il faut le dire, plusieurs rounds se sont avérés serrés et donc, difficiles à juger. D’ailleurs, seulement cinq des dix rounds ont été jugés de la même façon par les trois officiels.

Le Québécois repart donc avec sa ceinture IBF International des poids super-légers, tandis que Claggett (27-5-2, 17 K.-O.) rentre chez lui avec son titre IBF nord-américain.

«Ce n’est pas un vol. Je suis déçu, je pensais gagner. Mais il faut être honnête, ce n’est pas une décision controversée», a affirmé Germain, qui a maintes fois réitéré sa déception face à l’issue de l’affrontement.

«Je suis satisfait du combat, bien que j’aurais pu en faire un peu plus. Mais je ne suis évidemment pas satisfait du résultat. Mais c’est ça, le jeu. Parfois, les juges voient quelque chose de différent de ce que nous voyons», a quant à lui expliqué Claggett.

Ce duel a duré dix rounds, mais on a parfois eu l’impression qu’il n’en comptait que cinq ou six, tellement l’action s’est déroulée à toute allure. En aucun moment ou presque, les deux hommes n’ont ralenti leurs ardeurs, s’échangeant copieusement les combinaisons.

À un moment donné, Germain ébranlait Claggett. Un peu plus tard, souvent au cours d’un même engagement, c’était au tour de Claggett de sonner les cloches de Germain.

«[Germain] est invaincu, il est fort et il a battu quelques bons gars. Il ne se laissera pas faire. Il va se battre avec tout son cœur, et c’est exactement ce qu’il a fait», a dit Claggett.

Ça s’est échangé les politesses de cette façon du début à la fin. Sauf peut-être au dernier assaut, alors que Claggett a nettement eu le dessus sur son rival. Si le round avait duré quelques secondes de plus, il aurait peut-être pu l’envoyer au tapis, qui sait ?

«Au dernier round, il m’a fatigué. J’ai semblé ébranlé, mais je ne l’étais pas du tout. J’étais fatigué, je sentais mes jambes lourdes. J’ai commencé fort, mais il est venu me voler le round», a décrit Germain, qui n’a toutefois pas à rougir de l’ensemble de sa performance, bien au contraire.

À l’évidence, un affrontement aussi relevé et, surtout, qui se solde par un résultat comme celui-là, est pratiquement synonyme de combat revanche. Entre nous, l’option tombe sous le sens. Même si un deuxième volet ne devait avoir que la moitié de l’intensité du premier, la foule en aurait pour son argent.

Sans grande surprise, les deux pugilistes ont affirmé être prêts à en découdre à nouveau dans l’arène.

«Je ne refuse personne. Les gens qui me connaissent le savent : je ne refuserai jamais d’affronter une personne qui veut se battre contre moi», a prévenu Germain.

«J’aimerais revenir ici. J’adore Montréal», indique Claggett de son côté.

On ne se plaindra pas si le second épisode se passe chez nous, ça, c’est sûr.

Akhmedov, le prédateur

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Sadriddin Akhmedov (à gauche) a facilement remporté son combat. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

En demi-finale de la soirée, Sadriddin Akhmedov (7-0, 7 K.-O.) a de nouveau fait la démonstration de son prodigieux talent en liquidant le Mexicain Abraham Juarez (13-2, 5 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :03 du quatrième round.

Le Kazakh de 20 ans met ainsi la main sur le titre WBC Jeunesse des super-mi-moyens, qui était jusque là vacant.

Privilégiant une stratégie axée sur la patience, Akhmedov a passé le combat à attendre que Juarez lui concède une ouverture pour placer ses attaques. Dès que ce dernier lui accordait à peine quelques centimètres, il dégainait avec violence et vitesse, atteignant la cible presque à tout coup. On aurait juré voir un scorpion, une vipère ou tout autre prédateur venimeux de votre choix s’en prendre à sa proie malchanceuse : vif, précis et létal.

Au quatrième engagement, Akhmedov a jeté Juarez une première fois au tapis à l’aide d’un uppercut des plus sournois. Le Mexicain s’est relevé, mais quelques instants plus tard, Akhmedov l’a renvoyé d’où il venait avec une violente droite en plein visage. Juarez s’est de nouveau relevé, mais il était clair qu’il n’en pouvait plus. L’arbitre Steve St-Germain l’a vite constaté lui aussi, et a décrété la fin du duel.

Les autres résultats

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Ce fut une autre courte soirée de travail pour Arslanbek Makhmudov (à gauche). / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On espère que vous n’êtes pas allé à la salle de bain juste avant le combat entre Arslanbek Makhmudov (6-0, 6 K.-O.) et l’Américain Jason Bergman (27-16-2, 18 K.-O.). Car encore une fois, le gigantesque Russe a haché menu en un clin d’œil l’opposition ayant osé se dresser devant lui, l’emportant sans aucune difficulté par arrêt de l’arbitre à 1 :37 du tout premier round. Bergman est allé au plancher deux fois pendant ce bref combat.

Comme c’est désormais la coutume, les membres de la Team Tibo étaient nombreux pour encourager Vincent Thibault (8-0, 2 K.-O.), qui affrontait le Mexicain Jose Sergio Torres Perez (5-7, 5 K.-O.). Celui qu’on surnomme la fierté de Charlesbourg n’a pas déçu ses partisans, l’emportant par décision unanime (60-53 partout). Thibault a notamment fait visiter le tapis à Torres Perez au quatrième assaut grâce à un joli coup au corps.

Chez les femmes, Kim Clavel (6-0, 2 K.-O.) a terrassé la Mexicaine Luz Elena Martinez (5-2, 3 K.-O.) par arrêt de l’arbitre à 2 :00 du quatrième round. Clavel a complètement dominé sa rivale, enchaînant de vicieux crochets en combinaison, avant de l’achever avec une violente droite en plein visage. Martinez n’a jamais pu se relever, et l’arbitre Martin Forest a ainsi stoppé les hostilités.

Lexson Mathieu (1-0, 1 K.-O.) a souligné le début de sa carrière professionnelle de brillante façon en neutralisant le Mexicain Edgar Santoyo (2-2-2, 1 K.-O.) après seulement 43 secondes d’action. Pendant ce court laps de temps, la jeune sensation de Québec, âgée de 19 ans, a envoyé son adversaire au tapis, avant de le tabasser sans aucune pitié. Alors que Santoyo tenait de peine et de misère dans le coin de l’arène, l’arbitre Albert Padulo fils a sagement choisi de mettre fin à ce duel.

Le combat entre François Pratte (8-0-1) et le Mexicain Sergio Silva (6-1-2, 2 K.-O.) n’a duré qu’une minute et 47 secondes, mais s’est conclu par un verdict nul technique. Silva a reçu un coup de tête accidentel avant de tomber au plancher. Constatant qu’il saignait derrière la tête en se relevant, Silva a aussitôt demandé à voir le médecin. L’examen s’est prolongé, tant et si bien que Silva, quelque peu vacillant, a indiqué qu’il n’était plus en mesure de poursuivre l’affrontement. Pratte était quant à lui fort déçu du résultat. On peut évidemment le comprendre.

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Raphaël Courchesne a subi une sérieuse coupure à l’oeil gauche. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

À son premier combat depuis le mois de juin 2018, Raphaël Courchesne (5-0, 2 K.-O.) a offert une belle démonstration de résilience en prenant la mesure du Mexicain Alejandro Chavez Meneses (9-4, 5 K.-O.) par décision unanime (58-55, 58-55, 58-56). Le Maskoutain a d’abord chuté au premier round, avant d’être gravement coupé à l’œil gauche au quatrième. C’est avec le visage complètement ensanglanté qu’il a terminé ce furieux duel.

Dans le premier combat de la soirée, Kaemy Cloutier (2-0) a aisément disposé du Mexicain Saul Alejandro Gonzalez Meza (4-4, 3 K.-O.) par décision unanime (39-35, 39-35, 38-36). Le boxeur de Trois-Rivières a envoyé son rival au tapis au premier et au deuxième round.

Les bons (et moins bons) coups de 2018

[Photo fournie par HBO]

Encore une fois cette année, la boxe québécoise nous aura offert son lot de moments mémorables, autant dans le ring qu’à l’extérieur. Ringside vous offre son palmarès des pugilistes de chez nous qui se sont illustrés en 2018 – pour le meilleur et pour le pire -, ainsi que quelques souhaits pour l’année à venir.

LE BOXEUR DE L’ANNÉE – Eleider Alvarez

La patience d’Eleider Alvarez aura largement été récompensée en 2018. Le boxeur colombien est non seulement devenu champion du monde après avoir attendu pendant deux ans d’avoir la chance de se battre pour une ceinture, sa victoire décisive contre Sergey Kovalev le 4 août l’a fermement ancré au sein de l’élite des mi-lourds, ainsi que dans le cœur des amateurs d’ici. Et pour couronner le tout, le voilà qui vient de signer un lucratif contrat avec le promoteur américain Top Rank. Cette année, Alvarez aura prouvé au centuple que tout vient à point à qui sait attendre. Tous les yeux de la planète boxe sont maintenant tournés vers le 2 février, date du combat revanche contre Kovalev au Texas.

LA MENTION HONORABLE – Marie-Ève Dicaire

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Marie-Ève Dicaire est devenue championne IBF des super-mi-moyens. / Photo Bob Lévesque

Quand on y pense, ce que Marie-Ève Dicaire a accompli depuis le début de sa carrière relève de l’exploit à tous points de vue. Presque à elle seule, elle a réussi à faire connaître la boxe féminine professionnelle, sport qui était jusque-là largement méconnu du public québécois. Chemin faisant, et victoires aidant, elle s’est bâti une réputation enviable et un bassin de partisans considérable. Puis, le 1er décembre, elle est passée à l’histoire en devenant la première championne du monde québécoise aux dépens de Chris Namus. On a déjà hâte de voir ce que 2019 lui réserve.

LA SURPRISE – Mathieu Germain

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Mathieu Germain a remporté ses quatre combats en 2018. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

Ce qui fut étonnant dans le cas de Mathieu Germain, ce n’est pas qu’il ait remporté ses quatre combats en 2018 – le jeune homme a du talent, quand même. C’est plutôt la manière dont il s’est établi dans le paysage pugilistique de la province au cours de la dernière année. Bien peu de gens s’attendaient à ce que son combat du 23 juin contre Christian Uruzquieta, pour prendre cet exemple, se solde par la spectaculaire pétarade à laquelle on a pu assister ce soir-là. Cette victoire a confirmé ses dons de showman dans un ring, et n’est certes pas étrangère au fait qu’il disputera la première finale de sa carrière le 26 janvier au Casino de Montréal, alors qu’il fera face à Steve Claggett.

LA DÉCEPTION – Custio Clayton

 

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Custio Clayton (à droite) lors de son combat contre Stephen Danyo, le 26 mai. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On ignore quelle mouche a piqué Custio Clayton en 2018, mais elle devait être grosse en s’il-vous-plaît pour qu’elle fasse dérailler sa carrière de la sorte. Tout semblait lui sourire depuis qu’il avait quitté les rangs du Groupe Yvon Michel pour joindre ceux d’Eye of the Tiger Management. Des combats, des titres mineurs, il en était même venu à se classer aspirant obligatoire au titre WBO des mi-moyens après avoir vaincu Stephen Danyo le 26 mai. Mais après cette victoire, pour des motifs qui n’ont jamais été clairement expliqués, il a refusé un pactole de Top Rank qui lui aurait permis de se mesurer à Terence Crawford, en plus de larguer son entraîneur Daniel Trépanier et son gérant Douggy Bernèche. Et on ne l’a pas revu dans l’arène depuis. Vraiment, c’est à n’y rien comprendre. Et c’est bien dommage.

LE HÉROS OBSCUR – Patrice Volny

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Patrice Volny a mis la main sur les titres NABA et NABO des poids moyens cette année. / Photo tirée de Facebook

Si les trois combats que Patrice Volny a disputés en 2018 avaient eu lieu au Québec plutôt qu’en Ontario, on aurait fait bien davantage état de ses exploits cette année. Après avoir défendu avec succès son titre canadien des poids moyens contre Janks Trotter le 19 mai, le boxeur montréalais s’est emparé des titres NABO et NABA de la catégorie en triomphant d’Albert Onolunose le 29 septembre. Ceintures qu’il a par la suite défendues avec succès contre Ryan Young le 15 décembre. Avec tout ça, le nom de Volny figure désormais aux classements mondiaux (10e WBO, 14e IBF et WBA).

LE COMBAT DE L’ANNÉE – Adonis Stevenson-Badou Jack

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Le combat entre Badou Jack (à gauche) et Adonis Stevenson s’est soldé par un verdict nul majoritaire. / Photo fournie par Showtime

Allez, soyez honnêtes. Quand ce combat entre Adonis Stevenson et Badou Jack a été annoncé, vous avez sans doute été plusieurs à vous dire : « Bon, encore un combat inégal pour Adonis, qui va régler le cas de Jack comme si de rien n’était ». Ou encore : « Si ce combat d’Adonis est comme ses derniers, ça va tellement finir vite que ça en sera ennuyeux ». Non, mais, qu’est-ce qu’on s’est trompés! Le choc entre Stevenson et Jack, qui s’est soldé par un verdict nul majoritaire le 19 mai à Toronto, nous a gardés au bout de notre siège de la première à la dernière seconde. Et, disons-le, nous a un peu réconciliés avec Stevenson, sans qu’on se doute du drame qui surviendrait quelques mois plus tard…

LE KNOCK-OUT DE L’ANNÉE – Arslanbek Makhmudov c. Andrew Satterfield

Il y avait quelques bons candidats pour recevoir cette mention cette année. Simon Kean qui envoie Adam Braidwood valser dans les câbles (une image qui rappelait vaguement le jeu vidéo Punch-Out!!). David Lemieux qui passe près d’arracher la moustache de Gary O’Sullivan en l’assommant d’un vicieux crochet gauche. Mais ne serait-ce que parce qu’on se demande comment la tête du pauvre Andrew Satterfield a pu rester vissée au reste de son corps, accordons l’honneur au terrifiant Arslanbek Makhmudov, qui a fermé les lumières de l’Américain en 35 petites secondes. Encore aujourd’hui, on a mal juste en revoyant la séquence.

LE PLUS BEAU RETOUR – Erik Bazinyan

Vincent Ethier/EOTTM©2018
Erik Bazinyan (à droite) a stoppé le vétéran Francy Ntetu le 13 octobre. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

La carrière d’Erik Bazinyan faisait plus ou moins du surplace avant qu’il ne joigne les rangs d’Eye of the Tiger en début d’année. Depuis, son parcours a viré du tout au tout. Il a livré pas moins de cinq combats en 2018, et les a tous remportés avant la limite. On a encore en mémoire ce duel épique du 13 octobre contre le vétéran Francy Ntetu. Mine de rien, Bazinyan pointe maintenant au 3e rang de la WBO dans la catégorie des 168 lb, de même qu’au 12e échelon de la WBA. Âgé de seulement 23 ans, il pourrait réaliser de grandes choses en 2019.

L’ESPOIR À SURVEILLER – Sadriddin Akhmedov

Vincent EthierEOTTM©2018
Sadriddin Akhmedov saluant la foule après sa victoire du 24 novembre à Rimouski. / Photo Vincent Éthier, fournie par EOTTM

On a vite compris pourquoi Sadriddin Akhmedov avait été champion du monde junior avant de faire le saut chez les professionnels en 2018. Et on ne parle pas seulement ici du fait qu’il ait profité de l’année pour remporter ses six premiers combats en carrière. Le jeune Kazakh de 20 ans a tout pour lui : la carrure, le style, la puissance, le petit côté juste assez arrogant quand il le faut… En voilà un qui sera hautement intéressant à suivre au cours des prochaines années. Ne soyez pas étonnés si on le voit avec une ceinture – pas nécessairement mineure – autour de la taille avant longtemps.

QUELQUES SOUHAITS POUR 2019

-Avant tout, on espère que la suite des choses ne sera pas trop pénible pour Adonis Stevenson et son entourage, en dépit des circonstances. Cette grave blessure subie lors de son combat contre Oleksandr Gvozdyk nous a cruellement rappelé que derrière les boxeurs, il y a d’abord et avant tout des êtres humains. Et quelle que soit notre opinion de l’individu, on ne peut que souhaiter qu’il retrouve une certaine qualité de vie le plus rapidement possible.

-Du succès pour David Lemieux chez les 168 lb. Quoique la tâche s’annonce d’ores et déjà ardue pour le nouveau trentenaire…

-Que la dure défaite contre Dillon Carman ait servi de leçon pour Simon Kean afin qu’il retrouve ses repères et remonte dans le ring de façon convaincante.

-Si, dans le temps des Fêtes, on a l’habitude de souhaiter la santé à nos proches, on va faire de même pour Oscar Rivas, qui n’a certes pas été épargné par les blessures au cours des dernières années.

-Plus de combats dans l’arène pour Artur Beterbiev, et un peu moins dans les palais de justice.

-Des combats d’envergure pour Yves Ulysse fils et Steven Butler, qui s’imposent de plus en plus dans les classements mondiaux.

-Un règlement rapide et positif de la dispute entre Batyr Jukembayev et EOTTM, conséquence du congédiement de Stéphan Larouche par le promoteur. On comprend les raisons qui motivent les deux camps, mais ce serait quand même bête de laisser filer un joli talent comme celui du Kazakh.

-Et, bien sûr, une bonne et heureuse année 2019 à vous tous!